Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APPAUVRIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 426).

APPAUVRIR. v. a. Rendre pauvre. Pauperem facere, afferre egestatem alicui. Les procès ont appauvri ce gentilhomme. Il n’y a guère d’état qu’une guerre un peu longue n’appauvrisse. Le grand nombre d’enfans appauvrit les familles. Voyez Pauvre & Appauvrissement.

Appauvrir, se dit aussi au figuré des langues & des ouvrages d’esprit. Appauvrir une langue, c’est la rendre moins abondante ou moins expressive par le retranchement de quelques mots ou de quelques façons de parler. Jejunam linguam facere. La délicatesse outrée des Critiques appauvrit tous les jours la langue ; parce qu’au lieu de l’enrichir, on en retranche les vieux mots qui sont bons & significatifs. Souvent trop d’abondance appauvrit la matière. Boil.

Appauvrir, est aussi quelquefois neutre, & réciproque, & signifie, devenir pauvre. Pauperem, inopem fieri. Ce pays appauvrit tous les jours. Il faut bien que les uns s’appauvrissent, tandis que les autres s’enrichissent. Au figuré les langues vivantes s’enrichissent & s’appauvrissent selon la différence des temps & des esprits.

S’Appauvrir en effet, s’enrichir d’espérance.

De S. Mart.

On dit proverbialement, donner pour Dieu, n’appauvrit homme.

APPAUVRI, IE. part. pass. Pauper factus, redactus ad egestatem. Les Médecins disent, un sang appauvri d’esprits, sanguis effœtus, d’un sang qui a perdu presque tout ce qu’il avoit de volatil.