Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APOSTROPHER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 417).
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☞ APOSTROPHER. v. a. Détourner son discours pour adresser la parole à quelque personne, ou à quelque chose que l’on personnifie. Compellare, alloqui aliquem. L’endroit où Démosthène apostrophe les morts à la journée de Marathon lui a fait autant d’honneur que s’il avoit ressuscité les morts qu’il avoit apostrophés. Perr.

 J’aimerois mieux encor ces Prêcheurs furieux,
Qui portant vers le ciel leurs regards effroyables,

Apostrophent les Saints comme on chasse les Diables.
Sanlecq.

Apostropher se prend aussi pour appeler, qualifier, adresser la parole à quelqu’un, pour lui dire quelque chose de désagréable. Cet homme apostrophe tout le monde. Pourquoi m’apostrophez vous ainsi ?

Un pédant qu’à tous coups votre femme apostrophe
Du nom de bel esprit, & de grand Philosophe.

Mol.

Apostropher se dit aussi en plaisantant, lorsqu’on veut parler des coups que l’on donne ou que l’on reçoit. Apostropher quelqu’un d’un souflet, c’est-à-dire, lui donner un souflet.

Un Magister s’empressant d’étouffer
Quelque rumeur parmi la populace,
D’un coup dans l’œil se fit apostropher.
Dont il tomba faisant laide grimace.

Rousseau.