Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APOPHORÈTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 413).

APOPHORÈTE. s. m. Apophoreta. C’est un mot dont on est obligé de se servir en traduisant Martial, qui a intitulé de ce nom quelques livres de ses Epigrammes : il signifie des dons & présens qui se faisoient pendant les Saturnales, ou en certaines solennités, ou pour quelques brigues. Selon les Jésuites d’Anvers, Act. SS. April. T. II, 772. A, ce sont proprement de petits présens, que l’on envoyoit de table à ses amis. Cela paroît par Suétone dans Caligula, ch. 55, & par S. Ambroise, dans son Exhortation à la virginité. C’étoit aux Saturnales ; & ce n’étoit qu’aux hommes qu’on les envoyoit. Dans ce sens c’étoit à-peu-près ce que nous appelons étrennes. Suétone, dans Vespasien, chap. 19, n. 4, remarque comme une chose extraordinaire, que ce Prince en envoyoit aussi aux femmes aux Calendes de Mars. Symmache, Ep. 11, 80, appelle encore apophorète les présens que ceux qui avoient donné des jeux envoyoient ensuite à leurs amis. On l’a dit aussi du vaisseau plat, ou des corbeilles où l’on portoit ces présens. M. Béger, Tom. III, pag. 424, a donné la figure d’un instrument rond, qui a une queue, & qui est plat & sans profondeur, qu’il prétend être un apophorète, ou, comme il écrit, apopherète. Dans des siècles postérieurs on trouve ce mot pour signifier les chasses, ou vases dans lesquelles on portoit les reliques des Saints. Il y en a plusieurs exemples dans les anciennes vies des Saints.

Ce mot est dérivé par Isidore à ferendo, mais il vient plutôt du grec ἀπὸ, & φερω, je porte. Le XXIVe Livre de Martial est intitulé, apophorète, & chaque épigramme désigne un apophorète. On voit par-là ce que c’etoit, & qu’on envoyoit autre chose que des mets. Les Modernes qui traitent des apophorètes sont Turnebe, Advers. IX, 23 ; Ciaconius, de Triclinio, pag. 91 ; Struckius Antiq. Conv. VIII, 24 ; Lipenius, de Strenis, I, 15 ; Baccius, De Conviviis Antiq. IV, 5.