Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANUBIS
ANUBIS. t. m. Anubis. Ancien Dieu des Egyptiens. On trouve sa figure sur plusieurs médailles latines ; entre autres sur une de la jeune Faustine, rapportée par Tristan, T. I, p. 673, & sur une de Julien l’Apostat, gravée dans le second Tome de M. Béger, p. 184. Ce Dieu y paroît avec une tête de chien sur un corps d’homme vêtu de l’habit de guerre des Empereurs, c’est-à-dire, avec la cuirasse, la cotte d’armes, le paladamentum sur le tout, & la chaussure jusqu’à mi-jambe. Dans Tristan, au lieu de cuirasse & de cotte d’armes, il ne paroît avoir qu’une tunique. Il a toujours à la main droite un sistre Egyptien, & à la gauche un caducée. Ces Antiquaires prétendent que dans l’une de ces médailles, c’est Marc Auréle ; & dans l’autre, Julien, sous la figure d’Anubis. On croit qu’Anubis étoit le même que Mercure. Plutarque, dans son Livre touchant Isis & Osiris, dit qu’Anubis étoit appelé Hermanubis ; & Eusèbe, Liv. III de la Prép. Evang. l’appelle ainsi, c’est-à-dire, Mercure Anubis ; car Hermès est le nom grec de Mercure. Le P. Kirker croit que c’étoit la même Divinité que l’Hécate des Grecs. Les Anciens, & sur-tout Diodore de Sicile, Liv. I. Plutarque & Eusèbe cités, Strabon, Liv. IX, & Apulée, Liv. XI, le décrivent tel que nous le voyons sur les médailles, aux habits près, dont ils ne parlent pas. La statue d’Anubis étoit toujours à la porte des temples, comme la garde d’Isis & d’Osiris. On apporte différentes raisons de la tête de chien qu’on lui donne. On dit qu’Anubis, fils d’Osiris, qui fut mis au nombre des Dieux, avoit beaucoup aimé les chiens & la chasse : qu’à la guerre, où il avoit toujours suivi son pere, il avoit une figure de chien sur son bouclier, & dans ses étendarts. D’autres disent qu’Anubis fut un conseiller d’Isis, à qui on donna une tête de chien, pour marquer sa sagacité. D’autres veulent que les Egyptiens aient caché leur Théologie sous cette figure, & exprimé par-là que leur Mercure étoit le seul Dieu voyant & conservant tout. Les Romains qui adopterent tous les Dieux des nations qu’ils avoient conquises, reçurent aussi Anubis dans Rome, lui bâtirent un temple, & lui donnerent des prêtres. Voyez ce que le P. Kirker en dit dans le troisième tome de son Œdip. Egyp. p. 122. Guichard dérive Anubis de l’hébreu נבח, Nabahh, qui signifie latrare, aboyer.