Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANNOTINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 373).
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ANNOTINE. adj. f. Qui en françois ne se dit qu’avec le mot Pâque. La Pâque annotine, selon Durandus, in Rationali divinor. Offic. étoit l’anniversaire du baptême, ou le jour auquel on célébroit tous les ans la mémoire de son baptême. Selon d’autres, c’étoit seulement le jour du bout de l’an du baptême. Tous ceux qui avoient reçu le baptême, s’assembloient l’année suivante, le même jour, disent-ils, & célébroient solennellement le bout de l’an, ou l’anniversaire de leur régénération spirituelle ; & ce jour s’appeloit la Pâque annotine. Ils ajoutent qu’on le célébroit comme l’Octave du Dimanche in Albis, que nous appelons Quasimodo, & par conséquent quinze jours après Pâque, & que dans quelques Sacramentaires manuscrits, on trouve après ce Dimanche une messe particulière pour la Pâque annotine. Il y a de la difficulté dans ce sentiment ; car en premier lieu, on ne baptisoit pas seulement à Pâque, on baptisoit aussi à la Pentecôte : 2.o à Paque le baptême se donnoit le Samedi-Saint ; le bout de l’an, ou l’anniversaire étoit donc le Samedi-Saint aussi, & non pas quinze jours après Pâque. Dans la vie de saint Pierre Martyr, composée par Ambrosius Taëgius, & imprimée par les Jésuites d’Anvers sur le manuscrit de Taëgius, il est dit, ch. 5. que ce Saint sortoit de son couvent pour aller à Milan, le samedi qui est la fin de la Septuagésime, & que l’on appelle Samedi in Albis, & Pâque annotine. Sabbato, qui est Septuagesimæ finis, quodque Sabbatum in Albis, annotinum Pascha vocatur. C’est-à-dire, le samedi devant Quasimodo, ou le samedi de la semaine de Pâque. Sur quoi les PP. Henschenius & Papebroch disent, qu’il leur semble qu’annotin signifie, consommé achevé ; que d’autres appellent ce jour, Pascha conclusum, au lieu d’annotinum ; & que Bède le prend en ce sens, quand il appelle le cours de la lune complet & achevé, le cours annotin. Et en effet, c’est ce samedi-là que finit l’office de Pâque. Voyez Acta Sanct. April. T. III, p. 700. B. Ce mot vient d’annus. Annotinus, d’un an, qui a un an.