Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANGELOT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 351).
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ANGELOT. s. m. Espèce de monnoie qui étoit en usage vers l’an 1240, & qui valoit un écu d’or fin. Il y en a eu de divers poids & de divers prix. Ils portoient l’image de Saint Michel, qui tenoit une épée à la main droite, & à la gauche un écu chargé de trois fleurs-de-lis, ayant à ses pieds un serpent. On en voyoit du temps de Louis XI. Il y en a eu d’autres qui avoient la figure d’un ange, lequel portoit les écus de France & d’Angleterre, battus du temps de Henri VI Roi d’Angleterre. Ils valoient quinze sols. Ils furent frappés pendant que les Anglois étoient maîtres de Paris. Le traité entre Henri VII, Roi d’Angleterre, & Anne, Duchesse de Bretagne, portent que les monnoies d’Angleterre auroient cours en Bretagne ; que le denier anglois y seroit mis pour la valeur qu’il avoit en Angleterre, qui étoit la 80e partie d’un Noble ou Angelot. Lobineau. Il y a encore dans ce traité, viginti grossi Angliæ valeant unum nobile vocatum Angelot ; par où il paroît que l’Angelot s’appeloit aussi Noble.

Angelot. Ce mot signifie aussi une espèce de petits fromages qui se font particulièrement en Normandie. On dit, les angelots du Pont-l’Evêque, les angelots du pays de Bray. Jacques Cahagne, dans ses Eloges des Citoyens de Caen, cité par M. Ménage, dans son Dictionnaire Etymologique, croit que ce fromage a été ainsi appelé, parce qu’il avoit la figure d’une monnoie d’Angleterre nommée Angelot ; pontem Episcopi illustrat, dit Cahagne, caseus, qui angelotus appellatur, quòd figuram nummi angelici cognominis exhibeat. Il y a de l’apparence que les Normans du pays de Bray & du Pont-l’Evêque auront pris ce mot des Anglois. M. de Bras croit qu’on dit angelot, pour augelot, & qu’on appelle ainsi cette espèce de fromage, parce qu’il se fait dans le pays d’Auge.