Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANCA ou ANCA MEGAREB

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 331-332).

☞ ANCA, ou ANCA MEGAREB. C’est-à-dire, occident. Nom que les Arabes donnent à un oiseau extraordinaire, qui est, disent-ils, si gros & si grand, qu’il pond des œufs aussi gros que des montagnes. Ils assurent qu’il prend des éléphans aussi facilement qu’un épervier prend des moineaux, ou qu’un chat prend des souris ; que lorsqu’il se met à voler, ses ailes font autant de bruit & de fracas qu’un torrent impétueux ; qu’il vit mille ans, & qu’il s’accouple avec sa fémelle à l’âge de cinq cens ans : que l’on a vû autrefois cet oiseau parmi les hommes ; mais qu’ayant enlevé un jour une nouvelle mariée avec ses brasselets & tous ses atours de noces, le Prophète Handala, fils de Saphuane, célébre en son temps, en fut si indigné, qu’il maudit cet oiseau ; & Dieu ayant égard à son imprécation & à sa prière, relegua l’oiseau Anca Megareb dans une île inaccessible aux hommes, où il n’y a que des éléphans, des rinoceros, des bufles, des tigres & d’autres bêtes féroces. On voit assez que c’est-là un oiseau fabuleux, & un conte arabe, qui peut être fondé sur ce qu’on a vû en Egypte un oiseau de même nom, qui est une espèce d’aigle beaucoup plus gros & plus fort que les autres aigles. Mor.