Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ANÉVRISME

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 347).

ANÉVRISME. s. m. Terme de Médecine. C’est une tumeur contre nature, formée par la dilatation, ou par l’ouverture d’une artère. Tumor ex sanguine aut arteriarum remissione excrescens. Anevrisma. Galien dit que quand l’artère est ouverte par anastomose, il se fait une maladie dite anévrisme. Elle se fait aussi lorsqu’en saignant on ouvre une artère au lieu d’une veine. Voyez Degori, dans son Dictionnaire Médical. Jul. Cæsar Claudinus, Cons. 67. Guill. Fabricius Hildanus, obs. 44. Cent 3.

Il y a un anévrisme par dilatation, & un anévrisme par épanchement. Lorsque quelque portion d’une artère a perdu son ressort, elle est moins capable de résister à l’impulsion du sang ; cet endroit du canal continuellement poussé par le sang, devient continuellement plus large, & successivement on voit s’y former & augmenter peu à peu une tumeur à laquelle on a donné le nom d’anévrisme par dilatation. Cet endroit dilaté est, pour ainsi dire, un lac à travers lequel passe le fluide qui le forme. Lorsque par quelque chose que ce soit ce canal de l’artère est ouvert ou percé, le sang s’extravase, & forme aux environs de l’ouverture une tumeur que l’on appelle Anévrisme par épanchement. Dans la première espèce le sang conserve sa fluidité & coule : dans la seconde, il se coagule, & ne rentre plus dans la voie de la circulation. L’anévrisme par dilatation est mou, parce que le sang qu’il contient est fluide. L’anévrisme par épanchement est dur, parce que le sang qu’il contient est coagulé. C’est par cette même raison, que l’anévrisme par dilatation disparoît lorsqu’on le comprime avec les doigts, & qu’au contraire on peut presser l’anévrisme par épanchement, sans que la compression le fasse disparoître. Lorsque l’on touche l’une & l’autre espèce d’anévrisme, on sent presque toujours une pulsation, qui répond exactement au mouvement de l’artère ; mais cette pulsation est moins sensible à l’anévrisme fait par épanchement qu’à celui qui est fait par dilatation. On sent au toucher un fourmillement dans l’anévrisme par dilatation, & il est rare qu’on apperçoive ce fourmillement dans l’anévrisme par épanchement. Lorsqu’on approche l’oreille de l’anévrisme par dilatation, on entend un bruit semblable à celui de l’eau qui passe dans les tuyaux des fontaines : ce bruit ne s’apperçoit que rarement & foiblement à l’anévrisme par épanchement. L’anévrisme par dilatation fait toujours une tumeur égale & circonscrite, au lieu que l’anévrisme par épanchement est irrégulier, & presque toujours confondu avec & dans le corps graisseux. L’anévrisme par dilatation ne change point la couleur de la peau ; au lieu que dans l’anévrisme par épanchement la peau est presque toujours brune & plombée, comme s’il y avoit meurtrissure. Petit. Acad. des Sciences, 1736, Memoires, pag. 244 & suiv. Telles sont les différences relatives qui caractérisent ces deux maladies, & par lesquelles on peut les distinguer.

Les vrais anévrismes ne se guérissent ni par des médicamens résolutifs, ni par des suppuratifs. Mém. de l’Acad. des Scien. 1707, page 19. Un anévrisme vrai est une dilatation extraordinaire d’artère. Litre, Mémoires de l’Académie des Sciences 1712. page 78.