Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMNISTIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 300).

AMNISTIE. s. f. Pardon général accordé à des sujets par un Traité ou par un Edit, quand le Prince déclare qu’il oublie ou qu’il abolit tout ce qui s’est passé, & promet qu’on n’en sera point recherché. Oblivio injuriarum, Abolitio. ☞ L’amnistie a lieu principalement pour crime de rébellion ou de désertion. On a donné trois mois à ces peuples pour accepter l’amnistie. Il y a une amnistie pour tout le parti. Rochef. L’amnistie générale accordée ne couvre point une injure commise de particulier à particulier, qui n’est point pour la querelle publique. Il se dit aussi du pardon que le Prince accorde aux soldats déserteurs.

Ce mot vient du grec άμνηστία formé de l’α privatif, & de μνημη, mémoire, souvenir. Après que les trente Tyrans eurent été chassés d’Athènes, les Athéniens firent une Loi, par laquelle il fut réglé qu’on oublieroit de part & d’autre tout ce qui s’étoit passé pendant la guerre ; & cette Loi, dont Thrasibule fut Auteur, se nomma άμνηστία, Amnistie. C’est là que ce nom a commencé à s’employer ; & c’est Cornélius Nepos, dans la vie de Thrasibule, c. 3, & Valère Maxime, Liv. IV, c. 1, qui nous l’apprennent. Andocides, Orateur Athénien, dont Plutarque a écrit la vie, & dont Henri Etienne donna une édition en 1575, nous a conservé dans son oraison sur les Mystères, une formule de l’amnistie & des sermens qu’on y faisoit.

Amnistie. Il y a en Languedoc, entre Nismes & Usez, un château qui s’appelle le Château d’Amnistie.