Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMERTUME

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 290-291).
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AMERTUME. s. f. Espèce de saveur piquante & désagréable, comme celle du fiel & de l’absinthe. Amaritudo, Amarities, Amaror. On sucre la pilule, afin qu’on n’en sente point l’amertume. L’amertume est opposée à la douceur.

Amertume, se dit figurément en Morale, & signifie, douleur, déplaisir, chagrin. Animi dolor, acerbitas. Il y a toujours quelque amertume dans les plaisirs. Dans les fortunes les plus élevées, on trouve beaucoup d’amertume. Dieu la soutint également & dans les douceurs, & dans les amertumes de la vie. Flech. Dieu nous détache des trompeuses douceurs du monde, par les salutaires amertumes qu’il y mêle. Une Eglise autrefois si florissante, mais maintenant plongée dans l’amertume, & accablée sous l’oppression de ses ennemis. Bourdal. Exh. T. I. p. 191. Ce ne sera jamais qu’en buvant les salutaires amertumes dans le calice de votre passion, que je recouvrerai la santé de mon ame. Mad. de la Vall.

Vous sembloit-il croyable,
Qu’un cœur toujours nourri d’amertume & de pleurs,
Dût connoître l’amour, & ses folles douceurs ?

Racine
.

Amertume, se prend quelquefois dans une signification synonyme avec aigreur, dureté. On dit des reproches amers, une réprimande amere, & mettre de l’amertume dans une réprimande, dans une remontrance. Ce mariage lui a inspiré toute l’amertume d’une marâtre. Patr.