Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AMBIGUITÉ

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 274).
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AMBIGUITÉ. s. f. Obscurité de paroles, qui fait qu’on a de la peine à démêler au juste la pensée de quelqu’un. Ambiguitas. Il faut que les termes des loix & des édits soient clairs, & sans ambiguité. Un cœur droit & sincère s’explique sans détour, & sans ambiguité. S. Evr.

Ambiguité. Équivoque, double sens, dans une signification synonyme. L’Ambiguité, dit M. l’Abbé Girard, a un sens général, susceptible de diverses interprétations ; ce qui fait qu’on a de la peine à démêler la pensée précise de l’Auteur, & qu’il est même quelquefois impossible de la démêler au juste. Le double sens a deux significations naturelles & convenables, par l’une desquelles il se présente littéralement pour être compris de tout le monde, & par l’autre il fait une fine allusion, pour n’être entendu que de certaines personnes. L’Equivoque a deux sens, l’un naturel qui paroît être celui qu’on veut faire entendre & qui est effectivement entendu de ceux qui écoutent ; l’autre détourné, qui n’est entendu que de la personne qui parle, & qu’on ne soupçonne pas même pouvoir être celui qu’elle veut faire entendre.

☞ Ces trois façons de parler, sont dans l’occasion des subterfuges, pour cacher sa véritable pensée. Mais on se sert de l’équivoque pour tromper ; de l’ambiguité, pour ne pas trop instruire ; & du double sens, pour instruire avec précaution. L’ambiguité est peut-être plus souvent l’effet d’une confusion d’idées, que d’un dessein prémédité de ne point éclairer ceux qui écoutent. On ne doit en faire usage que dans les occasions où il est dangereux de trop instruire.