Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALOUETTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 252).
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ALOUETTE. s. f. Petit oiseau gris, bon à manger, & qui chante agréablement. Alauda. Il couve trois fois l’année, en Mai, en Juillet, & en Août. Il éleve ses petits en moins de quinze jours, & vit 9 à 10 ans. Olina. Il y a de deux sortes d’alouettes, l’une huppée, ou crêtée, qui a sur la tête une crête de plume comme le paon. On l’appelle en latin alauda cristata, galerita, cassita, & en françois Cochevis. L’autre sorte qui s’appelle simplement alouette, est le premier oiseau qui annonce l’été : il y a une espèce d’alouettes qu’on appelle à Paris mauviettes. Voyez ce mot.

Autour de cet amas de viandes entassées
Régnait un long cordon d’alouettes pressées. Boil.

On prend des alouettes au miroir, au lacet, & à la ridée.

On les appelle en grec ϰορυδαλός. Ménage dérive ce mot de alaudetta ; diminutif de alauda : c’est un mot que les Romains ont pris de l’ancien Gaulois, lorsque Jules César leva des soldats dans les Gaules, qui s’appelerent alouettes à cause de la figure de leur casque, ressemblant à des alouettes huppées, comme dit Suétone. Ainsi il n’est pas vrai que cet oiseau ait été nommé alauda, à cause de la légèreté & de l’agitation de ses ailes. Alauda ab insigni alarum agitatione, comme quelques-uns le prétendent. On trouve quelquefois dans la basse latinité Acredula. Adelin, Evêque de Séez, dans le livre des miracles de Sainte Opportune ; dit : Vidit aviculam nomine Acredulam, quam vulgus vocavit Alaudam ; ce qui montre qu’alauda étoit encore au IXe siècle le nom commun en France.

Alouette de mer. Oiseau qui ressemble à l’alouette de terre, sinon qu’il est un peu plus gros, & qu’il a le dos plus brun, & le ventre plus blanc.

On appelle communément des terres sabloneuses, des terres à alouettes.

On dit proverbialement d’un fainéant, qu’il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties dans le bec. On dit aussi, les alouettes ne tombent pas plus rôties dans ce pays, qu’ici ; pour dire, qu’on n’y est pas mieux. On dit, si le Ciel tomboit, il y auroit bien des alouettes prises, à ceux qui craignent des accidens qui n’arriveront jamais.