Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALLOUER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 245).

ALLOUER. v. a. Approuver quelque point, ou article, passer une dépense employée dans un compte. Approbare. Cet article a été alloué après qu’on en a représenté la quittance. Pasquier dit que ce mot vient de los, ancien mot François, qui signifie louange, ou approbation. Et en effet, il vient du mot elaudare, qui signifie approuver, selon Nicod. D’autres le dérivent de allocare, disant qu’il vient de locum dare : d’autres de locare, conducere ; ce qui convient aux compagnons artisans, qu’on appelle Alloués.

Allouer, se dit quelquefois dans les conversations. Cette proposition est trop hardie, c’est un article qui ne passera pas, qui ne vous sera point alloué. Il s’en faut beaucoup qu’on ne vous alloue tout ce que vous dites. Cela est mauvais, même en conversation.

ALLOUÉ, ÉE. part. Approbatus.

Alloué. adj. pris substantivement. Se dit chez les artisans, des Compagnons qui ont fait le temps de leur apprentissage, & qui s’engagent encore pour quelque temps à servir les Maîtres. Locatus, Conductus. Les Compagnons sont ceux qui servent à la journée, & les alloués, ceux qui ont promis de servir pendant quelque temps.

Alloué. C’est aussi un garçon qui s’engage pour un temps chez un Maître, sans avoir fait d’apprentissage. Il y peut apprendre la profession ; mais cela ne lui donne pas droit de parvenir à la Maîtrise.

Autrefois alloué s’est dit du Lieutenant-Général du Sénéchal, & particulièrement en Bretagne. Judex subsidiarius. Une réformation des Ordonnances de l’Hôtel du Duc de Bretagne, faite le premier Avril 1415, porte Alloués, ou Baillifs. L’Alloué de Rennes, &c. Voyez l’Histoire de Bretagne du P. Lobineau, T. II p. 916. Alloué se dit aussi de celui qui agit au nom de quelqu’un : on l’appelle aujourd’hui Procureur ; on le trouve en ce sens dans les vieux titres, lui, ou ses alloez.