Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALERTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 222).
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ALERTE, adj. Qui se dit en parlant des gens éveillés, & qui sont toujours sur leurs gardes, comme s’ils étoient sur quelque lieu éminent d’où ils pussent découvrir tout ce qui se passe autour d’eux. Vigilans, attentus, intentus. On ne surprendra pas ce général, il est toujours alerte ; pour dire, toujours vigilant. Il est alerte ; pour dire, défiant, & sur ses gardes. On dit aussi dans le style simple & enjoué, jeune homme alerte ; pour dire, vif, gai, dispos. Promptus, alacer, expeditus. On dit familièrement d’un homme fort matériel & fort pesant, qu’il est alerte comme l’oiseau de S. Luc.

Alerte, se prend quelquefois substantivement. Alors il est féminin, & signifie, avertissement d’être sur ses gardes. En terme de guerre, il signifie la même chose. Monitum cavendi. Nous avons eu la nuit dernière une petite alerte. Lorsqu’il arrive la moindre alerte, le Lieutenant-Colonel doit se trouver avec tous les Officiers de jour, à la tête de la ligne, pour se porter par-tout où leur présence est plus nécessaire. Bombelles.

Alerte, est aussi une espèce d’adverbe dont on se sert pour avertir qu’on se tienne prêt & sur ses gardes. Alerte, l’ennemi approche. Vigilate, Attendite.

Ce mot est dérivé d’air, comme qui diroit, un homme qui cherche l’air. On disoit autrefois airte pour air ; ainsi alerte, selon M. Huet, veut dire, qui est toujours en l’air, & prêt à faire quelque chose. Quelques-uns le dérivent de erta, qui signifie un sentier qui monte sur un côteau, par où on envoie les soldats pour découvrir les ennemis : d’où vient qu’on a dit, star à l’erta ; pour dire, être au guet.