Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALCALI ou ALKALI

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 214).

☞ ALCALI ou ALKALI. s. m. L’Acad. suit la première orthographe. Terme de Chimie & de Physique. Salerutus, elicitus. Ce nom a été donné premièrement par les Arabes au sel qu’on tire des cendres d’une plante, qu’ils appellent Kali, & les François Soude : & parce que ce sel fermente avec une liqueur acide, on a depuis donné ce même nom à tous les sels lixiviels des plantes, c’est-à-dire, qu’on tire par la lotion de leurs cendres, & qu’on appelle fixes. On l’a aussi donné à tous les sels volatils, & à toutes les matières terrestres qui fermentent avec les acides. ☞ Ainsi l’on distingue deux sortes d’alcalis ; l’alcali fixe, ainsi nommé, parce que l’action du feu le fond sans le dissiper ; & le volatil, ainsi nommé, parce que la moindre chaleur le dissipe ou le volatilise. Ce dernier se tire des animaux. Les sels alcalis fixes impriment sur la langue une sensation semblable à celle d’une brûlure. C’est pour cela qu’on les nomme quelquefois caustiques. On les nomme aussi lixiviels, parce qu’on les retire des cendres des plantes en les lavant. Tous les alcalis ont la propriété de changer en vert la couleur bleue des fleurs ; en quoi ils différent des acides, auxquels d’ailleurs ils s’unissent avec effervescence, & de cette union il résulte différens sels neutres, suivant les différens acides joints avec les alcalis. Tachenius, Swalve, & quelques autres Chimistes, ont prétendu que le sel alcali, & l’acide, étoient les seuls principes de toutes choses ; & ils ont voulu expliquer par leur moyen tout ce qu’il y a de plus difficile dans la nature ; mais ce qu’ils ont avancé a paru si défectueux & si absurde, qu’ils ont trouvé peu de sectateurs. On peut cependant s’en servir, pour expliquer quelques phénomènes particuliers.

☞ On entend proprement par alcalis, des corps poreux & spongieux dans lesquels, comme dans autant d’espèces de gaines, vont se loger des corps roides, longs, pointus & tranchans, que l’on nomme acides.