Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALBION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 212).
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ALBION. Albion. Ancien nom de l’île de la Grande-Bretagne. On en rapporte plusieurs raisons. Les uns disent que ce nom vient d’ὀλϐιος, heureux. La plus commune opinion est, qu’elle fut ainsi nommée, à cause de ces rochers blancs, ou des falaises qui paroissent sur ses côtes. Si cela est, il ne faut pas dire pour cela que ce mot soit latin d’albus, blanc ; mais plutôt Celtique, venant de l’hébreu לבן, laban, qui signifie blanc ; & que l’a ajouté au commencement est l’article ח, a. D’autres le tirent d’Albion, fils de Neptune ; car si l’on en croit les Histoires fabuleuses d’Angleterre, Albion fut de la postérité de Cham, fils de ce Neptune, que Moyse, Gen. X. 13, appelle Naphtuhim. Il équipa une Flotte sur laquelle il parcourut l’Océan, & vint s’établir dans l’île de la Grande-Bretagne, qui s’appeloit alors Samothée, trois cens ans après que Samothès y eut mené les premières colonies, quelque temps après le déluge. Albion ne régna que sept ans dans cette île ; il fut défait dans une bataille, & tué avec son frere Bergion, par Hercule l’Egyptien leur cousin, qui vengea sur eux la mort d’Osiris leur aïeul commun, que ces barbares avoient massacré. La bataille se donna à l’embouchure du Rhône, où, dit-on, les deux Flottes se rencontrerent. M. Hume, qui est le dernier Historien Anglois, n’a point cru de pareilles fables.

La nouvelle Albion est une partie de l’Amérique septentrionale, découverte autrefois sous le règne d’Elisabeth par Drak en 1578. Elle est voisine du Mexique d’un côté, & de l’autre de la Floride. Les Anglois l’ont abandonnée, ce qui fait qu’elle est peu connue jusqu’ici.