Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ALASTOR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 208).
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ALASTOR. s. m. Alastor. Nom d’un des quatre chevaux de Pluton, dans Claudien. De rapt. Pros. Liv. I. 

C’est aussi le nom propre de quelques hommes, & entre autres d’un des compagnons de Sarpedon, qui fut tué par Ulisse, & d’un des fils de Nestor. 

Ce nom est Grec, & signifie, incommode, qui fait du mal, nuisible. Il vient de l’α privatif, & du verbe λήθω, j’oublie, de sorte qu’Ἀλάστωρ est celui qui fait des maux si grands, qu’on ne les oublie jamais. 

Alastor, est encore quelquefois un nom appellatif de certains esprits malins, de démons qui ne cherchent qu’à nuire, qui causent des orages, des tempêtes, des pestes, &c. Plutarque les appelle Telchines Alasioras, que Thomas Morus traduit, malins esprits. Amyot a dit comme en grec Alastoras, & au singulier Alastor : les démons, que nous appelons Alastoras & Palamnaos ; c’est à-dire, poursuivans la punition & la vengeance de crimes si énormes, que la mémoire en dure à jamais. Amyot. Qu’est ce qu’Alastor ? Il ne faut pas croire que ce soit ce que quelques uns veulent dire, celui qui en temps de famine va épier ceux qui en leurs maisons meulent du blé, & qui le ravissent & emportent à force ; ains faut penser que Alastor soit celui qui a commis des maléfices ; alasta ; c’est-à-dire, non oubliables. Amyot, d’après Plutarque.