Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGUILLANNEUF

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 170).
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AGUILLANNEUF. s. m. Vieux mot qu’on crioit autrefois le premier jour de Janvier, en signe de réjouissance. Ce mot vient d’une ancienne superstition des Druides. Les Prêtres alloient, au mois de Décembre, qu’on appeloit sacré, cueillir le gui du chêne. Cela se faisoit avec beaucoup de solennité. Les devins marchoient les premiers, chantant des hymnes, en l’honneur de leurs divinités. Ensuite venoit un héraut, le caducée en main ; après lui suivoient trois Druides de front, portant les choses nécessaires pour le sacrifice. Enfin, paroissoit le chef, ou le Prince des Druides, accompagné de tout le peuple. Le chef des Druides montoit sur le chêne, & coupoit le gui avec une faucille d’or. Les autres Druides le recevoient, & au premier jour de l’an on le distribuoit au peuple, comme une chose sainte, après l’avoir beni, & consacré, en criant, Au gui, l’an neuf, pour annoncer une année nouvelle. On fait encore ce cri en Picardie, où on ajoute, Plantez, plantez, pour souhaiter une année abondante & fertile. De-là est venu le nom d’un fauxbourg de Lyon, qu’on nomme encore à présent la Guillotière. En Bourgogne, à Dreux, & autres lieux, les enfans crient, Aguilanneuf, pour demander leurs étrennes.

On donna depuis le nom de Aguilanneuf à une quête qui se faisoit le premier jour de l’an, dans quelques Diocèses pour les cierges de l’église. Elle se faisoit par des jeunes gens de l’un & de l’autre sexe. Les Synodes ont aboli cette quête, à cause de la licence & du scandale dont elle étoit accompagnée. Voyez là-dessus les remarques de M. Mosant de Brieux.