Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGLIBOLE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 160).
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AGLIBOLE. s. m. Aglibolus. C’étoit un Dieu des Palmyriens dans la Syrie, comme il paroît par une inscription trouvée à Palmyre, & rapportée dans Gruter, pag. 81. ΑΓΛΙΒΩΛΩ ΚΑΙ ΜΑΛΑΧΒΗΛΩ ΘΕΟΙΣ. C’est-à-dire, à Aglibole, & à Malachbelus, Dieux du pays. Vossius croit que ce nom est formé de ces trois mots Arabes. אג על בל, ag al bal c’est-à-dire, mot, à mot, pone super corde, appliquez-vous, faites attention : nom qu’on aura donné à ce Dieu, pour marquer que Dieu voit tout, qu’il fait attention à tout ; ou bien qu’il faut penser continuellement à Dieu. Ce sont-là les Conjectures de Vossius. Voici celles de Selden dans son livre de Diis Syriis Syntagm. II. c. 1 Il prétend que Aglibolus, s’est fait d’Aglibalus, & celui-ci d’Agalibalus, qui vient originairement d’Aghol-Baal, c’est-à-dire, עגול בעל, qui signifie Dominus rotundus, ou circularis, ou volubilis, le Seigneur rond, ainsi que disent dans Ciceron, Liv.II, de la nat. des Dieux, ceux qui croient que Dieu est le globe du monde ; que cette étymologie convient à ce que rapporte Hérodien, que la figure de ce Dieu étoit une grosse pierre ronde par en bas, & qui se terminoit en pointe. Un autre Auteur veut que Agal Baal signifie le Dieu de l’univers, parce que l’univers est rond : il dit que c’est ainsi que les Hébreux & les Phéniciens ont appelé Dieu, Baal Schamain, ou Balsemin, le Seigneur du ciel. Un Savant a dérivé ce nom du Grec αἴγλη lumière, éclat, splendeur, & βαλλω, je jette, comme si Aglibolus vouloit dire, le Dieu jette splendeur. Mais outre que cette étymologie ne s’accorde guère avec la manière dont Aglibolus est écrit dans l’inscription que j’ai citée, il n’est pas croyable que le nom d’un Dieu Palmyrien ait été Grec. Il doit être syrien, & le nom de l’autre Dieu qu’on lui joint dans l’inscription, Malachbelus, en est la démonstration. Saumaise dans ses notes sur l’Aurélien de Vopiscus, n°. 35, dit qu’avec l’inscription dont j’ai parlé, on a les figures de ces deux Dieux, tous deux de forme virile, ayant les cheveux frisés, & que l’un a sur l’épaule une figure de la lune, des cothurnes aux pieds, & un javelot en main ; & que pour lui, il ne doute point que Malachbelus ne soit le soleil, & Aglibelus la lune ; qu’il n’est point rare dans l’antiquité de faire la lune un Dieu, & non pas une Déesse. Selden, au contraire, croit que Aglibelus est le soleil ; que la grosse pierre qui représentoit ce Dieu, est le symbole de cet astre, parce qu’il est rond, & que le feu se termine toujours en pointe. Enfin on ajoute que Aglibolus est toujours nommé le premier, & qu’ainsi il paroît que c’est le soleil. Au reste, ajoute encore Selden, comme on a fait de Aghol-Baal, Aglibolus, on en a fait aussi Alagabale, & Héliogabale ; c’est du nom de ce Dieu, que l’Empereur Elagabale, qui étoit d’Emesse en Syrie, avoit pris le sien.