Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGIOGRAPHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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AGIOGRAPHE. s. m. Qui a écrit touchant les Saints. Auteur Agiographe, Auteur qui a écrit sur les Saints, ou la vie des Saints. On doit écrire Hagiographe, parce que ce mot vient de ἅγιος, Saint, & de γράφειν, écrire.

Agiographes. adj. m. pl. Terme théologique. Nom que nous donnons à une partie des livres de l’Ecriture, que les Juifs appellent Chetuvim, & par lequel nous exprimons ce mot Hébreu. Agiographa. Les Juifs divisent les livres sacrés en trois classes. La Loi, qui comprend les cinq livres de Moyse. Ceux des Prophètes, qu’ils nomment Neviim : & les Agiographes, qu’ils nomment Chetuvim, c’est-à-dire, écrits. Ces livres Agiographes sont les Pseaumes, les Proverbes, Job, Daniel, Esdras, les Chroniques, que nous appelons Paralipoménes, le Cantique des Cantiques, Ruth, les Lamentations de Jérémie, l’Ecclésiaste, & Esther. Les Juifs appellent ces livres écrits par excellence, parce qu’ils ont été écrits par l’inspiration du S. Esprit, dit Kimhhi dans sa Préface sur les Pseaumes, Maïemonides, More Neb. P. II. C. 45. & Elias Levita dans son Thisbi ש à la diction כתב. Ils les distinguent pourtant des Prophètes, parce que leurs Auteurs n’ont point appris du S. Esprit ce qu’ils contiennent par la voie qu’ils nomment Prophétie, & qui consiste en songes, visions, paroles entendues, extases, ou ravissemens, mais par une simple inspiration & direction de cet Esprit Saint. Voyez le Thesaurus Philologic. de Hottinger, L. II. C. 1. Sect III. la Critique de Pfeifter, C. I. n. 7. Simon, &c.

Ce mot vient d’ἅγιος, saint, & de γραφω, j’écris. Les Agiographes sont des écrits saints, ou sacrés. Ce nom est fort ancien. S. Jérôme s’en est souvent servi. Avant lui S. Epiphane appeloit ces livres simplement Γραφεια, qui répond plus précisément à l’Hébreu כתובים, & il n’y ajoute rien. Cependant l’ἅγιος n’a point été mal ajouté, & est renfermé dans l’idée du mot hébreu, comme il paroît par ce que nous avons dit.