Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AGDESTIS ou AGDISTIS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 153).
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AGDESTIS, ou AGDISTIS. s. f. Nom de la mere des Dieux ou de Cybéle, selon Strabon (l. 10.) & Tome I. Hésychius. Il y avoit une montagne de ce nom dans la Phrygie près de Pessinunte, où Cybéle étoit particulièrement honorée ; & c’est de-là sans doute qu’on la nomma Agdestis. Mais voici ce qu’on imagina, afin qu’il y eût en cela du merveilleux, c’est Arnobe qui l’a rapporté, (l. 5). On supposa que la montagne dont je viens de parler s’appeloit Agde, & ce fut en détachant des pierres de cette montagne, que Deucalion & Pyrrha repeuplerent la terre. La mere des Dieux fut une des femmes à qui ils donnerent ainsi la naissance. Jupiter conçut de l’amour pour elle, & il en eut un enfant mâle qu’on nomma Agdestis, parce que la montagne d’Agde lui avoit servi de mere, & que c’étoit d’elle qu’il étoit sorti. Cet enfant devint illustre par sa force extraordinaire & par sa bravoure, mais il perdit bientôt ces avantages. Bacchus l’ayant surpris endormi, le mutila, & du sang qui coula de sa plaie, se forma une grenade, que Nana, fille du fleuve Sangarius, éprise de sa beauté, mit imprudemment dans son sein ; elle en devint grosse, & ce fut là ce qui procura la naissance à Atys, ce célébre amant de Cybéle ; mais Pausanias, (Achaïc. c. 17) lui donne une autre origine. Il dit que Jupiter pendant le sommeil répandit sur la terre de la semence qui fit naître un Génie (δαίμων) de figure humaine, mais androgyne, & ayant les deux sexes, il fut appelé Agdistis. Les Dieux, effrayés de la vue de ce monstre, lui couperent ce qui distingue l’homme de la femme. Ces parties produisirent un amandier, dont les fruits tenterent la fille du fleuve Sangarius ; elle en cacha dans son sein : ils disparurent, & cette fille conçut & mit au monde Atys, Attis, ou Attes.