Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFOLER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 144).
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AFFOLER. v. a. Rendre excessivement passionné, jusqu’à la folie. Impotentem cupiditatis alicujus motum ciere, excitare. Il n’est guère en usage que dans le style familier, badin & satyrique, encore n’est-ce ordinairement qu’au participe. C’est la beauté de sa femme qui l’a affolé. Il étoit tellement entêté de cette opinion, qu’il en étoit affolé ; c’est-à-dire, qu’il en avoit presque perdu l’esprit.

Autrefois ce mot signifioit, estropier, blesser. Affoler une jambe, la blesser. Ledare, sauciare. Affoler une femme enceinte, la faire avorter. Abortum prægnanti inferre, facere. En ce sens il est hors d’usage. En 1397, le Roi donna du bien à l’Hôpital de Saint Antoine de Rouen, pour y recueillir, dit le titre de donation, les malades & affolés de la maladie de mondit Seigneur Saint Antoine. Geogr. & Hist. de la haute Norm. t.2. p.69. Du Cange dérive ce mot de affolare, qui signifie, toucher légérement, flatter en badinant. Le Roman d’Aubery emploie ce mot en le prenant pour blesser. De Sarazins y et molt affolés. Cela est vieux.

AFFOLÉ, ÉE. part. & adj. Qui est si passionné, & si sensiblement touché de quelque passion, qu’il approche de la folie. Insaniens cupiditate. C’est un homme affolé de son amour-propre. C’est une femme affolée de sa propre beauté. Tout cela n’est bon que dans le style familier & comique.

En termes de Marine, on appelle une boussole, ou une aiguille affolée, celle qui est défectueuse, ou touchée d’un aimant qui ne l’anime pas, qui indique mal le Nord. Acus magnetica deficiens, aberrans à polo.