Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFILIER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 140).
AFFINAGE  ►

AFFILIER. v. a. Vieux mot, qui veut dire, adopter, prendre pour fils. Adfiliare, in filium adoptare. Honoré Bonnor en l’arbre des batailles, part. 4. c. 106. dit, je traite la question, savoir, si la Reine Jeanne de Naples, a pu affilier le Roi Louis, &c.

☞ Les Grands Vocabulistes trouvent mauvais qu’on qualifie ce mot de vieux. l’Acad. Fr. disent-ils, contredit le Dictionnaire de Trévoux dans ce cas-ci, comme dans le cas d’affiliation. Il ne manque à cela que la vérité. Le mot affilier, pris dans le sens qu’il a dans l’exemple que nous citons, pour adopter, reconnoître pour fils, est vieux, très-vieux, & inusité. l’Acad. Fr. ne nous contredit point en cela, puisque dans son Dictionnaire il n’est point question du mot affilier, pris dans cette acception. Il est vrai qu’elle parle des mots affiliation & affilier, comme de mots en usage dans une autre signification ; mais nous en faisons autant ; & il est évident que la qualification de vieux ne tombe que sur le mot employé dans le sens que lui donne Honoré Bonnor. Est-ce par humeur, ou par un simple défaut d’attention que ces Messieurs critiquent si mal & citent faux ?

Affilier, adopter, synonyme d’unir, agréger. l’Acad. Fr. s’est affilié quelques Académies de Province. On le dit de même des Communautés Religieuses.

☞ On dit aussi en parlant d’une Communauté Religieuse, affilier quelqu’un, lui donner des lettres d’affiliation, c’est le rendre participant de tout ce qu’il y a de plus saint dans un ordre, en sorte qu’il ait part aux prières, aux bonnes œuvres, &c. de l’ordre.