Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFECTION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 137-138).

AFFECTION. s. f. Ce mot vient du latin affectio, & a des significations différentes dans la morale & dans la Physique. On s’en sert dans la morale pour exprimer l’inclination & le désir. En Physique, il signifie les différentes qualités qui surviennent à un corps, & dont il est affecté, c’est-à-dire, revêtu, couvert.

Affection. Mouvement, sentiment de l’ame qui nous fait vouloir du bien à quelqu’un, & qui se dit de l’amour, de la tendresse, de l’amitié. Amor, studium, benevolentia. L’affection des hommes a coutume de changer avec la fortune. Ce pere a une ardente affection pour ses enfans. Affection paternelle. Affection maternelle, avoir de l’affection pour quelqu’un. Il faut pourtant remarquer sur ce mot, pris dans le sens de bienveillance & d’amitié, qu’il n’y a que les Grands qui s’en puissent servir à l’égard de leurs inférieurs. Ce Prince témoigne une affection toute singulière aux personnes qui s’attachent à lui, & qui le servent fidèlement. Alexandre prenoit le mérite en affection. Ablanc. Il y a des Auteurs qui prétendent qu’on s’en peut servir d’égal à égal ; mais il faut que ce soit avec ménagement, & lorsque l’on est dans une grande familiarité.

Affection, signifie aussi une inclination qui nous porte à une chose plutôt qu’à une autre. Propensio, proclivitas. Cet homme a mis toute son affection à l’étude. Loin d’ici cette dévotion vaine & frivole, qui laisse vivre au-dedans les désirs, & les affections du siècle. Flech.

Affection, signifie encore l’ardeur, le zèle que l’on sent pour le service de quelqu’un. Studium. Et alors les inférieurs s’en peuvent fort bien servir à l’égard des supérieurs. Vous direz aux belles Princesses, auprès de qui vous êtes, que j’ai une affection sans pareille pour leur service. Voit. On se fait honneur de faire comprendre à des personnes supérieures l’extrême affection qui nous attache à elles. Il est d’un honnête homme de se porter avec affection à tout ce qui regarde son devoir. Ch. de Mer.

Affection. s. f. Terme de Théologie mystique. L’oraison consiste plus dans les affections, que dans la connoissance, c’est-à-dire, dans les actes de la volonté, que dans ceux de l’entendement. On l’oppose quelquefois à méditation, parce que celle-ci consiste dans les actes de l’esprit, & dans la considération de l’objet que l’on médite, & les affections regardent la volonté, & les élancemens de l’ame vers Dieu. En ce sens ce mot se dit le plus souvent au pluriel.

Affection, se dit aussi chez les Philosophes, des qualités des choses, & des divers changemens qui leur arrivent. Affectio. On a trouvé l’art d’observer, par le Thermomètre, toutes les différentes affections de l’air. Roh.

☞ On distingue les affections en affections du corps & en affections de l’ame. Les affections du corps sont certaines modifications qui sont occasionnées par le mouvement, en vertu duquel un corps est disposé de telle ou telle manière.

☞ Les affections de l’ame, sont ce qu’on appelle plus ordinairement passion.

Affection, se peut prendre en général pour l’impression que les êtres qui sont ou au-dedans de nous, ou hors de nous, exercent sur notre ame. Mais ce mot se prend plus communément pour le sentiment agréable ou désagréable que les objets occasionnent en nous.

Affection, se disoit autrefois en Géométrie, dans le même sens que propriété. Cette courbe a telle affection, c’est-à-dire, telle propriété.

Affection, en termes de Médecine, signifie une impression fâcheuse dans toute l’habitude du corps, ou dans quelqu’une de ses parties. Affection mélancolique. Affection hystérique. Acad. Fr.

Affection hypocondriaque. Maladie des Hypocondres, qui cause divers accidens fâcheux. Voyez Hypocondriaque.