Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ADMINISTRATION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 114).

ADMINISTRATION. s. f. Conduite, gouvernement des Affaires, exercice de la Justice distributive. Administratio. Les Rois fainéans se reposoient de l’Administration de leur État sur leurs Ministres. Les guerres civiles pendant les minorités ont d’ordinaire pour prétexte la mauvaise administration des affaires, ou les abus qui se commettent dans l’Administration de la Justice.

Administration, se dit aussi de la régie, du maniement, & de la direction des biens d’un mineur, d’un furieux, d’un interdit. Il faut qu’un tuteur rende compte de l’Administration qu’il a eue des biens de son pupille. On le dit aussi de la régie des Hôpitaux, tant pour le temporel, que pour le spirituel. L’administration de cet Hôpital est en bonne main.

☞ M. l’Abbé Girard expose ainsi la différence délicate des mots Régie, Direction, Administration, Conduite, Gouvernement, qui ne se ressemblent que par une idée commune. La Régie regarde uniquement des biens temporels, confiés aux soins de quelqu’un, pour les faire valoir au profit d’un autre à qui ils appartiennent, desquels on doit rendre compte de clerc à maître. La Direction est pour certaines affaires où il y a distribution, soit de finances, soit d’occupations, & auxquelles on est commis pour y maintenir l’ordre convenable. L’Administration a des objets d’une plus grande conséquence, tels que la justice ou les finances d’un État. Elle suppose une prééminence d’emploi qui donne du pouvoir, du crédit, & une sorte de liberté dans le département dont on est chargé. La Conduite désigne quelque sagesse & quelque habileté à l’égard des choses, & une subordination à l’égard des personnes. Le Gouvernement résulte de l’autorité & de la dépendance, il indique une supériorité de place sur des inférieurs, & a un rapport particulier à la politique.

Administration, se dit encore des fonctions ecclésiastiques. C’est un tel Prêtre qui est chargé de l’Administration des Sacremens dans une telle Paroisse. On interdit l’administration des sacremens à un Prêtre irrégulier ; c’est-à-dire, on lui défend de les conférer. En matière bénéficiale on distingue deux sortes d’administration : l’une au temporel, & l’autre au spirituel. L’administration au temporel consiste dans le droit d’administrer la Justice, de recevoir les redevances, de donner à ferme, &c. L’Administration au spirituel consiste dans le pouvoir d’excommunier, de corriger, de conférer les Sacremens, &c. Le mot d’administration se dit souvent du maniement & de la régie des deniers publics. On ne doit confier l’administration des deniers publics qu’à des gens dont la probité ne soit pas équivoque.

Administration, se dit aussi au Palais, des titres, preuves, ou témoins qu’on fournit à quelqu’un en Justice. Suppeditatio. Un dénonciateur doit faire l’administration des témoins au Procureur Général.

Administration. s. f. On donnoit autrefois ce nom à une maison Religieuse, où il n’y avoit qu’un très-petit nombre de Religieux ; c’est à peu près ce que nous nommons Hospice. Le vingt-septième Canon du Concile de Sens, de l’an 1528, porte, que dans les Administrations ou Prieurés où il n’y a qu’un Religieux, parce que le revenu n’est pas suffisant pour en entretenir plusieurs, l’Évêque unira les Administrations, ou Prieurés, au plus prochain Monastère. Dupin.

Administration. Les Espagnols du Pérou nomment ainsi le magasin d’entrepôt établi à Colao, petite ville située sur la mer du Sud, qui sert de port à Lima, capitale de cette partie de l’Amérique méridionale.