Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ADIEU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 111).
ADIGE  ►

ADIEU. adv. Terme de compliment, dont on se sert quand on prend congé les uns des autres, quand on se sépare. Vale. Il y eut bien des larmes répandues quand ils se dirent adieu. Il est parti sans nous dire adieu. Il ne dit jamais adieu à ses amis.

Iris, lorsqu’il me faut retirer de chez vous.
Plus de vingt fois en un quart-d’heure,
Je dis adieu, puis je demeure. La Sabl.

Adieu, est quelquefois un s. m. Un tendre adieu déchire le cœur d’un amant bien touché. S. Evr. Il s’emploie élégamment au pluriel. Rien n’étoit plus touchant que leurs tristes adieux. Portez-lui mes adieux, & recevez les siens. Racine. Il n’eut pas la force de recevoir des adieux si tendres, sans être attendri lui-même. Bouh. Xav. I. III.

On dit familièrement, adieu jusqu’au revoir : sans adieu, pour marquer qu’on se reverra bien-tôt. Je ne lui veux dire que bon jour & adieu ; pour dire, je ne lui veux dire qu’un mot.

Adieu, se dit figurément, mais en style de conversation seulement, d’une personne en danger, ou d’une chose qui court grand risque. Si la fièvre redouble, adieu le malade. Actum est. Si vous laissez approcher cet étourdi, adieu mes porcelaines.

Adieu, se dit aussi des choses qui passent, qui nous échappent, & que nous regrettons. Valedicere. Dès que la S. Martin est venue, adieu les beaux jours. Quand on a passé 60 ans, il faut dire, adieu la joie & les plaisirs.

On dit aussi, dire adieu au vin, au jeu, aux femmes, à la débauche, au commerce, & au monde ; pour dire, y renoncer, se retirer des choses pour lesquelles on avoit de l’attachement. Renuntiare, nuntium remittere. En ce cas il marque de la tendresse & du regret. Se dire adieu pour jamais : se dire un éternel adieu : se dire le dernier adieu : cela marque une longue séparation, & une résolution, ou une nécessité, de ne se revoir jamais.

Adieu, je vais, le cœur trop plein de votre image,
Attendre, en vous aimant, la mort pour mon partage.

Rac
.

Adieu, est aussi un terme de commandement, de chagrin, ou de refus, lorsqu’on chasse, ou congédie quelqu’un. Adieu, vous m’importunez trop. Apage te. Adieu, en voilà assez ; j’entends votre affaire.

On dit proverbialement, adieu la voiture, adieu vous dis, c’est fait de lui ; pour dire, qu’un homme se meurt, qu’il est perdu. Adieu paniers, vendanges sont faites ; pour dire, qu’on n’a plus besoin de certaines choses, quand la saison où l’on s’en sert est passée. Adieu mon argent, adieu mes espérances ; pour dire, qu’on a perdu son argent, ses prétentions.

On dit en termes de Marine, adieu va, ou parez à virer, pour avertir l’équipage, afin qu’il manœuvre de concert, lorsqu’on veut faire virer le vaisseau pour changer de route.

Adieu-tout. Manière de parler dont se servent les Tireurs d’or, pour avertir ceux qui tournent le moulinet que la main est placée surement, & qu’ils n’ont plus qu’à marcher. Encyc.

Adieu command. Vieille façon de parler, qui se disoit du temps de Marot ; pour dire, adieu vous dis, ou plutôt c’est : A Dieu je recommande. Adieu commande votre amitié, je renonce à votre amitié, je l’abandonne & la recommande à Dieu, ne m’en embarrassant plus.

Le Cap d’Adieu est le même que le Cap Farwel, nom qui signifie la même chose. Il est vis-à-vis la pointe la plus orientale de l’Estotilande.