Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ADIABÈNE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 110).
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ADIABÈNE. Adiabene. Contrée d’Asie toute entière à l’orient du Tigre, & non entre le Tigre & l’Euphrate, comme l’a prétendu Etienne le Géographe, & après lui Suidas qui disent qu’elle s’appelle aussi Messène, Μεσσήνη, parce qu’elle étoit entre ces deux fleuves, Voyez Messene. Pline met l’Adiabène au-delà de l’Arménie ; & dit au Liv. VI, Chap. 9, qu’elle est entourée de montagnes d’un côté, & du Tigre de l’autre. Pinet, son traducteur, au lieu d’Adiabène, dit la région du Diarbeck, ou Mosul. Pline ne dit point que l’Adiabène fut une partie de l’Assyrie ; mais l’Assyrie elle-même, qui avoit changé de nom. Voyez L. V. C. 12. Ammien Marcellin en dit autant, L. XXIII. C. VI. Ainsi les Dictionnaires, qui disent que c’est une contrée de l’ancienne Assyrie, se trompent. Et quoique Pline, L. VI, C. 13, dise, Adiabene Assyriorum initium, cela ne signifie pas que ce n’est qu’une partie de l’Assyrie ; mais que ce n’est qu’une partie de l’empire des Assyriens qui commença par-là ; & à quoi ils ajoutèrent ensuite bien d’autres provinces ; & par conséquent que c’est là proprement l’Assyrie. Dans le sens étroit, l’Assyrie étoit une province assez bornée, dont Ninive étoit la capitale ; & c’est cette province qui a depuis été nommée Adiabène. Huet. Les Grecs ont dérivé ce nom de ἀδιάβατος, qui signifie inaccessible ; & ils ont cru qu’elle avoit ce nom à cause des fleuves dont elle est toute entrecoupée. Ammien Marcellin prétend avec plus d’apparence, que ce nom vient du fleuve Diava, qui est celui que les Grecs appellent Lycus ; car Deva ou Diava, est la même chose en Chaldéen que Lycus en Grec, & veut dire Loup. de Diava, en y ajoutant l’article ha, on fait Hadiaba, & ensuite Hadiabène. les Juifs l’appellent Hadiab ; ainsi ce nom signifie la même chose que Lycie, ou région des Loups.