Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ADEPTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 108).
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ADEPTE. s. m. Adeptus. Les Adeptes. Nom de certains Alchimistes, qui prétendent avoir trouvé le secret de la transmutation des métaux, ou la pierre philosophale. Harr.

Ce nom vient du participe adeptus, du verbe latin adipiscor, qui signifie, trouver, acquérir, parce qu’ils prétendent avoir trouvé le grand secret de la transformation des métaux. Ces Alchimistes disent qu’il y a toujours douze Adeptes, qui sont remplacés par d’autres, lorsqu’il plaît à quelqu’un de la fraternité de mourir, ou de se transporter lui-même quelque part où il puisse faire usage de son or ; car dans ce mauvais monde-ci, disent-ils, il ne leur procure pas une chemise. Harr. La folie des Alchimistes est, dit on, de trouver le grand-œuvre dans les Livres Saints. M. M. de la Monnerie n’a pas manqué de prêter leur langage au Prophète-Roi, dans les endroits de ses Odes sacrées qu’il a jugées favorables à l’Alchimie, & d’y joindre une glose fort étrange. Je ne sais si quelque Adepte a porté la singularité plus loin. Observat. sur les Ecrits mod. tom. 21, p. 175. Dans la recherche du grand-œuvre on a un langage tout particulier pour les adeptes & les enfans de l’art, & un autre pour les prophanes. Bayle.

M. Rousseau, dans sa huitième Epître, nomme Adeptes, les Auteurs du Théâtre qui veulent se singulariser en s’écartant des règles ordinaires.

A nos Auteurs, ce n’est point entre nous,
L’esprit qui manque, ils en ont presque tous ;
Mais je voudrais, dans ces nouveaux Adeptes,
Voir une humeur moins rétive aux préceptes.

☞ On peut appeler Adepte, quiconque est initié dans les mystères d’une secte, d’une science, quoique ce nom convienne particulièrement aux Alchimistes.