Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACHILLÆA

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 86).
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ACHILLÆA. s. f. Nom que les anciens Botanistes ont donné à plusieurs plantes de différens genres. On prétend que l’Achilæa de Dioscoride & de Pline, n’est autre chose que notre Millefeuille ; conjecture dont on pourroit faire voir le foible, en montrant que les descriptions que nous en ont laissées Dioscoride & Pline, conviennent tout aussi bien à d’autres plantes, auxquelles on n’a jamais attribué aucune qualité excellemment vulnéraire. On croit qu’elle a pris son nom d’Achille, disciple de Chiron Centaure, qu’on dit être le premier qui l’a mis en usage pour guérir les plaies & les ulcères. La plante qu’on nomme Achillæa, en latin, Achillæa montana, à présent est une espèce de Jacobée, appelée Jacobæa foliis ferulaceis, &c. Inst R. Herb. Ses racines sont fibreuses & noirâtres, & donnent beaucoup de feuilles découpées menu comme celles de l’aurone ; mais elles sont plus amples, d’un vert gai, & d’une odeur qui n’est pas désagréable lorsqu’on les écrase ; leur goût est amer & désagréable. Les tiges qui s’élèvent d’entre ces feuilles, ont un ou deux pieds environ de hauteur : elles sont quelquefois branchues, toujours garnies de feuilles semblables à celles du bas de la tige, mais un peu plus courtes. Ses fleurs naissent à l’extrémité des tiges en manière de bouquet : elles sont jaunes, radiées, un peu plus petites que celles de la matricaire. Ses semences sont oblongues, grêles & chargées d’une aigrette. On ordonne aux asthmatiques, & à ceux qui ont des durillons dans le poumon, d’user de cette plante en fumée, comme du tabac.