Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACCUSATEUR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 78).
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ACCUSATEUR, ACCUSATRICE. s. m. & f. Celui ou celle qui accuse, qui impute un crime à quelqu’un, & en poursuit la réparation en Justice. Accusator, accusatrix. Par le Droit civil il n’y avoit point d’accusateur public. Chaque particulier, soit qu’il eût intérêt au crime public, ou non, pouvoir accuser, & conclure au châtiment de l’accusé. En France il n’y a que le Procureur-Général, ou les Substituts préposés dans chaque Siége, qui se puissent constituer accusateurs ; c’est à eux seuls qu’appartient la vengeance publique. La partie civile ne peut conclure qu’à la réparation, & aux intérêts, & non pas à la punition du criminel. Mais il requiert la jonction des gens du Roi qui ont seuls droit de conclure à la punition corporelle. C’étoit autrefois une chose odieuse, que de passer pour accusateur. Quintilien l’a dit avant moi, & a mis en proverbe, Accusatoriam vitam agere. Et parce qu’il y eut un Brutus qui fit à Rome cet infame métier, & qui fut appellé l’Accusateur, Cicéron l’appelle pour cela le déshonneur de la famille des Juniens. Balz.

☞ Se rendre Accusateur, être reçu Accusateur. Nul ne peut être reçu Accusateur en France, à moins qu’il n’ait un intérêt personnel dans la poursuite du crime. L’Accusateur défère un crime à la justice, en se déclarant partie civile. Le dénonciateur révèle aussi un crime, mais dont la réparation ne l’intéresse point personnellement, & sans se rendre partie civile, Voyez ces mots.

☞ Ce mot s’emploie au figuré. Au dernier jour nos peines se présenteront comme autant de cruels Accusateurs. Nicol. En quelque endroit que se trouve un parricide, il rencontre un Accusateur, un Juge & un Bourreau. Le Maître.