Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ACCULER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 77).

ACCULER. v. a. Pousser quelqu’un, & le réduire en un endroit où il ne puisse plus reculer. In angustias redigere, compellere. On a acculé les ennemis dans ce détroit de montagnes, où on les fera mourir de faim. On le dit aussi des sangliers, des renards, &c. Les Chiens ont acculé le loup.

s’Acculer, signifie au contraire, se placer dans un coin, se retirer dans un lieu étroit où on ne puisse être attaqué par derrière, pour se mieux défendre contre plusieurs ennemis de front. Locis postico imperviis uti ad defensionem. Ce brave s’est acculé contre une muraille, pour n’être point enveloppé par les ennemis. Le taureau s’accule, quand il est pressé avec trop de vigueur par des dogues. S’acculer contre un arbre.

Acculer, en termes de manège, se dit lorsque le cheval qui manie sur les voltes, ne va pas assez en avant à chacun de ses mouvemens ; ce qui fait que les épaules n’embrassent pas assez de terrain, & que sa croupe s’approche trop près du centre de la volte. On dit encore vulgairement, qu’un cheval s’accule, ou qu’il s’est acculé, lorsqu’il s’abandonne sur sa croupe, lorsqu’on l’arrête, ou qu’on le veut faire reculer.

Acculer, v. n. Terme de Marine. Je jugeai que je l’avois fort incommodé en lui donnant une bordée, puisqu’il mit toutes ses voiles à acculer. M. le Chev. de Caylus.

ACCULÉ, ÉE. part. In angustias loci redactus.

En termes de Blason, on appelle un cheval acculé, quand il est cabré en arrière & sur le cul. In clunes residens. Ce mot convient à quelques autres animaux. Un lion acculé. On le dit aussi de deux canons sur leurs affûts, dont les culasses sont opposées l’une à l’autre ; comme ceux que le Grand Maître de l’Artillerie met au bas de ses armoiries, pour marques de sa dignité. Ce mot se tire du Latin culum. On dit un cul-de-sac.