Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABSTENIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 44).
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ABSTENIR. v. n. qui ne se dit qu’avec le pronom personnel. Se défendre l’usage, se contenir à l’égard de quelque chose, se priver de quelque plaisir. Abstinere, temperare. Conjuguez : Je m’abstiens ; je m’abstenois ; je m’abstins ; je me suis abstenu ; je m’abstiendrai ; je m’abstiendrois, &c. Ils sentent, à chaque péché qu’ils commettent, un avertissement intérieur de s’en abstenir. Pasc. Il faut se garder, & s’abstenir de se mettre en colère. Ils disoient qu’Auguste s’étoit abstenu de la qualité de Dictateur. Ablanc. Il faut s’abstenir du vin pendant la fièvre. Les Chrétiens ne s’abstenoient de viande pendant leurs jeûnes, que pour mortifier les sens. Du Pin. Les Juifs étoient obligés de s’abstenir de leurs femmes pendant certains temps. On le dit quelquefois absolument. Il est plus aisé de s’abstenir, que de se contenir.

Abstenir, se dit aussi en matière de récusation de Juges, & quand la Cour la trouve bien fondée, elle dit, pour adoucir l’expression, que le Juge s’abstiendra, c’est-à-dire, de rapporter le procès, ou d’y opiner.

Abstenir, se dit aussi d’un juge qui se désiste de la connoissance & du jugement d’une affaire, à cause de la parenté ou de l’alliance au degré prohibé, qui est entre l’une des parties & lui.

Abstenir, en matière de succession, se dit d’un héritier en collatérale qui s’abstient & ne fait point acte d’héritier du défunt. Au lieu que le présomptif héritier en ligne directe, pour n’être point héritier de celui dont la succession lui est déférée, est obligé de faire un acte authentique, par lequel il renonce à cette succession.

L’opposé de s’abstenir, c’est s’immiscer.