Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABSOLU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 41).
◄  ABSIRTIDES
ABSOLUMENT  ►

ABSOLU, UE. adj. Souverain, indépendant. Cujus potestas summa. Prince absolu. Summus rerum Dominus. Commandement absolu. Il a obtenu cela d’autorité absolue.

Il signifie aussi, sans réserve, sans restriction. Les Ambassadeurs ont quelquefois un plein pouvoir, un pouvoir absolu. On dit qu’un homme est absolu, impérieux ; pour faire entendre qu’il veut être obéi, qu’il ne peut souffrir qu’on lui résiste, qu’il veut fortement ce qu’il ordonne. Imperiosus. On dit qu’un homme est absolu dans sa compagnie, pour dire, qu’il y fait tout ce qu’il veut, que personne ne lui résiste. Acad. Fr. On dit encore, parler d’un ton absolu ; pour dire, parler d’un ton impérieux, commander avec hauteur. Une conduite ouverte & familière gagne mieux les cœurs, qu’une autorité sèche & absolue.

On appelle Jeudi absolu, le Jeudi-Saint, à cause de la cérémonie de l’absoute qui se faisoit ce jour-là dans l’ancienne Eglise, jour auquel on absolvoit les pénitens publics. De-là vient que ce jour s’appelle dans les vieux titres, Absolutionis dies, jour de l’Absoute. Voyez Absoute. Le Pere Morin prétend néanmoins que ceci ne doit s’entendre que des Eglises d’Occident, & que dans les Eglises d’Orient, & même dans celles d’Espagne & de Milan, l’absolution ne se donnoit que le Vendredi-Saint, ou même le Samedi-Saint. M. Codeau a dit la même chose ; mais d’habiles Théologiens prétendent qu’ils se trompent.

En termes de Grammaire, un terme absolu, est un terme qui ne se rapporte à rien autre chose. Il est opposé à relatif. Un ablatif absolu, est une locution détachée & indépendante, qui ne régit rien, & qui n’est régie de rien. Dictio ab alia minimè pendens. C’est à l’imitation des Latins : Deleto exercitu : L’armée ayant été taillée en pièces. Tout bien considéré, en matière de Religion, le plus sûr est de s’en tenir aux décisions de l’Eglise. Port-R. En latin cette locution donne de la rapidité au style. En François, elle est rarement du style noble. Absolu, en termes de Philosophie signifie, ce qui ne porte ou ne renferme point l’idée d’une relation, ni de rapport à autre chose ; & il est opposé à relatif. Homme est un terme absolu ; au contraire, Créature, Pere, sont des termes relatifs, parce que l’un emporte un rapport au Créateur, & l’autre à des enfans.

En termes de Théologie, quelques Ecrivains, ou Catholiques ou Protestans, le prennent encore dans un autre sens, & l’opposent à déclaratoire. Ainsi dans la doctrine Catholique l’absolution du Prêtre est absolue ; il remet absolument les péchés ; mais dans la doctrine des Luthériens & des Anglicans, l’absolution du Prêtre n’est que déclaratoire & ministérielle. Absolu signifie encore, ce qui est sans condition. Une promesse, une proposition absolue, est opposée à une promesse, ou à une proposition conditionelle.

Nombre absolu. Terme d’Algèbre en matière d’équation. C’est ce que Viéte appelle Homogeneum comparationis, & qui fait toujours un côté ou une partie entière de l’équation, & est toujours une quantité connue. C’est encore le rectangle, ou le solide dont on cherche la racine inconnue. Ainsi dans cette équation a a + 16 a = 36. Le nombre absolu est 36, lequel est égal au produit des deux racines ou valeurs de l’a ; c’est-à-dire, à a multiplié par lui-même, plus a pris seize fois. Equation absolue, en termes d’Astronomie, est la somme de deux équations, de l’excentrique, & de l’optique. Harris. Voyez Équation.