Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABSENCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 40).
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☞ ABSENCE. s. f. C’est en général l’éloignement d’une personne qui n’est point dans le lieu de sa résidence ordinaire. Absentia. On le dit également de la distance qui nous sépare des autres, & de la distance qui sépare les autres de nous. Longue Absence. Courte Absence. Les peines de l’Absence. L’Absence nous fait connoître le prix des choses que nous perdons. Vix bona nostra aliter quàm perdendo cognoscimus. Petrarq. De Roch. Les souvenirs dans l’absence sont plus vifs en amour, qu’en amitié. M. Scud. Les longues absences éteignent l’amour, mais une courte absence le ranime. S. Evr.

L’ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?

Racin.

On travaillera à cette affaire tant en présence qu’absence : phrase de Pratique, dont on se sert contre ceux qui ne comparoissent point aux jours d’assignation. Pour marquer en devise les douleurs de l’absence, on a peint une tulipe sous les rayons du soleil, ou sous un soleil caché d’épaisses nuées, ou au soleil couchant, avec ce mot espagnol : Sin sus rayos, mis desmayos :  : Sans ses rayons, je tombe en défaillance.

On dit figurément Absence d’esprit, pour signifier Distraction, quand on songe à une autre chose qu’à celle dont on parle. Mentis aberratio, avocatio. On s’en sert aussi pour exprimer, ou pour excuser une faute, ou une bévue, ou dans la conduite, ou dans la conversation. On l’attribue à un défaut d’application. Cet homme a des absences d’esprit que ses amis ont de la peine à justifier. On dit quelquefois absolument. Il a souvent des absences.

En philosophie on dit, absence de suppôt & absence de vertu. L’absence de suppôt, est quand deux substances ne se touchent point physiquement, & sont éloignées l’une de l’autre. L’absence de vertu, est quand l’une n’agit point sur l’autre par quelque vertu qui sort d’elle pour aller affecter l’autre. A parler exactement, l’absence de vertu est une absence de suppôt ou de substance ; car ces vertus par lesquelles une substance agit sur l’autre, ne sont autre chose qu’une substance, des corpuscules émanés de l’une & poussés vers l’autre ; telles sont la lumière, la matière magnétique, les odeurs, &c. Voyez Présence.