Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABJURER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 28).
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ABJURER. v. a. Renoncer solennellement à quelque mauvaise doctrine, à des maximes erronées. Errorem damnare, detestari. Cet homme a abjuré les erreurs de Socin. On dit simplement & absolument, Il a abjuré ; pour dire, Il a changé de Religion, il s’est converti. Abjurer, dit M. l’Abbé Girard, se dit toujours en bonne part. En quoi il differe de renier qui s’emploie toujours en mauvaise part. L’Hérétique abjure quand il rentre dans le sein de l’Eglise. Le Chrétien renie quand il se fait Mahométan. On renie le maître qu’on sert, ou la religion qu’on avoit embrassée. On abjure l’erreur dans laquelle on étoit.

On a dit autrefois, abjurer la patrie ; pour dire, quitter la province pour n’y plus retourner, comme font les bannis, les proscrits. Abnegare. Voyez Abjuration.

Dans les Loix d’Angleterre, abjurer une personne, c’est renoncer à l’autorité ou au domaine d’une telle personne. Par le serment d’abjuration on s’oblige à ne reconnoître aucune autorité royale dans la personne appelée le Prétendant, & de ne lui rendre jamais l’obéissance que doit rendre un sujet à son Prince.

Ce mot pris dans un sens figuré, se dit encore pour signifier qu’on renonce pour toujours à certaines choses, & qu’on les abandonne. Il a abjuré la Poësie. Scar. Elle a abjuré tout sentiment de pudeur & de vertu Pasc.

ABJURÉ, ÉE. part. Damnatus, abjectus, repudiatus.