Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABDICATION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 17).
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☞ ABDICATION. s. f. Acte par lequel on renonce volontairement à une dignité éminente dont on est revêtu. Abdicatio. Mot composé de ab & de dicere déclarer. On ne doit pas confondre l’abdication avec la résignation, la démission, l’abandonnement, la renonciation, & le désistement. L’abandonnement, dit M. l’Abbé Girard, l’abdication & la renonciation se font. Le désistement se donne, la démission se fait & se donne.

On fait un abandonnement de ses biens, une abdication de sa dignité & de son pouvoir, une renonciation à ses droits & à ses prétentions, une démission de ses charges, emplois & bénéfices, & l’on donne un désistement de ses poursuites.

L’abdication se fait purement & simplement. La résignation se fait en faveur d’une tierce personne.

On dit abdication, en parlant de celui qui abdique, & de la chose abdiquée. L’abdication de Charles V. L’abdication de l’Empire. Quelques politiques regardent l’abdication d’une couronne, plutôt comme un effet du caprice ou de la foiblesse de l’esprit, que comme une grandeur d’ame.

On dit, L’abdication d’un fils rebelle & désobéissant. Dans le droit Civil l’abdication est opposée à l’adoption. L’abdication n’étoit différente de l’exhérédation que dans cette circonstance : c’est que le fils abdiqué étoit exclus de la famille & de la succession paternelle, par un acte public pendant la vie du pere ; au lieu que l’exhérédation n’avoit d’exécution qu’en vertu de son testament. Les causes de l’abdication étoient les mêmes que celles de l’exhérédation.

Harris, dans son Dictionnaire Anglois des Arts, dit qu’on trouve qu’abdication s’est dit encore d’un homme libre qui renonce à sa condition pour se faire esclave, ou d’un Citoyen Romain qui renonce à cette qualité & aux priviléges qui y sont attachés.

On dit aussi au Palais, Faire une abdication de biens, quand on fait un abandonnement entier.