Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ÆGIPAN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 129-130).

ÆGIPAN. f. m. Ægipan. Ce mot vient de Pan, nom d’un Dieu champêtre, & ἂιξ, ἀιγος, chèvre. Les Poëtes ont donné ce nom au Dieu Pan, parce qu’ils supposoient que ce Dieu étoit moitié chèvre ; qu’il en avoit les cornes, la queue, les pieds, & même tout le bas du corps depuis la ceinture.

Les anciens ont encore appelé Ægipans, des monstres dont Méla parle, L. I. C. 8. Pline & Solin en parlent aussi, & les placent en Lybie ; celui-là, L. V. C. 8. & celui-ci, C. 34. Saumaise, dans ses Notes sur Solin, a prétendu que l’Ægipan, étoit ce que les Romains appeloient Sylvanus. Vossius le réfute dans ses Notes sur l’endroit de Mélà que j’ai cité. Car 1o , dit-il, Saumaise ne se fonde que sur les petits parallèles attribués à Plutarque ; mais il est certain que ce Livre n’est point de cet Auteur, & qu’il est indigne de lui, aussi-bien que celui qui est intitulé, De fluminibus, qui sont tous deux de la même plume. 2o  Les Ægipans n’avoient point un visage d’homme comme les Sylvains, mais un museau de chèvre : ils avoient même toute la partie supérieure du corps d’une chèvre : outre cela on les peignoit avec une queue de poisson. Ainsi le monstre qu’on voit par les médailles d’Auguste, & que nos Antiquaires appellent Capricorne, est la vraie figure d’un Ægipan ; & en effet Théon, sur Aratus, dit, que le Capricorne est la figure d’un Ægipan. Hyginus, & le Scholiaste de Germanicus disent la même chose. On voit aussi souvent des Ægipans dans les anciens monumens des Égyptiens.