Dictionnaire de Trévoux/1re édition, 1704/Introduction

Jésuites de Trévoux
Trévoux (1-1p. _).
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
FRANÇOIS ET LATIN,
CONTENANT
LA SIGNIFICATION ET LA DEFINITION
Tant des mots de l'une & de l’autre langue , avec leurs differens usages,
Que les termes propres de chaque Estat & de chaque Profession :
LA DESCRIPTION
De toutes les Choses Naturelles & Artificielles ; leurs figures, leurs especes,
leurs usages, & leurs proprietez :
L'EXPLICATION
De tout ce que renferment les Sciences & les Arts, soit Liberaux ou Mechaniques.
AVEC DES REMARQUES D'ERUDITION ET DE CRITIQUE
Le tout tiré des plus excellents Auteurs, des meilleurs Lexicographes, Etymologistes & Glossaires, qui ont paru jusqu'icy en différentes langues.
Imprimé par ordre de S. A. S. Monseigneur
PRINCE SOUVERAIN DE DOMBES.
TOME PREMIER.
A TREVOUX,
Chez ESTIENNE GANEAU Libraire de Paris,
& Directeur de l'Imprimerie de S. A. S.
__________


M. DCCIV.
AVEC APPROBATIONS, ET PRIVILEGE DV PRINCE.
DICTIONNAIRE
UNIVERSEL
FRANÇOIS ET LATIN,
CONTENANT
LA SIGNIFICATION ET LA DEFINITION
Tant des mots de l'une & de l’autre langue , avec leurs differens usages,
Que les termes propres de chaque Estat & de chaque Profession :
LA DESCRIPTION
De toutes les Choses Naturelles & Artificielles ; leurs figures, leurs especes,
leurs usages, & leurs proprietez :
L'EXPLICATION
De tout ce que renferment les Sciences & les Arts, soit Liberaux ou Mechaniques.
AVEC DES REMARQUES D'ERUDITION ET DE CRITIQUE
Le tout tiré des plus excellents Auteurs, des meilleurs Lexicographes, Etymologistes & Glossaires, qui ont paru jusqu'icy en différentes langues.
Imprimé par ordre de S. A. S. Monseigneur
PRINCE SOUVERAIN DE DOMBES.
TOME PREMIER.
A TREVOUX,
Chez ESTIENNE GANEAU Libraire de Paris,
& Directeur de l'Imprimerie de S. A. S.
__________


M. DCCIV.
AVEC APPROBATIONS, ET PRIVILEGE DV PRINCE.


MONSEIGNEUR


PRINCE SOUVERAIN


DE DOMBES.



ONSEIGNEUR,




Le Livre que j'ay l'honneur de presenter à Vostre Altesse Serenissime, luy appartient par tant de titres qu'elle peut en quelque sorte le regarder comme son Ouvrage. C'est elle qui en a conçû le dessein, c'est par ses ordres qu'il a esté entrepris, c'est sur le plan qu'elle a bien voulu en tracer elle-même, qu'on s'est réglé dans l'execution ; & l'on s'est fait une loy d'autant plus inviolable de s'y assujettir & de le suivre, qu'on a crû que c'estoit le plus sûr moyen de conduire l'Ouvrage à sa perfection.

Ce seroit, Monseigneur, luy dérober une partie de son prix, que de laisser ignorer au Public la part que vous avez bien voulu y prendre. On ne pourra s'empêcher d'en concevoir une idée avantageuse, quand on sçaura qu'il a esté fait, non-seulement sous les auspices, mais même si je l'ose dire, sous la direction d'un Prince si judicieux & si habile : & d'ailleurs il y va de la gloire des belles Lettres, que tout le monde sçache que vous ne vous contentez de vous interesser à leur avancement, & à leur progrès, par la protection & l'appuy que vous leur donnez, mais que vous daignez encore y contribuer de vos soins & de vos lumieres.

C'est cette circonstance, Monseigneur, qui donne un nouveau lustre à la faveur dont vous honorez les beaux Arts. Elle fait voir que si vous les protegez, ce n'est point simplement, parce qu'il est beau & glorieux à un grand Prince de les prendre sous sa protection ; mais bien plus encore, parce que vous en connoissez toutes les beautez, & que vous en estes véritablement touché. Cette affection leur fait d'autant plus d'honneur, qu'elle est plus éclairée, & il y a lieu de juger qu'elle sera d'autant plus constante, qu'elle n'est point dans Votre Altesse Serenissime l'effet de la prévention ou du caprice ; mais le fruit d'un discernement délicat, & de ce goût exquis que vous avez reçû de la nature pour toutes choses, & en particulier pour les belles Lettres.

Il n'est pas surprenant, Monseigneur, après les soins que vous vous estes donné dés vos plus tendres années pour le cultiver, que vous l'ayez porté à ce point de perfection où nous le voyons, & qui vous met en état de donner des regles pour la conduite des Ouvrages les plus vastes & les plus difficiles. On diroit qu'à mesure qu'il s'est perfectionné, il n'a fait que fortifier & qu'augmenter dans Vostre Altesse Serenissime cette inclination heureuse qu'elle a toûjours êuë pour les Sciences, sans que le tumulte de la Guerre & les Emplois éclatans que vous y avez exercez durant plusieurs années, ayent pû la rallentir. Il semble même, Monseigneur, que vous l’ayez communiquée à l’illustre Princesse que le Ciel vous a donnée pour Epouse, & qui a comme vous un goût infini pour les Ouvrages d’esprit. Non seulement elle sçait porter un jugement sûr de ceux qui luy tombent entre les mains, mais elle en fait elle-même qui peuvent servir de modele. Personne ne pense d’une maniere plus juste ni plus fine ; personne ne donne un air plus nouveau, ni un tour plus heureux à ses pensées ; personne ne s’exprime avec plus de vivacité ni plus de noblesse : enfin, Monseigneur, on sent dans ces petites Pieces qui luy échappent quelquefois, & qui luy coûtent si peu, un caractere aisé, libre & naturel où l'Art ne peut gueres atteindre, & où le genie seul semble avoir part. On ne peut douter, Monseigneur, qu'une si grande conformité d’inclination entre cette illustre Princesse & Vostre Altesse Serenissime, ne donne un nouvel agrément aux liens qui vous attachent l’un l’autre, & ne contribuë beaucoup a cette union charmante, qui en faisant vostre bonheur reciproque, donne tant de consolation au grand Roy qui vous a unis ensemble.

Que manquoit-il, Monseigneur, pour vostre entiere satisfaction dans l’amour que vous avez pour les belles Lettres, que d’avoir auprés de vous des Personnes capables de seconder une si heureuse inclination ? Elle estoit trop forte, pour ne point s’étendre jusques sur ceux qui se distinguoient en ce genre par leurs talens & la beauté de leur genie. Aussi est-ce sans doute, Monseigneur, ce qui a engagé Vostre Altesse Serenissime à rassembler au tour de sa Personne tant de sçavans hommes, en les y attachant par des emplois honorables qu’ils ne doivent ni à la brigue ni à la faveur, mais uniquement à l’attention singuliere que vous avez à découvrir le merite, & au plaisir que vous vous faites de l’illustrer par vos bienfaits. Vous avez trouvé par-là, Monseigneur, le secret de former dans l’enceinte de vostre Palais une espece d'Academie domestique toute composée de personnes d'élite, & parmy lesquelles l'Academie Françoise, l'Academie Royale des Sciences, & l'Academie des Inscriptions & des Medailles comptent des plus distinguez de leurs sujets. C'est par leur moyen, Monseigneur, que vous entrez, autant que vostre Dignité le peut souffrir, dans une espece de societé & de commerce avec ces differentes Compagnies dont ils sont membres. Ils se font un plaisir autant qu'un devoir, de rendre compte à Vostre Altesse Serenissime de ce qui s'y passe, & ils se croyent bien récompensez de leurs soins par les connoissances & les lumieres que vous leur communiquez : ils trouvent sans sortir d'auprés de vous, tous les secours necessaires pour se perfectionner chacun dans le genre d'estude vers lequel il se sent plus d'inclination ; une Biblioteque fournie de Livres rares & curieux, toutes sortes d'instrumens pour les experiences de Physique, & les observations de l'Astronomie, un riche Cabinet de Medailles antiques pour l'éclaircissement de l'Histoire ; vous estes l'ame & le Chef de tout ce qu'ils sont, & de tout ce qu'ils entreprennent, & ils sont sûrs de l'approbation des Connoisseurs, lorsqu'ils ont merité la vostre.

Qui croiroit Monseigneur, qu'un Prince si appliqué à remplir tous les devoirs des Charges importantes que l'Etat luy a confiées, trouvât encore du loisir pour des occupations qu'on ne regarde d'ordinaire que comme un amusement de gens oisifs & débarrassez de toutes affaires ? Mais quand on a l'étenduë d'esprit que vous avez, Monseigneur, on trouve l'art de suffire à tout, & d'allier ensemble les occupations qui paroissent les plus disproportionnées. A considerer le bel ordre qui regne à present dans l'Arcenal, & la maniere dont l'Artillerie est entretenuë & servie ; à voir en quel estat est aujourd'huy l'Infanterie Suisse, en qui l'honneur d'avoir à sa teste un Prince si digne de la commander semble redoubler ce courage, cette fidelité & cette affection avec laquelle cette Nation belliqueuse a de tout temps si bien servi la France ; on dîroit que ces grands emplois emportent toute vostre attention & tous vos soins. Cependant, Monseigneur, sans rien leur dérober de ceux que vous leur devez, vous trouvez encore des momens pour vaquer aux Sciences. Vostre Altesse Serenissime sçait se partager entre son devoir & son inclination, si pourtant il est permis de separer ces deux choses dans un Prince dont la plus forte inclination a toujours esté pour son devoir. Ce n'est qu'aprés avoir satisfait à vos obligations essentielles, que vous vous pressez, pour ainsi dire, à l'estude ; elle est pour vous un délassement agréable qui vous tient lieu de ces plaisirs vains & dangereux, dont vous avez toujours êu un entier éloignement.

Une conduite si sage & si reguliere ne pouvoit manquer de plaire infiniment au grand Prince à qui vous avez toujours eu tant de cœur de plaire en toutes choses : il y reconnoist avec un sensible plaisir les fruits heureux de l'éducation qu'il a pris soin de vous donner luy-même ; & le contentement qu'il en reçoit, augmente de jour en jour cette tendresse extreme qu'il a toujours êuë pour vous. Quelle consolation, Monseigneur, pour un Roy qui donne de si grands exemples de pieté & de vertu à tout son Royaume, & qui fait avec tant de gloire éclater dans toute l'Europe son zele pour la Religion, de voir que les Personnes qui luy sont aussi cheres que Vostre Altesse Serenissime, s'attachent à l'imiter comme vous faites, dans les vertus qui sont le plus selon son cœur !

C'est à son exemple, Monseigneur, que non content d'édifier le monde chrestien par la regularité de vostre conduite, vous portez encore vostre zele jusques dans le monde idolâtre ; & que par les liberalitez que vous y répandez, vous contribuez, de la maniere que vostre état & vostre rang vous le permettent, a l'établissement de la Religion chez les Infideles.

Des vûës si pleines de Christianisme ne surprennent point dans un Prince qui se fait, comme vous, une estude de sa Religion, & qui employe un temps considerahle à la lecture des saints Peres. Tout cela,Monseigneur, ne donne-t-il pas lieu de présumer qu'il entre beaucoup de religion dans l'ardeur que vous témoignez à faire fleurir les belles Lettres ; & n'est-on pas bien fondé à croire, que si vous vous y interessez avec tant de zele, c'est principalement dans la persuasion où vous estes, que rien n'est d'un plus grand secours pour le maintien & l'augmentation de la Foy ?

Ce doit estre pour moy, Monseigneur, un nouveau motif de redoubler mon application & mes soins à seconder vos intentions de ce costé-là autant que j'en suis capable ; & je crois ne pouvoir mieux répondre à l'honneur que m'a fait à l'honneur que m'a fait à l'honneur que m'a fait Vostre Altesse Serenissime, lorsqu'elle m'a chargé de la direction de son Imprimerie, qu'en m'efforçant de la rendre plus utile au Public qu'il se pourra faire, par des Ouvrages sçavans & dignes de la curiosité de ceux qui ont quelque gout pour les belles Lettres. C'est dans cette idée, Monseigneur, que j'ay d'abord entrepris sous vos auspices les Memoires pour l'Histoire des Sciences & des beaux Arts ; & ils ont esté jusqu'à present si-bien reçûs en France & dans les Pays étrangers, que Vostre Altesse Serenissime a paru en avoir beaucoup de satisfaction. J'ose esperer, Monseigneur, que le nouvel Ouvrage que je porens la liberté de vous presenter,, n'aura pas un sort moins favorable : du moins n'a-t-on rien épargné pourle rendre le plus parfait en son genre qu'il estoit possible, & pour le mettre en état de paroistre dignempent sous le nom & sous l'autorité de Vostre Altesse Serenissime. Pour moy, Monseigneur, je me tiendray trop récompensé de mon travail, s'il a le bonheur de vous agréer, & si vous voulez bien le regarder comme une marque du zele que j'ay à remplir tous mes devoirs dans l'employ dont il vous a plû m'honorer, & du profond respect avec lequel je seray toute ma vie,


MONSEIGNEUR,
DE VOSTRE ALTESSE SERENISSIME,
Le très-humble & très-obéissant serviteur
Estienne Ganeau


PRÉFACE.


Oomme il n’y a point d’Ouvrage qui soit d’une utilité plus étenduë & plus universelle qu’un Dictionnaire, on ne doit point être surpris qu’après ceux qui ont paru jusqu’ici, on en donne encore un nouveau. C’est un bien & un avantage pour le Public, qu’on s’attache à perfectionner de plus en plus cette partie de la Litterature qui en fait comme le fondement, & qu’on lui fournisse toujours de nouveaux secours pour écrire avec toute l’exactitude & toute la pureté que demande un siecle aussi poli & aussi délicat que le nôtre, sur tout en matiere de Langue, où aujourd’huy on ne pardonne rien.

Quelque habile qu’on puisse être de ce côté-là, & quelque usage que l’on ait, il est difficile qu’on ne soit quelquefois en doute sur un terme, sur une maniere de parler, sur la veritable signification d’un mot, sur les divers sens qu’il peut avoir, sur la maniere de le placer : il y a sur cela tant de varieté, & si on l’ose dire, tant de bisarrerie dans notre Langue, aussi bien que dans toutes les autres, qu’on s’y trouve surpris tous les jours, & qu’on n’ose décider soy-même, sans se mettre en danger de se tromper. C’est pour cela qu’il n’y a point de Livre si correctement écrit, où l’on ne trouve toûjours quelque chose à reprendre. On voit des Auteurs qui ne craignent point de hazarder, sur leur réputation, des expressions de génie, dont le brillant & le tour hardi impose quelquefois, mais qui n’étant point encore reçûës ni autorisées, ne doivent point servir de modèle. D’autres, à force de s’être rendu familieres certaines façons de parler, se sont imaginé qu’elles étoient en usage, parce qu’ils s’y sont habituez, & qu’ils s’en sont fait un usage eux-mêmes. La connoissance des Langues sçavantes ou étrangeres est encore un écueil pour plusieurs, qui, confondant ces idées différentes, transportent souvent dans leur Langue naturelle des tours & des manieres de s’exprimer, qui ne sont propres que dans les Langues qu’ils ont apprises, & parlent souvent Latin, ou Italien en François. Enfin, ceux mêmes qui se sont le plus attachés à écrire puremement, & qui en font en quelque sorte leur capital, ne sauroient être si exacts, qu’ils ne donnent prise quelquefois à la critique, & cela faute d’avoir une règle sûre qu’ils puissent consulter, & sur laquelle il y ait lieu de faire fond. On a beau dire que c’est l’usage qui doit servir de regle dans les Langues vivantes, & qu’il vaut mieux que tous les Dictionnaires du monde ; cela est vrai, mais l’embarras est de connoître cet usage, & de sçavoir discerner le bon du mauvais. Dans toutes les contestations qui arrivent en cette matiere, chacun croit avoir l’usage de son côté, chacun le cite pour soi avec la même assurance. Ainsi l’autorité de l’usage, quelque décisive qu’elle soit en fait de Langue, ne décidera jamais rien, tant que cet usage demeurera vague & indéterminé. Le point est donc de le fixer, & c’est ce que fait un Dictionnaire, & ce qui en montre la nécessité.

Or l’autorité de ces sortes d’Ouvrages, qu’on peut appeller Classiques, peut être fondée ou sur l’habileté de ceux qui les composent, ou sur la réputation & le mérite des Auteurs qui y sont cites, & qu’on y prend en quelque maniere pour regle : ce qui fait comme deux espèces différentes de Dictionnaires. Celui de l’Académie Françoise est de la premiere espèce, & ceux de Richelet, de Furetiere, &c. sont de la seconde ; tous sont excellens en leur genre ; cependant les Auteurs des Dictionnaires de cette seconde espèce n’étant que de simples particuliers, n’avoient point, quelque éclairez qu’ils pussent être, assez d’autorité pour décider de leur chef. Ils se sont donc vûs obligés par là d’emprunter des Ouvrages d’autruy une autorité qu’ils ne pouvoient se donner d’eux-mêmes, & d’appeller en témoignage nos plus savans Ecrivains, sur les choses qu’il leur falloit décider. L’Academie au contraire faisant un Corps de personnes qu’on a crû les mieux versées dans la Langue, & se trouvant chargée en particulier de la composition d’un Dictionnaire, ne pouvoit avec honneur en user autrement qu’elle a fait. Ce qu’on demandoit d’elle dans cet Ouvrage, n’estoit point de rapporter les sentimens des autres sur les difficultez de la Langue & sur l’usage, mais de déclarer les siens. En effet, s’il n’eust esté question que de citer les Auteurs qui ont écrit avec succés & dont l’autorité pouvoit estre de quelque poids, il n’eust pas esté necessaire d’assembler tant d’habiles gens & de les occuper durant tant d’années à un Ouvrage, qu’un simple particulier avec quelque érudition & quelque usage de la Langue eust pû achever en beaucoup moins de temps, ainsi que l’experience l’a fait assez voir. D’ailleurs, comme une partie de nos meilleurs Ecrivains estoient membres de l’Academie, ils auraient souvent esté obligez de se citer eux-mêmes, ce qui n’eust pas esté dans la bienseance, & ce qu’ils n’auroient pû faire sans blesser cette modestie qui convient si bien aux Auteurs. Il n’estoit pas même, ce semble, de l’honneur de l’Academie d’en citer qui ne fussent pas de son Corps, puisque c’eust esté en quelque sorte soûmettre son autorité à une autorité étrangere qu’elle estoit en droit de regarder comme inferieure à la sienne. C’a donc esté pour elle une nécessité de ne citer jamais, comme c’en a esté une pour les autres de citer toûjours. On doit regarder en cela l’Academie comme une Cour souveraine qui a droit de donner des Arrêts sans estre obligée d’en rendre compte ; au lieu que les autres ne peuvent estre considerez que comme des Avocats qu’on consulte & qui ne font foy qu’autant qu’ils sont fondez sur de bonnes raisons ou sur des témoignages certains. De dire maintenant laquelle de ces deux forces d’autoritez doit l’emporter, c’est ce qui n’est pas aisé. Ceux qui sont pour le Dictionnaire de l’Academie pretendent qu’il y a plus de sûreté à suivre ses décisions, en ce qu’ayant esté faites aprés de mûres & de longues deliberations durant plusieurs années, & aprés une discussion exacte de toutes les difficultez qui pouvoient se rencontrer, il n’est point probable que des personnes si habiles, en si grand nombre, de caractere & de profession si differente, se soient trompez dans une matiere où ils apportoient toutes les precautions imaginables pour ne se point tromper ; au lieu que les divers Auteurs qu’on cite dans les autres Dictionnaires, n’ayant bien souvent employé un terme dans leurs écrits, que parce qu’il se presentoit & qu’il leur paroissoit bon sans autre examen, il est à présumer qu’ils ont pû aisément s’y méprendre. D’un autre côté, ceux qui sont pour les Dictionnaires appuyez sur l’autorité de ces derniers, soûtiennent que les témoignages qu’on tire de leurs Livres sont d’autant moins suspects, que les Auteurs s’accordent ensemble sans s’estre communiqué leurs sentimens, & qu’ayant écrit chacun à part, ils n’ont pas laissé de convenir dans la maniere de s’exprimer. C’est cette conformité qui paroît plus considerable à bien des gens, que la décision de tout un Corps quelque illustre & quelque éclairé qu·il soit, en ce qu’il arrive souvent dans ces sortes de deliberations que l’autorité d’un seul entraîne les suffrages de tous les autres.

Quoy qu’il en foit, il semble que le Public penche un peu plus du costé de ceux qui citent, que du costé de ceux qui ne citent pas, moins peut estre par raison que par une certaine malignité, & par un effet de cet orgueil si naturel à l’esprit humain, qui n’aime pas à estre maitrisé, & qui souffre impatiemment qu’on veuille prendre empire sur luy, & agir souverainement à son égard, en luy imposant des loix absoluës sans luy en faire connoistre les motifs & les raisons. Cette espece de soumission aveugle qu’il croit qu’on exige de luy a quelque chose qui le choque & qui le revolte ; & il est au contraire flatté agreablement par la déference & le ménagement que font paroistre pour ses lumieres ceux qui n’avancent rien sans l’appuyer de preuves solides & de bons témoignages. Il aime à estre instruit, mais il n’aime pas qu’on luy fasse des leçons, & il presume qu’on luy en veut faire, lorsque sans citer, on semble luy prescrire d’autorité qu’il faut parler de telle ou telle maniere, ou qu’on ne doit pas se servir de telle ou telle expression ; au lieu que ceux qui citent semblent moins luy prescrire comment il faut parler, que luy apprendre comment ont parlé les plus celebres Auteurs. Il se figure que les premiers veulent luy imposer une espece d’obligation & de necessité de se rendre à leurs décisions ; & c’est ce qui ne luy plaist pas. Il s’imagine au contraire que les seconds ne font que luy exposer les sentimens & l’usage des meilleurs Ecrivains, en luy laissant la liberté de s’y conformer, s’il le juge à propos ; & c’est ce qui flatte sa vanité. Enfin, il regarde les uns comme des Juges superieurs qui donnent des Arrêts, & qui veulent qu’on s’y soumette sans autre discussion ; au lieu qu’il considere les autres comme des amis éclairez, qui déliberent avec luy, si l’on peut user de telle expression, sur la foy & sur l’autorité de tels & tels Auteurs qui en ont usé ; ce n’est point une loi qu’on luy fait ; c’est un avis qu’on luy propose ; c’est un conseil qu’on luy donne, & auquel il se rend d’autant plus volontiers, qu’il semble le faire avec moins de contrainte.

On ne prétend point se faire icy un mérite auprès du Public, d’avoir suivi cette derniere méthode dans le nouveau Dictionnaire qu’on luy présente, puisque, comme je l’ai remarqué, on n’a pû se dispenser de la suivre ; mais si l’on a lieu de se promettre quelque faveur auprès de luy, c’est uniquement sur le soin & l’application qu’on a apporté à rendre cet Ouvrage plus complet, plus étendu & plus correct qu’aucun de ceux qui ont paru jusqu’icy en ce genre. Ce qu’on en dit, au reste, n’est point pour diminuer en rien la gloire de ceux qui ont travaillé aux autres Dictionnaires ; ils sont tous très-louables dans ce qu’ils ont fait, & très-excusables dans ce qui leur a échapé. Il n’est presque pas possible de finir absolument ces sortes d’Ouvrages. Si nous avons esté plus loin que les autres, nous ne nous flattons pas pour cela que personne ne puisse aller plus loin que nous ; mais je ne crois pas qu’on trouve à redire que nous croyions estre approchez de plus près que les autres, de ce point de perfection que tous se proposent, & où il est difficile de parvenir. Ceux qui viennent les derniers, ont un grand avantage sur ceux qui les ont precedé, en ce qu’ils peuvent profiter de leurs lumieres, quelque différence qu’il y ait dans la méthode qu’on suit, & dans la maniere d’exposer les choses. Car, quoy-qu’on travaille sur le même fond, on ne suit pas toujours la même route, & l’on ne se tient pas toujours dans les mêmes bornes ; & si l’on convient pour le principal, on ne convient pas quelquefois pour le détail, & pour le tour & l’explication. C’est ce qui fait que cette multiplicité de Dictionnaires, loin d’estre onéreuse au Public, luy est au contraire d’un grand avantage & d’un grand secours, en ce qu’elle luy fournit de nouvelles autoritez, & qu’en confrontant ensemble ces Livres différens, on n’a point de peine à se rendre sur les point dont ils conviennent. Que s’il s’en trouve sur lesquels ils ne soient pas d’accord, on peut peser leurs raisons & leurs autoritez, & l’on se voit en état d’en juger par soy-même, & de prendre le parti qu’on juge le meilleur, tout bien considéré.

Ce qu’on peut dire en général de ce nouveau Dictionnaire, c’est qu’il n’y en a peut-estre point qui porte avec plus de justice le titre de Dictionnaire Universel. Car quoy-qu’on se soit attaché à exposer de la maniere la plus précise & la plus courte qu’on a pû, tout ce qui est renfermé sous ce titre, cependant il est certain qu’il embrasse universellement tout ce qui a quelque rapport à la Langue, & qu’il n’exclut que les faits purement historiques. Ainsi, quoy-qu’on n’ait point fait une longue énumeration de toutes les Sciences & de tous les Arts, dont ce Dictionnaire explique les notions & les termes, on conçoit aisément qu’ils sont tous compris sous ce titre général de tout ce que renferment les Sciences & les Arts, soit liberaux, soit mecaniques.

On y trouvera en effet tout ce qui regarde la Philosophie & chacune de ses parties, comme la Logique, la Métaphysique, la Physique, & tout ce qui peut servir à l’explication des experiences, par le moyen desquelles on a si fort perfectionné cette derniere science dans le siecle passé. J’en dis de même de la Théologie, des Mathematiques, de la Médecine, de la Jurisprudence, & de tous les Arts, sans m’étendre plus au long sur chacun en particulier, & sur tout ce qui les regarde, dont le détail ne serviroit qu’à charger inutilement une Preface, sans que le Lecteur s’en trouvast plus instruit. D’ailleurs, comme les autres Dictionnaires, qui se donnent pour Universels, promettent à peu près la même chose, & que celuy-cy ne peut avoir d’autre avantage sur eux de ce costé-là, que celuy de les surpasser en effet par une plus grande exactitude, j’aime mieux me retrancher à ce qu’il y a de particulier, & à ce qui le distingue essentiellement des autres, & pour la matiere & pour la forme.

Je dirai donc d’abord que ce qui fait proprement son caractère distinctif, & ce qu’il n’a de commun avec aucun autre Dictionnaire Universel, c’est qu’il est François & Latin ; voilà ce qui fait en partie son mérite particulier, & ce qui le rendoit en quelque sorte necessaire. Je sçai qu’on pourra dire, que n’étant question principalement que d’un Dictionnaire de la Langue Françoise, & le Latin ne s’y trouvant, pour ainsi parler, que comme accessoire, on ne voit pas qu’il y eust grande raison de le joindre au François ; mais, outre qu’il est d’un grand agrément & d’un grand secours, de trouver en même temps, & d’un même coup d’œil, le mot Latin & le mot François qui se répondent, on ne peut disconvenir que le mot Latin ne serve beaucoup à l’intelligence parfaite du mot François, non-seulement pour les Etrangers, mais encore pour les Naturels mêmes ; de sorte qu’à bien prendre les choses, ce n’est point sortir des termes d’un Dictionnaire de la Langue Françoise, que d’y joindre les secours d’une autre Langue, qui, toute étrangere qu’elle y paroisse, y a tant de rapport pour les mots & pour les tours, & est si propre à faire prendre une idée claire & juste du François même. Ce sont comme deux images différentes, qui loin de se nuire ou de se détruire, s’entraident au contraire l’une l’autre, & concourent en quelque sorte, à former dans l’esprit une notion distincte des objets qu’elles représentent. Il est vrai que cela est tout-à-fait inutile pour ceux qui n’entendent point le Latin ; mais ceux-là en seront quittes pour s’en tenir précisément au François, qu’ils trouveront aussi clairement expliqué, & aussi nettement développé que si on ne s’estoit rien proposé de plus. A l’égard de ceux qui ont l’usage de la Langue Latine, ils ne seront point fachez de voir le rapport & la liaison qu’il y a entre ces deux Langues, & de reconnoistre les mots François qui tirent leur origine du Latin. Pour ce qui est des Etrangers, il est évident que rien ne sauroit estre d’une plus grande utilité pour eux dans l’étude qu’ils font de notre Langue, & que rien n’est plus propre à leur faire pénétrer la force & le vrai sens des mots François. Car en premier lieu, si l’explication d’un mot n’est qu’en François, ceux qui ne sçavent point encore notre Langue, & qui l’apprennent, n’entendront pas mieux l’explication du terme qu’ils cherchent, que ce terme même, & souvent pour un mot seul qui les arrêtoit, en trouvant, dans l’exposition qu’en fait le Dictionnaire, deux ou trois mots qu’ils ignorent, leur recherche ne fait qu’augmenter leur embarras. De plus, quelque peine qu’on puisse prendre à leur bien déterminer la véritable signification, & les usages différens d’un terme de notre Langue, le mot Latin qu’ils y trouveront joint immédiatement, servira plus à leur en donner une idée bien nette, que toutes les leçons & toutes les explications du monde. En effet, ayant, comme on peut le supposer de la plupart de ceux qui manient les Dictionnaires, assez de connoissance de la Langue Latine, ils concevront tout d’abord la force & l’énergie d’un mot François, quand ils verront qu’il signifie précisément la même chose que le terme Latin qui le suit, & dont ils pénètrent le sens : au lieu que sans cela, il n’y aura qu’un long usage qui puisse les aguerrir, pour ainsi dire, en cette matiere. Parlez à un Etranger, par exemple, d’une avance de deniers pour un payement, ou une entreprise, il ne comprendra jamais mieux ce qu’on entend par-là, que quand il lira dans son Dictionnaire, que ce n’est autre chose que ce qu’on appelle en Latin, Repræsentatio pecuniæ. J’en dis autant des différens usages d’un mot. Car, pour ne point m’écarter de celuy que je viens de rapporter, on ne fera jamais mieux concevoir à un Etranger, en combien de manieres se peut prendre le terme d’avancer, qu’en luy marquant qu’il signifie, tantôt ce qu’on entend en Latin par procedere, tantôt ce qu’on entend par extare, prominere, ou par crescere, maturescere, &c. C’est pour cela qu’on ne s’est pas contenté de mettre le mot principal en Latin, mais qu’on y a joint encore tous ceux qui en dépendent, comme en étant les principales parties ou les proprietez. Ainsi, sur le mot de Cheval, on ne s’en est pas tenu au mot Latin Equus ; on y a encore ajouté en Latin comme en François, les différentes especes de chevaux, soit pour la couleur, soit pour la taille, comme on peut aisément le vérifier, & sur ce mot en particulier, dont il n’est pas besoin de faire un plus long extrait, & sur tous les autres en général. C’est aussi dans la vûë de l’utilité qu’on peut tirer de ces deux Langues ainsi rapprochées & comparées l’une avec l’autre, que Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc du Maine, a souhaitté qu’à l’instar du Dictionnaire de la Crusca, on fîst aussi un Dictionnaire Latin & François pour répondre à celuy-cy qui est François & Latin, & qui par-là est d’autant plus utile qu’on y trouve en quelque sorte deux dictionnaires en un seul, & qu’il peut également servir à composer en Latin et en François.

Une seconde chose particuliere à ce Dictionnaire, & qui en relève infiniment le prix au jugement de plusieurs Savans Hommes qui en avoient vû des morceaux avant qu’il fust entièrement imprimé ; c’est qu’on y trouve ce qui n’est non seulement dans aucun autre Dictionnaire, mais même dans aucun autre Livre, je veux dire, une explication très-curieuse & très-nette de toutes les sectes différentes en fait de Religion. Comme ces mots transférez d’une Langue étrangere dans la nostre, en font maintenant une partie, on n’a pû s’empêcher de les mettre en leur place ; & il eust esté inutile de les y mettre, si l’on n’eust donné en même temps une explication assez ample pour faire connoistre toute la force & l’étendue de leur signification. En effet, si l’on se fust contenté, pour tout commentaire au mot de Caraïte, de dire que c’est un nom de Sectaires parmi les Juifs, le Lecteur n’en seroit guère plus avancé, & ne sauroit point en quoy ils différeroient des autres Sectaires de cette Religion, tels que les Sadducéens, les Samaritains, &c. Il a donc fallu luy apprendre en même temps ce que cette secte avoit de particulier, & ce qui la distinguoit des autres. C’est pour cela qu’on en a marqué l’origine, en montrant, sur l’autorité d’un fameux Rabbin, qu’elle vient du mot de Caraï, mot dérivé de Kara ou Cara, qui signifie en Hebreu Lyre, & d’où se forme Micrah, qui veut dire le pur texte de la Bible, & Karaï ou Caraï, celuy qui s’attache uniquement à ce texte, nom que l’on a donné à ces Sectaires, parce qu’ils rejettoient toutes les interprétations, paraphrases, & constitutions des Rabbins, qu’ils regardoient comme des rêveries, voulant qu’on s’en tînt précisément au texte & à la lettre. On fait remarquer que cette secte subsiste encore aujourd’hui, & qu’il y a des Caraïtes en Pologne, à Constantinople, au Caire & en d’autres endroits du Levant ; qu’ils ont des synagogues, des cérémonies, des coutumes particulieres, & qu’ils se regardent comme les seuls vrais observateurs de la Loi de Moïse. On parle de l’opposition extrême qui est entre eux & les autres Juifs, qu’on nomme Rabanistes : on releve en passant les erreurs où quelques Ecrivains sont tombez à l’égard de ces Sectaires, en leur attribuant des opinions qu’on montre qu’ils n’avoient pas, comme de dire, qu’ils n’admettoient que le Pentateuque, ne reconnoissant point pour canoniques les autres Livres de l’ancien Testament ; qu’ils rejettoient absolument toutes sortes de Traditions, & qu’ils estoient Sadducéens. Enfin, on apporte quelques exemples qui font voir de quelle maniere ils s’y prenoient pour réfuter les constitutions du Talmud, s’appuyant principalement sur ce principe, qu’il falloit rejetter toutes celles qui n’estoient point conformes à l’Ecriture, ou qui n’en estoient point tirées par des conséquences manifestes & necessaires. Je me suis un peu étendu sur cet article que j’ay pris au hazard & sans choix, c’est afin qu’on pust juger de tous les autres par celuy-là. Car si l’on veut se donner la peine de les examiner, on trouvera qu’ils sont tous traitez avec le même soin & la même exactitude.

Au reste, si l’on a eu tant d’exactitude à expliquer les différentes sectes des Religions étrangeres, on en a encore plus apporté sur ce qui regarde les sectes particulieres qui partagent la Religion Chrétienne, & les heresies diverses qui en sont sorties ; mais on a pris soin de n’y faire paroistre aucune partialité. On s’est contenté d’exposer les opinions sur lesquelles elles sont fondées, & cela d’une maniere simple, & qui ne sortît point des bornes d’un Dictionnaire, où l’on ne doit toucher ces matieres, qu’autant qu’elles sont du ressort de la Grammaire, & que les termes qui leur sont particuliers font partie de la Langue. C’est aux Théologiens à réfuter les erreurs, & à établir les véritez sur lesquelles est appuyée la véritable Religion ; il suffit au Grammairien d’expliquer nettement les termes dont on est obligé d’user, en traitant ces sortes de questions, & de donner des notions claires de ces partis différens, qui se sont élevez contre l’Eglise. C’est tout ce qu’on peut exiger de luy, & il sortiroit de son caractère, s’il poussoit l’érudition plus loin. On n’attend point de luy qu’il s’érige en Controversiste, mais qu’il mette les Controversistes en état de se rendre intelligibles les uns aux autres, dans les démeslez de Religion qu’ils ont ensemble. En un mot, sa jurisdiction est resserrée precisément dans les mots & dans les termes de la Langue, & elle ne s’étend point jusqu’aux choses, dont il ne luy est permis de parler qu’autant que cela est necessaire, pour l’intelligence des mots mêmes, qui font proprement l’objet qu’il doit se proposer, & la matiere où doit se renfermer son érudition & sa critique. Il a le champ libre de ce costé-là, & il ne peut même se dispenser de discuter exactement les difficultez de Grammaire qu’il rencontre quelquefois en son chemin. C’est à quoy on a tâché de satisfaire dans ce Dictionnaire, où, quand on est tombé sur des termes dont tout le monde ne convient pas, par rapport à la force & à l’étenduë de leur signification, & qui ont donné lieu à des contestations entre des Auteurs célèbres, jusqu’à rendre la chose problématique, on a crû devoir quelque explication sur ces points là, afin de mettre le Lecteur à portée de prendre son party. On en trouvera un exemple sur le mot de Commerce, qu’un sçavant Critique avoit trouvé mauvais qu’on eust employé en bonne part dans la traduction du nouveau Testament, qui a paru depuis quelques années. L’Auteur qui, de l’aveu public, estoit un des hommes du monde qui entendoit le mieux nostre Langue, & celuy, peut-estre, qui l’avoit étudiée le plus à fond, s’estoit servi du mot de commerce, pour traduire ces paroles de l’Ecriture, au sujet de Joseph & de Marie, antequam convenissent ([1]), en les rendant ainsi, sans qu’auparavant ils eussent eu commerce ensemble. Il avoit esté relevé sur cela ; & c’est ce qui a donné lieu de s’étendre un peu en tombant sur ce mot, où l’on vérifie par plusieurs exemples, qu’il est de soy indifférent au bien & au mal, & qu’il n’y a que le terme qu’on y joint, ou la matiere dont il s’agit, qui le détermine à un bon ou à un mauvais sens. On en a usé de la même maniere à l’égard des mots qui souffroient de semblables difficultez. Il y auroit encore beaucoup d’autres choses à dire à l’avantage de ce Dictionnaire, mais ausquelles on ne s’arreste pas, pour ne point faire cette Preface trop longue. Ce qu’on y a exposé suffit pour faire concevoir l’utilité du Livre, & pour convaincre qu’on n’y a rien omis de ce qui estoit necessaire pour le rendre tres-instructif.

A l’égard de l’orthographe, on a suivi une methode particuliere, qu’on espere qui ne sera pas desapprouvée. Ce point n’estoit pas un des moins embarrassans à cause de la diversité des sentimens qu’il y a en cette matière entre plusieurs bons Auteurs, sur tout pour ce qui regarde les lettres qui ne se prononcent pas. Car c’est une chose étrange qu’avec tous les soins qu’on se donne depuis si long-temps pour perfectionner, & pour fixer nostre Langue, on n’ait pû encore établir une uniformité parfaite sur cet article. Les uns pretendent qu’il faut écrire comme on parle, & supprimer sur le papier les lettres qu’on supprime dans la prononciation. Les raisons qu’ils en apportent sont, premierement qu’elles sont inutiles, puisqu’elles ne font point de son, & qu’elles ne se prononcent pas ; secondement, qu’elles sont un écueil pour les Etrangers qui étudient notre Langue, & qui n’ayant point de regle sûre & generale pour discerner les lettres muettes de celles qu’il faut prononcer, s’y trouvent souvent pris, & prononcent Mestre de Camp comme Maistre d’Ecole, ou Maistre d’Ecole comme Mestre de Camp, supprimant ou faisant sonner la lettre s également dans ces deux mots. Les autres conviennent bien de l’embarras qu’il y a pour les Etrangers, si l’on veut conserver ces lettres, mais non pas de leur inutilité. Car servant à marquer l’origine des mots françois & le rapport qu’ils ont aux Langues etrangeres dont ils sont dérivez, ils soûtiennent qu’elles leur sont essentielles. Ils disent que, comme chaque Langue a ses usages & ses difficultez, la nostre a aussi les siennes, ausquelles ceux qui veulent l’apprendre doivent s’assujettir, & que ce n’est pas à nous à accommoder notre Langue au goust des Etrangers, mais que c’est aux Etrangers à s’accommoder au goust de notre Langue. Comme ces raisons sont bonnes de part & d’autre, & qu’il y a toûjours de l’inconvénient, soit à mettre ces lettres muettes, soit à les supprimer, on a pris un milieu où il paroist que tout le monde trouvera son compte. Car d’un costé, pour contenter ceux qui veulent qu’on les retienne, on les a conservées ; de l’autre, pour donner moyen aux Etrangers de les discerner de celles qu’on doit prononcer en parlant, on les a mises en caractère different & plus petit. Ainsi l’on a écrit EsPE’E, COMpTE, pour marquer que la lettre s dans le premier, & la lettre p dans le second, ne se prononcent pas. Le Lecteur jugera par ce trait particulier du soin qu’on a eu d’applanir toutes les difficultez, & d’aller au devant de tout ce qui pouvoit arrêter les Lecteurs les moins versez dans notre Langue.

Je finiray sur cela aprés avoir demandé quelque indulgence pour les fautes d’impression qui sont presque inévitables dans le cours d’un Ouvrage aussi vaste que celuy-cy, & dont l’impression s’est faite dans un pays éloigné. Nous souhaittons seulement n’avoir point d’autre reproche à essuyer, & nous serons parfaitement contens si le public paroist l’estre de nos travaux.

APPROBATIONS.

Approbation de Maistres François-Pierre Gillet & François Pinson,
anciens Avocats au Parlement de Paris.


NOus avons lû par ordre de Son Altesse Serenissime Monseigneur le Prince Souverain de Dombes, un Ouvrage intitulé, Dictionnaire Universel François & Latin, dans lequel nous n’avons rien trouvé qui doive empêcher d’en permettre l’Impression. Fait à Paris le vingt-cinquiéme Septembre 1702.

F. P. Gillet.

F. Pinson.
Approbation de Monsieur Blondeau.


J’Ay lû par ordre de Son Altesse Serenissime Monfeigneur Prince Souverain de Dombes, un Livre intitulé, Dictionnaire Universel François & Latin, dans lequel je n’ay rien trouvé qui doive en empêcher l’Impression. Fait à Paris le premier Decembre 1702.

Blondeau.


MADRIGAL

DE MONSIEUR MOREAU DE MAUTOUR,
CONSEILLER DU ROY,
AUDITEUR ORDINAIRE DE LA CHAMBRE DES COMPTES,
l’un des 40. de l’Academie Royalle des Medailles & Inscriptions,
SUR LE PORTRAIT
DE SON ALTESSE SERENISSIME.


SCavans, & vous Guerriers qui recherchez l’appuy
Du Prince dont on voit l’image
A la teste de cet Ouvrage,
Son esprit & son cœur vous répondent de luy.
Jugez si vostre espoir est juste,
Au grand nom de Louis il joint celuy d’Auguste,
La vertu, la valeur, l’amour pour les beaux Arts,
Par tout font reverer Du Maine ;
L’Antiquité docte & payêne,
L’auroit pris pour le fils d’Apollon ou de Mars.

Moreau de Mautour.

A SON ALTESSE SERENISSIME

MONSEIGNEUR
LOUIS-AUGUSTE
PRINCE SOUVERAIN DE DOMBES,
SUR
SON IMPRIMERIE DE TREVOUX.



PRINCE, qui de nos jours en faveur des beaux Arts
Allez renouveller la grandeur des Cesars,
L’on ne nous dira plus que le siecle d’Auguste,
Fut du sort des Sçavans l’arbitre le plus juste ;
Que des Lettres alors connoissant mieux le prix,
On sçut mieux distinguer les plus rares esprits ;
Que l’Art de bien parler luy dut son origine ;
Que toutes les beautez de la Langue Latine,
Donnerent tant d’éclat à d’éloquens discours,
Qu’elle égala la Greque & n’eut pas moins de cours.
On vit en ce temps-là d’excellens Personnages.
Enrichir le Public de leurs doctes Ouvrages,
Et Rome l’emporter sur de fameux Auteurs,
Dont tant de sages Grecs estoient Admirateurs.
Gallus, Properce, Horace, & Tibulle & Virgile,
En ce siecle poli fleurirent entre mille.
Auguste devenu Maistre de l’Univers,
Se vid jusques au Ciel élevé par leurs Vers ;
Et plus loin des Romains étendant le Domaine,
Se vid encor plus grand par les soins de Mecene,
Qui fidele Ministre, en suivant ses projets
Fit de tous les Sçavans ses plus dignes sujets.
Ce sont ces heureux temps que nous voyons renaistre,
Depuis que nous avons Louis le Grand pour Maistre.
Ce Prince magnifique autant que genereux,
Des Auteurs de son temps a rempli tous les vœux ;
Des plus rares esprits a réveillé l’étude,
Depuis que nostre Langue est hors de servitude.
Son Regne glorieux a produit mille Auteurs :
Sçavans Physiciens, éloquents Orateurs ;
Graves Historiens, ingenieux Poëtes :
Des Oracles des Loix celebres Interpretes,
Architectes, Sculpteurs, habiles Artisans,
Graveurs, Peintres en foule & sages Courtisans,
Ont fourni des sujets à nos Academies :
Cent Villes d’Apollon & des Muses amies

Celebrent à l'envy le grand nom de Louis ;

Et font sonner par tout ses exploits inouïs.

Combien de Monumens élevez à sa gloire,

Des siecles à venir enrichiront l’Histoire,

Et rendront témoignage à des faits immortels ;

Que la Greee eust jugé dignes de ses Autels ?

Prince issu de son Sang, c'est sur de tels exemples,

Qu’aux Muses de nos jours vous érigez des Temples ;

Et par les ornemens que vous leur dessinez,

Tout retentit déja des soins que vous prenez.

On void dans vos Etats fleurir l’Imprimerie,

Sans qui l’eau d’Hippocrene auroit esté tarie,

Et sans un tel secours on auroit vû perir

Des Auteurs que son Art empêche de mourir.

Par là vous nous ouvrez les sources les plus claires,

Des beautez de la Langue on apprend les mysteres,

Et vous nous découvrez les plus riches tresors,

De ses termes choisis rassemblez en un corps.

A tous nos Ecrivains ces recherches fideles,

Vont mettre sous les yeux les plus parfaits modeles,

Afin qu'à l'avenir ils puissent sûrement

Donner à leurs écrits un solide ornement :

Leurs vers & leurs discours deviendront plus fluides,

Plus purs, plus éloquens, en suivant de tels guides.

Tout y sera poli, rien indigne du jour

N’ira plus fatiguer la delicate Cour :

Tout y pourra briller, tout y sera plus juste ;

Le siecle de Louis & le siecle d' Auguste ;

Dont vous avez uni les noms en votre nom,

Vont faire de ce siecle un siecle d'Apollon.

Du plus grand de nos Rois si vous portez la foudre,

Pour marcher sur ses pas, pour tout reduire en poudre,

Quand vous le secondez à forcer des remparts,

On vous void comme luy cultiver les beaux arts.

Ainsi jadis Cadmus, qui du sein de la terre

Fit sortir des Soldats pour le suivre à la guerre ;

Des Lettres fut depuis le premier inventeur,

Et de tous les beaux arts reconnu protecteur.

Que d’ouvrages sçavans seroient dans la poussiere ;

Ou dans des coins obscurs privez de la lumiere,

Si par des Ecrivains qui sont de votre choix

Ils ne voyoient le jour au bout de chaque mois.

Le public par vos soins en apprend des nouvelles ;

Et pour aller par tout vous leur donnez des aisles.

Déja les bons Autheurs par vous favorisez,

Tous les jours dans Trevoux sont immortalisez

Que de tous vos canons les bouches enflammées

Répandent la terreur dans le sein des armées,

Et rendent votre nom funeste aux ennemis,

Tous les siecles fçavans vont vous estre soumis.

Si d’un art tout divin les nobles caracteres,
Font moins d’impression sur des ames vulgaires,
Qui n’ont pour ascendant que la stupidité,
Sans oser aspirer à l’immortalité ;
Mille rares esprits dont l’excellent genie
Sçait gouster des neuf Sœurs la charmante harmonie,
Aux siecles à venir joindront toutes leurs voix
Pour chanter vos vertus, & le plus grand des Rois,
Leur Muse de respect & d’amour animée,
Ira d’un Pôle à l’autre avec la Renommée
Annoncer votre nom & vos faits éclatans,
Pour faire l’entretien des oracles des temps.
Vous élevez deux Fils, qui sont vos esperances,
Et qui seront l’honneur des arts & des Sciences ;
Puisqu’inspirez par vous à les favoriser,
Leur nom seul suffira pour les autoriser.
L’un commence à gouster leurs fruits dés son enfence,
Et de leurs élemens s’il prend l’intelligence,
C’est pour mieux se former à cultiver les arts,
Avant que de passer aux campagnes de Mars.
Fomentez cette ardeur & faites-luy comprendre
Qu’ainsi fut élevé le fameux Alexandre ;
Qu’on luy fit d’Apollon cultiver les lauriers
Avant que d’en cueillir dans les travaux guerriers.
Les présages heureux que donne en sa jeunesse
Un Prince qui s’instruit avec tant de sagesse,
Assurent par avance en la fleur de ses ans,
L’abondance des fruits qui suivra ce Printemps.
De ces commencemens que ne doit-on attendre ?
Il fait déja sentir en un âge si tendre,
Qu’il n’est rien de si grand où ne puisse aspirer
Un naturel heureux qui fait tout esperer.
Que ne verra-t-on pas dans les saisons prochaines,
Quand le Sang des Bourbons, qui coule dans ses veines,
Allumant son courage, échauffant sa valeur,
Fera voir son merite aussi grand que le leur ?
C’est ainsi des Heros que les ames bien nées
N’attendent pas toujours le nombre des années.
Les fonds que le Soleil regarde de plus prés,
A produire des fruits sont toûjours les plus prests ;
Ce sont ces premiers fruits que sa Mere cultive,
A cet unique soin sagement attentive
De luy faire imiter ses augustes Ayeux,
En luy mettant souvent leurs noms devant les yeux.
Que ne devra-t-il point à cette illustre Mere,
Fille de ces Heros que la France revere,
Et plus illustre encor par ses rares vertus,
Que par les droits du Sang que d’eux elle a reçûs ?
Si ces fameux Bourbons, si ces foudres de guerre,
Qui du bruit de leurs faits ont estonné la terre,

’’Ne furent pas moins grands dans l’empire des mers ;’’
’’C’est-là que leur Neveu fait briller ses éclairs,’’
’’Et va de ces Heros pour suivre la fortune,’’
’’Tenir le gouvernail de l’Estat de Neptune.’’
’’C’est pour mieux établir sur ces deux élémens’’
’’D’un solide pouvoir les fermes fondemens,’’
’’Que vos Fils appliquez pour le bien de la France,’’
’’A de nobles emplois dignes de leur Naissance,’’
’’Soûtiendront tout l’éclat & la gloire d’un rang’’
’’Que leur donne l’honneur d’estre de votre Sang.’’
’’Formez de votre main sur de si grands modeles,’’
’’Vous les verrez bientost vos images fideles,’’
’’Quand leurs premiers exploits répondans a vos soins,’’
’’Auront de l’Univers tous les yeux pour témoins.’’
’’Croissez, Princes, croissez, sous ces heureux augures,’’
’’Pour porter vostre nom jusqu’aux races futures ;’’
’’De ceux de votre Sang remplissez les desirs,’’
’’Comme dés-à-present vous faites leurs plaisirs.’’
’’Tandis que l’on s’occupe à polir un langage,’’
’’Qui de tant de Heros doit rendre témoignage,’’
’’Et les faire connoistre à la posterité’’
’’Aveque tout l’éclat qu’ils auront merité.’’
’’Cultivez ce bel art dont ce parfait modele’’
’’Peut rendre de vos noms la memoire immortelle,’’
’’Art qui peint la parole, & de tout l’Univers’’
’’Expose les beautez par ses termes divers,’’
’’Et de l’ame & du cœur pour estre l interprete,’’
’’N’emprunte que la voix d’une Langue muette,’’
’’Qui sçait parler aux yeux, & leur fait concevoir’’
’’Ce que sans son secours ils auroient peine à voir : ’’
’’Un Art qui de la Langue enseignant les usages,’’
’’Propose du bon sens les regles les plus sages,’’
’’Et ne presentant rien qui ne soit mesuré,’’
’’En l’art de bien écrire est un guide assuré,’’
’’Ainsi nos Ecrivains apprendront de ce Livre’’
’’Ce qu’il faut éviter & ce que l’on peut suivre,’’
’’Quand pour écrire juste ils voudront étaler’’
’’Les termes les plus purs de l’art de bien parler.’’
’’Sous le Roy votre Ayeul si grand, si magnifique’’
’’Rien ne doit voir le jour qui ne soit heroïque,’’
’’Tous les arts par ses soins devenus plus polis,’’
’’Doivent porter par tout la gloire de nos Lys.’’
’’Heureux qui de ces mots débrouillant les mysteres,’’
’’En sçaura discerner les justes caracteres,’’
’’Et sans jamais confondre aucune diction,’’
’’Sçaura les ajuster à sa profession ;’’
’’Puisque de tous les arts les termes energiques’’
’’S’y trouvent appuyez de témoins authentiques,’’
’’Tant pour les prononcer selon leurs vrais accens,’’
’’Que pour en découvrir le regime & le sens ;’’

Enfin rien n’a paru ni d’une telle étude,
Ni pour la sûreté de plus d’exactitude,
Que ce Livre formé sur cent graves Auteurs,
Pour servir de modele à tous nos Orateurs.
Rien de trop suranné, de bas ni de barbare,
Ne ravale le prix d’un Ouvrage si rare,
Où tout est si reglé qu’il peut également,
En éclairant l’esprit former le jugement,
Et par le tour aisé des phrases bien placées,
Donner plus d’ornement & de force aux pensées.
Ainsi les Etrangers qui sont admirateurs
Des succés de la France & de ses bons Auteurs,
De ce Vocabulaire en voyant la justesse,
Enfin de notre Langue apprendront la noblesse,
Et parcourant ce Livre imprimé dans Trevoux,
Pourront quand ils voudront écrire comme nous.

Claude-François Menestrier,
de la Compagnie de Jesus.
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MERCURII STATUA

SUB HERMÆ NOMINE

OLIM IN TRIVIIS POSITA,

INDEX VIATORIBUS, QUA FORET EUNDUM,

Tùm juncta Minervæ, sub Hermathenæ nomine in Bibliothecis Typographiæ Dumbensis institutæ à Serenissimpo Dumbensis Tractus supremo Principe Ludovico-Augusto.

SYMBOLA EMBLBMATlCA.
APODOSIS PŒTICA.

AREA quæ tripàlici septa est regione viarum,
A Trivio nomen grandius inde ferens ;
Mercurü quondam tutelâ Numinis Index
Certa viæ Hospitibus præsidiumque fuit.
Huic ingens lapidum circùm crescebat acervus,
Cùm sibi poscebat molle viator iter.
Præteriens namque, hoc Numen, dum turba salutat,
Immisit lapides vota futura viæ.
O Tu Dumbarum Trivium felicius illis
Quanto majori Numine majus eris !
Grandior hinc laudis, famæque accrescet acervus,
Majora ingeniis quo tua præla parant.
Hinc decus accedit Musis, & grata voluptas
Numinibus Clariis hos habitare lares.

Sicut qui mittit lapidem in acervum Mercurii. Proverb. 16. 8.

Hic inter salebras, & tædia longa viarum
Grammaticæ, certâ sufficis arte Duces.
Quippe per ambages scopulosque & cæca locorum,
Qui pateant aditus ad juga sacra doces.
Dum rudibus leges statuis, quibus ardua possint
Currere inoffenso devia cuncta pede.
Scilicet infantum linguas facis esse disertas
Scribendique vias rectiùs ire doces.
Hic & Mnemosynes doctorum scripta Virorum
Mansuris soliis mandat arnica manus.
Hic & fama suas dum commodat impigra linguas
Aëre diffusos colligit ore fonos.
Auribus excipiens centum per compita quidquid.
Dignum præla parant officiosa refert.
O quantùm Trivium tali sub Numine cresees ?
Docta tibi quantas turba parabit opes ?
Crescet in immensum tua gloria viribus istis,
Et locus hic tanto Principe dignus erit.
Nec jam tu minimas inter numeraberis urbes,
Quando sub Augusto Principe talis eris.
Novit Roma tuum, novit Germania nomen,
Solis & occidui noscet utrumque latus.
O tu igitur felix Dumbarum incognita quondam
Terra sub exiguo penè sepulta fitu !
Tanti cst auspiciis præclari Principis intra
Mœnia, Pierias ritè locasse Deas !
Non Hecates Triviæ fumes de lumine nomen,
Sed tibi de Triplici Pallade nomen erit.
Quam dum Linguarum celebrabis triplice forma,
Te centum linguis publica fama canet.
Scilicet Augusto sub Principe qualis ad astra
Extulit ante alias Roma superba caput.
Augusto pariter sub Numine, nomine major
Illius auspiciis crescis & ille tuis.

Idem. C. F. M.
HERMATHENÆ DUMBENSIS
VOCABULARIO NUPER EDITO UTENTIBUS
ADMONITIO.
Stylo Epistolari Q. Horatii Flacci.


QUÆ tibi verborum datur istis copia libris,
Attenta docilis, Tu, Lector, suscipe mente.
Volve diu noctuque tuæ compendia linguæ,
Securus, quibus eloquii veneresque decusque,.
Seu dicas, scribasve, queant accedere verbis,
Utque scias quæ sint in honore vocabula apud nos.

Quamvis hæc Trivii nuper tibi præla pararint,
Ne tamen è Triviis credas vnlgi ore petita.
Principis hæc jussu, justo libramine plures
Rectè dicendi scribendique ex arte Magistri,
Acriùs expendêre priùs, solidoque probatunt
Judicio : teque hoc monitum vult Gallica Siren,
Quæ tibi mansuris aptavit commoda formis,
Intellecturis oculis hæc, subjicit ultro,
Ut nihil invitâ dicas scribasve Minervâ.
Hinc Mœcenati grates cum laude repende,
Augusti[2]qui jussa sui dum publica curat,
Intentusque horis gravioribus, otia parvis
Commodat assiduus ; liceat si parva vocare
Quæ rudibus parat ingeniis discrimina linguæ,
Ne finat indociles errare per invia gressus,
Scriptave digna cedro vili fordere lacemâ.
Verborum. His igitur sapiens & provide Lector,
Utere cum fructu : cavesis & olere veternum,
Si tua non sapiant austero fusa palato
Verba, vel ingratis feriant tinnitibus aures.


Aspice quos oculis vitro fallente trigono,
Sub triplici facie variet lux una colores.
Iris nulla magis fole irradiante refulget.


Sic tibi splendorem Trivium tua præla pararunt,
Principis auspiciis Musarum in triplice lingua,
Ut merito niteas triplicis sub lumine vùltus ;
Seu mavis Trivium[3]sis olim nobile Musis
Ausoniis, Graiisque diu, sub limite Gallo.

Idem. C. F. M.

SYMBOLUM.

TYPI TYPOGRAPHICI.
LEMMA.
QUODCUNQUE JUBEBIS.


MARTE potens Princeps, cui formidata Sicambri

Arma Jovis famulantur, adest tibi pacis arnica
Natio, sponte sequi impatiens Quodcunque jubebis.
Non fumus è sæva furiarum gente, cruentam
Odimus importare viris, ut fulmina, mortem ;
Quin adeo, quod tempus edax, quod iniqua vetustas
Et cæca immeritæ damnant oblivia nocti,
Eripimus tenebris, & apertâ luce potiri
Atque redire damus vitæ melioris in usum,
Jusseris Aonidum populis arcana patêre
Nec mora, muta cohors primùm, mox pressa superno
Pondere, dum rediens prælum gemit, ecce sub auras

Emicat, uda, recens, succoque imbuta tenaci
Cartha refert jussas, bibulâ compage, figuras
Et gemino facunda facit commercia mundo.
Francigenæ libeat gazas expromere linguæ ?
An Romam, veteres-ne velis revisitere Athenas ?
Obsequimur, Regis-ne extollere nomen ad astra ?
Hæc est præcipui pars non postrema laboris.
Hoc unum, quod non jubeas, tua dicere facta
Annue, & æternis nomen transmittere fastis.

Renatus d’Orival, S. J.

ALIUD SYMBOLUM.

SYLVA LAUREA SUB SOLE ORIENTE.
LEMMA.
NON ALIBI FELICIUS.

O Nemus, ô dulces illæsis frondibus umbræ,
Vos Martis, Phœbique sacrum inspiratis amorem.
Huc Oratores, huc accelerate Poëtæ,
Phœbo neglectos Heliconis linquite saltus,
Purior hic aër, mollique Favonius aurâ
Instillat placidi vitales ætheris haustus,
Infunditque novos ad Carmina vatibus ignes.
Unde venit sed tantus honos & gratia Sylvæ ?
An sibi furtivos insueto tramite calles
Atque novum Permessus iter tellure sub ima
Quæfierit, plantasque salubribus irrigat undis ?
Hâc ego crediderim terrâ latuisse sepultos
Aut Vaugelafi cineres, cineresve Malherbæ.
Fallor, inest nemori numen, non Sylva virescat
Laurea, nascentis radius nisi Solis inauret,
Nec spatium breve veris habet, non fluxa caducas
Illacrimabit opes, nec hyems invisa, nec Eurus
Decutiet longos intactæ frondis honores.
Non alibi crescat lauri felicius umbra.
Docta renaccentes trahit unde Trivortia gazas ?
Unanimes hic certa fovent commercia Musæ,
Doctorum hic aureis sculpuntur nomina chartis,
Hic emendatæ surgit nova gratia linguæ.

Renatus d’Orival, S. J.


IN IDEM ARGUMENTUM•

DICTIONARIUM • NE AN ENCYCLOPÆDIA,
TU VIDERIS, ERUDITE LECTOR.
HIC VOCUM DELECTUS, ET RERUM COPIA.
HIC FŒCUNDATI GRÆCORUM GALLIA, LATINORUMQUE MAJESTATI CERTAT.
HIC SCAPULA, ET CALEPINUS ULTRO FASCES SUBMITTUNT.
QUIDQUID EMENDATUM GRAMMATICA, RECONDITUM ERUDITIO, ACUTUM CENSURA VALET.
LEXICON HOC SUPPEDITAT.
EA SORS ERAT AUREI GALLIÆ SECULI.
UT QUEM REGNI AMPLITUDO, EUMDEM LINGUA LAUDIS APICEM OBTINERET.
HUC DILIGENTIÆ PERDUCTA HUMANITATIS STUDIA,
QUID NISI AUTHORIBUS IMMORTALE DECUS,
POSTERIS EXEMPLAR ELOQUENTIÆ ABSOLUTUM RELINQUANT ?
QUISQUIS HÆC LEGIS, ET STUPES,
MAGIS MIRARE DUCEM OPERIS PRINCIPEM,
CUJUS NOMINE SUSCEPTA RES EST, NUMINE PERFECTA.
ILLE PLUS INGENII VIRTUTISQUE. NACTUS IN SANGUINE LUDOVIC ! MAGNI,
QUAM IN CEREBRO JOVIS MINERVA,
MERCURII CADUCÈUM ÆQUE UT HERCULIS CLAVUM TRACTAT.
PACISNE LUMEN DICAM, AN FULMEN BELLI ?
CHARITUMNE PARENTEM, AN MARTIS FILIUM ?
DOCTRINÆ TYPUM AN GLORIÆ ?
HIC VIR HIC EST,
CUJUS AUSPICIIS INTER BELLONÆ FREMITUM TRIOMPHANT DISCIPLINÆ.
CUJUS IMPERIIS ÆTNA PARNASSUSQUE PARENT.
REGI TELA MINISTRAT HEROS AD GIGANTUM CÆDEM :
DOCTIS SUPELLECTILEM AD REGIAS LAUDES EXQUISITAM.
HINC TORMENTIS TONAT, INDE MICAT LIBRIS.
NUNC HORRORE CASTRA, NUNC LYCÆUM OPIBUS COMPLET.
CUM ARCES DIRUIT tNIMICAS BELLATOR,
ERIGIT ARTES, ARTIBUSQUE SEDEM.
IN AGRO DOMBENSI UNA CUM DOMINO PRINCIPATUM TENET SAPIENTlA :
CUI NIMIRUM VECTIGALES FAMULANTUR SCRIPTORES ORBiS UNIVERSI :
SCRIPTORUM JUDICES SAGACIORES SCALIGERIS ;
TYPOGRAPHI STEPHANIS PARES.
IMMO DUCIS IN PALATIO DOMICILIUM HABENT MUSÆ :
IN CONCLAVI TEMPLUM.
TALI AUSPICE, I LIBER, AB OCCIDUO SOLE AD EOUM.
NOMINIS GALLICI CELEBRITATEM LATE DISSEMINA ;
ET JAM DOMITIS GENTIBUS ADDE LINGUÆ JUGUM :
CÆTERIS ÆMULATIONEM.
VIS, LECTOR, DIGNUM EX HOC LIBRO FRUCTUM PERCIPERE ?
FRUCTUUM PRIMITIAS OFFER DOMINIS RERUM BORBONIIS.
VIS IPSE TIBI EDERE PERENNIUS ÆRE MONUMENTUM ?
DISCE LITERARUM MONUMENTIS CONSECRARE
PRINCIPEM LITERATORUM MECÆNATEM.
Petrus Pestel, Rhetoricæ Professor in Academia Parisiensi.
A SON ALTESSE SERENISSIME
LOUIS-AUGUSTE,
PRINCE SOUVERAIN DE DOMBES•
LE LIVRE PARLE.


MOY qui sous un ciel étranger
Naquis infortuné postume,
Aujourd’huy de mon sort oubliant l’amertume,
Par un Prince François je me vois protéger.
Le commerce malsain d’une terre sauvage
Avoit alteré mon langage.
De nouveaux soins l’ont embelli.
Mais tout dans mon discours seroit net, seroit juste,
Qu’ayant à contenter le bon goust d’un Auguste,
Je ne me croirois pas encore assez poli.

De la Monnoye.


TABLE
DES AUTEURS ET DES LIVRES

Dont on s’est servi pour la composition de ce Dictionnaire.
A

ABadie, divers Ouvrages.

Abeille, Chirurgien d’Armée.

d’Ablancourt, de l’Académie, divers Ouvrages.

Abrégé de Vitruve.

Academie Françoise, Rec. de Pieces & Harang.

Académie des Jeux Floraux, Recueil de Pieces.

Académie Royale des Sciences, Hist. & Mémoires.

Académie Royale des Inscriptions, Histoire du Roy.

l’Affilard, Music. Principes de Musique.

d’Ahuron, Taille des Arbres.

d’Aisy, Genie de la Langue Françoise.

Alais, Grammaire Méthodique.

Alleaume, Jesuite, Souffrances de Jesus.

Alliot, Médec. Tr. du Cancer.

Ambassade des Hollandois à la Chine, au Japon.

Amelot de la Houssaye, div. Ouvr.

Amelotte, Pr. de l’Orat, div. Ouvr.

Amyot, Plutarque.

Traité de l’Amitié.

Ancillon, Mélanges Critiques.

Andry, Eccles. div. Ouvrages.

Andry, Médec. div. Ouvrages.

Anselme, Abbé, diverses Oraisons Funèbres & Panégyriques.

Antiquité de Nismes.

Aristote, Jardinier, Jardins Potagers.

Arnaud d’Andilly, div. Ouvrages.

Arnaud, Doct. div. Ouvrages.

Asse, Tr. des Aides.

l’Art de nager.

l’Art de prescher.

Aubin, Dict. de Marine.

d’Aucourt, de l’Acad. div. Ouvr.

d’Audiffret, Géographie.

d’Avril, Jes. Voyages.

B

BAchet, V. de Meziriac.

Bachaumont, Voyage.

Bacon, Morale.

Bacquet, Œuvres.

Bail, div. Ouvr.

Baillet, div. Ouvr.

Balzac, de l’Acad. div. Ouvr.

Barbier, V. d’Aucourt.

Baron, Comedies.

Barreme, div. Ouvr.

Barry, div. Ouvr.

Bartholin, Anatomie.

Basnage, Ouvr. des Savans.

Baudelot, div. Ouvr.

Bauhin, Gasp. & Jean, Histoire des Plantes.

Bayle, div. Ouvr.

de Bellegarde, Abbé, div. Ouvr.

Belloste, Chirurgien d’Hospital.

Belon, Hist. des Oiseaux.

Benoist, div. Ouvr.

de Benserade, de l’Acad. div. Ouvr.

Berenger, Tr. des Descentes.

Bernard, Nouv. de la Rep. des Lettres.

Bernard, Mad. div. Pieces.

Bernier, Medec. div. Ouvr.

Berroyer, Avoc. div. Ouvr.

Bion, Globes & Astrolabe.*


de la Bizardiere, div. Ouvr.

Bizot, Abbé, Histoire Metallique.

le Blanc, Histoire des Monnoyes.

Blanchart, Avoc. Table des Ordonnances.

de Blegny, Medec. div. Ouvr.

Blondel, Mathem. div. Ouvr.

Bocquillot, Liturgies.

Boiceau, Jardinages.

Boileau, de l’Acad. Epictete, &c.

Boileau Despreaux, div. Ouvr.

du Bois, Abbé, div. Traductions.

Boisrobert, de l’Acad. div. Ouvr.

Boissard, Dictionnaire de Musique.

Boizard, Tr. des Monnoyes.

Bordelon, Abbé, div. Ouvr.

Bornier, Confer. sur les Nouv. Ordonnances.

Bosquillon, Abbé, div. Ouvr.

Bosse, div. Ouvr.

le Bossu, Chan. Reg. Tr. du Poëme Epique.

Bossuet, Ev. de Meaux, div. Ouvr.

Bouhours, Jes. div. Ouvr.

Boulanger, Tr. de la Sphere.

Bourdaloue, Jes. Sermons.

Bourdon, Anatomie.

Boursaut, Pere & Fils, div. Ouvr.

Bouterouë, Rech. des Monnoyes.

Bouthillier, Abbé de la Trappe, div. Ouvr.

Bouvet, Jes. Portrait du R. de la Chine.

Borel, Recherche de la France.

Boyer, de l’Acad. div. Ouvr.

Boyer de Ruvieres, div. Ouvr.

Brebeuf, Pharsale.

Brecourt, div. Pieces.

Bretonneau, Jes. Sermons.

du Breuil, Jes. Perspective.

de Brianville, Abbé, Jeux de Cartes.

Briot, Empire Ottoman.

le Brun, Pr. de l’Orat. div. Ouvr.

Bruneau, Avoc. Tr. des Criées.

de la Bruyere, de l’Acad. Caract. de Théophraste.

Bruys, div. Ouvr.

Budée, Dictionnaire.

Buffier, Jes. div. Ouvr.

Bullet, Architecte, div. Ouvr.

de Bussy-Rabutin, Comte, div. Ouvr.

C

CAdenet, Paraphr. des Pseaumes.

de Cailleres, de l’Acad. div. Ouvr.

du Cange, div. Ouvr.

de Cantenac, Poësies.

Capistron, div. Pieces.

Caron, Tr. des Bois.

Carré, Mesure des Surfaces.

de Caseneuve, Origines Françoises.

Cassagne, Saluste.

Cassandre, Rhetorique d’Aristote.

Cassini, div. Ouvr.

Castel, Avoc. div. Ouvr.

Catolicon d’Espagne ou Satyre Ménippée.

de la Chambre, Médec. div. Ouvr.

de la Chambre, Abbé, div. Or. Funebres.

Chammelé, div. Pieces. Chanut, Abbé, div. Ouvr.

Chapelain, de l’Acad. div. Ouvr.

la Chapelle, div. Ouvr.

Charas, Pharmacopée.

Charpentier, de l’Acad. div. Ouvr.

de la Charriere, Chirurg. div. Ouvr.

Cheminais, Jes. Sermons.

la Chetardie, Instr. pour un Prince.

Chevreau, div. Ouvr.

Chifflet, Jes. Gram. Françoise.

de Choisy, Abbé, div. Ouvr.

de Citry, div. Ouvr.

Claude, Minist. div. Ouvr.

le Clerc, Minist. div. Ouvr.

le Clerc, Medec. Hist. de la Médecine.

La Princesse de Cleves.

la Colombiere, div. Ouvr.

Colomier, div. Ouvr.

Commire, Jes. div. Pieces.

le Comte, Jes. Mem. de la Chine.

le Comte, Cabinet d’Architecture.

Conrat, de l’Acad. Lettres.

Constitutions de Port-Royal.

Corbinelli, div. Ouvr.

de Cordemoy, Pere & Fils, div. Ouvr.

Corneille, Pier. & Thom. div. Ouvr.

Costar, div. Ouvr.

de Coulanges, Recueil de Chansons.

Courtin, div. Ouvr.

Cousin, Presid. div. Ouvr.

de la Croix, Emp. Ottoman, &c.

D

DAcier, M. de l’Acad., div. Ouvr.

Dalechamp, Hist. des Plantes.

Dancourt, div. Pieces.

Danet, Abbé, Dictionnaire.

de Dangeau, Abbé, Dialogues.

Daniel, Jes. div. Ouvr.

Danty, Avoc. div. Ouvr.

Daviler, Architecture.

Daumat, Loix civilrs.

Degori, Medec. Dict. de Médecine.

Denys, Hist. de l’Amérique.

Demosthènes, Harang. & Philippiques.

Descartes, div. Ouvr.

Des-houlières, Mad. Poësies.

Desmarais, de l’Acad. div. Ouvr.

Desportes, Œuvres.

Despreaux, V. Boileau.

Desroches, Dict. de Marine.

Discours d’Eloquence.

Diversitez curieuses.

Dodart, Medec. div. Ouvr.

Doujat, de l’Acad. Vell. Paterculus.

Dubé, Médec. Médecin des Pauvres.

Duryer, de l’Acad. div. Ouvr.

E

ECole des Arpenteurs.

Errard, Avocat, Playdoyers.

Esprit, Abbé, div. Ouvr.

de l’Estang, Tr. de la Traduction.

les Estiennes, div. Ouvr.

Eveillon, Tr. des Excommunications.

F

le FAucheurd, Action de l’Orateur.

de la Fayette, Mad. div. Ouvr.

Felibien, div. Ouvr.

Felibien des Avaux, div. Ouvr.


Fenelon, Arch. de Cambray, div. Ouvr.

de Ferriere, Avoc. div. Ouvr.

Feuillet, Maistre de Danse, Chorographie.

le Fevre, Tanaq. div. Ouvr.

le Fevre, Mad. Dacier, div. Ouvr.

Fevret, Tr. de l’Abus.

Flechier, Ev. de Nîmes, div. Ouvr.

Fleury, Abbé, div. Ouvr.

la Fontaine, de l’Acad. div. Ouvr.

Fontenelle, de l’Acad. div. Ouvr.

de la Force, Mad. div. Ouvr.

Fouger, Tr. des Hygrometres.

Fournier, Jes. Hydrographie.

Frezier, Voyages.

de Fromentiere, Ev. d’Aire, div. Ouvr.

Furetiere, Abbé, div. Ouvr.

G

GAillard, Jes’, div. Ouvr.

le Gendre, Abbé, div. Ouvr.

Genest, Abbé, div. Pieces.

Gillet, Avocat, Plaidoyers, &c.

Giroust, Jes. Sermons.

Giry, de l’Acad. div. Ouvr.

Godeau, Ev. de Vence, div. Ouvr.

Gombeaud, de l’Acad. div. Ouvr.

Gomberville, de l’Acad. div. Ouvr.

Grammaire générale & raisonnée.

Grammaire Methodique.

Grotius, Droit de la Paix & de la Guerre.

de Guillet de la Guilletiere, Dict. des Arts de l’homme d’Epée.

H

HAbert, de l’Acad., Temple de la Mort.

Hartzsoeker, Dioptr. & Physique.

de Hauteroche, div. Pieces.

Heiss, Hist. d’Allemagne.

Henriette Sylvie de Moliere.

d’Her, Chevalier, div. Ouvr.

d’Herbelot, Biblioth. Orientale.

l’Heritier, Mad. div. Ouvr.

Hermant, Chanoine, div. Ouvr.

de la Hire, div. Ouvr.

Histoire des Conclaves.

Histoire naturelle d’Irlande.

Histoire Critique du V. & du N. Testament.

Histoire de la Laponie.

de l’Hospital, Marquis, Les infinimens petits.

Houdry, Jes. Sermons.

des-Houlieres, V. Des-houlieres.

Huet, Ev. d’Avranches, div. Ouvr.

Huygens, de Zwilickem, div. Ouvr.

J

JAquelot, div. Ouvr.

du Jarry, Abbé, div. Ouvr.

Jaugeon, Jeu du Monde.

le Jay, Jes. div. Ouvr.

Inquisition de Goa.

Jolly, Ev. d’Agen, div. Ouvr.

Joubert, Jes. Science des Medailles.

Journal des Savans.

Jousse, Tr. de la Charpenterie.

Jurieu, div. Ouvr.

L

LAllemant, Chan. Reg. div. Ouvr.

Lallemant, Jes. div. Ouvr.

Lamy, Bened. div. Ouvr.

Lamy, Pr. de l’Orat. div. Ouvr.

Lancelot, div. Ouvr.

Langlois, Jes. div. Ouvr. de Laval, Duc de Luynes, div. Ouvr.

de Launay, Traité des Descentes.

de Lauriere, Avocat, Biblioth. des Cour. & Gloss. de Droit.

Lemery, Medec. div. Ouvr.

Lettres d’Abailard.

Lettres d’Héloyse à Abailard.

Lettres Portugaises.

Liancourt, Maître d’Armes.

Liger, div. Ouvr.

Lignere, Poesies.

Logique de Port-Royal.

du Londel, Jes. Fastes.

de Longepierre, div. Ouvr.

Loiseau, Œuvres.

Loret, Lettres.

M


Mabillon, Bened. Etudes Monastiques.

Maimbourg, Jésuite, div. Ouvr.

Mainard, Poësies.

Mainard, Lettres.

le Maistre, Plaidoyers.

Malebranche, Pr. de l’Oratoire, div. Ouvr.

de Malezieux, div. Ouvr.

Malherbe, Œuvres.

Mallet Manesson, div. Ouvr.

Mareschal, Droits honorifiques.

Mariotte, div. Ouvr.

de Marolles, Abbé, div. Ouvr.

Marot, Œuvres.

Marsolier, div. Ouvr.

Martignac, div. Ouvr.

Mascaron, Ev. d’Agen, div. Discours.

de Maucroix, div. Ouvr.

Mauriceau, Accouchemens.

du Maurier, Mémoires d’Hollande.

Mémoires de Trévoux.

Menage, Abbé, div. Ouvr.

Menestrier, Jes. div. Ouvr. Histoire Consul. de Lion.

de Meré, Chevalier, div. Ouvr.

Merlet, Tr. des bons Fruits.

le Merre, des Mariages des enfans.

Mersene, Minime, Harmonie.

Mery, Chirurgien, div. Ouvr.

de Meuve, Dict. Pharmaceutique.

Mezeray, Histoire de France.

de Méziriac, div. Ouvr.

Moliere, Œuvres.

Mollet, Jardinages.

Monet, Jes., Dictionnaire.

Monsambano, État de l’Empire Trad.

Montagne, Essais.

de Montfleury, diverses Pièces.

de Montgault, Abbé, div. Traductions.

Montmorel, Abbé, Homélies.

Montreuil, Œuvres.

Morillon, Bened. div. Poësies.

Morin, Culture des Fleurs.

Morland, Chevalier, Elévation des Eaux.

la Mothe le Vayer, div. Ouvr.

du Moulin, Cout. de Paris.

du Moulinet, Chan. Reg. Curiosités & Habits.

de Mourgues, Jes. div. Ouvr.

Muret, Abbé, des Festins.

N


Naude’, div. Ouvr.

Duc de Neucastle, Méthode de dresser les Chevaux.

de la Neuville, V. le Quien.

Neveu, Jes. div. Ouvr.

Niceron, Minime, Perspective.

Nicod, Dictionnaire.

Nicole, Président, div. Ouvr.


Nicole, Eccles. div. Ouvr.

Nivers, Organiste, div. Ouvr.

le Noble, div. Ouvr.

Nodot, div. Ouvr.

Nostradamus, ses Quatrains.

Noüet, Jes. div. Ouvr.

O


Oexmelin, Hist. des Flibustiers.

Olearius, Voyages.

Oliers, div. Ouvr.

les Opéra.

les Ordonnances de Louis XIV.

d’Orléans, Jes. div. Ouvr.

d’Ossat, Card. Lettres.

Ovide, Epistres.

Ozanam, div. Ouvr.

P


PAlaprat, diverses Pièces.

fra Paolo, Traité des Bénéfices.

Pardies, Jes., div. Ouvr.

Parent, Méchaniques.

de Paris, Martyrologe, &c.

Parodies Bachiques.

Pascal, div. Ouvr.

Pascal, Médecin, div. Ouvr.

Pasquier, Recherches & Lettres.

Patin, Lettres.

Patru, Plaidoyers.

Pavillon, Ev. d’Alet, Rituel d’Alet.

le Pays, div. Ouvr.

Pélisson, div. Ouvr.

Pellegrin, Abbé, Cantiques.

Pelletier, Expéditionnaire, div. Ouvr.

Pelletier, Abbé, div. Ouvr.

Penicher, Tr. des Embaumemens.

Perrault, Charles & Claude, div. Ouvr.

Peu, Accouchemens.

Pezron, Bernard. div. Ouvr.

Pibrac, Quatrains.

Pièces Galantes.

Pic, Abbé, div. Ouvr.

de Pile, div. Ouvr.

Pilpay, Fables.

du Pin, Abbé, div. Ouvr.

Pinson, Avocat, div. Ouvr.

des Places, Ephémerides.

de la Placette, div. Ouvr.

Plumier, Minime, div. Ouvr.

Pluvinel, Ecuyer François.

Poëme de Saint Prosper.

Poësies Gaillardes.

Poisson, div. Pièces.

Polinier, Chan. Reg. div. Ouvr.

Pomet, Histoire des Drogues.

de Pontis, Mémoires.

Port-Royal, div. Ouvr.

de Prade, div. Ouvr.

Pradon, div. Pièces.

Prestet, Elém. de Mathématique.

Princesse de Cleves.

de Pringy, Mad. diverses Pièces.

Q


Quesnel, Pr. de l’Orat. div. Ouvr.

D. Quichotte.

le Quien de la Neuville, Histoire de Portugal.

le Quin, Tr. des Hernies.

Quinaut, div. Ouvr.

de la Quintinie, Jardinages.

R


Rabelais, Œuvres. Racan, div. Ouvr.

Racine, de l'Académie, div. Ouvr.

le Ragois, Instruction sur l'Histoire.

Ragueau, Indice.

Raguenet, Abbé, div. Ouvr.

Rainsant, Medec., Tableaux de Versailles.

Ranchin, Pseaumes en Vers.

Rapin, Jes. div. Ouvr.

Recueil de Poësies.

Nouveau Recueil de bons mots.

Recueil de Traitez de Paix.

Recueil de Voyages.

Reflexions sur la Langue Françoise.

Regis, Philosophie.

Regnier, Abbé, div. Ouvr.

Regnier, Satyres.

Relation des Campagnes de Rocroy, &c.

Remond du Cours, div. Ouvr.

Renaudot, Abbé, div. Ouvr.

Renusson, Avoc., div. Ouvr.

Ricard, Avoc., div. Ouvr.

Richard, Abbé, div. Ouvr.

Richelet, div. Ouvr.

Richer, Gnomonique.

de Richelieu, Cardinal, div. Ouvr.

Robbe, div. Ouvr.

de la Roche, Prêtre de l'Oratoire, Orais. Funèbres.

de Rochefort, Dictionnaire curieux.

de la Rochefoucault, div. Ouvrages.

des Roches, Dictionnaire de Marine.

de Rohan, Abbesse, div. Ouvr.

Rohault, Physique, &c.

Rondelet, Histoire des Poissons.

Ronel, Mercure Indien.

Ronsart, Oeuvres.

Roolle, divers Ouvrages.

de la Roque, Abbé, Tr. de la Noblesse.

Rousseau, Musique & Viole.

Rouviere, Eaux de Forges.

de la Ruë, Jes., Orais. Funebr.

de Ruffi, Histoire de Marseille.

Ruzes Innocentes.

du Ryer, de l'Académie, div. Ouvr.

S

de
Sable', Marquise, div. Ouvr.

de la Sabliere, Poësies.

de Sacy le Maître, div. Ouvr.

de Sacy, de l'Acad., Lettres de Pline.

de Saintonge, Mad. divers Ouvrages.

de Saint-Amant, Oeuvr. Poëtiques.

de S. Cyran, Abbé, div. Ouvr.

de S. Didier, Hist. de Venise.

de S. Evremont, div. Ouvr.

de S. Gelais, div. Ouvr.

de S. Germain, Examen des États.

de S. Hilaire, Medec., div. Ouvr.

de S. Real, Abbé, div. Ouvr.

de Sainte-Beuve, Abbé, Cas de Conscience.

de Sainte-Garde, Histoire des Hérésies.

de Sainte-Marthe, div. Ouvr.

Salnove, Vénerie Royale.

de Salo, Journal des Savans.

Salvaing, Traité des Fiefs.

Sanson, État présent de la Perse.

Sarrasin, Oeuvres.

Savary, Parfait Négociant, &c.

Savaron, Recherches de Clairmont.

Saviart, Obs. Chirurgicales.

Savot, div. Ouvr.

Scaron, div. Ouvr.

Scudery, Mad. div. Ouvr.

Segrais, de l'Acad. div. Ouvr.

Senault, Pr. de l'Orat. div. Ouvr.


de Senne, Traité du Toisé.

de Sévigny, Mad. Lettres.

Simon, Rich. div. Ouvr.

Simon, Prêtre, Dict. de la Bible.

Simon, Assesseur, div. Ouvr. de Droit.

de Soleysel, Parfait Mareschal, &c.

Spanheim, div. Ouvr.

Spon, Médecin, div. Ouvr.

de la Suze, Mad. Poësies.

de Sylvecane, Presid., Juvénal & Perse.

T


Tachard, Jesuite, div. Ouvr.

Tallemant, Abbés, leurs div. Ouvr.

Tardif, Traité de la Fauconnerie.

Tarteron, Jesuite, div. Ouvr.

Tavernier, Voyages.

Tauvry, Médecin, divers Ouvrages.

le Tellier, Jésuite, div. Ouvr.

Terlon, Chevalier, Mémoires.

du Tertre, Dom. Histoire des Antilles.

Testu, Abbé, Stances Chrétiennes.

Théatre Italien.

Théophile, Oeuvr. Poëtiques.

Thévenin, Chirurgie.

Thevenot, Recueil de Voyages.

Thiers, Abbé, div. Ouvr.

Thomassin, Pr. de l'Orat. div. Ouvr.

Thuilier, Médec. div. Ouvr.

la Thuilerie, diverses Pièces.

de Tillemont, Abbé, Mém. pour l'Histoire.

du Tillet, Mémoires.

Toinard, Remarques.

du Torar, Leçons Géométriques.

Toubeau, Jurisdiction Consulaire.

Toureil, div. Ouvr.

de Tournefort, Médecin, div. Ouvr.

le Tourneux, div. Ouvr.

du Tremblay, Traité des Langues.

Tristan, Comm. Historiques.

V

de la
Valincourt, de l'Acad. div. Ouvr.

de Vallemont, Abbé, div. Ouvr.

de la Valterie, Homere.

Van Helmont, Médecin, Oeuvres.

de Varennes, Jésuite, le Roy d'Armes.

Varet, Lettres, &c.

Varignon, Abbé, div. Ouvr.

de Varillas, div. Ouvr.

de Vauban, Mar. de Fr. Fortifications.

de Vaugelas, de l'Acad. div. Ouvr.

de Vaumoriere, Harangues & Lettres.

Vauthier, Arbres Fruitiers.

Verduc, J. B. div. Ouvr.

Verjus, Jesuite, div. Ouvr.

de Vernage, Abbé, div. Ouvr.

du Verney, Médecin, div. Ouvr.

de Vertot, Abbé, div. Ouvr.

de Vertron, div. Ouvr.

de Vigneul-Marville, Mélanges Historiques.

de Villars, Abbé, div. Ouvr.

de Ville, Chev. Fortifications.

de la Ville, Avocat, Dictionnaire des Arrêts.

de Ville-Dieu, Mad. Oeuvres.

de Villiers, Abbé, div. Ouvr.

de Visé, Histoire du Roy & Mercure Galant.

Vitruve, Architecture.

de Voisin, Missel, &c.

Voiture, de l'Acad. Oeuvres.

de la Volpiliere, Abbé, div. Ouvr.

Wicquefort,|l'Ambassadeur.

  1. Matth. Cap. I.
  2. Serenissimi Principis Cancellarius D. de Malezieu.
  3. Sunt qui Trivoltium velint à triplici vultu dictum.