Dictionnaire de Trévoux, 1771/Queue




QUEUE. s. f. La partie qui termine le corps de l’animal par derrière. Cauda. On le dit de toutes sortes d’animaux. Dans les quadrupèdes, c’est cette partie, ordinairement couverte de poil, qui est au bout de l’épine du dos. Ils s’en servent pour s’émoucher. Dans les oiseaux, ce sont les longues plumes qui leur sortent du croupion; en termes de Fauconnerie, on l’appelle Balai. Cette queue sert aux oiseaux comme de gouvernail, pour se conduire dans l’air. Dans les poissons, les serpens, les insectes, c’est la partie qui s’étend du ventre jusqu’à l’extrémité opposée à la tête. Le lion se bat les flancs de sa queue pour s’irriter. Les chiens remuent la queue en signe de caresse, en voyant leur maître. Ainsi l’Ecriture dit que le chien de Tobie vint au-devant de son maître en branlant la queue. Le scorpion pique de sa queue. Les belles fourrures se font de queues de fouines, de martres, ou souris de Moscovie, d’hermines, &c. La queue du paon est chargée des yeux d’Argus, à ce que dit la fable. Les Chasseurs tirent en volant les oiseaux en queue. On dit aussi quand on désigne un cheval, soit lorsqu’on le saisit, ou qu’on le vend, qu’il a crins, queue & oreilles. Crinitus, caudatus & auritus.

Ce mot vient du Latin cauda.

QUEUE, se prend aussi pour quelque partie de l’animal coupée sur le train de derrière. A la boucherie on appelle queue de mouton. Cauda vervecina. Une queue de morue, de saumon, c’est toute la partie de derrière de ces poissons. On dit aussi, que les Syrènes, les Tritons, ont le corps de figure humaine, & finissent en une queue de poisson. Desinit in piscem mulier formosa supernè.

En Anatomie on appelle la queue d’un muscle, le tendon qui est attaché à la partie mobile. Tendo. L’autre tendon qui est attaché à la partie immobile vers laquelle se fait le mouvement, s’appelle la tête du muscle. Voy. MUSCLE.

QUEUE, signifie aussi dans les végétaux, cette partie ou ce lien qui attache les feuilles, les fleurs ou les fruits à leurs branches, ou leurs tiges. Pediculus, petiolus. Les fleurs se conservent long temps cueillies, quand on laisse tremper les queues dans l’eau. Le moyen de conserver les fruits d’hiver, c’est de seeller leur queue avec de la cire. Les cerises à courte queue sont les meilleures. Les Botanistes appellent la queue des fleurs, pédicule. En parlant de certaines fleurs, comme tulipes, lis, narcisses, on appelle queue, quand elles sont cueillies, ce qu’on appelle tige dans ces mêmes fleurs, lorsqu’elles sont encore sur pied.

QUEUE, se dit aussi des manches de plusieurs instrumens & ustenciles. La queue d’une viole, d’un violon, c’est la partie où sont attachées les cordes. Cauda fidis. La queue d’une poële, d’un gril, &c. sont les manches par où on les tient lorsqu’ils sont sur le feu, ou qu’on les en approche. On dit aussi des boutons à queue, quand ils sont attachés à quelque bout de passement, ou autre ornement.

QUEUE, en termes de Charpenterie, est une piece de bois longue de cinq à six toises, qui sert à faire tourner les moulins pour les exposer au vent. Cauda lignea moletrinae.

QUEUE, signifie encore cette partie des habits longs qui traîne à terre, qui est une marque de qualité, & qu’on étend beaucoup dans les grandes cérémonies. Syrma. Cette femme est de qualité, on luy porte la queue. Les Cardinaux ont des Officiers pour leur porter la queue, qu’on appelle Caudataires. Ce sont des Princesses qui portent la queue à la Reine lors de son mariage. Aux pompes funèbres, les Princes ont des queues de douze ou quinze aunes de long. Elle n’arrive à l’Eglise que dans un char, on lui porte une lourde queue &c. LA BRUY.

Parmi les Marchands de draps, de toiles, on dit qu’une étoffe a cap & queue, lorsqu’elle n’est point entamée. Panni textum solidum, integrum. La queue est le dernier bout de la pièce, qui est entière, par opposition au premier bout qu’on appelle tête, chef ou cap.

QUEUE, se dit aussi des caractères qui finissent par une pointe tirée en bas. La queue de cet y grec n’est pas bien formée, c’est-à-dire, le trait qui excède par en bas le corps de la lettre.

En Musique on appelle queue, virgula, le trait qui monte ou qui descend à travers la portée, & qui tient à la tête, c’est-à-dire, au corps de la note. Dans le plain-chant les notes n’ont point de queue. Dans la musique, la ronde n’en a point.

QUEUE, signifie aussi le bout, la fin de quelque chose. La queue d’un étang, d’une forêt. La queue de l’hiver, de l’été.

QUEUE. Terme de jeu. C’est au piquet à écrire, lorsque pour compter les tours dont on est convenu, les joueurs à chaque coup qu’ils sont marqués, mettent un jeton dans la bourse commune, laquelle, à la fin du jeu, appartient totalement à celui qui gagne le plus, & s’il y en a deux qui gagnent autant l’un que l’autre, la queue se partage également entr’eux. C’est à celui qui a la queue à payer les cartes. On la joue aussi au quadrille, & à tel jeu qu’on veut. Payer le vingt-huit, la consolation, la queue, & les as, c’est donner pour tout cela le nombre de jetons qu’on a réglé au commencement de la partie.

QUEUE, en termes de Chancellerie, se dit de la manière de sceller les lettres. Une lettre est scellée à simple queue, caudâ simplici, quand le sceau est attaché à un coin du parchemin de la lettre, qu’on a fendu exprès; & à double queue, caudâ duplici, quand le sceau est pendant à une bande en double de parchemin passée au travers de la lettre, comme on fait dans toutes les expéditions importantes.

En Astronomie, on appelle queue de comète, cette longue traînée de lumière qui suit la comète. Cauda. Comête à queue. Caudatus. Cette comète avoit la queue tournée vers l’orient. Lorsqu’une comète darde ses rayons vers l’endroit du ciel où son mouvement propre semble la porter, ses rayons s’appellent barbe. Au contraire, lorsqu’ils s’étendent vers la partie du ciel d’où sont mouvement propre semble l’éloigner, ils se nomment queue: & lorsqu’ils se répandent également à la ronde, on les appelle chevelure. ROHAUT. Dans le temps où l'on doutoit si comète étoit du

   genre masculin ou feminin, on dit par plaisanterie, que
   pour s'en assurer, il falloit lui regarder sous la queue.

QUEUE, en terme de guerre, se dit de la partie de la tranchée

   qui est la plus éloignée à l'égard des ennemis:
   c'est le lieu où on commence à ouvrir la terre pour
   faire des approches, & où on laisse une garde de cavalerie
   pour courir à la défense de ceux qui travaillent
   à la tête de la tranchée, en cas de sortie. Obsidionalis
   accessûs pars remotior.

QUEUE d'un bataillon, c'est le rang du serre-file. Quand

   on fait la contre-marche par file, les hommes de la
   tête du bataillon passent à la queue. Agminis pars
   extrema. On appelle aussi la queue de l'armée, l'arrière-
   garde: ainsi on dit qu'on l'a prise en queue, qu'on l'a
   chargée en queue, qu'on a défait la queue de l'armée.

QUEUE, se dit aussi de la dernière partie, des derniers

   rangs d'un corps, d'une compagnie. La queue
   d'une procession, d'une compagnie. On a vue les processions
   du Recteur autrefois si longues, que la croix
   étoit à S. Denis, quand la queue étoit encore aux Mathurins.
   Ultimi. Il est à la queue du Parlement.

A LA QUEUE, EN QUEUE, signifie à l'extrémité, immédiatement

   après. Il fut tué à la queue de la tranchée.
   Le bagage est à la queue. Ce régiment est à la queue
   des chariots. Ce chasseur est toujours à la queue des
   chiens, pour dire, qu'il les suit de près.

On dit encore en queue & à la queue, pour dire,

   aux trousses, à la poursuite de quelqu'un. Ce Général
   a toujours eu une armée en queue, qui l'a suivi
   dans sa retraite. Les Exempts sont à la queue de ce voleur,
   il a le Prevôt en queue. Ces deux dernières phrases
   ne peuvent passer que dans le discours familier.

QUEUE, se dit figurément en ce sens de la suite des affaires:

   faisons si bien notre transaction, que nous ne
   laissions point de queue à notre procès. Ne supersit litis
   locus. Cet arrêt est ambigu, il laisse encore une
   queue à l'affaire. C'est un mauvais payeur, il fait toujours
   quelque queue, il laisse quelque chose en reste à
   payer.

QUEUE, se dit aussi des étendards qui aboutissent en

   pointes. Autrefois les Ecuyers portoient des pennons
   ou étendards pointus, comme sont maintenant les
   guidons; & quand ils devenoient bannerets, on coupoit
   la queue de ce pennon pour faire un étendard
   carré. Les pavillons des Chefs d'Escadres sur mer ont
   aussi une queue, & sont fendus des deux tiers de leur
   hauteur.

QUEUE. Terme de Relieur. C'est la partie du livre qui

   regarde la fin des pages. Rogner par la tête & par la
   queue.

QUEUE. Terme de Luthier. C'est un morceau de bois au

   bout de la table de certains instrumens où les cordes
   sont attachées. Cauda fidis. Queue de viole, queue de
   violon, queue de poche.

QUEUE ANNUÉE. Vieux nom d'une sorte de vers anciens,

   selon l'art de Rhétorique ancien. BOREL.

QUEUE D'ARONDE, est un terme de Charpenterie, qui se

   dit du plus fort des assemblages, quand on fourre une
   pièce de bois qui va s'élargissant par le bout, dans
   une autre pièce de bois, en sorte qu'elle n'en puisse
   plus sortir, parce que l'entrée est plus étroite que le
   fond, comme on voit en la figure d'une queue d'hirondelle.
   Securiculata fibula, securiculata subscus.
       On appelle en terme de fortification, des ouvrages
   à queue d'aronde, quand ils sont de cette figure, &
   plus étroites par la gorge que par la face. Securiculata
   figula; & au contraire à contre-queue d'aronde,
   quand les faces sont plus petites que la gorge.

QUEUE D'ARONDE. Terme d'Horlogerie. C'est une petite

   coulisse plate d'un côté, & ronde de l'autre. On emploie
   dans des queues d'aronde en plusieurs occasions dans
   l'Horlogerie. On en met une au nez de la potence d'une
   montre, pour faire l'échappement.

QUEUE BLANCHE. Albicilla. Non d'un oiseau, qui est une

   espèce de Pyrargus. Tout le champ de son pennage
   est d'une couleur qui tire entre le blanc & le cendré.
   Les extrémités de son vol sont noires, son ventre, son
   croupion & le dessus de sa queue sont entièrement
   blancs sans aucune tache; quand il vole, il a de l'air
   du héron par le battement de ses mahutes, & lorsqu'il
   le cesse, il vole en planant, & non pas à la manière
   des oiseaux de proie qui élèvent leur tête en volant:
   car celui-ci au contraire regarde la terre. On l'apperçoit
   plus souvent au lever, & au coucher du soleil:
   il vole les poules, les perdrix, les lapins & les
   lièvres, & fréquente l'orée des bois.
       Bellon fait mention d'une autre espèce nommée pareillement
   queue blanche, qui est d'un vol très-léger,
   & qui a le champ du pennage de même que celui du
   milan royal, duquel nous parlerons ci-après. Voyez
   encore JEAN LE BLANC.

QUEUE DE CHEVAL, est chez les Tartares & Chinois l'enseigne

   ou drapeau sous lequel ils vont à la guerre.
   Cauda equina, vexillum sub quo militant. Chez les
   Turcs, c'est un signal de bataille, quand il est sur la
   tente d'un Général. C'est l'étendart qu'on porte devant
   le Grand-Visir, devant les Bachas & les Sangiacs. Voy.
   au mot TOUG. M. de Tournefort dans son Voyage,
   V. II, p. 27, a décrit ces queues de cheval, & en
   a donné la figure. Il y a des Visirs à une, & d'autres à
   trois queues de cheval. De la passion des Turcs pour
   les chevaux, est venu leur usage de prendre une queue
   de cheval pour leur premier étendart. C'est un ouvrage
   à la main, qu'ils font de plusieurs queues jointes ensemble,
   & teintes en rouge, qui est surmonté en tête
   de quelque tissu de crin, & d'une grosse boule de cuivre
   doré. Les Begs font porter une de ces queues, les
   Bachas deux, les Grands-Beglerbegs trois, le Grand-
   Visir cinq, & le Grand Seigneur en campagne sept.

QUEUE DE CHEVAL, en termes de Botanique, est une

   plante qu'on appelle autrement prêle, en latin equisetum.
   Voyez PRÊLE.

QUEUE DE DRAGON. En termes d'Astronomie, la tête ou

   la queue du Dragon, sont les noeuds, ou intersections
   de l'écliptique par les cercles, ou orbites des autres
   planètes qui ont quelque latitude à l'égard du soleil,
   & ce sont les points où se font toutes les éclipses. Le
   noeud ascendant s'appelle la tête du dragon, & le
   noeud descendant, la queue du dragon. Cauda draconis.
   On figure ainsi la queue du dragon . Les Astrologues
   la mettent dans tous leurs horoscopes, quoiqu'elle
   n'ait en effet aucune vertu.

QUEUE DE DRAGON. Terme de Philosophie hermétique.

   C'est, selon Hermès, le mercure philosophal qui dévore
   la queue. DICT. HERM.

QUEUE BLANCHE DE DRAGON. En terme de Philosophie

   hermétique. C'est l'huile de mercure, ou la liquéfaction
   & huméfaction philosophiques: autrement c'est le
   mercure fermenté pour les imbibitions de la pierre
   blanche: c'est la teinture lunaire. DICT. HERM.

GROSSE-QUEUE. Nom d'une espèce de poire. Cauda crassa.

   Pyrum crassá caudâ. La Quintinie met la grosse-
   queue dans le troisième rang des bonnes poires, c'est-
   à-dire, de celles qui ont un grand parfum; mais
   qui sont sujettes à l'avoir renfermé dans une chair
   extrêmement dure, pierreuse, pleine de marc. P. III,
   p. 253. Ailleurs, p. 322. Il dit que la grosse-queue,
   est de celles qui ont quelque bonté, & même quelque
   réputation en de certains endroits: mais qui doivent
   pourtant le céder à beaucoup d'autres.

QUEUE DE PAON. Terme de Charpenterie & de Menuiserie,

   se dit de tous les compartimens de diverses formes
   ou grandeurs, qui dans les figures circulaires vont
   en s'élargissant depuis le centre jusqu'à la circonférence;
   & imitent en quelque sorte les plumes de la queue
   d'un paon, lorsqu'il s'ouvre en forme de roue. Cauda
   pavonis variegata.

QUEUE DE PIERRE, en terme de Maçonnerie, est le bout

   brut des grosses pierres qui servent à faire des liaisons
   en dedans des murs, qu'on appelle autrement boutisses.
   La queue est opposée au parement. C'est le
   bout brut ou équarri d'une pierre en boutisse, qui est 
   opposée à la tête ou parement, & qui entre dans le
   mur sans faire parpain. DAVILER.

QUEUE DE POURCEAU. Plante qui pousse une tige à la

   hauteur d'environ deux pieds, rameuse, cannelée. Ses
   feuilles sont plus grandes que celles du fenouil, divisées
   en trois parties dont chacune se subdivise en
   trois autres, semblables aux feuilles du chiendent; car
   elles sont étroites, longues & plates. Au plus haut des
   tiges croissent des ombelles fort larges, garnies de petites
   fleurs jaunes, à cinq feuilles disposées en rose.
   Ces fleurs sont suivies de fruits composés chacun de
   deux semences presque ovales, rayées sur le dos, avec
   les bords éguisés en feuillet, d'un goût âcre & un peu
   amer. Sa racine est grosse, longue, noire par dehors,
   verdâtre par dedans, rendant, lorsqu'on y fait des incisions,
   un suc jaune, d'une odeur de poix. En latin
   peucedanum majus Italicum. C BAUH. La racine
   de la queue de pourceau, & son suc, sont propres pour
   l'asthme, pour la toux, la rétention d'urine, pour provoquer
   les mois aux femmes.

QUEUE DE RAT. En termes de Maquignon, on appelle

   un cheval queue de rat, celui qui a la queue degarnie de poil.

QUEUE DE RAT, ou arrête, se dit aussi des calus ou duretés,

   qui viennent plus bas que le jarret à la jambe
   du train de derrière. Calus, durities.

QUEUE DE RAT. Terme d'Horloger. Sorte de lime qui

   n'a pas besoin de manche, parce qu'elle a une grande
   queue.

QUEUE DE RAT. Terme de Marine. Cordages qui sont

   plus gros par le bout où ils sont attachés, & qui diminuent
   depuis les deux tiers jusqu'à l'autre bout qui
   se trouve dans la main des Matelots.

QUEUE DE RENARD. Petite plante qui vient ordinairement

   dans les terres humides, & qui ressemble à
   une queue de renard.

QUEUE ROUGE. Nom d'un oiseau. Cauda rubra. Coda

   rossa en Italien. Cet oiseau est appelé queue rouge, à
   cause que cette partie paroît d'un rouge très-éclatant.
   Il fréquente pour l'ordinaire les montagnes escarpées
   de rochers, de précipices & d'écueils. Il se plaît à
   faire là son nid. Cet oiseau chante parfaitement bien,
   & son pennage est très-agréable à voir. Sa viande ordinaire
   est de la pâte, du coeur haché, comme pour
   les rossignols. Nous ne voyons pas de ces oiseaux en
   France. En Italie dans les pays de montagnes, il s'en
   rencontre. Il y en a de trois sortes; mais celui dont j'ai
   parlé a le chant le plus agréable. Le mâle a la poitrine
   rouge. Ces sortes d'oiseaux vivent jusqu'à huit ans.

QUEUE DE SOURIS. s. f. Cauda muris. Petite plante basse,

   qui pousse de sa racine des feuilles fort étroites, à-peu-
   près comme celle du gramen, épaisses, s'élargissant un
   peu vers leur extrémité. Il s'éleve d'entre elles de petites
   tiges grêles, rondes ou cylindriques, nues, portant
   à leurs sommités de petites fleurs à cinq feuilles,
   de couleur herbeuse. Il leur succede un épi oblong,
   grêle, approchant de celui du plantain, pointu, doux
   au toucher, & ayant la figure de la queue d'une souris,
   d'où elle a pris son nom, contenant des semences
   très-menues. Sa racine est composée de fibres déliées
   comme des cheveux. Cette plante a un goût âcre. Elle
   croît dans les champs entre les blés, dans les prés &
   dans les jardins. Les grenouilles en sont friandes. Elle
   est un peu astringente & dessicative.

QUEUE. Terme de Conchyliologie. C'est la partie intérieure

   d'une coquille, laquelle est plus ou moins longue.
   Il est essentiel de la distinguer d'avec le bec, qui
   est toujours fort court & recourbé.

QUEUE DE CHANVRE. Terme de corderie. Paquet de

   filasse brute, dont les brins sont arrangés de façon que
   toutes les pattes ou l'écorce des racines sont du même
   côté. Gossipii rudis fascia.

QUEUE DE LION. s. f. Cauda leonis. Terme d'Astronomie.

   C'est le nom d'une étoile de la première grandeur
   qui s'appelle autrement Denebalezet.

QUEUE. Terme de billard. Instrument dont on se sert

   pour pousser les billes. C'est un bâton fait au tour,
   gros par un bout, & qui va en diminuant jusqu'à l'autre
   bout. On appuie le petit bout sur la main gauche,
   & en poussant avec la main droite, on chasse la bille
   en lui donnant un coup sec.

On appelle aussi queue la partie de l'instrument qu'on

   appelle billard, & qui est opposée à la masse. C'est le
   petit bout qu'on tient à la main quand on chasse la
   bille avec la masse du billard.

QUEUE. Terme de Perruquier. Mettre des cheveux

   en queue, c'est les attacher par derrière avec un cordon,
   & les couvrir d'un ruban qu'on roule tout autour.

QUEUE. Sorte de pierre à aiguiser. L'Acad. écrit ainsi.

   Voyez QUEUX.

QUEUE DE RAMES. On appelle ainsi dans les métiers à fabriquer

   de la gaze brochée, ce qui tient les fourches,
   c'est-à-dire, les ficelles qui passent sur les poulies du
   cassin.

QUEUE, signifie aussi un vaisseau qui contient un peu

   plus d'un muid, ou 54 setiers, à huit pintes le setier,
   mesure de Paris, & le muid est de 36 setiers. Ce mot
   en ce sens vient du Latin cupa. Cette mesure change
   suivant les provinces. On se sert de ces mesures à Orléans
   & en Champagne. Selon Borel, la queue est une
   mesure de vin contenant 48 setiers, qui valent 373
   pintes. Ce mot est usité en Normandie & en Picardie,
   & est corrompu de cuve.

DEMI-QUEUE. s. f. Futaille contenant la moitié de ce que

   contient une queue. ACAD. FR.

QUEUE-A-QUEUE, est une phrase adverbiale, signifiant ce

   qui vient à la file & à la suite l'un de l'autre. Continenti
   serie, perpetuâ serie, continente ductu. Ce Maquignon
   a amené douze chevaux attachés queue-à-
   queue. Les enfans ont un jeu qu'ils appellent à la queue
   leu leu, quand ils se tiennent l'un l'autre par la robe en
   marchant. Leu est un vieux mot qui signifioit autrefois
   loup, comme s'ils imitoient les loups qui marchent
   ainsi à la queue l'un de l'autre.

SANS QUEUE, signifie aussi quelquefois, absolument &

   sans suite, sans ajouter de qualité, ou autre désignation
   particulière. Absolutè. Quand on dit Monsieur,
   sans queue, on entend le Maître de la maison. Herus
   sine addito. On le dit aussi du frere unique du Roi.
   Monsieur le Prince, sans queue, c'est le premier Prince
   du sang. Monsieur L'Évêque, c'est l'Évêque du lieu où
   l'on est demeurant.

QUEUE, se dit proverbialement en ces phrases. Il viendra

   un temps où les renards auront besoin de leur
   queue; pour dire, qu'il y a telles personnes qu'on méprise,
   & qu'on choque en en temps, dont on aura besoin
   en un autre. On le dit aussi des chiens & des
   vaches. On dit aussi, qu'il faut que chacun garde
   sa queue; pour dire, qu'il faut que chacun conserve
   son bien, par allusion à la fable d'un renard, qui
   ayant perdu sa queue, vouloit persuader aux autres de
   se coupper la leur. On dit aussi, petit chien, belle queue.
   Et on dit de ceux qui sont confus de ce que quelque
   chose ne leur a pas réussi, qu'ils s'en sont retournés
   honteusement la queue entre les jambes; car c'est une
   marque de peur, de honte ou de lâcheté. Ce proverbe
   est tiré des loups & des chiens, dont les Latins
   ont dit, degeneres canes caudam sub ventre reflectunt.
   On dit aussi, qu'on écorche l'anguille par la queue,
   quand on commence les affaires par où on les doit finir.
   On dit aussi, que c'est brider son cheval par la
   queue, dans le même sens. On dit aussi, qu'il faut se
   défier de ces animaux qui ont deux trous sous la queue;
   pour dire, des femelles. On dit aussi, que le mal porte
   le repentir en queue; pour dire, que les crimes ont
   de fâcheuses suites. On dit aussi, quand on parle du
   loup on en voit la queue; quand quelqu'un arive dans
   une compagnie où l'on parloit de lui. Ce proverbe répond
   au latin, lupus in fabula; parce que la présence
   de celui qui arrive interrompt le discours qu'on tenoit
   de lui; & qu'on dit que celui-là se tait qui a vû le
   loup. On dit aussi, que le venin est à la queue, en
   parlant des affaires qui ont belle apparence, & dont
   la suite est fâcheuse. On dit d'un homme superbe &
   glorieux, que c'est un paon qui se mire dans sa queue.
   Au contraire, on dit d'un misérable qui a peine à vivre,
   qu'il faut qu'il tire le diable par la queue. On dit aussi de deux choses qui n’ont point de rapport, cette

queue n’est pas de ce veau-là. On dit des choses qui sont perdues & abymées, vous n’en verrez plus ni queue ni oreilles. On dit aussi d’une chose entièrement défaite ou consumée, il n’en est pas resté la queue d’un. On dit aussi de ceux qui vivent délicatement, & qui font semblant de se mortifier qu’ils se fouettent avec une queue de renard. On dit aussi d’une personne qui manque de quelque chose, qu’il en est pourveu comme un singe de queue. On dit aussi, Il n’y en a point de plus empêché que celui qui tient la queue de la poële ; pour dire, qu’il est plus difficile de gouverner, que de raisonner sur le gouvernement. On dit aussi, qu’on a pris un homme, une affaire par la tête & par la queue ; pour dire, qu’on l’a tournée & examinée de tous côtés. On dit aussi, commencer le Roman par la queue, quand on ne dit pas les choses dans leur suite naturelle. Les Africains disent, il est vaillant comme les lions d’Agla, à qui les veaux mangent la queue. On dit aussi, il y va de tête & de queue, comme une corneille qui abat des noix ; pour dire, il s’y employe de toutes ses forces. On dit encore, quand il pense courir, la queue lui choit ; pour dire, qu’il trouve toujours quelque chose qui arrête ses entreprises. On dit; c’est la queue à écorcher, pour dire, que c’est-là l’article le plus difficile.