Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BANQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 742-743).
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BANQUE, s. f. Trafic d’argent qu’on fait remettre de place en place, d’une ville à une autre par des lettres de change, par des correspondances. Argentaria. Il est permis à toutes sortes de personnes de faire la banque sans être Marchand. Ce Marchand a quitté le négoce, il ne fait plus que la banque. Faire la banque ; quitter la banque. Argentariam facere, dissolvere.

Ce mot vient de l’italien banca, qui a été fait de banco : c’étoit un siége où les Banquiers s’asseyoient dans les places de commerce, d’où l’on a fait aussi banqueroute. Mén.

Ricard, dans son parfait Négociant, dit que c’étoit un banc sur lequel ils comptoient leur argent. Covarrurias dit que ce mot a la même origine que banc ; car l’espagnol banco se prend aussi pour une table ; τράπεζα, qui signifioit chez les Grecs une table, se prend aussi pour une banque, τραπεζίτης, un banquier. Guichard croit que de l’hébreu אבכ, abach, s’est fait abacus, de la banc, & de banc, banque, qui signifie banc, ou table des trafiquans en argent.

Banque. Capsa, capsula, arca. C’est la caisse ou le coffre où les Banquiers enferment leur argent, & ce qu’ils ont de plus précieux.

Banque, se dit aussi du lieu public où s’exerce ce trafic, où les Banquiers s’assemblent, & où ils avoient autrefois un banc. On lui donne aussi d’autres noms ; à Londres, c’est la Bourse ; à Lyon, le Change ; à Paris, la Place du change. On met son argent à la banque ; on y prête & on fait valoir son argent à gros intérêt ; même en quelques lieux à fonds perdu.

Banque, se dit aussi d’une caisse publique, tenue sous la direction des Magistrats, & dans laquelle l’argent des particuliers est en dépôt, pour le faire valoir à gros intérêt, ou pour le mettre en sûreté. La banque de Venise, de Hollande. La ville de Lyon a établi une banque pour prendre de l’argent à fonds perdu au denier huit & une tiers.

Banque d’emprunt. C’est une espèce de mont de piété établi à Amsterdam, où l’on prête de l’argent aux particuliers qui en ont besoin, moyennant qu’ils y déposent des gages pour la sûreté des sommes prêtées, & qu’ils en payent l’intérêt réglé à tant par mois par les Bourguemestres ou Echevins.

Banque, se dit aussi en plusieurs jeux, comme au Hocca, à la Bassete, du fonds de celui qui tient le jeu, pour payer ceux qui gagnent contre lui.

Banque, chez les Imprimeurs, se dit du payement qu’on fait du travail aux ouvriers de l’Imprimerie. Le joue de la banque est le samedi. On entend aussi par banque, la somme entière que chaque ouvrier reçoit. Encyc.

Banque, chez les Passementiers, est l’instrument propre à porter les rochers, ou bobines, pour ourdir. Il y en a de plusieurs sortes pour différens usages.

Banque, chez les Tabletiers, est une espèce de banc triangulaire, sur lequel l’ouvrier en peignes travaille à califourchon.