Dictionnaire de Robert Poisson : Dictionnaire d'orthographe française (1609)/Préfase

Planchon (p. 1D-7D).

Préfase.

L’AUTEUR AU LIZEUR,

SALUT.


AMI Lizeur, Comme ȷé observé trescontréres opinions, entre nos écriveins Fransois, touchant l’ortografe Fransoise : ainſi q’on voit communëment, les avis des ’ommes, divers & opozez, en toute choze.

A ſavoir, les uns ésſtimans, sele æt̃re ſeule bonne, & vrëe, qi ſuit au plus prés la Latine.

& les autres, sele qi peint, tous mos ſimplemẽt tout ainſi, q’is ſont prononsez par les doctes, & les reconneus mieus parlans.

ȷé auſſi curieusement, recherché toutes les raizons, aleg’ées des deus partis : pour voir leqel ȷe devoi ſuivre ; rézoulant pourtant d’adérer à selui qe ȷe trouverois, en avoir de plus évidentes, & valides, & aprochantes, de la conſtante verité ; pour æt̃re isele la lumiere, & la régle, qi doit touȷours & régler, & gider, les ’ommes, en tous leurs actes & déseins, au præȷudise mæmemẽt, de tout nombre tant grand ſoit-il, & de toute cout̃ume, & loi, tant ſoit antiqe & aprouvee.

Rézoulant (di-ȷe) q’il vaut mieus avec un ou deus, ou tout ſeul, ſuivre se qi æt̃ bon & vré, q’avec vn monde ſ’égarer, & errer en confuzion : Nonoſtant se proverbe vieus, La commune erreur fet un droit, dautant q’il demeure conſtant, q’erreur ne ſe doit aprouver, & qe toute faute æt̃ blamable à touȷours, & partant fuiable, en ſuite de nésésité.

Se fut pourq’oi fort hardiment, & avec audase louable, Ariſtote oza bien écrire encontre ſon mæt̃re Platon, combien q’il fut̃ creu comme oracle, & dit le divin Filozofe : voire pourq’oi il propoza, meins axiomes tous nouveaus, & non ouis des devanſiers, dizant pour ſentense invinſible : ami Socrate, ami Platõ, més plus amie vérité.

Or voiſi le ſout̃ien de seus q’i veulent qe nous imitions l’ortografe des mots Latins, en not̃re écriture Fransoize.


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Raizon des Latinortografes Fransois.

Qe nôtre langaȷe æt̃ extret & né du langaȷe Latin.

& q’en reconnoiſſant sela de tout tems, tous ’ommes de Franse, & mæmement les plus ſavans, ont conformé tant q’is ont peu leur ortografe à la Latine.

Eſtimans, qe l’on ne ſauroit avoir aucune intéliȷense de nos dixions autrement.

Sæt̃ à dire en ſomme, q’il faut pour bien écrire le Fransois, à leur contentement & gré, ſ’aider de lettres ſuperflues, ou improprement vzurpées ; car ainſi en font les Latins en la grand part de leurs écris.

Les autres, qi tienent q’on doit écrire comme on parle bien, tout ſimplement & purement, sans prendre une lettre pour l’autre, ou en mettre de ſuperflues, propozent tout contrérement les raizons que voiſi ſuivantes.


Raizons des vrez ortografes Fransois.


; Qe les lettres ſont inventées, ſelon luniverſel avis, des doctes : mæme entre tous peuples pour exprimer un chacun mot, en sa vrëe, & propre ſonanse.
; Qe toute ſuperfluité æt̃ corriȷable & à fuir.
; Tout abuzage réformable.
; Tout promt moien dét̃ude, ou éfet vertueus, beaucoup meilleur que le tardif.
; Tout miroir faus, qi ne rend poin lobȷet ſelon ſon éxiſtenſe.
; Qe l’imaȷe doit réſembler entierement à ſon ſuȷet.
; Qe fruſtre la pluralité, là où le peu æt̃ ſufizant.
; & ſomme qe le chemin court, dous, & seur, vaut mieus qe long, & raboteus, & insertein, à qiqonqe entreprend voiaȷe.

Confrontant les unes aus autres, ses diverſes produxions, de ses deus contréres partis : ȷé conſenti treslibrement, au dernier, comme au mieus fondé, & n’en éfet dificulté, pour le voir en nombre petit, en la comparézon de l’autre ; ni pour remarqer ſon avis contre la cout̃ume uzitée, & de lon tems ſuivie en Franse : & ȷe croi bien (ami lizeur) qe volontiers inclineras aveqes moi de se cot̃é, voire ſans réziſtense aucune.

Car q’elle raizon i a til, ou conȷecture vré ſemblable, pour afermer & croire ainſi qe nos mos vienent des Latins, ou l’ont prins ses ſubtis rëveurs ? veu q’il demeure pour conſtant, qe lon-tems avant les Latins, leur Romule, & leur Latin mæme, les Gaulois & Fransois avoient monarqie ample & riche, & grande : & qe leur parler naturel, & ſimplement naſſional, floriſoit autant q’auqun autre : comme l’a bien ſeu remarqer, du Barras, Orfé de nos Poëtes, par les vers qe voiſi ſuivans.

Avant le nom Latin,& qe les Romulides
Euſſent le champ de vandre en pointes eg’izé,
Le parler docte ſeint des Bardes & Druides,
En Grése,en Italie, en Memfe étois prizé.

Les Druides tant rénommez et̃oient ’ommes tres-vertueus, ſaȷes & profons en ſavoir, ſortis de Galàd, l’un des fis de Gomor, ſegond de ȷàfet, dõt les Gaules, & les Gaulois, ont prins leur nominaſſion.

Druides nommez à raizon, de Dreus, vile en Franse bat̃ie, à l’onneur du pluſgrand d’entreus qi portoit un semblable nom, où leur pleut fonder leur ſieȷe, & leur demeure prinsipale.

Là tous peuples de toutes pars, venoient à eus comme à Oracles, & donnoient lois, & réglemens, à tous Fransois, en maȷiſtras, & ȷuȷes irreprehenſibles.

Là is ȷuȷoient tous diférens, ſeulement en trois audienses q’i tenoient par chaq’une année.

ȷule Sæzar ateſte deus en ses Commentéres des Gaules, par eus a et̃é aporté not̃re Fransois langaȷe en Franse.

& meint ſiecle avant q’on parlat̃, des Latins ni d’Italiens, aſavoir, aſez tot̃ apres, q’il pleut à Dieu de divizer, les ’ommes, par diverses lẽg’es, en toutes reȷions du monde : afin de les peupler d’iseus.

O le beau langaȷe Fransois, & fort de tous peuples prizables pour ſon antiqe extraxion : ſ’il et̃oit sorti des Rommeins ? Des Rommeins (di-ȷe) déſendus de groſſiers peuples ramaſſez, & d’une impudique veſtale, selon leurs Iſtoriens propres, riches des dépoüilles d’autrui, tous nus avãt leur pilh’eries tous nouveaus, & tous les derniers, aiant aqis bruit par le monde, & deſquelz on ne parloit mot, du tems des Ebreus, Caldëens, Aſiriens, Eȷip-tiens, Perſes, Médes, Troïens, ni Grez.

O povre parler qe seroit le not̃re, ſ’il n’et̃oit ſorti de ſi mizerable oriȷine, ſ’il n’et̃oit rien qe le fripon de tez fripons, & vrez corſéres : ſi rien qe leur enfant bat̃ard, leur avortõ & ſupozé. O reproche trop outraȷeus, & trop ofenſif à la Franse ? O l’inȷure, O le vitupére, O l’impudense intolérable.

Mais plut̃ot̃ les mots des Latins, ne sont qe larresins des not̃res dég’izemens & friperies, entant q’isi ont du raport, puis qe nous ſommes devant eus ; puis qe nos Druides parloient devant leur nom, mieus que tous peuples.

Si un langaȷe derrivoit d’un autre, le not̃re ſeroit trop plut̃ot̃ prosédé du Grec, comme ſi conformant trop mieus : ainſi qe la ſeu remarqer Robert Et̃iene au beau trété q’il a fait de ses deus lãgages : & mæmement pour se qe ſont les Greȷois ainez des Latins, & d’Empire, & de bien-dizance.

Qand Luſian brave auteur Grec floriſant du tems de Traȷan, vint voir les Druides en Franse, il perdit tems de leur parler en Latin, & n’en eut réponse q’à lors q’il discourut en Grec.

Choze qi peut encore induire, à croire q’is n’entendoient rien à se langaȷe des Latins, & q’il n’avoit aucun raport au leur, & n’en derrivoit point comme on a ravasé depuis.

& pozé qe not̃re parler, tirãt du leur ſon oriȷine, nésésére ne seroit pas d’imiter leur ortografie, veu q’en la grand part de leurs mos, elle æt̃ abuzive & perverſe, q’elle donne faus ſon aus lettres ou en apliqes ſuperflues, comme l’ont mæme reconneu, pluzieurs de leurs pluſgrans docteurs, & mæme aucuns leurs Empereurs, & nommëment le grand Auguſte.

Par q’elles raizons pourroient-is nous prouver q’is ne faillent poin, d’uzurper ainſi comme is font, & presq’en chaqe de leurs lignes, ou la c. ou la t. pour ſ. ou ſ. pour zedde, ou les c.t. pour x. ou les p.h. pour f. puis q’il faut que chaqune lettre, ait ſon ſon tout particulier, & à toute autre inconférable.

Comme diront-is q’is font bien d’apliqer deus lettres pour une à l’endroit ou une ſufit, puiſqe nuit̃ ſuperfluité.

Que leur peut servir d’aleg’er, l’antiqité de leurs écris, l’autorité de leurs auteurs, en nombre tant soit-il nombreus : contre les canons de raizon, qi foudroient tous ses obſtacles.

Qe ſont les régles q’is ont fettes de leur prétendue ortografe, qe régles de derréglement, & de toute confuzion.

Is ortogragrafient ainſi ses vocables & leurs ſemblables.

dic-tio, ra-tio, ora-tio.
& les prononsent comme écris, par x. & par ſ. comme enſuit.
dixio, raſio, oraſio.

& nous pour les mieus imiter, écrivons dic tion, ac tion, où nous pronõsons dixion & axion, ſon tout contrére, q’elle defense à telle faute.

Is ortografient ſc iré & ſc ientia par ſ.c. ou seulement ſ. i ſufit, & ou la c. qi æt̃ la ké, i æt̃ ſuperflué & nuizible : & ou is la prenent ailleurs, pour ké, & qu, comme en ſes mos, ſcoma, ſcola, ſcabellum, ſcrops, comme le font is ſans abus.

Is prononsent Muza, cauza, Sæzar, comme écris par la zedde, ou is écriuent par ſ. ȷigas où is peignent gigas ȷeorȷius metant Georgius.

Auec auſſi bonne raizon pourroient écrire Goannes, au lieu q’is mettent Ioannes, puis q’ainsi prenent i. pour g. & g. pour i. confuzement

Is prononsent vinco, ago, lego, pour æt̃re écris par ké, & g. Tout auſſi toſt vinsis, aȷis, leȷis, muant ké en sé, g. en ȷé, sesi par qel derrogatoire.

Is ne font poin dificulté de convertir x.or en g. & or en sé qi æt̃ la ké du premier kas en ſon ſegond, écriuant pasis apres pax, & auſſi reȷis apres rex : pourqoi dont ſont-is moins hardis, à changer à tous autres mos, les lettres ſelon q’is pronõsent.

Il faut q’is confeſſent par là, leur opiniat̃re ignoranse, & tous Fransois les imitans, leur faute en ſuite nésésére.

Qe diront seus qi de nouveau, ont mis des livres en lumiere, pretendant par eus enſeigner à bien Fransoizement écrire.

L’un par ſa gramma-ire franc-oiſe, & l’autre par ſon ortogra-p-he, q’il nomme la u-raye Franc oi ſe, veu qe par iseus ne font rien q’éſéier de rendre aprouvëes, les fautes qi ſont réformables,& trop communes, & fréqentes, pour mieus imiter les Latins.

Qe dira ton d’eus, fors q’is sont fautiers par imitaſſion, réformateurs à reformer, gidons aveugle à gider, Médesins treſ-medesinables.

Pour la preuve & tëmoins, serteins ſoient leurs eſcripts, & eſcriptures, leur inſcript & inſcri puāt, leur Franc-ois & leur Franc-oi ſe, leur mi-eulx & ci-eulx, leur u eult & peult, leur ha ult & ſa ult, leur I an & I e han pour ȷan, mon ſtre pour mõt̃re, u eufue pour veve, Iui fue pour ȷuive, Apu ril pour écrire Avril, Febu rier pour Fevrier, debu-oir pour devoir, libu re en lieu de livre, Libra ire pour livrére, libra rie pour livrérie, Febu re au lieu de Fævre, leur ac-tion pour axion, leur an tien pour anſien, leur fa ire au lieu de mettre fére leur i’ ay & n’a y pour ȷé & né, leur ſo eur pour ſeur, leur bo-euf pour beuf, leur co-eur pour keur, leur o eil pour eil, leur morve pour morue, de ſert pour dézert, de ſirer pour dezirer, u itre pour vi tre u i u ier pour vivier, hau re pour havre, & mile tous tez inſérez dans leurs nouveaus livres d’abus.

D’ailleurs,comme ſout̃iendront-is, se pozé q’is tienent conſtant, qe ſi l’on n’écrivoit ainſi, & aveqes telle ortografe, aucun n’entendroit son parler ; veu q’en la grand part des Fransois, qui ne ſavent mot de Latin, ni cognoiſſent lettre qelqonqe : comme marchans, & artizans parlans bien & correctement, & entendans bien se q’is dizent.

Non, non, se n’æt̃ poin le Latin, qui nons set entendre nos mos, on n’a bezoin d’i recourir, pour avoir l’intelliȷense : Encores moins sont entendus par leur forme d’ortografie.

Chaqe langaȷe qel q’il soit, Anglois, Flamant, ou Eſpagnol, æt̃ aprins de ſa naſſion, de pere en fis, de mere à filh’e, & touȷours du grand au petit, par inſtruction aſidue, & par obſervanse ordinére.

Pluzieurs vocables tous divers, en leur ſinificaſſion, ſont écris, voire prononsez, de maniere toute pareille, mæme entre les Grez & Latins, & tous autres peuples du monde. Mes l’antésédent ou suivant, les fet disting’er & connoit̃re, non l’écriture ni l’axent.

O q’il ſeroit beau ſ’enqerir de seus qi n’ont aprins à lire, qez ſont noms, verbes ou pronõs, de tous les mos q’is parlent bien : On se riroit avec raizon de ſi curieus enqæt̃eurs.

Dont pour n’avoir trouvé q’abus & fantaſtiqe opinion en ses prétendus enſeigneurs, de not̃re vrëe ortografe : ni mæme en tous seus qi comme eus veulent derriver tous nos mos, de la neuve ſourse Latine ; et plus pour tenir invinſibles, inſolubles, & treſ-serteines, les raizons de leurs opozez ; ſout̃enant q’on doit ſimplement écrire comme on parle bien pour écrire correctement, & mæme pour avoir et̃é Ariſtote pére des lettres, & leil de la Filozofie de set avis : & aiant dit q’une lettre ne peut avoir q’un ſon, non plus q’un cors deux àmes.

ȷe me suis touȷours éforsé en tous les écris qe ȷé fés de ni plaser lettre inutile, ou ſuperflue, ou uzurpee.

& delà ȷe né poin failli d’æt̃re derrizé de pluzieurs pour écriture ſi nouvelle, & ſi chanȷée de la vieille en tous lieus de chaq’un ſuivie. Toutefois parmi ses moqeurs, se trouvãt auq’un l’aprouvãt.

Tant i a qe des deus cot̃ez ȷé et̃é ſouvent provoqé par fort long’e eſpase de tems d’en produire qelqe éxemplére, se q’en fin me ſuis rezolu d’entreprendre ſoigneuzement, tant pour les en contenter tous, qe pour se qe ȷé eſtimé q’il pourroit ſeruir au public.

ȷé donqes fet à set̃e fin vn Alfabet, auqel ȷé mis qatre lettres q’é inventées, & ſans lesquelles ȷe touve q’on ne peut écrire au parfet.

& pour ſervir d’inſtruxion d’iselui, l’é acompagné d’un Modèle qe ȷé conſtruit en forme de dixionnére.

Mes ȷe te prie ne douter, qe ȷe ne lé pas entrepris, afin de dégout̃er aucun, des livres qi ſont aprouve, tant des latins qe des Fransois, qelle qe ſoit leur ortografe : Car d’ailleurs nous ſommes tenus de les aimer & vénérer pour leur doctrine de grand fruit : voir les tenir tout ainſi qe reliqes treſ-présieuzes.

Ains ſeulement pour te mont̃rer qe nous pouvons écrire mieus, & beaucoup plus fasilement & plus liziblement auſſi, mæmement avec moins de tems qe l’on n’a écrit ȷuſqisi, ſi l’on suit son enſeignement.

Voire beaucoup fasiliter la lecture de nos écris, Fransois, à tous les et̃ranȷers ; ſi qe plus ne ſera bezoin, de se ſervir de se proverbe abüzif & trop pédenteſque qi dit, faut aider à la lettre.

Car les lettres ſimplement prizes, en leur ſon propre & naturel, & ainſi q’il convient placées : d’elles mæmes nous aideront à la prononsiaſſion.

& par là, notre ortografie éxélera infiniment, & l’Ebraiqe, & la Latine, & la Gréqe q’on vante tãt : Comme sele ou l’on ne voirra lettre qelconqe ſuperflue ou de ſa ſonnãse chanȷée q’on voit en tous langaȷes.

Seus là ne ſont poin à blamer, mes plut̃ot̃ à prizer beaucoup, qi aus belles invenſions aȷoutent qelqes chozes belles.

Seus auſſi qifasiliter, peuvent les chozes difisiles : brief, amender ou embélir, qoi qe se ſoit, ſont ’onnorables & recommandables à tous.

Nous ſommes beaucoup obliȷez à seus qi trouverent les lettres, & qi écrivirent prémiers ſus tablettes, & ſus écorses, ſans sela ſe perdroit du tous la mémoire de toute choze.

Mes tez écrivoient tous vocables, de ſeize lettres seulement.

Sis ont et̃é lon-tems apres, inventëes par les ſuivans, fort utiles & ſerviables, au grand’onneur des inventeurs.

Comme auſſi l’on a inventé, l’Imprimerie depuis peu, s’æt̃ à dire lon-tems apres, q’on tient de toute invenſion, la plus utile, & glorieuze.

Le tems inſtruit de ȷour en ȷour, les premiers n’ont pas tout parfet ; Nature ſet de mieus en mieus, produire ses vertus au monde. On peut bien ore apersevoir, fautes des anſiẽs non veues.

Pourtant ſeint Auguſtin dïzoit q’il de ſe tiendroit ofensé, d’aprendre d’un enfant d’un an.

D’éure en ’eure nous remarqons, cout̃uriers changer hardiment la forme de nos væt̃emens : & voiant les nouveaus conſtruis plus ſeans qe les présedens, volontiers nous nous en ſervons, & les i préférons beaucoup.

Auſſi pourra ton hardiment, & ſans ofense des paſſez, væt̃ir de neuf not̃re ortografe, & d’abie étofé ainſi, comme l’enseigne se Modéle : ſ’il æt̃ reconneu plus parfet.

Au vieus tems, les ’ommes portoient lons hoqetons, ſans aus de chauſſes, & des toqes & des bonnets, ſ’eſtimans aſez à l’onneur, væt̃us d’abis tez & ſi ſimples : & ores on se moqeroit de nous en voir ainſi væt̃us.

Ainſi ȷe croi q’on leſſera l’ortografe du tems paſſé, voiant sete si plus ſéante.

Le dezir q’ont eu nos auteurs éſtimez plus nàis Fransois, de la voir pure & réformëe : & ſus tout se q’en a écrit Ronſard, not̃re Fransois Virȷile, & l’ornemẽt de notre leng’e : Ma fet beaucoup plus hardiment entreprendre se petit livre ; auqel ȷé ſuivi au plus pres le chanȷement q’is ont reqis, & de moi-mæme raporté choze d’autrui non obſervëe.

ȷe lé fet expreſſément en forme de dixionnére, où tout æt̃ ortografié à la forme vieille & nouvelle, qe par la, l’on voie tant mieus la grand diférense d’entre elles, & laqelle æt̃ la bonne & vrëe.

Mes pour ſ’en ſervir, il convient, obſerver le vréſon des lettres, & les diſting’er proprement : & comme sæt̃ q’on doit plaser les diftong’es & les axens.

A sete fin ȷe té dréſé, un Alfabet, comme reqis, & des notez ſus icelui, pour t’en ſeruir d’inſtruxion.


Adieu.