Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique/Béton

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BÉTON, ſ. m. Sorte de mortier qu’on jette dans les fondemens, & qui ſe durcit extrêmement. Il ſe pétrifie dans la terre, & devient dur comme un roc. M. Belidor recommande beaucoup l’uſage du Béton dans les fondemens des ouvrages hydrauliques, & il explique avec ſoin comment on doit l’employer. (Voyez l’Architecture Hydraulique, tom. 2. de la ſeconde Part. liv. III. ch. X.)

Voici d’après lui la compoſition de ce mortier. On forme ſur un terrein bien uni & bien battu, une bordure circulaire compoſée de douze parties de pozzolane, de terraſſe de Hollande, ou de cendrée de Tournai, (Voyez Pozzolane & Mortier) ſur laquelle on met ſix parties de ſable bien grené & non terreux, & répandu également : on remplit l’intérieur de ce cercle de neuf parties de chaux vive, bien cuite & concaſſée avec une maſſe de fer, afin qu’elle s’éteigne plus vîte ; on y jette enſuite de l’eau, (on doit prendre de l’eau de mer pour les ouvrages maritimes) & on y mêle, comme en faiſant le mortier ordinaire, la terre qui ſert de bordure. Lorſque le tout eſt bien mêlé, on y jette treize parties de recoupes de pierres, & trois de mâchefer concaſſé, ou, à leur défaut, treize parties de recoupes & blocailles de pierre ou de cailloux, dont la groſſeur ne doit point ſurpaſſer celle d’un œuf de poule. On remue à force de bras toute cette compoſition pendant une heure, & on en forme des tas qu’on laiſſe ſécher pendant vingt-quatre heures en été, & durant trois ou quatre jours en hyver.

Ce mortier eſt ſi dur, que M. Milet de Monville ayant fait remplir de maçonnerie de Béton une caiſſe de vingt-ſept pieds cubes, & l’ayant plongée dans la mer, où elle reſta pendant deux mois, elle compoſa un corps ſi denſe qu’on trouva plus de difficulté à en ſéparer les parties, que celles d’un bloc de la meilleure pierre.

Il eſt parlé dans l’Architecture de Vitruve ; d’un mortier très-dur, compoſé de deux parties de Pozzolane, & d’une de chaux. (Voyez Pozzolane.)