Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Religion (Statistique des)

Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 4 – de « Persécutions » à « Zoroastre »p. 460-461).

RELIGIONS (STATISTIQUE DES). — Le graphique ici présenté a été établi au moyen de statis-tiques déjà existantes, modifiées d’après les éléments nouveaux qu’il a été loisible de rassembler.

Il est approximatif, puisque toute statistique, par nature, est flottante.

Nous avons vu faire des recensements en Chine, et donc sur le quart de la population du globe. L’opération était singulièrement extrême-orientale, lisez : très-peu précise.

Autre point à noter : du terrible choc de r c j 1 4— i(it8, avec ses contre-coups qui se prolongent, on ne peut encore rendre compte dans la question qui nous occupe.


Tel quel, ce graphique est donné à titre documentaire.

Un point de vue apologétique, il apparaît sous un double aspect : spéculatif et pratique.

Dans le domaine spéculatif, l’effrayante constatation qu’il nous contraint de faire, soulève uns objection : « Est-ce donc là le résultat divin de la Rédemption ? » — La réponse s’impose. Non ; c’est là le résultat delà lutte mondiale et continue entre Jésus-Christ et Satan, lutte où les passions hu- -maines, déchaînées et attisées par l’ennemi du Sauveur, bouleversent, au cours des siècles (Schismes d’Orient et d’Occident, Protestantisme, Révolution, Sociétés secrètes, etc.), les desseins miséricordieux de la Providence divine appelant tous les hommes au Salut (Voir ce mol et l’article Providence). Dieu laisse, pour un temps, libre jeu aux passions malfaisantes : conséquence de la liberté, qui ouvre des abimes dont lui seul pénètre les profondeurs. Bien comte serait la vue du logicien, s’il tirait de ces faits un argument contre la vérité du christianisme en général, et du catholicisme en particulier. La


STATIST1QUE RELIGIEUSE du GLOBE ii.700.ooo.oood’haMants) par G.GIBERT S J. Chacun des carres représente un million d’âmes


9J9

RELIQUES

910

philosophie déduit, à bon droit, de la croyance universelle, une preuve de l’existence de Dieu. Mais la vérité religieuse n’est pas, certes, décidée par le suffrage uiiversel. C’est que la croyance initiale est produit de la nature, qui sort des mains de Dieu. Tandis que le suffrage est un produit complexe de l’esprit humain, qui subit, outre l’ignorance, fruit amer du péché, tant d’influences mauvaises, que la résultante ne saurait être une norme de vérité. Nul ne peut croire sans connaître ; personne ne croit s’il ne veut croire ; on ne veut guère croire ce que l’on ne veut plus pratiquer : autant de raisons graves qui disqualiûent le suffrage universel, en matière de vérité religieuse.

Dans l’ordre pratique, quel merveilleux stimulant pour tout catholique de cœur qu’une si douloureuse découverte ! « Près des cinq sixièmes des hommes, mes frères, manquent encore à l’appel du Christ » : voilà ce que tout baptisé doit se dire et se répéter, afin d’aviver son zèle. Que puis-je, moi, pour aider l'œuvre de rédemption dans l’univers, pour contribuer à avancer la tâche immense ? Ma conscience m’approuve telle dans le passé, ou me reprochet-eile d’avoir agi trop peu ?

Si tel est l’effet du document présent, l’apologiste aura atteint son but.

G. Gibbrt, S. J.

Missionnaire.