Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Pentateuque et Hexateuque

Dictionnaire apologétique de la foi catholique

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

La raison d’être du présent article est la promulgation du document dont nous reproduisons le leste.

Dccrclum ciica aulhtntiam mosaicam Pentateuchi.

Quæsiliim est ab bac Supiema Congregatione Sancti OiScii : « Ulnim Joctrina circa authentiam mosaicam Pentaleuchi, nuper eiposila in opère : Dictionnaiie Apologé tique de la Foi Caiholt^jue an. 191y, fasc. xv, sub titulo : Moïse et Josué ; nec non in Hevtie du Clergé Français, xcix (1" sept. l’.H9), p. 321-343, sub titulo : Moïse et le l’entaieuque, tuto tradi posait ».

Et in generali consessu babito feria it, die 21 aprilis 1920, Emi ac Rmi Domini Cardinales in rébus fidei et roorum Inquisilores Genei-ales, præbabito DD. Coasultornm voto, respondenduni decreverunt : Nrgative.

Insequente vei-o feria t, die 22 ejuadem mensis et anni, Sanctissimus D N.Benedictus divina ProvidentiaPapaXV, in lolila audientia R. P. D. Assessori S. Oificii impertila, relatam Sibi Emorum et Rmorum Patrura resolutioncm approbavil, confirmaTit et evulgandam præcepit.

Dalum Romae, ex aedibua S, Officii, die 28 aprilis 4320. A. C/isTELLAxo, S. C. S. OCf. Notarius.

Nous devions une satisfaction ; la voici. L’auteur de l’article Moïse et Josué, dont on sait l’entière promptitude à accepter les directions de l’Eglise, s’était offert à opérer lui-même dans son reuvre un discernement. Ce travail délicat et infini a été jugé inopportun. Restait à reprendre la question sous une forme positive. Tel est l’objet du présent article. Nous l’empruntons à l’ouvrage justement aprécic de Dom Hildebrand Hoepfl, O.S. B., i)rofesseur au Collège romain de Saint-Anselme, Intnidiictio sprcialis in Libres Veteris 7’es/flme/ifi, Subiacï, 1921.

N. D. L. D.

I. — Le Pbntateuqle.

.. Objet et difision du l’entaleuque.

B. Origine du Pentateuque. — I. Histoire dt ; la liante critique.

II..Moïse auteur du Pentateuqae. — i. Témoignages du Pentateuque même. — 2. Témoignages des autres livres de l’A. T. — 3. Témoigna ;  ; » -^ du N. T.

III. Principales difficultés contre Vortgtnc mosaïque du Pentateuque. — 1. Découverte du Deutéronouie. — a. La loi lévitique et l’école sacerdotale. — 3. Lois contradictoires entre elles. — 4. Divers arguments en faveur de la pluralité des sources.

C. De l’autorité du Pentateuque.

II. — Le livre du Josuk.

Origine du lii’re de Jo.’ : ué. —.autorité du livre de Josué. — Théorie de l’Ilexateuque.

I. — Lb Pentatbdqi’b

L’a’uvre attribuée à Moïse est communément aj)pelée chez les Juifs, à cause de son objet principal, la Loi (Torali) ; dans le N. T.. i ^foi (ainsi Luc, x, 26). Les rabbins l’appellent quelquefois : leçon (.1/ivrn), ou, à cause de sa division en cinq livres, les cinq parties de la Loi (Chaniischah chumsch/^ hattorail). Pour cette raison, les Alexandrins l’appelaient

;  : -iyTà.r£jy_o : , de ::£’.^£ et rej/, c.i : meuble, armoire, ])ortefeuille, 

enfin, daus la langue vulgaire, livre (ainsi dans l’épître du Pseuoo-.^ristle à Philocrale : yvO-’n Si Kvsyvtjj^c Tx T£ ; >f< : , selon la lecture des livres, ap. SwBTB, Introduction to the 0. T. in grée !., 672, Cambridge, 1902). Ce nom fait son apparition chez Pto-LÉ. MÉB, disciple de Valentin (Ep. à Flora, chez Epi-PHANB, Hær., xxxiii, 4). vers 160 après J.-C. ; puis chez Origènb (/n loan., t. XHI, xxvi) ; en latin chez Tertullien, Contra Marcion., I, x. Saint IsmoRR de SÉviLLB, Etym., VI, 11, emploie le neutre : Pentateachum.

La division en cinq livres paraît ancienne, car 1 l’tir., XVI, 36 cite la doxologie qui se lit à la On du IV’livre des Psaumes (/’s., cv, hb. cvi, /)8) ; d’où 1883

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1886

l’on peut conclure que le psautier élail dès lors ]iartagé en cinq livres ; or cette division supi)ose celle de la Loi. Les Juifs de Palestine désignaient chaque livre par son début : lierescliit, Veelle schemot, Vujjikra, Vajjedabber^ Elle haddeharim (Quatre de ces noms se lisent chez ORiGÈtiK, ap. Eusèbr, //. / ; '., VI, XXV, éd. ScinvARTz, (>. 072, Leipzig ; , 1908 : Mpc^ad Ouî/Aîj/ioi^, Oji/.pv, E//îy.ôÔ£, ; y.c-i ;  ; i ; il appelle le Lévitique A/t/i£70€y.'jiacttj-, ce qui paraît répondre à chomesch liapfiikudim : le cinquième des préceptes ou des cens).

Les Juifs Alexandrins disaient, d’après l’objet j)rincipal : (yiJt^tÇ) y.ia/j.oj, :  ; 'oÔî ; (AiyjTrrsj), /cjtri/.w, àpiifx-^i, Ssimp^vj/j.iov (cf. Mkliton diî Sardes, ap. EusÈBB, //. £., IV, xxvi). Ces noms ont passé dans la version latine des Livres saints.

A. — Objet et division du Pentateuque. — Le Pentaleuque ne renferme pas une histoire complète des origines du genre humain ni même du peuple d’Israël ; mais il raconte l’origine de la théocratie de l’A. T., ou l’institution du royaume de Dieu ; c’est donc plutôt une histoire du salut, rapportant le commencement et le progrès de la révélation divine. Le livre de la Genèse présente la préparation de la théocratie sacrée (création, chute originelle, vocation des patriarches du peuple choisi). Le livre de l’Exode raconte l’institution de la théocratie, réalisée par la délivrance du peuple choisi de la servitude d’Egypte, et le don de la Loi sur le mont Sinaï. Le Lévitique et les Nombres contiennent les lois qui régissent la théocratie de l’A. T. Le Deutéronome, qui raconte la rénovation de l’Alliance, est comme une récapitulation de toute l’histoire rapportée dans ia Pentateuque, un épilogue de tout l’ouvrage.

La Geni’se renh-rme deux parties, dont l’une comprend l’histoire sommaire du genre humain depuis i’origine du monde jusqu'à Abraham, la seconde l’histoire des patriarches depuis la vocation d’Abraham jusqu'à la mort de Jacob et de Joseph.

La première partie, précédée de l’Heiamcron comme d’une introduction (i, i-ii, 3), se divise en rinq sections, faciles à distinguer ])ar leurs titres : 1) Voici les générations du ciel et de la terre, 11, 4 ;

— 2) Voici le livre de la génération d’Adam, v, i ;

— 3) Voici les générations de Noé, vi, g ; — 4) Voici les générations des lils de Noé, x, i ; — 5) Voici les générations des lîls de Sera. — De même la seconde partie contient cinq sections distinguées par leurs -itres : i) Générations de Tharé, xi, a’j ; — 2)Générations d’Ismacl, xxv. la ; — 3) Générations d’Isaac, XXV, ig. — 4) Générations d'Ësaii, xixvi, i ; — 5) Générations de Jacob, xxxvii.

V Exode peut se diviser en trois parties :

1. Evénements qui préparent la sortie du peuple d’Israël de la terre d’Egypte (multiplication et oppression des Israélites, élection de Moïse, les dix plaies), i-xi.

2. Sortie d’Egypte et marche jusqu’au Sinaï, xnXIX, 2.

3. Institution de la théocratie sur le mont Sinaï, XIX, 3-xL, 38 : a).VUiance conclue entre Dieu et le peuple (Décalogue, loi de l’Alliance, conclusion solennelle de l’Alliance par oblation de sacrilices), xix 3-xxiv, 1 1 ; 6) Préceptes concernant la construction et l’ornementation duTabernacle de l’Alliance (Dieu veut habiter au milieu de son peuple), xxiv, 12-xxxi, 18 ; t) Apostasie du peuple (viau d’or) et rénovation de l’Alliance, xxxii-xxxiv ; d) Erection du Tabernacle, XXXV-XL.

Le t(?vï/i'çu< ; présente le recueil des lois par lesquelles Dieu s’attacha particulièrement le peuple choisi. Ex., XIX, 6, le Seigneur dit au peuple : « Eritis inihi in regnnm sacerdutale et gens sancta ». On peut dis tinguer dans le Lévitique quatre séries de lois, dont les deux premières se rapportent nu royaume sacerdotal : Lois des sacrilices, i-vii ; Rites de la consécration des prêtres et des lévites, viii-x ; les deux autres concernent la snnctilication dupeu])le : 3) Lois de la distinction du pur et de l’impur, xi-xvi ; 4) Lois de la sanctilication, xvii-xxvi. — Puis, un appendice : Lois des vœux, des dimes, etc., xxmi.

Le livre des yVonifcrei, ainsi apjielé parce que deux fois ( : -iii et xxvi) il présente le recensement du peu])le, renferme trois parties :

1) Evénements qui suivirent le don de la Loi sur le mont Sinaï, i-x, 10 (recensement du peuple, lois diverses).

2) Histoire de la marche depuis le mont Sinaï jusqu'à la terre de Moab (murmures du peuple, explorateurs, Josué et Caleb, révolte de Coré, Dathan et Abiron, châtiment des murmures, serpent d’airain etc.), X, I i-xxi, 1.

3) Evénements accomplis dans la terre de Moab (Balaam et Balac), xxii, 2-xxxvi, 13.

Le Deuléronome rapporte les dernières paroles de Moïse avant sa mort. Quatre parties :

i) Premier discours de Moïse (Moïse rappelle au peuple tous les bienfaits reçus de Dieu au désert, inculque l’obéissance), i, i-iv, 43.

2) Deuxième discours (répétition des lois), iv, 44xxvi, 19.

3) Dernier discours (bénédiction et malédiction), xxvii-xxx.

4) Dernières dispositions de Moïse ; sa mort (Moïse remet sa charge à Josué ; cantique et bénédiction de Moïse), xxxi-xxxiv.

B. — Origine du Pentateuque

I. Histoire de la haute critique. — Anciennement, Juifs et Chrétiens s’accordèrent unanimement à tenir Moïse pour l’auteur du Pentateuque. Dans le Talmud, flaba hatra 14 b, les huit versets de/Jei/f., XXXIV, 5-12 qui racontent la mort de Moïse sont attribués à Josué. Cependant Philon, Vie de Moite, iii, et Josï : PlIB, ^n^, IV, VIII, 48, ont attribué même ces versets à Moïse. Font seuls exception quelques gnostiques, tel PTOi.ÉMÉB(ap. EpiruANB, Hær., xxxiii, 4)> qui tenait ce livre pour un apocryphe d’origine juive. Parmi les Pères, nul n’a révoqué en doute l’origine mosai(pie du Pentateuque (Voir Origkne, In Gen., llom., XIII, 2 ; In IVum., t. XVI ; In lo., t. II, xiv, 26 ; S. Cyrille DB JÉRUSALEM, Cot., IV, 36 ; GRÉGOIRE DE NySSE, préambule du Commentaire sur V Hexaméron, S. Cyrille d’Alexandrie, Cont. Julian., I ; S. CurvsosTOME, Ad Stagir., ii, 6 ; S. Isidore de Pélusk, Ep., CLXxvi ; PnocoPE de Gaza, prologue du Commentaire sur la Genèse ; S. Jérôme, pré/ace sur le Livre de Josué, prulog. galeat., Ep. cxL, 2 ; S. Aogustin, Serm., XXXI, 5. 7 ; cxxiv, 3 ; S. Isidore de Skville, Etym.,

VI, I, 5 ; II, 8. On prétend à tort que S. Jérôme a douté de l’origine mosaïque ; le texte souvent allégué, Ue perpétua tirginitale B. Mariæ adv. llelvidinm,

VII, ne vise pas le Pentateuque, mais la glose « usque in hodiernuni diem » sur Gen., xxxv, 4 (lxx) et /)eut., XXXIV, 6 ; voici comme s’exprime le saint docteur. Certe liodiernus dies illius tempore existimandus est qno hisloria ipsa contexta est, sive Moysen dicere volueris, anctorem Pentateuchi, sive Esdram, eiusdem instauratorem operis, non reciiso). Au Moyen.-Vge seulement, Hugues de Saint-Chbr ("j- 1203) émit l’idée que Josué pourrait avoir composé le Deutéronome ; mais il ajouta : Sed verius videtur quiid Moyses linnc lilirum scripsil. Parmi les Juifs,.uencsra (' 1167) paraît avoir tenu pour interpolés plusieurs textes, v. g. Gen., xii, 6 ; Ex., xxv, 4 ; Ileut., I, i ; xxxi, 2a. 1887

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1888

Au xvK siècle, [lour la première fois, des doutes sérieux fureal soulevés sur l’origine mosaïque du Pentaleuque. Ainsi Gahlostadt(Andrb Bodkxstbin), dans sou opuscule De canoiiicis scripturis, éd. Wilteuiberç, 15ao, § 85, écrit : « On peut soutenir que Moïse n’a pas composé les cinq livres, cap après la sépultiu’e de Moïse, le 1Il du discours n’est pas interrompu, et Moïse n’est plus ht. i D’autres admettent du moins que Moïse n’a pas écrit tout ce que nous lisons dans lePenkateuque. Ainsi AxoréMasius (Maks, } lô^i), fosiæ imperaturis Uisturia iHastrata atque ejrpLcata, Antverpiae, 15^4, præf., a (mis à l’index en 1696, donec corri^atur) dit : « Quin ipsuui etiam Mosis opus, quod vocant pentateucLion, longo poat Mosem tempore inleriectis saltem hic illic verborum ac sententiarum elausulis veluti sarcitum atque omniiioexplicatius reddilum esse. » Assertion semblable chez Bi.noit PkrkihaS.I, , Comin. m Gen., I, 13 sq., Lugduni, iSg^, et Jacijoes Bonfrérb, S. I., Comm. in Penlat., 33, 98, Antverpiae, 1626.

Puis d’autres vinrent, qui allirmèrent que l’ensemble du Peutateuque, ou du moins une grande partie, a été composé après le temps de.Moïse. Notamment Isaac og LA Pbyrkrk (-j- iGj6), qui soutint que le Peutateuque a été coiu ; >ost ; , d’après des documents mosaïques, à une date postérieure : Srsieiiia tlieolugicuin exPræadamitarum hypotliesi, IV. viii, 16.')5 ; Baruch Spinoza ('f' id")"]), qui voit dans le Penlateuque une compilation faite par Bsdras, d’après des documents anciens nombreuxet dispersés, Tractatus theolofiicopuliticus, c. a-iii si|q., Hamburgi (plutùt Amstelodaini), 1670. Combattu par D.UuBT, /Jemi(Kstratio ei’aiigelica, IV, xiv, 6, p. 179 sqq., ed. Francofurti 1722. Richard Simo.n (né 1638, oralorien jusqu’en 16 ; 8, -{ 171a) distingue dans le Pentaleuque les Lois, qu’il attribue à Moïse, et Vhisloire, due en grande partie aux prophètes. Histoire critique du Vieux le i ta 'lient ; Paris, 1698 ; Rotterdam, 1685 (Voir H. Margival, Richard Simon et ta critiqua liiblique au XVII' sii’cle, Paris. 1900 ; F. Stitmmkr, nie Hedeutun^ Richard S miiris jUr die Pentateiichkritik ; A.T.Uche AOhandluugen, éd. I. Nikel, 111, 4, Mlinster, igiï). Richard Simon fui combattu par lOANNES Glkkicus (Lbclkrc, -{-1730), qui rapporta l’origine du Pentaleuque au temps de l’exil à Babylone, Seiitimens do quelques théologiens de Hullande sur V Histoire critique du Vieux Testament, Amsterdam, 1 685.

Le premier fondement scieutiGque de la t Hante critique B fut jeté par Jean.sthuc (-j- 1766), médecin de Louis XV. Conjectures sur les mémoires originaux dont il paroit que Morsit s’est servi pour composer le Livre de la Genèse. Bruxelles, 1753. Astrue remarqua que dans la Genèse (v.g.c.i) on trouve tantôt le nom divin Elohim, tnnlôt laltve ; il en conclut que Moïse, pour la composition de ce livre, a utilisé deux documents écrits, Vélohiste (X) elle iahviste (B) ; plus environ neuf sources secondaires et d’un usage plus restreint ; ainsi C= ; document où ne figure pas le nom de Dieu ; i>^ : document renfermant l’histoire des autres nations,.insi créa-t-il V’hypothi’se documentaire, que d’ailleurs il proposa comme seulement probable, se déclarant prêt à la rejeter si elle allait contre la vérité de la loi.

A la lin du xviii » siècle, lo. Eichhorn (-j- 1827) étendit la théorie à tout le Pentaleuque (Mosis ^achrichten von der Xoachischen Fiat ; Bibl. u. Morgenlàndische l.iteratur, , 1779 ; Einleitung in das A.T., Leipzig, 1780 — 3. — Eichhorn a connu les conjectures de Astrue ; voir article île M. Siemens, Z. S.f, A.T.Uche U’issenschaft, XXVIU, 221-223 [1908]). Eichhorn enseigna que les cinq livres de Moïse ont été compilés d’après deux documents au moins ; dans

ses trois premières éditions, il accorda que Moïse lui-même est l’auteur du Pentaleuque, mais dans la quatrième (18a3-4) ' admit que le Pentaleuque a été compilé, d’après des documents émanés de Moïse et de ses contemporains, pa.- un auteur plus récent.

De cette théorie sont nées trois hypothèses ppinci |)ales :

i) Hypothèst des fragments : le Pentaleuque est formé de nombreux fragments assez mal asseiablés ; d’où tant de lacunes et de contradictions. Opinion proposée par A. Gbddes ({- 1802), Ecossais catholique (/Ae //yj>- BifcZe or (/le fiuovi accounted sacred br Jeivs and Christians. I. Pentateuch and Josua, London, 1792 ; Critical Remarks on the Pentateuch, ib., 1800). Suivie par Sbvbrin Vatbr () 1826) (Commenttir iiber den Pent., Halle. 1802-1805. T. lU, 393 sqq., avec version de l’ouvrage de Geddes. Vater admet 39 fragments, réunis au temps de l’eïil) ; par GoiLLAUME ub Wbtte (7 1859) (Seitràge zur Einleitung in das.4.r., ll. Kritik der isrælitischen Geschichte. i. Kritik der mosaischen Geschichte. Halle, 1807).

2) H. EwALD (-j- 1875) ayant démontré, par l’unité du Pentaleuque, l’impossibilité de cette hypothèse (flie Komposition der 6'e ; ies/s, Braunschweig, 1823), on lui substitua Vhypothàse des compléments. Elle admet une source primitive unique (Griindschrifiy, composée par des prêtres au xi' ou x' siècle : c’est V Eloliiste.ÎA&xs la narration présentait beaucoup de lacunes ; un auteur plus récent, qui appelait Dieu lahvé — le lahviste — l’augmenta de suppléments. .insi F. Blbbk (-]- 185y). De libri Genesis origine atque indote historica obsertationes, 1836 ; Fa. TocH (j- 1867), Kommentar liber die Genesis, Halle, |838, i.xxii sqq. De Wettb a souscrit à cette hypothèse dans les 5 » et 6 » éditions de son Lehrbuch der historischkrilischen Einleitung in das A. T., Berlin, 1840 et 184, ^.

3) H. Hui-FBLD ("j- 1866) entreprit de prouver que VElohiste n’est pas une source unique, mais résulte de la combinaison d’au moins deux documents, le Code sacerdotal (P. — Nom créé par Eicbborn pour désigner le Lévitique), et un document historicoprophéiique. />( « Quellen der Genesis und die Art ihrer /.iisammcnsetzung, p. 85 sqq., Berlin, 1853. —.vant Hupfeld, K. D. Ilgex (-]- 1834) avait proposé un système semblable dans : Urkunden des Jerusalemichen Tempelarchivs in ihrer Urgestalt, Halle, 1798. Th. NoELUBKB, L’ntersiichtingen zur Kritik des A. T., 1-149. K’el, 1866, ajouta que le lahvisteest une source indépendante de l’Eloliiste. Ainsi prévalut, sur l’hypothèse des compléments, la nouvelle hypothèse des documents, admise aujourd’hui par la presque unanimité des critiques protestants. En 1833, Ed.RKUss (j- 1891) exposa dans ses leçons piivées que ni chez les prophètes ni dans les premiers livres historique", de l’A. T. on ne trouve trace de la Loi, d’où il conclut qu'à cette date elle n’existait pas encore. Le premier noyau de toute la législation fut le Dentéronoine, publié sous le roi Josias (vers 622 av. J.G.) ; voir IV Reg., xxii.S sqq. ; le code sacerdotal (loi lévitique ) fut élaboré au temps de l’exil par Ezéchiel et l'école sacerdotale ; enfin tout le Pentaleuque fui compilé au temps d’Esdras (vers 4'14 av.J.-O.). A démontrer par arguments scientiliques cette théorie, s’appliquèrent K. H. Graf, auditeur de Reuss (f)ie geschichtlichi-n Biicher des A. T., Leipzig, 1866 ; voir aussi Mkrx, Archiv, f. wissenschaftl. Erforschungdes ^. T., I, 366, 477, Halle, 1869), et d’aulres (ainsi A. ICubnbn, Historischkritisch onderzoek naar het ontstaan en de verzameling van de boeken des Oiiden Verbonds, Leyde, 1861-5 ; Irad. allemande par Th. Weber, Leipzig, iSSS-iSgo ; Aug. Kaysbr,

1. 1889

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1890

Das vorexilische Buchder L’igeicIticUte Isræls ii/ui seine Env ilerungeii, Slraisburg, 1871). Mais tous furent surpassés par Jules Wellhauskn, qui, par des livres écrits avec uæ rare élégance et pleins d'érudition, conquit beaucoup d’adeptes à latliéorie. Elle s’appelle couramment « l’hypothèse wellliausienne ».

Parmi lea écrits do ^'eUIlau8en, voir : Proîegornena zur Geschic/tie Itrueis, Berlin, 188J ; 2' éd, 188', », sous ce titre : Die Composition des Uexaieuch und der hisiorischen Hiicherdes A.T. : Z' éi., 18 « 9. Israttitisc/ie u. judisclit (îejcA » V/i(f, Berlin, 18y4 ; 7 » é i., 1 ! » 14. E. Reuss a, lui aussi, publié ses leçons ; L’histoire sainte et la Loi, Vi aqq, Pans, I87'J ; Geschichle der heil. Schriften des.I.T.. Braunsclâweig : , 1881 ; 2* éd., 1890. Les autres auteur » qui défendent la théorie des sources distinctes, sont :..Ve8tPHAL, Les sources du l’entiiteujue, 2 vol., Paris, 1888, 1892 ; RoBERTsON S.mitu, The Oid Testament in the Jetvish Church, Edinburgh, 1881 ; 2 « éd., 18'I2 ; K.Buddf, Die bihtische ['rgeschichte, Giessen, 1883 ; B. Stade. Geschichle des Volhes Israël. I, Berlin, 1887 ; 2 « éd., 1889 ; II, 1888 ; S. K.DmvER. An Introduction to the literature of the O.T., Edinburgb, IS’JI ;.) éd., 1913, 1-159 ; iMostkt, Le Deutéronome et la question de l //exn/euy « i ;. Paria, 1891 ; 11. UoLzmcEK, Einleilung in den Uexaieuch, mit Tabeileu liber die Quellenscheidung, Leipiin, 1893 ; C. H Cokmll, r.inleitung in die kanonischen Biiclter des A. T.. freilmrgTilbingpn, 1891 ; 7- éd., 1913 ; P. W. Bacon, The genesis of Genesis, Uartord, 1813 ; The triple édition ol the Exodus, 18'.14 ; W. E.Addi.s, The documents 0/ the Uexaieuch, 2 vol., London, 1892-1898 ; G.VVildbbof.b, De letterkunde des Ouden Verbonds naar de Tijdsorde van haar onlstaan^ Groninjfen, 1893 ; 3= éd., 1913 ; trad alleni.par F.Riscii, Giitliniien, 1895 ; 2 « éd., 1905 ; K. Marti, Getchichte der ifsrælititchen Heligion, TaUingen, 1894 ; 2e éd., 18117 ; H. GUTHK. Geschichte des Volhes Israël, Leipzig, 1899, 2 » éd. l90'i ; G. Stf.uernagi ; l, Allgemrine Einleilung in den Hexateuch, Gottingen, 1900 ; Lehrbuch der EinUitung in das A. T., 120-273, Tubingen, 1912 ; J. E. Cauprnteh cl G. Hardford Battersby, The Hexateuch according to the Refised Version, London, 1900 ; Carpenter, The Composition of the Hexateuch, ib., 1902 ; B. Jacob, Der Pentateach, Exegetiach-krilîsche Forschungen, Leipzig, 1905 : L. Gautier. Introduction à l’A. T., Laiisanne, 190() ; 2' éd., 1914, '13-214 ; R. Skexd. Die Erzalilung des Hexateuch auf ihre Qællen unlersucht, Berlin, 1912 ; E. Sh. Bright.man, The sources of the Hexateuch, New-York, l918 etc.

D’autres auteurs, tout en adoptant l’hypolbèse documentaire dans son ensemble, s’elTorcenl de faire plus ou moins justice à la tradition juive. Ainsi A. DiLLMANN, Commentar zu Num. Dt.Ios., SgS-ôSo, Leipzig, 1886 ; A. Klostbrmann, Der Pentateucli. Beitriige zu seiiieni Verstdndnis u. zu neiner Enlstehungsg' schichie, Leipzig, 1898, U, 1907 ; E. Koenig, Einleituiig in das A. T., Bonn, i 898 ; (Geschichte der .4. T. lichen Ileligioii, 12 sqq., Giitersloh, 1912.

On distingue dans le Pentateuqnc quatre sources principales :

1) Le Inhviste (1), qui a retracé naïvement et peint de vives couleurs l’histoire des origines du monde jusqu'à Moïse ou peut-être jusqu'à Jo<ué ; on prétend même le retrouver dans le livre de Samuel. Gomme il raconte l’histoire des patriarches à Hebron, à Bersabée, etc., on admet communément que cet écrit a vu le jour dans le royaumede Juda vers 800 av. J.-C, ou en général au viii' siùcle au plus tôt. Wellhausen admet 850 ; Kônig 1000 ; Sellin, le temps de David ou deSalomon.Le lahviste poursuit l’histoire |)riniitive du genre humain et l’histoire du peuple choisi jusqu'à la mort de Moïse ; les premiers combats livrés dans la terre de Clianaan ; il insiste surtout sur le droit qu’ont les Israélites à occuper cette terre.

3) VElnhiste (E), originaire du royaume d’Israël, car il raconte l’histoire des patriarches à Bethel, Sichem, etc., embrasse la période depuis la vocation

Tome III.

d’Abraham jusqu'à l’occupation de la terre de Chanaan ; il écrivit au IXe ou VIIIe siècle (Wellhausen) ; selon Kiinig, vers 1200 ; selon Sellin, au temps de Salomon. L’Elohiste rapporte avec prédilection les songes et révélations divines.

3) Le Deutéronome (D), composé au temps de Manassès (vers 685-643) ou de Josias (un peu avant 622). — R. H. Kennett, The date of Deuteronomy, dans Journal of' Theological Studies, VU, 481-500 (1906), tient que lu Deutéronome fut écrit durant l’exil ; K.Diiy, J’he promulgation ofDeuleroniimy, dans Journal of liihlicat Literature, XXI, 197-218 (1902), l’attribue à de pieux juifs, vivant après l’exil.

4) Le Code sacerdotal (P), composé durant la captivité de Babylone ou vers l’an 500, renferme l’histoire du culte divin..Vussi parle-t-il du Tabernacle de l’Alliance, des sacrifices, des prêtres, des léviies, etc. Cette source occupe tout le Lévitique, la très grande part de l’Exode et des Nombres ; on la retrouve même dans la Genèse (notamment, Hexaméron).

Plusieurs auteurs, comme P. IIaupt, Babntscii, nient l’unité littéraire des diverses sources, et admettent de multiples rédactions qu’ils désignent par les sigles Ii, 12, IJ, E', E-.

Ajoutez des sources secondaires, comme le fvvre de l’Alliance (Bb), Ex., xxi-xxiii, qui contient d’anciennes coutumes légales consignées par écrit peutêtre au IX' siècle ; et la Loi de Sainteté (H), f.ev., xv-xxvi, écrite au temps de l’exil.

Après l’exil de Babylone, ces diverses sources furent fondues dans une œuvre unique (I et E s'étaient déjà réunies avant l’exil), et l'œuvre fut publiée sous le nom de Moïse ; le Code sacerdotal obtint force de loi par l’autorité d’Esdras (voir K. BuDOB, Der Kanon des.4. T., 3| sqq., Giessen, 1900) ; vers 400, le Pentateuqnc entier existait ; il fut reçu comme livre sacré par les Samaritains aussi.

Pour faciliter la distinction des sources, les extraits des divers documents sontimpriinés en diverses c<mleurs dans l'édition critique du texte hébreu de l’A. T. publiée par P. IIavpt, The polychrome /lible in hehreit' ; ou : The sacred hooks of thé O. T. A critical édition 0/ the hebrenlexl printed m colours with notes. London, 1898 sqq.

II. MoïsR auteur du Pentateuqur. — A consulter :

.uteurs catholiques : F. V’iGounoux, Les Livres saiiilset la critique rationaliste, HI, i-126, Paris, 1902 ; L. Mkcuineau, L’origine mosaïque du l’enlnleitque. Paris, 1901 ; I. Kley, Die Penlateuchfrage, Miinster, 1908 ; G. HoBERG, Moses u.Jer Pentateuch (Bibl. ^Indien X, /(), Freiburg, 1900 ; E.Mangbnot, L’aulhenticité mosaïque, etc., 200 sqq. ; Vigourous-Brassac, Manuel hihlique*'<, l, Paris, 1917, 298-861.

Non catholiques : A. Zaun, Ernste Blicke in den yVahn der modernen Kritikdes.<. T., Giitersloh, 1898 ; Ed.RupPRRCHT.fli’e.Anschauung der kritischen Scha’e ll’ellhausens vom Pentateuch, Leipzig, 1898 ; Das Bdihsel des Fiinfbuches Mosis u. seine Lôsung, Giitersloh, 1 89' !  : Des Rcithsel’s Liisung oder Beitrà^e zur rirhtigen Ldsung des Pentateiichrâthsels, ^ voll., ib., 189.5-1897 ; Die Kriiik nach ihrem Hecht und (Jnrechl. ib., 1897 ; W. H. Grrbn, Moses and the Prophels. New-York, |883 ; The higher Criticism of the Peiitatt-iich, il)., 1896 ; germanice rd. O. BKCiiKn, Giiters1011, 1897 ; P- I.Hœdemakbr, fier mosai’sc/ie Crsprung der Gesetie in Exodus. I.ev. und Num., Giitersloh, 1897 ; R. 'V. French. l.ex Mosaica, London, i 8y4 ; H. M. 'WlF.NRR, Studies in bihlical La » ', London, 1 904 ; The nrigin of the Pentateuch, ib., 1910 ; Pentateuchal Studies, ib., 1912 ; 'W. Miii.LKn, tVider den Bann der Queltenscheidung, Giiter.<loli, 1912 ; D. 1Iofi-ma » n,

60 1891

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1892

Die ^yichtigsten Insluii-.en gegeii die Graf-Wellhaasenscke Hypothèse, Berlin, ig16 ; A. H. Finn, The nnity of the Peiitaleucli, London, 1917.

Il est certain que Juifs et chrétiens ont de tout temps considéré Moï-e comme l’auleur du Penlaleuque. La tradition chrétienne dérive sûrement des Juifs, car les Pères ne se livraient pas à des enquêtes personnelles sur l’origine humaine des livres de l’A.T. ; quand ils avaient à parler des auteurs de l’A.T., ils se référaient à la tradition juive ; ainsi saint HiLAiHB, De Trm., 1, v, parle des livres u quos a Moyse alque proplietis scriptos esse Ht hræoruin religio tradehat « ; Jdniuus Afhicanus, De partibiis divinæ Legis, I, viii, enseigne que l’on peut connaître les auteurs des livres divins, ’^oil par les titres et préambules, pomme pour les livres prophétiques et les épîtres de l’Apôtre, soit parles titres senls, comme pour les évangiles, soit par la Iraditiondes anciens : ainsi la tradition attribue à Moïse la composition des cinq premiers livres historiques Cf. H. Kihn, Theodur r. Mujjsæstia u.lunilius Africaniis ulsExegtten, 480, Freiburg, 1880. Saint Isidork db Sévillb écrit, De Ecclesiæ officiis, I, xii : « Veteris autem Teatamenti secundum Hebræorum traditioiiem hi scriplores habentur : Primus Moyses scripsil Pentateuchum » etc. Il faut donc rechercher ce qu’enseigne la tradition des Hébreux sur l’origine du Pentoteuque. Celte tradition ressort : i) du Pentateuque même ; a) des ténioignagesdesautres livres de l’A.T. ; 3) des témoignages duN.T.

I. Témoignages du Pentuleiir/iie jnème. — Le Pentateuque renferme des témoignages clairs établissant avec certitude que Moi>e a écrit une grande partie des cinq livres.

a) Ex., XVII. 14 : Dixit autem Dominas ad Moyæn : Scribe hæc ob muniinentum (pour en conserver la mémoire) in libru (basbepher : dans nn livre déterminé ; Lxx : cli ^iZii’y : dans un certain livre). Donc Moïse reçoit l’ordre de consigner par écrit la victoire remportée sur les Anialécites, alin d’en conserver la mémoire, parce que Dieu exterminera les Amaléciles ; et on doit supposer que Moïse obéit à l’ordre divin, quoique le texte ne le dise pas.

/<) kx., XXIV, 4 : Scripsit autem Moyses omnes serniunes Doniini ; j : assumensque volumen f’oederis (sepher habberii), legit audiente populo. Le Livre de rvlliânce, qui est attribué à Moïse, contenait sans nul doute le Décalogue (xx, 1-17) et la Loi de l’Alliance, XX, a2-Kxni, 33.

c) El., xxxiv, 37, il est question de la rénovation de r.Ilianee après la défection du peuple (adoration du veau d’or) ; nous lisons : Di.iitrjue Dominas ad MoYsen : Scribe tibi verba hæc, quibiis et tecum et cam Israël pepigi foedus. Ces mots visent les lois proposées 17>i<i., xxxiv, io-’26.

d).Vam., xxxni, a, il est dit que Moïse nota les campements des tils d’Israël dans le désert. D’où l’on doit conclure qu’il dressa une liste notant les lialles des Israélites et leurs marches dans le désert, encore que celle liste ne nous soit peut-être pas parvenue dans sa forme originelle, car dans.V « m., xxxiii, elle est incomplète.

e) Deut., XXXI, 9 : Scripsit itaque Moyses legeni hanc et tradidit eam sacerdotibus filiis Leti. 24 : Postquam ergo scripsit Moyses verba tegis huius in votumine (ni sepher) atque complevit… cf. xxix, 19-20. Certains auteurs, comme Kaolbn, Einleititng ^, U, i-i ; CoBNELY, Compendiam^, aoi ; Zscbokke, Historia Sacra A. T., 148, Vindobonae, 1910, voudraient tirer de ces mots un argument décisif pour {’origine mosaïque de tout le Pentateuque. Il est sûr qu’au temps du Christ le mot Torali désignait l’enserabls des cinq livres de la Loi ; mais il faudrait démon trer qu’il possédait ce sens des le temps de Moïse. /.oi se dit : a) pour une loi particulière : loi de la lèpre, du blasphème ; b) pour l’ensemble des lois promulguées par ]Ioïse ; ainsi Deut., xxxiii, 4’Legeni præcepit nobis Moyses ; c) pour l’ensemble du Pentateuque, d’après la partie principale ; d) dans le N. T., parfois pour tous les livres de l’A. T., ainsi I Cor., XIV, 21. Ces allirmations et autres semblables sur la Loi. qui se rencontrent dans Deut., semblent, d’après le contexte, se rapporter pliitflt aux seules lois deutéronomiques (ainsi pensent d’excellents exégèli’s, tels que’Postât, Cornkuus a Lapidb, Lohin) ; on ne peut même pas prouver qu’elles visent le Deutéronome entier sous sa forme actuelle.

Des témoignages cités, il ressort avec évidence que Moïse a consigné par écrit au moins une partie des lois contenues dans le Pentateuque, et en outre certains faits de l’histoire d’Israël au désert. A ces témoignages explicites, s’ajoutent les critères internes, qui montrent que beaucou[) de lois rapportées dans le Pentateuque furent promulguées lors du séjour des Israélites au désert, et donc peuvent être attribuées à Moïse.

a) Certaines lois supposent que le peuple habite un camp, car elles disent expressément ce qu’il faut faire dans le camp et hors ùucamp.Aiiisi f.ev., Tivi, gi^ (bouc émissaire, au jour de l’expiation) ; Num.,

XIX, a-ai (préparation do l’eau lustrale ; sacrifice de la vache rousse hors <lu camp), etc..Si ces lois ont été portées dans la terre de Chanaan, on ne voit pas pourquoi le législateur les aurait adaptées à la condilioird’un peuple habitant un camp ; à moins de dire qu’il le lit à dessein, jiour donner aux lois qu’il portait l’autorité d’uue haute antiquité. Celle pieuse fraude ue doit pas se présumer ; il faudrait la prouver solidement.

b) Certaines lois ne pouvaient s’observer que dans l’étroit espace d’un camp, non dans un vaste territoire ; ainsi f.ei-., xvii, 3 g (le sang de loua les animaux immolés doit être olTerl au Seigneur à la porte du tabernacle).

c) Parfois la forme même des lois indique que le peuple n’habite pas encore en Chanaan ; ainsi i’jr.,

XX, 13 : « Honora palrem tuum et matrem tuam, <it sis longævus super terrain quam Dominus Deus tuus dahit tibi « ; cf. Deut., v, 16 : « Utbenesit tihi in terra i|iiaiu D. D. tuus daturiis est tibi. »

d) Certaines lois sont données en vue de l’avenir, après l’entrée des Israélites en Chanaan..insi Num., XV, 2 sqq : « Cum ingressi fueritts terrar.i habitationis vestrae, quam ego dabo vobis, et fecerilis oblalionem Domino », etc.

e) Certains animaux, dont la chair était permise aux Israélites (Lev., xv, i sqq.), vivent seulement dans le désert, non en Chanaan. De même le bois setim (acacia mimosa nilotica, ég. Shent, cf. E. Navillb, The Shittim iood.Procecdingsofihe Society of Bililical Archæology, XXXIV, 180-190 [igii]). dont l’Arche d’Alliance et son mobilier devaient être fabriqués(£’j-., xxv, losqq.), ne se rencontre pas en Palestine, mais seulement dans la péninsule sinaïlique.

f) Le peuple est invité à ne pas suivre la coutume de la terre d’Egypte, qu’il a habitée, Lev., xvni, 3 ; cette invitation se comprend mieux si la Loifat donnée peu après la sortie d’Egypte.

De même, le récit de beaucoup de faits historiques, rapportés dans le Pentateuque, paraît remonter au temps de Moïse. Beaucoup, surtout dans le livre des Nombres, sont rapportés avec les moindres circonstances de personnes, de lieux, de chiffres, de manière à exclure l’idée d’une tradition purement orale conservée pendant des siècles. Il faut dont 1893

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1894

admettre, ou bien qu’ils ont été forgés avec intention par un écrivain iiootérieur, ce que les adversaires de l’origine mosaïque du Pentaleuque ne sauraient prouver par ar)?uments solides, ou qu’ils ont été consijcnés par écrit par un témoin contemporain. El comme par ailleurs il est constant que Moïse a écrit le récit de plusieurs événements, la présomption demeure favorable à Moïse. Car on ne saurait produire aucune raison s’opposant à ce que beaucoup d’autres f> » its, sans lui être expressément attribués dans le Pentateuque, remontent à son témoignage irami’diat.

Le texte suppose très souvent que l’Egypte et le désert sont plus familiers aux lecteurs que la terre de Cliannan. Aussi les lieux et régions d’Egypte, comme (iosen (Œn., xlvi, 38), On (it>.. xli, 45), Pithotii (Hx., i, II), Pi-/iachirol, MigJal (ib, xiv, 2), sont-ils nommés simplement, sans i)lus ample détermination ; si I auteur parle des régions et des cités de Clianaan, il se réfère, pour illustrer la iiensée, à l’Egypte ; ainsi la région voisine du Jourdain est-elle compiirée à l’Egypte, telle qu’elle apparaît en venant de Zoar (Gen., xiii, 10 ; lire, selon syr, Zoan-Tanis) ; Hebron est dite fondée sept ans avant Zoan, ville d’Egypte(iV » ; n., xiii, 28). Latopograpliiede Chanaan ne paraît pas si connue des lecteurs ; on lit, par exemple : « llebron, ou Arbee, ville de Clianaan » (Gen., XXIII, 3, 19) ; de même pour Sichem (ib., xxxiii, 18) ; voir aussi la description des monts Ilebal et Garizim, />eut., xi, 19 sqq

On peut doncconclureque, des témoignages exprès et du caractère interne du Pentateuque, il ressort que beaucoup de parties renfermées dans les cinq livres ont été écrites ou dictées par Moïse ; bien qu’on ne puisse prouver rigoureusement que le Pentateuque, sous sa forme présente, est l'œuvre exclusive de Moïse.

3. Témoi « nagcs desaaireslivres de l’A. T. — On peut alléguer divers textes prouvant que Moïse donna au peuple, sorti de la servitude d’Egypte, une loi écrite :

a) /' » s., I, 8, il est question de l’u/dj/iine legis huiiis ; XX, 6, de vnlnmine legis Moysi- d’après viii, 31-35, Josué écrivit sur la pierre dettteronomiiim legisMoysi (misclin^h tôrat-Moscheh) ; ce dernier passage paraît désigner quelques lois brèves ou une très brève synthèse (le l « législation de Moïse : car il serait absurde de dire que Josué écrivit sur la pierre tout le Pentateuque. Josué éleva sur le montHebal un autel, selon l’ordre de Moïse, consigné dans le livre de la Loi de Moïse (viii, 31). Donc le livre de Josué garantit ineontestablement le rôle de Moïse, rédacteur de la Loi.

b) Dans les Livres des Rois.publiés vraisemblablement « u temps de l’exil (encore que l’auteur ait usé de documents plus anciens), il est question « les lois de M’iïse : III Rrg., 11, 5, David exhorte Saloman à garder les cérémonies du Seigneur, ses précepies, ses jugements, ses témoignages, selon qu’il est écrit dans la Loi de Moïse (cf. Deid., xvii, ig) ; IV Tfe^., xiv, 6, règne d’Amasias (cf. /)eH(., xxiv, 16).

Les premiers prophètes ne parlent pas expressément de Moïse auteur de la Loi ; mais souvent de la Loi du Seiffneur ; ainsi Amos, ii, 4, annonce à Jnda les cliètimenis divins, eo qttod abieceril l.e-em Domini. Or cette Loi paraît avoir été écrite, car 1er, , xxxt, 33, Dieu promet une autre Loi, qu’il écrira dans l’e cœur des fils de Juda ; viii, 8, il est question des scrilips qui. d’une plume menteuse, faussent la Loi du Seigneur. Michée, vi, 5, fait allusion à l’Iiistoire de Balac roi de Moab et du prophète Balaam (Niim.. xxii-xxiv). Osée, xii, rappelle sommairement riii-iloire dn patriarche Jacob ; donc il la sn[ipose très connue ; d’où l’on peut conclure qu’au

I temps de ce prophète cette histoire existait par

! écrit. Or, selon les critiques récents, l’histoire

j de Jacob, telle qu’elle se lit Gen., xxT-xxxv, résulte de la combinaison de deux ou trois sources : 1 E (Elohiste-Jahvisle)et P (code sacerd.). Et les emprunts d’Osée suivent parlielloineiit I (xil, 4 sqq. : in fortitudine suit directus est cuni angelo et invalnil <id angeliim el cunfurtatits est) ; partiellement P (5 : /ïevil et rogavit eiim ; in Bethel invertit eitni). Donc, si l’on veut admettre la théorie de la distinction des sources, on doit accorder qu’au temps d’Osée ces diverses sources (y compris la partie du code sacerdotal qu’on se pinit à dater du temps de l’exil) existaient déjà ; que même 1 et E avaient été fondus en un seul récit (Cf. P. "N’gTTKH, Dte Zetigntssf, etc. Theol. Quurlatsclir.LXXWni. igysqq. (igoi) ; Th. NoLDEKE, Untersiicliitngen zur kritih des A T., 140, Kicl, 186y, en convient. Selon Van Hoonackeu. /es petits prophètes. 112, Paris, igo8, le prophète cileuu poème populaire : n Osée fait parler le peuple, en citant des extraits de quelque ]ioésie po[>ulaire qui exaltait la gloire d’Israël »). 11, 8 fait allusion à Dent.,

VII, 13 ; donc encore ce livre ou ce fragment de liro parait avoir été connu d’Osée. On peut tirer une oonclusion semblable d'^-ïmos, qui parle de la destruction de Sodome et Gomorrhe, iv, 1 1, cf. Gen., xix, 35 ; ' de la délivrance d’Egypte et du séjour au désert,

II, 10, cf. Ex.. XII, etc. (lE) ; de la haute stature « les Amorrhéens, 11, g, cf. Niim.. xiii, 39, 32-34 (I E) ; des vêtements pris en gage, 11, 8, cf. Ex., xxii, 36 (Livre d’Alliance) ; du nazaréal, ii, i, cf. Num., vi(P), etc.

c) A partir du temps de l’exil, les témoignages en faveur de l’origine mosaïque de Pentateuque se multiplient : Il Par., XXV, 4 ; XXXIV, 1 4 ; XXXV, 1 2 ; Esdr., VI, 10 ;.Velt., VIII, I. 14 ; XIII, i ; />an., ix, 11, |3 ; Mal.,

III, 23 (vulg., IV, 4)- Par la Loi, qu’Esdras, en 444, au retour de la fête des Tabernacles, lut au peuple pendant huit jours, il faut entendre, non le seulGode sacerdotal, mais l’ensemble du Pentateuque (cf. HuM.MELAL’BR, Cotnm. in Dent., g5-ioi, Paris, iqoi). C’est ce qui ressort de la prière récitée par les lévites après la lecture de la Loi (.eli, ix, 6 sqq), lacjuelle n’est qu’une brève synthèse de tout le Pentateuque : Tu, Dnmine, qui fecisfi cælum… terrant et iiniversa quæ in eu sunt… (cf. Gen., Mi) ; qui elegisti Abraham et eduxisti euni Je fr(vulg. igné) Chaldæorunt (cf. Gen., xn) ; et poauisti iionien eius Abraham. (cf. Gen., xvii) ; perctissisti cuni eo foedns, ut dares ei terrnm Chananæi… (cf. Gen., xv, 18 sq((.) ; vidisti afflictioiiem patrum nostroritm in Aegypto (cf. E.r., III, 7 sqq.) ; dedisti signa atque portenta in Pharaone (cf. Ex., VII, 8x11) ; mnre divisisti ante enn et transieruntper medimn maris in siccu (Ex., -x.i) ; ad montem quoque Sinai descendisli… et dedisti eis iudicia recta (cf. E.r., xix-xxiv) ; non dereliquisti eos cum fecissent sihi vitiilnm conflatilem (cf. Ex.. xxxnxxxiv) ; Coliimna nitbis non recessit ab eis per diem et columna ignis per noctem (cf. Num., ix, 15 sqq.) ; Vestimenta enrnmiinn inveternverunt et pedes eorum non sunt attriti (cf. Dent., viii, 4), etc. Il paraît certain que le gendre de Sanaballat, chassé par Néhéraie pour n’avoir pas voulu congédier une épouse étrangère (A^eA., XIII, 38), n’est antre que Manassès, (ils du grand-prêtre qui, selon Flavius Josèphe (Ant., XI,

VIII, 2), s’enfuit chez les Samaritains ; encore que Josèphe, ici comme souvent ailleurs, erre sur la chronologie, car il le fait vivre au temps d’Alexandre le Grand. Il faut donc dire que, an moins dès le trmps d’Esdras et de Néhémie, les Samaritains admettaient le Pentateuque, qu’ils n’ont cessé jusqu'à nos jours d’attribuer h Moïse (Quelques auteurs, citant IV lieg., XVII, 24 sqq., disent que dès le viir siècle, après la chute du royaume d’Israël (722), la Loi fut donnée 1895

PENTATËUQUE KT HEXATEUQUE

1896

aux Sainarilains, ce qui aide à comprendre la parole des Samarilaiiis, Esdr., iv, a : « AediUcemus vobiscum, quia ila ut vos quærimus Deuin vestruiu ; ecco nos imiuolaviuuis victiraas a diebus Asar-Haddon rrgis Assur, qui adduxil nos hue. ») D’où l’on peut conclure indirectement qu’au moins au V siècle av. J..C., les Juifs croyaient fermement à l’origine mosaïque du Pentaleuque.

Ajoutons une confirmation indirecte : parles livres historiques (/iid., Beg.), on peutétablir qu’au moins les principales institutions de la Loi étaient connues des Israélites dès une époque ancienne. Ainsi lad. parle du tabernacle de l’Alliance (xviii, 21), de l’Arche d’Alliance (xx, 27), des sacriQces qu’on y offrait (kxi, 19 sqq.), du vœu de nazaréat (xiii, cC.Niim., vi). Les Livres des Rois fournissent de nouveaux, traits (ainsi les fils d’Uéli punis de mort pour n’avoir pas observé dans les sacrilices les prescriptions de la Loi, l lifg-. II. 12-17… Nabolh refuse de vendre sa vigne, m lieg., xxi, cf. I.ev., xxv, 28, etc.). Les auteurs qui prétendent que toutes les allusions à la Loi ont été insérées postérieurement dans les livres historiques par une pieuse fraude, s’engagent dans un cercle vicieux. Car ils s’efforcent de prouver, par les livres historiques, que la Loi n’existait pas avant l’exil ; et s’ils rencontrent dans ces livres un texte qui suppose l’existence de la Loi, ils le déclarent interpolé. Pourquoi ? parce que, à cette date, la Loi ue devait pas exister. Ils recourent souvent à l’ar-Sumenldu silence : la Loi n’était pas observée, donc elle n’existait pas. Il faut avouer que les livres des Ju^’es et de Samuel présentent des exemples do nonobservation de telle ou telle loi ; mais il ne suit jioint de là qu’elle n’existait pas. Car au cours des premiers siècles après l’occupation de la terre de CUanaan, l’unité politique des douze tribus n’était pas encore réalisée, chacune luttait pour son compte, ladcfaile des Chananéens n’était pas achevée ; l’instabilité de la vie politique ne permettait pas la stricte observation de toutes les lois.

3. Témoignages du Nouveau restameiit. — Le Christ et leî auteurs du N. ï. parlent très souvent des livres doMoïse ou simplement de Moïse, ou citent des textes du Pentateuque sous le nom de Moïse. Moïse a ordonné (Mt., VII, 4) ; permis (ib., xix, 8) ; dit (Me, VII, 10) ; écrit (llom., x, 5) ; ailleurs il est question de la Loi de Moïse (Ahc.xxiv, 44) ; du Livre de Moïse (.Wc, XII, 26) ; on lit Moïse dans les synagogucs(^c(.. XV, 21 ; Il Cor., iii, 15) etc… Voir encore iVl., viii, t, ; Luc, XVI, 29 ; Act., XXI, 21 ; xxvi, 22 ; / «., v. 45 sqi).

Les rationalistes, qui voient dans le Christ un i)ur homme sujet à l’erreur comme tous les mortels, négligent entièrement ou rejettent ce témoignage du N. T. D’autres, au contraire, affirment que le Christ et les apùtres ont enseigné formellement l’origine mosaïque du Pentaleuque, et donc qu’il faut la tenir de foi..Ainsi Gobnbly, Introdacliu specialis, I, 3538(1887) ; Cornkly-Hagb.n, Compendium^, 200, Paris, 1914, 19(’) ; Cerkseto, Tie classi di Dotlori, 156 sq., Genova, igoS ; L. Mkcuineau, S. J., L’origine mosaïque du Pentuteuque, 34 ; Mao.nier, Eclaircissements exégètiques, 7-10 ; semblablerænt L. Murillo, El Genesis, 15 sqq. D’autres enfin pensent que la révélation divine n’avait pas pour but de résoudre des questions relevant des sciences profanes, par exemple de l’histoire ; que dans ces questions les auteurs sacrés suivent les opinions régnantes de leur temps, que conséquemment le Christ lui-même n’a ]>as voulu nous enseigner l’origine du Pentateuque, mais s’est accommodé à l’opinion des Juifs contemporains, qui s’accordaient à attribuer à Moïse les cinq livres de la Loi. Ainsi B. Stedgrnagel, Ein-Icitung in den Ilcxateuck, 25 1 ; L. Gautier, fnlro duction., 199 sq ; Loisy, Etudes bibliques, 109 sqq., Paris, 1901 ; J. M. Laorangb, Les sources du Pentateuque, Rev. Bibl., VU, a3 (1898) ; Hummelaubii, Exegetisches zur Inspirations/rage, (j5 sq. (fltbl. Studien, IX, 4), Freiburg, 1904 ; Th. Calmes, L’Evangile selon S. Jean, 233, Paris, 1904 : « Nous nous bornerons à faire observer que la personne de Moïse n’y est mentionnée qu’indirectement. Les termes de l’opposition sont le Livre de la Loi qui porte le nom de Moïse, et les paroles de Jésus. » N. Peters, Die grundsàtzliclte Stellnng der Katliol Kirche zur Bibelforschung, 69 sq. Paderborn, igo5, Voir, sur cette question. St. Dillmann, loh., v, 4547’" der Pentateuchfrage, Bibl. Zeitschrift, XV, 139-148 ; 219-228 [1918-9]. Mais cette explication est délicicnte. Accordons que le Christel les Apôtres ont pu ciler le Penlateuque sous le nom de Moïse, parce que tel était le seiitimml des Juifs de leur temps sur le Penlateuque ; mais il eu va autrement quand le Seigneur dit en termes exprès que Moïse a écrit de lui, lo., v, 45 sq. : a Est qui accusai vos Moyses, in quo vos speralis. Si enim crederetis Moysi.crederetis forsilan (entendre : H/ ; V/ue)et niihi. de me enim itle scripsit. » Le Seigneur ne pouvait guère s’exprimer ainsi si Moïse n’avait rien écrit de lui ; car il tire argument de la personne de Moïse, non du Livre de la Loi, à lui attribué. D’après ce texte, on doit tenir non seulement que Moïse a écrit, mais qu’il a écrit du Christ. D’ailleurs ces paroles ne suIBsenl pas pour démontrer que Moïse est l’auteur de tout le Penlateuque.

[CoRNBLY, hilroductio, II, 36, dit : « Integrum Pentaleuchum, quatenus sive verbis sive rébus adveii tum Christi prædixil, hoc lextu designari nemo prudens negaverit. » I. Kwarenbaubu, Comm. in lo., aii, Paris, 1898, s’exprime avec beaucoup plus de précaution : « Notandum hac Chrisli loculiout" et argumentalione clarissime aflirraari scripsisse Moysen eiusque scripta extare apud ludæos. » Cf. F. Prat, S. I., Le code du Sinai, 62, Paris, 1904 ; 1. Corluy, Comment, in lo.^, 128 sq., Gandavi, 1880, pense que les paroles du Christ visent seulement les oracles messianiques du Pentateuque ; lel est aussi le senti ment de Cl. Fillion, Evangile selon S. Jeun, I15, Paris, 1887. Sur toute la question, cf. E. Manqenot, L’authenticité mosaïque du Pentateuque, 279 sqq.]

Pour résumer en peu de mots les considérations précédentes, nous pouvons conclure : de témoignages clairs de l’Ecriture sainte, il résulte que Moïse a sûrement écrit une très grande partie du Penlateuque, ce que d’ailleurs permeltent d’élablir des raisons internes. Mais on sortirait des justes bornes en affirmant que ces témoignages élnblissenl pcremploiremenl que le Pentaleuque, du commencement à la liii, est dii à la plume de Moïse.

m. Principales niFi-icuLTiis contre l’orioink M08AÏ1.JUE DU Pbntatkuqub. — i./.a découverte du Deutéronome. — Selon IV Beg., xxii, 3 sqq. (cf. Il Par., XXXIV, 3 sqq.), en l’an 18 du règne de Josias (vers 612 av. J.-C), lors de la restauration du Temple, le prêtre Helcias découvrit le livre de la Loi, II, Pur., XXXIV, 14 : liber Legis Domini per mnnum Muysi. Le pieux roi le fit lire et invita tout le peuple à s’obliger par serment à observer celle Loi ; lui-même y obéit religieusement en extirpant l’idolâlrip, détruisant les hauts lieux, restaurant le pur culte divin. Des auteurs récents assurent que celle Loi découverte par Helcias n’était que le Deutéronome ou une partie de ce livre (l. Cullen, The Ttook oi’the Covenant in Moab, 1908, s’efforce de proiner que le livre découvert, dû à la plume de quelque prophète, ne contenait que Deut., vi-xi ; selon d’autres, c’étail la majeure partie de Deut., peut-être v, i-xxvi, 19, om 1897

PENTATKUQUE ET IIEXATEUQUE

1898

v-xxvm. Voir IIum.melauek, Comm. in Deut., 59, Paris, 1901). Celle loi, composée sous le règne de Josias ou peu avant, aurait été présentée au roi comme découverte dans le temple, et ainsi introduite par une pieuse fraude (ou par une liction juridique, selon quelques auteurs catholiques).

Certainement ce livre de la Loi ne comprenait pas tout le Pentateuque, il n’était même pas très étendu, car aussitôt après la découverte, le scribe Saplian le lit (IV iieg., xxii, 8) et, le même jour, en donne lecture au roi (il)., 10). On pourrait répondre qu’il ne ressort pas du texte que le livre entier fut lu ; pourtant c’est ce qui ressort sûrement de XXIII, 2 : « Legit cunctis audientibus omnia erba libri foederis, qui inventus est in domo Domini. >> Il est vrai aussi que des Pères ont vu dans ce livre le Deutéronome (Ainsi S. Jicromk, Adf. lovin., i, y : (I losias vir iustissimus, sub quo in templo Deuteronomii liber rcperlus est. » De même. In Ez., I. 1. S. JeanChrysostomf, In Malt., /fom., ix, 4 : « Après longtemps, le livre du Deutéronome, qui était perdu, fut enfin exliumé. » De même, Puocoi’e de Gaza, Comm. in Dent., xvii, 18). Admettons qu’il en soit ainsi ; que conclure ? Cette Loi est rapportée à Moïse, ou du moins appelée livre de la Loi de Moïse. En effet, Josias, pour avoir mis en vigueur le texte de îa Loi contenu dans le livre découvert par Helcias (IV Heg., XXIII, 29), sera loué d’être reenu au Seigneur selon toute la Loi de Moïse (ib., iS) ; d’où il résulte que le livre découvert dans le temple était la Loi de Moïse.

Cependant il ne paraît pas entièrement certain que la Loi découverte fût le seul Deutéronome, ou sa partie principale, à l’exclusion des lois lévitiques. S. A. Pries, Die Gesetzesclirift des Kunigs Josias, i-40, Leipzig, igoS, s’est efforcé de prouver que la réforme religieuse accomplie par le roi Josias s’appuyait sur les lois promulguées dans Ex., xxxir. Cependant il n’est pas douteux que ce livre de la Loi comprenait au moins une partie de notre Deutéronome, car certaines mesures prises par Josias ne peuvent se ramener qu’à Deut. Ainsi la prohibition du culte de la milice céleste (tV Reg., xxiii, 5 ; cf. Deut., IV, 19 et xvii, 3). Mais c’est une autre question de savoir si la Loi découverte était Deut., seul. Le principal argument en faveur dé cette opinion se tire du fait que Josias, pour accomplir la Loi découverte, abolit tous les sacrifices hors du temple de Jérusalem et limita le culte divin à un sanctuaire unique. Or celle limitation locale n’est prescrite que dans Deut., xii. On pourrait répondre : la réforme religieuse du roi Josias ne semble pas avoir consisté exclusivement dans la limitation du culte, mais surtout dans l’extirpation de l’idolâtrie, qui avait infecté toute la terre. Cela ressort surtout de IV fieg., XXIII, /|, où il est dit que Josias supprima le culte de Baal, de Moloch et des autres dieux. L’idolâtrie était, sans doute, le grand péché du peuple : voir les paroles de la prophétesse Hulda, ib., xxii, sq..- « Ecce ego adducam mala super locum islum.., quia dereliquerunt me et servieruni dits alienis. » Mais l’idolâtrie n’est pas condamnée moins sévèrement dans les autres livres que dans Deut. La limitation du culte à un sanctuaire était un moyen nécessaire pour atteindre cette lin principale. Gomme le culte idolfttrique affectionnait les montagnes et les collines répandues sur la terre, Josias, pour restaurer et maintenir le culte du vrai Dieu, détruisit tous les hauts lieux et ordonna que tous les sacrifices seraient offerts dans le temple de Jérusalem. Plusieurs fois, dans le récit de cette restauration religieuse, il est question de la destruction des hauts lieux ; ainsi, xxiii, 8. 15.

Or le terme technique hamah (haut lieu) ou iamot (hauts lieux) ne se rencontre pas une seule fois dans Deut. ; deux fois seulement on lit hamah, mais au sens poétique el métaphorique, dans le cantique de Moïse, Deut., xxxii, 13 : < Constituit eum (populum) super excelsam terrain ( » / bumiile (irez), ut comederet fructus agrorum » ; et dans la bénédiction de Moïse, Deut., xxxiii, 29 : « Tu eorum colla calcabis {’il bamàlêmô) « ; donc dans ces parties qui, selon les critiques récents, n’étaient pas contenues dans la Loi découverte sous le roi Josias. Mais le terme bamah revient souvent dans la Loi lévitique ; ainsi /.ei., xxvi, 30 : « Destruam excelsa veslra » ; Num., xxxM), 52 : « Omnia excelsa vastate ». Le roi Josias détruisit des statues du soleil, IV /i’e^., xxiii, )i, cf. /, er., xxvi, 30 : «.Simulacra confringam » ; il détruisit les stèles, cf. Aei’., xxvi i : « Neque titulos (m « r : ei « /i)erigelis » ; il interdit la nécromancie ella magie, IV lieg., xxiii, 5, cf. Lev., xix. 31 : « Non declinetls ad magos et nec ab ariolis aliquid sciscitemini » ; cf. XX, 6. D’où l’on pourrait conclure que, dans ce livre découvert sous Josias, Uguraientaussiquelques lois lévitiques Et même, si l’on excepte l’abolition dn culte rendu à la milice du ciel (IV Heg., xxiii, 4 sq., cf. Deut., IV, 19 et xvii, 3), toute la restauration religieuse accomplie par losias peut se ramener à d’autres livres du Pentateuque.

Des auteurs récents affirment que le prêtre Helcias, dans son zèle pour la restauration religieuse, offrit au roi, comme découverte dans le temple, cette loi composée peu auparavant par lui ou par d’autres, et ainsi, par une fiction juridique, l’introduisit sous le nom de Moïse (Ainsi’Th. Chbyne, Founders of O. T. Criticism, 267, London, iSgS). Que vaut cette aflirmalion ?


Est-il croyable que le roi el le peuple spontanément, sans aucune hésitation, se soient soumis au joug d’une loi qui imposait de graves obligations, sans s’informer aucunement de son origine ? Et qu’on ne dise pas que les Israélites s’inquiétaient peu de l’auteur du livre, ou que plusieurs furent publiés sous un nom d’emprunt : la parité n’existe pas, car il en va autrement d’un livre quelconque propre à nourrir la piété, autrement d’une loi grave qui restreint la liberté : nul ne recevra cette loi, sans être fixé sur son origine.

On peut accorder que Josias n’availjaiuaisenlendu précédemment les paroles contenues dans ce livre ; car son aïeul Manassès était adonné à l’idolâtrie, son père Araon honorait les dieux étrangers avec la même impiété ; Josias, parvenu au trône à huit ans el entouré d’idolâtres des l’enfance, ne savait rien du livre de la Loi. Mais il ne suit pas de là que la Loi n’existait pas encore. Le récit même parait contredire cette interprétation, car xxii, 13, leroi s’écrie : « Non audierunt patres nostri verba libri huius, ut facerentorane quod scriptum est nobis » : il suppose donc que la Loi n’était pas inconnue de ses pères.

Il ne manque pas de témoignages montrant que les lois deutéronomiques furent connues dès avant le temps de Josias. Selon IV Heg., xviii, 4 sqq., le foi Ezéchias (vers 714-696) s’appliqua à détruire les hauts lieux et à limiter le culte au Temple de Jérusalem ; donc il connaissait la loi de l’unité de culte, consignée Deut., xii. Le roi Amasias (vers 796-778) punit de mort les meurtriers de son père, mais épargna leurs fils, selon ce qui est écrit dans le livre de la Loi de Moïse : « Non morientur fllii pro parenlibus, sed unusquisque in peccato suo morielur. » Ib., XIV, 5 sq. Cette loi se trouve Deut., xxiv, 16.

En outre, beaucoup de choses, qui se lisent dans Deut., se comprendraient difficilement si elles eussent 1899

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1900

été écrites au temps de Josias ; ainsi, c. xxx.iii rapporte la bénédiction des douze triijus d’Israël ; or, les dix tribus avaient été emmenées en captivité dès naa, donc cent ans avant le temps de Josias. Deut., XII ne fait qu’indiquer obscurément le lieu unique où peut être célébré le culte divin ; 5 : « Ad locum quem elegerit Doniinus Deus vesler de cunclis Iribubus vestris venietis. » Un auteur écrivant au vii<^ siècle, alors « lue le temple de Saloraon existait dejuiis trois cents ans, aurait déterminé plus exactement le lieu du culte, peut-être eîit-il clairement désigné la ville de Jérusalem, surtout s’il appartenait au corps des prêtres du temple.

Dieu ordonne l’extermination des Ghananéens (vu, I ; XX, 17)etdes Amalécites (xxv, i-) sqq.), suppose qu’Israël redoute leur grande multitude (vu, 18etc.) ; or, au vu' siècle, à peine se trouvait-il des Ghananéens et des Amaléciles en Terre sainte ; et s’il en restait, sûrement leur nombre n'était pas tel qu’il pût inspirer de la crainte aux Israélites. — Si les prêtres de Jérusalem avaient publié la Loideutéronomique, ils n’auraient pas si facilement accordé aux prêtres et lévites dispersés sur la terre les mêmes droits et privilèges dont eux-mêmes jouissaieut. Gf. Deut., XVIII, 6-8. La loi du roi (Deut., xvii, 17 sqq.) n’a-t-elle été publiée qu’aux derniers jours du roaume ? Gf. I Reg., x, 26 (Samuel énonça au peuple la loi du royaume et la consigna dans un livre). Os., vui, 13 et IX, 3 paraît faire allusion à Z^eii/., xxviii, 68.

Aussi des auteurs non catholiques fort estimes accordent-ils que le Deutéronomefut « crit longtemps avant le temps de Josias. Ainsi Sriiiiciv, Eiitleituii^, 6u. KL06TBRMA.NN aliQrme même que le livre existait en germe dès le temps de Moïse. Beitrtige zur EntstehangsgeschiclUe des Pentateucli, A’eue Kirclil. Zeilschiifl, XllI, 23-a5 ; i-jS-ioi ; 4a8-447 ; 677-720 (itjoa) ; XIV, 26&-391 ; 354-377 ; 693-727 (1903). O. Naumann, Das Deuteronomium, das projihetische Slaatsgesetzdes theocratischenKônigt unis, Gixlevsloh, 1897, pense que le noyau de Deut. était la loi du royaume écrite par Samuel et la loi du temple, contenue en germe dans la prière de la dédicace du temple, prononcée par Saloiuou (III lieg., viii, 31 sqq.). Même G. Sternbbhg, Die EtIiiL des Deuteronomiums, Berlin, 1908, dit que le Deutéronome fut composé au temps de Salomon. E. Sellin, Einleitung, lii, enseigne que Deut, renferme des lois qui remontent au temps de Moïse et des Juges. — G. G, Cameron, J'/ie lans particulai- to Deut., Princeton theol. Revieiv, I, 43^-456 (igoS), montre que beaucoup de lois contenues dans Deut. manquent leiir but, si elles n’ont été faites au temps de Moïse. Même parmi les auteurs qui admettent une origine plus récente du livre, plusieurs excluent la « pieuse fraude » ; ainsi G. A. Smith, The Book of Detiteronomy, cv, Cambridge, 1918 : la pieuse fraude n’aurait pu être commise sans le prêtre Helcias qui, s’il eût publié le livre, aurait rédigé autrement la loi concernant les lévites (18) ; de même A. Bertholbt, Dfiiteronomium, xiii, Freiljurg, 1899 ; et O. BobttiGHtR, Das Verhàltnis des Deut. zu II Aon., xxii. XXIII und zur Prophétie leremia, Bonn, 1906. — Pour l’origine mosaïque de Deut., voir H. Pope, The dati of the composition ofDeuteronomy, Rome, 1910 ; F. S. Gigot, The mvsaic authorship of Deut., Irish Tkeological Quartfrlr Uevieti', IV, iii-^aô (1910). HuMMBLAUBR pense que les lois contenues Deut., XII- XXVI, ont été recueillies au temps des Juges.

Mais le livre de la Loi pouvait-il périr ? Le roi Manassès, aïeul de Josias, qui régna plus de quarante ans, adonnéà l’idolâtrie, poursuivait cruellement les prophètes ; faut-il s'étonner qu’il ait souhaité l’ané antissement d’une Loi qui condamnait son impiété? Aussi des prêtres animés du zèle de Dieu cacUèrent un exeiuplaire du livre de la Loi dans un lieu secret du Temple, où Il fut oublié au cours des ans. [Ainsi Cornélius a Lapide, citant Nicolas dk Lyrk, qui se réfère aux rabbins D. Kimchi et Hascui, affirmant que le roi Achaz fit brûler les livres de la Loi et que, pour cette raison, un exemplaire fut caché sous le pavé du temple ; O. Thenius, Die Biicher der Kônige^, Leipzig, 1873 ; HcMMBLAUER, Com. in Deut., 83 sqq. Que cette hypothèse ne soit pas gratuite, on le voit par un fait tout récent. H. O.mont raconte (Journal des Débats, 16fév. 1916) que, lors de la restauration du toit d’une chapelle de la cathédrale de Lyon, on trouva quatre caisses contenant des documents de l’ancien chapitre cathédral, entre aulres un cartulaire de l’année 1350 qui passait pour perdu, et un diplôme original de Charles, lils de l’empereur Lothaire 1 (861). Cf. Revue Bihl. ; X. S., XUl, 288 not.

(9'6)]

Une autre hypothèse a été proposée par E. Na ville (Egrption itritings in foundation walls and the âge of the l>ooh of Deuterononr) ; Proceedings of the Society of Biblical Archæology, XIX, 332-242(1917) ; La découverte de la Loi sous le roi -losias, Paris, 1910. Précurseurs de Na ville : T. H. Cheyne, lereniiah ; his life and times, 85, London, 1888 ; et K. Budde, Geschichte der ait. hebr. Ltteratur, 109, Leipzig, 1906, qui cite G. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, I, 73 sq., Paris, 1896). Divers exemples attestent la coutume égyptienne de déposer dans les fondements des temples des livres sacrés, qui ont reparu au jour après des siècles, lors de la restauration des temples. De même, Salomon enferma dans les fouJemenls du Temple un exemplaire du Deutéronome, qui fut découvert sous Josias : le livre découvert était donc du temps de Salomon. Ont sousorit à cette hypothèse ; A. U.SwcE, Expositor) limes, XXI, 46sq. (1909-10) ; H. Ghimme, Die Auffindung des Salomonischen Gesetzbuches unter Jasia ; Orientalistische Literaturzcitung, X, 610-615 (1907). L’ont combattue : W. Erbt, Der Fund des Deuteronomium, Orient. Lit.^tg., Xl, 5-}-&2 (1908) ; P. Haupt, Salomo’s Deuteronomium, il)., ligna ; partiellement aussi, E.KoE ! <io(Gesetzesfunde in Tempfln, ib., 126-137 ; — réplique de Gbimmb, Zur Annahme eines salomonischen Gesetzbuches, ib., 188-193 ; — du même auteur. Die habylonische Schrift u. Sprache u. die Originalgestaît der hebr. Schrift ; Zeitschr, d. Deutschen morgenlàndischen Gesellschafi, LXIV, 715 sqq. (1910)) et S. EuniNGKR (/.um Streit um das Deut. ; Bibl. Zeitfragen, IV, 8, Miinster, 1911 ; Die aegyptischen u. keilinschrifllichen Aiialoglen zuni Funde des Codex Helciae ; Bibl. Zeitschrift, IX, a30 sqq. ; 437 sqq. (1911) ; X, 13 sqq., 1 25 sqq. (191a) ; cf. UeRiMann, Aegxptische Analogien zum Funde des Deut., Zeistchr. /. A.T.liche IVissenscha/t, XXVIII, 291-802). Euringer montre par II Par., xxxiv, 14, <iue le livre fut découvert par Helcias dans un upparlem « nt du temple, non dans les fondements. — Grim.mb rapporte Deut., xxix, 28, à la découverte de l’exemplaire, et traduit : Ce qui avait été caché devant Jahvé notre Dieu, a été découvert pour nous et nos U ! s, afin que nous suivions tous les préceptes de cette Loi à jamais. » Hadpt, 1. c, rcjellc cette version et en propose une autre : a Ce qui est caché, (n')intéreàse (que) Jahvé ; ca qui est manifeste, (suûil) à nous et à nos fils, pour que nous accomplissions toutes les paroles de cette Loi à jamais. » U pense que ces mots sont une glose ajoutée à l'époque macchabécnne ; ce que nie E. Nbstle, Orient. Litztg, XI, 240-242(1908), parce que le texte figure soildaus la version grecque du Pentateuquefaitesous Plolémée IV (222-206), soit dans lePentateuque samaritain. Selon Hdumelaubr, 1901

PENTATEUQUR ET HEXATEUQUE

1902

Comm. in Œul., k^o ; Zum Dpnlfronnminm ; Ilibl. Sludien, VI, i. 2, ai, Freiburg, 1901, ce verset n’esl qu’un soupir (lu rédacteur ou du restiluteur du texte, qui déclare aijaiidonner à Dieu les parties oliscures (du teite), les parties claires ayant été données aux enTauts d’lsrui-1. R. Koknio, 1. c, alléguant la version grectjue, rà y.r.jT^zv. Kv^tw xCi 0s^j r, ^.Ciii rà hï jjv.vspv. r]fJ-tv^ explique la chose ainsi : les choses cachées — (l’avenir du per.ple choisi) sont dans les mains de Dieu. — Ceci proue que le texte est obscur et susceptible d’interprétations diverses ; mais on ne saurait en aucune façon prouver par Bout, même que le livre fut caché dans les fondements du temple et découvert après plusieurs siècles sous le roi Josias. — Quelque explication qu’on adopte, il faut tenir fermement ceci : le récit de IV Jicg. ne peut être relégué au rang des fables ni réduit à une liction ou à une pieuse fraude.

a. /a loi léi’ilique et l'école sacerdotale. — Selon uneautre thèse des adversaires de l’origine mosaïque du Penlateuque, le « Code sacerdotal » aurait été composé au temps de l’exil par Ezéchiel et l'école sacerdotale. Cette thèse encore est dépourvue de fondement solide. Il est vrai qu’on observe de notables ressemblances entre la loi lévilique et le livre d’Ezéchiel, soit quant aux expressions et aux phrases, — comparer Ley., XXVI, 3 et Ez., xi, ao ; xx, 19-21 ; xxxvi, 27 ; l.ev., XXVI, 26. 26 et J ? ;., V, 12 ; VI, Il sq. ; vii, 15 ; xii, 16, etc., — soit surtout quant aux lois : ainsi l’usage du vin est-ilinterdil aux prêtres qui célèbrent, l.ev., x, 9 ; Ez., XLiv, ai ; ils ne doivent pas pleurer les morts, l.ey., XXI, 1-5 et Ez., xuv, a5 ; ils doivent enseigner au peuple la distinction du pur et de l’impur, Lev., X, Il et Et., xi.iv, a3, etc. Mais ces ressemblances, qui prouvent seulement que le prêtre Ezéchiel connaissait la Loi lévitique, ont pour contrepartie de nombreuses dissemblances, surtout quant aux fêtes et au rite des sacrifices, Ez., xlv, 18-xlvi, 15 ; le prophète ne dit rien de la fête des trompettes ni de la Pentecôte ; il ne fait pas allusion au rite du grand jour de l’expiation, mais prescrit de purilicr le sanctuaire chaque premier et septième jour du mois ; selon l.ey., xxi, 13-15, le grand-prêtre ne peut épouser qu’une vierge, les prêtres peuvent aussi épouser une veuve iionnéte ; au contraire, selon Ez., XLlv, 2a, les prêtres ne peuvent épouser une veuve, à moins que ce ne soit la veuve d’un prêtre ; le grand-prêtre n’apparaît nulle part chez Ez. Ces dissemblances seraient inexplicables si les lois léviliques dépendaient d’Ezéchiel. — O. Boyd, Ezéchiel and the modem dating 0/ the Pentateuch, Princeton, 1908, montre que la législation <lu Code sacerdotal est antérieure à Ezéchiel.

On dit que la distinction entre prêtres et lévites a son fondement en Ez., xliv, 9-16 : les prêtres qui ont souillé le sanctuaire ou se sont adonnés à 1 idolâtrie doivent être dégradés et affectés au service du Temple, à la garde des portes, etc. ; seuls, les lils de Sadoc exerceront à l’avenir les fonctions sacerdotales. Mais avant tout, il n’est pas nécessaire de prendre les paroles du prophète au pied de la lettre ; car toute la vision (inale à'Ez. (xl-xlviii) doit s’entendre plutôt au sens symbolique, comme illustration et description allégorique de la perfection du nouveau royaume d’Israël ou royaume messianique ; aussi la dégradation des prêtres coupables pré(igure-t-elle la pureté et la sainteté plus grande du sacerdoce du nouveau royaume. En outre, même abstraction faite du sens symbolique, on doit noter qu’Ezéchiel suppose, çà et là, la distinction entre lévites serviteurs du sanctuaire et prêtres accomplissant les rites des sacriOces ; ainsi, xl, 45 sq., il parle des prêtres qui montent la garde autour du Temple (ou plutôt qui

veillent aux besoins domestiques ; schomeié ini.ic.'.' ineiei hahhiijit)e. d’autres atfectés aux rites de l’autel (xchomerè misclimeiet hnmmizheocli) ; voir encore xLii, 13 et xi.iii, 19. — {^f. A. DiLLMANN, Die Hacher Exodus u. Leyiticu.s- 461> Leip-î'S » '897 ; W. BauiiissiN, Geschichte des A. T. lichen Pricsleiiums, 215 sqq., Leipzig, 1889.

Van IIooNACKEii, Les prêties et les lévites dans le livre d’Ezéchiel, liev. Bibl., VIII, 177 sqq. (1899) ; Le sacerdoce lévilique dans la loi et dans l’histoire des Ilcbrenx, 184 sqq., Louvain, 1899, pense que les prêtres conliaienl les ministères intérieurs du Temple aux Nathinécns (netiiiim, oblats), probablement descendants des Gabaonites ; car le prophète reproche aux Israélites de permettre aux (ils des étrangers l’accès du Temple pour accomplir des fonctions sacrées ; etil prescrit : » Omnis alienigena, iiicircumcisus corde et ineircuincisus carne, non ingredietur sanctuariuin meum, omnis hlius alicnus qui est in medio liliorum Israël. » Après qu’on aura chassé les étrangers employés au service, on y affectera les prêtres dégradés pour leurs péchés.

On objecte encore divers exemples montrant qu’anciennement des laïques offraient de vrais sacrilices ; que par conséquent la loi réservant aux prêtres lévitiques l’oblation des sacrilices n’existait pas. U est vrai que Gédéon (lad, , vi, 18 sqq.), IJanué (ib., xiii, 19 sqq.), David (U Hef ;., xxiv, 18) et d’autres immolèrent des victimes en divers lieux, mais dans plusieurs cas il s’agit de sacrifices extraordinaires, offerts en des lieux où Dieu s'était manifesté aux sacrilicateurs ; parfois aussi, de simples repas de fêtes, précédés de cérémoniesreligieuses(ainsi I lieg., IX) ; mais le culte sacrificiel, prescrit par la Loi, s’accomplissait dans le seul sanctuaire et par les seuls prêtres de race lévitique. Ain si, selon /H^., xx, 2'jsqq., Phinéès fils d’Eléazar ûls d’Aaron remplissait les fonctions sacerdotales à Silo devant l’Arche d’Alliance ; là encore, les fils d’Héli accomplissaient les actes du sacerdoce, I Reg., 11, 12 ; et même l homme de Dieu, envoyé à Héli, dit expressément que la dignité sacerdotale appartient exclusivement à In tribu de Lévi : « Elegi eum (patreni tuniu) ex omnibus tribubus Israël niihi in sacerdotem, ut ascenderet ad altare meum et adoleretmihiincensum etportaret ephod coram me " (Ib., 11, 28). J/(c/io, qui s'était fait un sanctuaire privé sur le mont d’Ephraïm et avait établi prêtre un de ses fils, se réjouit de l’arrivée du lévite : " Nunc scioquod benefacietmihiDeus hahenti levitici generis sacerdotem. » C’est qu’il n’ignorait pas que seuls les prêtres originaires de la tribu de Lévi sont légitimes. Dans les inscriptions minéennes découvertes à El Œla en Arabie septentrionale (ancienne terre de Madian), les prêtres du dieu fCurfi/ sont appelés /ei’f et leviat, TiO & probablement identiques à celui de l.evi, d’où la tribu sacerdotale des Israélites. Aussi plusieurs auteurs, comme L H. Mordtmann, Beitrâge ziir tninàischen Epigraphik, Zeitschr. f. Assyriologie, Ergiinzungsheft, 1896, 43 ; Fr. Hommbl, AUisrælitiscIte Veberliefernngen in inschri/tl. Be/eue/i^H/i » -, 278, Miinchen, iSj’j, Anfsàtze a. Abhandlungen, II, Miinchen, igoS ; A. H. Saycb, Early history oj the Ilebreivs, 80, London, 1895, font procéder des Minéens Madianites l’institution des lévites. D’autres, comme A. LbobnDUB, Dict. de la Bible, IV, 201 ; Ed.MBYBR, Oie ^sræliten a. ihre Nachbarstamme, 88 sqq, 428, Hamburg, alTirment que les Minéens la doivent aux Israélites ; ce que I. Nikbl, Pas A. T. im Lichte der altorientalischen Forschungen, II, Moïses u. sein n’erh, BiblZeitjrngfn II, ; , a8, Miinster, 1909, déclare possible. Noter toutefois que le nom de l.evi en Israël désigna d’abord la tribu, et n’en vint que peu à peu, au cour » 1903

PENTATEUQUE ET ilEXATEUQUE

1904

du temps, à désigner aussi les ministres du sanc. luaire ; cf. S. Landersdorfhr, O.S.B., Die Bibelund die siidarabische Altertumsforschung, Bibl. Zeitf., II, 5, 6, 66 sqq., Miinster, i g i o.

De plus, on peut prouver que, dès avant l’exil, existaient des lois concernant le culte divin. Chez Osée, VIII, la, Dieu dit : « Scribam eis luultitudinem leguni mearuni ; sed ut alieni (auctoris vel legislatoris ) reputatæ sunt. » Soit qu’on rende l’hébreu cktob-lô avec syr. et lxx (f/ptr.^y. aSjza rùrfir, vd^awv //ou) comine un passé — (Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Sb, lit la forme hipli’il nvf/i, et, avec un autre léger changement, traduit : Si je fais écrire pour lui les paroles de ma Loi, elles sont réputées comme d’un étranger ; — le sens reste le même) ; — soit qu’on l’entende comme un présent, selon le sens fréquent de l’imparfait hébraïque, en tout cas ces paroles suggèrent qu’au temps d’Osée (vin* siècle) il existait des lois écrites qui, d’après le contexte, visaient le culte divin et les sacritices ; car, , II, Ephraïra est repris pour avoir multiplié ses autels alin de pécher ; 13, il est dit qu’Ephraïm a offert beaucoup de sacrifices et que Dieu ne les agrée pas ; d’où l’on peut conclure que même les lois dont parle, li, traitaient des sacritices ; or de telles lois se trouvent principalement dans le Lévitique. Cette conclusion est confirmée par Amos, contemporain d’Osée ; car Amos connaît non seulement des lois proposées dans le livre de l’Alliance, — ainsi la loi du gage qu’il faut rendre avant le coucher du soleil, II, 8, cf. Ex., xxii, 25 sqq. ; — mais encore des lois rituelles, comme celle du nazaréat (ii, la, cf. Num., VI, i-21) ; et aussi des lois sacrificielles, car il énumère presque toutes les espèces de sacrifices prescrites dans le Lévitique ; à savoir : zebah (sacrifice sanglant), iv, /|, cf. /.er., vii, 16 ; todah (sacrifice de louange), iv, 5, cf. I.ev., vii, 12) ; nedahot (sacrifices volontaires), iv, 5, cf. Lei, vii, 16 ; olalt (holocauste), r, 32, cf. Ley., : , 3 ; minchah (sacrifice non sanglant, ib., cf. Lev., 11, i sqq.) schelem (sacrifice pacifique, il)., cf. Lev., i, i) ; noter encore que le prophète, v, 22, énumère les trois espèces de sacrifice, o7a/i, minchah, schelem, exactement dans l’ordre où elles figurent, f.ev., 1, 3. Le sacrifice pour le peuple est mentionné, 0.<., IV, 8 : « pecculum populi mei comedunt » (Cf. Van Hoonackbr, Les douze petits prophètes, 46) ; ce qui s’entend des prêtres. On peut donc alTirmerqu’au temps des prophètes Amos et Osée, existait au moins une partie de la législation lévitique, à savoir les lois sacrificielles, qu’on dirait rédigées d’après Ot., VIII, 12. Cf. P. Vbttbr, Die /.eugnisse der vorexilischen Propheten liber den Pentateuch.l, Amos, Theol. Quart. Schr., LXXXI, 5 12-552 (1899) ; II, Oseas, LXXXUI, 94-112 ; 189-207 (1901) ; B. D. Eerdmann, Dos Buch Leyiticus ;.4. T. Studien, V.Giessen. 1912, accorde que presque toutes les lois lévitiques sont antérieures à l’exil, et même que la plupart visent l’existence des nomades. Voir encore Baui>issin, op. cit., 205 sqq ; I.I. Lias, h tite so called « Priestly ("ode » postexitic ; Bibliotheca sacra, LXVII, 20-46 ; 399-335 (1910).

Si l’on trouve des lois écrites dans le royaume d’Israël au viii"’siècle av. J.-G., on peut se demander d’où les dix tribus, séparées dès le x « siècle du royaume de Juda et du temple de Jérusalem, tenaient ces lois. Car, si l’on excepte le temps des rois Josaphat et Joram, les deux royaumes furent toujours en guerre l’un avec l’autre, ce qui ne permet guère de croire que la Loi ait été donnée aux dix tribus après la division du royaume.

Plusieurs fois les livres historiques de l’A. T. font allusion aux lois lévitiques ; ainsi I Reg., 11, 13 suppose que les prêtres ont droit à une part sur les

sacrifices ; cf. I.ei-., vii, ag-Sô ; le prêtre Achimelech ib., XXI, 4-6, à défaut de pain commun, donne d’urgence à David et à ses compagnons, fuyant devant Saùl, du pain sacré, c’est-à-dire des pains de proposition réservés aux prêtres, cf. Let-., xxiv, 8g ; Jeroli ()iim(lll lieg., XII, 32) institue un jour solennel au VIII’mois, le 15 « jour, à l’imitation de la solennité célébrée à Jérusalem, c’est-à-dire delà fête des Tabernacles ; cf. /.ei’., XXIII, 24 ; iV « io/A(ib., xxi, 1-4) refuse de vendre sa vigne selon la Loi, Let : , xxv, 23 sqq. En outre, le u Code sacerdotal » contient des lois devenues inutiles ou inobservables dans l’exil ou après l’exil ; ainsi après l’exil, il n’y avait plusd’iirim et tunimim. mentionnés i ?.r., xxviii. 30 ; /-et’., viii, 8 ; ni d’arche d’alliance. hes dispositionsde ; Vum., xxxv, touchant les cités lévitiques, n’étaient d’aucune utilité après l’exil ; au contraire, le précepte imposé à tout Israélite de se présenter trois fois l’an devant le Seigneur, était d’une souveraine importance après l’exil, pourtant on n’en trouve pas trace dansla législation lévitique. A quoi bon, après l’exil, l’interdiction du culte de Moloch, des images sculptées, des statues du soleil, etc. ? Lei., xix, 4 ; xx, 2.5.

Plusieurs auteurs, qui tiennent que la Loi lévitique remonte, au moins en substance, à Moïse, disent que le grand législateur emprunta diverses institutions aux Madianites, dont le prêtre Jetliro était son beau-père, et aux Arabes de la péninsule sinaïlique ; par exemple la loi de la vengeance par le sang, Ex., XXI, 13 ; iV » m., xxxv, ii-33, diverses lois de sanctification, par exemple l’impureté contractée par celui qui fréquente une femme au temps du flux, /.er, , xv, ig-24, qui touche un mort, Let : , xxi, 11 ; A’um., xix,

I i-13 (cf. D. H. MÛLLER, Die arabischen Altertiimer, n.6 et 7, Wien, 1899 ; Halévy, Bévue sémitique, VII, 274 (18g8) : Haram, fils de Thauban, fait un vœu à Dhusamwaj pour avoir touché un cadavre et pour être rentré dans ses vêtements sans être pur et pour avoir touché des femmes dans leur situation mensuelle sans se laver et pour avoir mouillé ses vêtements par une pollution, etc.). Outre les institutions. Moïse aurait emprunté des termes techniques, comme rhaser, atrium du temple, ::= chadar des inscr. de l’Arabie méridionale (cf. P. Karge, Geschichie des Bandesgedankens im A. T. I (.4.T.liche Abhandhinden, II, 1.2) |65 sqq., Miinster, igio) ; issér, donner la dime -= aschschara (Autresexemples chez F. HoM-MEL, (l’rundriss der Géographie u. Geschichte des allen Orients. I, 144. Miinchen, igoS). Hommel, Die altisrælitischen Ueberlieferungen in inschriftl. Beleuchtung, 57, compare l’hebr. olah = holocauste, avec l’arabe ghàlijat ; tàmid, sacrifice perpétuel, avec ta’mid ; en outre, il a relevé plusieurs vocables égyptiens dans le Code sacerdolal ; ainsi scheti, trame de la toile, Let-., xiii, 48. 4g. 51 ; peschet ou pischtah, lin, égypt. pescht ; zeret, palme, égypt. cert, main ; les mots ephnel hin (op. cit., p. 2g2) ; il ajoute qu’il y a une grande ressemblance entre le pectoral (c/ioschen ) du grand prêtre des Hébreux et l’ornement pectoral du grand prêtre de Memphis, sous les xviii’et XIX’dynasties (vers 1580-1200 ; ib., p. 281 sq.) ; quelques-uns prétendent même que l’e/j/îoti du grand prêtre a une origine égyptienne. — (Cf. V. Ancessi. Les vêtements du grand prêtre et des lévites, 45 sq., Paris, 1875 ; S. R. Driver, ap. Hastings, Z)ic<. Bibl., I, 725, note, Edinburgh, 1901, admet la possibilité de cette dérivation. Voirencore Vigourocx-Brassac, Manuel Biblique’*, ! , 819 sq. (1917)..utres détails chez V. Ermont, /. « Bible etl’égrptologie, Paris, 1910. A. S. Yahdda compte parmi les noms d’animaux, qui se rencontrent dans la législation lévitique,

II noms égyptiens, parmi les noms de maladies, 18, parmi les noms des pierres précieuses qui ornaient 1905

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1906

le pecloral du grand prêtre, 7. The Palestine Weeklr, II, 332(1 gii).

De telles comparaisons 11e peuvent certes fournir un argument eflicace pour démontrer que les diverses institutions du « Code sacerdotal » procèdent des Egyptiens et des Arabes ; car les similitudes de termes techniques peuvent s’expliquer par l’allinité des langues (cf. I. XiKEL, Das A. T. im J.iclilr der altorientalisclien Forschungen. II. Moses iind sein ICerk. liibl. Zeitfragen II, 7, ag, Miinster, 1909). De plus, il faut noter que les inscriptions minéennes relatives à ces usages sont dépourvues de toute indication chronologique, en sorte qu’il est impossible d’en préciser la date ; enfin, il est certain que des rites et coutumes semblables se rencontrent aussi chez d’autres peuples anciens, tels que les Babyloniens, Araméens, clc. Voir C. P. Tible, Geschiedenis van den godsdienst in de oudheit tôt op Alexander den Groote, 1, 1893 ; trad. allem. par GEiinicii, 117, Tiibingen, 1896. Ainsi Vepliod était usité hors d’Egypte. Cf. Jiev. Bibl., viii, 473(1899) : u Au musée deGizeh, un Asiatique porte un éphod absolument semblable à celui du grand prêtre. Ce n’est pas seulement la forme, ce sont les quatre couleurs qui concordent absolument. » Mais si, par ailleurs, la tradition relative au séjour des Hébreux en Egypte durant plusieurs siècles et dans le désert durant quarante ans, ainsi qu’à la Loi donnée par Moïse au peuple sortant d’Egjpte, est reconnue exacte, la comparaison entre les rites et coutumes des Egyptiens et des Arabes et les dispositions du codemosaïque apporte à cette tradition une contirmalion très l)récieuse.

3. Lois contradictoires entre elles. — Une autre diiriculté contre l’origine mosaïque du Penlateuque est soulevée à l’occasion de diverses lois qui se contrediseut ou s’abrogent l’une l’autre, ce qui ne permet pas de les attribuer au même auteur. Accordons que les divers recueils législatifs sont en désaccord sur un point ou l’autre ; s’ensuit-il que l’ensemble diffère essentiellement, en sorte qu’il faille nécessairement les rapporter à des sources différentes ? En général, les divergences ne sont pas telles qu’une loi contredise l’autre ou abroge l’autre ; elles concernent plutôt la forme extérieure des lois : ce qui, dans l’Exode, était indique en peu de mots est développé dans le Lévitique, puis résumé dans le Deutéronome. Ainsi en est-il des Lois pour l’érection des autels, qui paraissent répondre à trois stades de l’évolution : Ex., xx, 2^ sqq. accordequ’on peut élever plusieurs autels ; Deat., xii réclame l’unité de sanctuaire ; /-ec, xvii, xviii. sqq. présuppose cette unité et se réfère à l’époque de Moïse. (Cf. Von HiiOBL, La méthode liistuiiniic et son application à l’étude des documents de V llexateuque. Compte rendu du IV’Congrès scientifique international des catholiques ; ii « section, 231-265 ; Fribourg, 1898)

Selon Van Hoonackkb, lùx., xx, 24-26 traite des autels domestiques sur lesquels les Israélites tuaient des animaux pour leur usage quotidien ; ils devaient en répandre le sang selon le rite du sacrifice, ce qui donnait à cet acte un caraclère sacré. Le lieu du cultedans la tégislationrituelledes Hébreux, Muséon, XIII, 195-304 ; 299-230 ; 533 541 (18y4) ; XIV, 17-38 (1896) ; Le sacerdoce lévitique, etc. 9 sqq. De même, j. NiKiîL, Die Pentateuch/rage. Bibl. Zeitfragen, X, 1-3, Miinster, 4 I, qui estime interpolés, 24, les mots : livlocausta et pacifica vestra. Même Deut., xii distingue clairement le sacrifice en l’honneur de Dieu (13)et l’immolation pour l’usage quotidien (15 s(|q.). Cependant une autre explication est possible. Dent., XII et Lev., xMi inculquent sans nul doute l’unité de

sanctuaire ; mais le /.ivre de l’Alliance mème(£’.r., xx, 24 S(|q.) ne semble pasy être contraire. Pcuprobabic est l’opinion défcniluc par Ki.ey, Die Penlateuchfrage, 301 : la loi de El, xx, 24 sqq. aurait été donnée seulement pour le temps où le Tabernacle de l’Alliance n’existait pas encore. Insoutenable, l’opinion de RiBDEL : il entend, a4, unico loco de toute la terre d’Israil (Der Kultusort nach dem Bundesbuch, A. T. liclie i’ntersucliungen, 48-51, Leipzig, 1902). L’inter|u-étation commune, en tout lieu, est bien préférable. Bien qu’elle paraisse accorder la liberté d’élever ]>artout des autels, celle loi insinue pourtant l’unité de sanctuaire, dans le précepte imposé à tout Israélite de se présenter trois fois l’an devant le Seigneur, Ex., xxiii, 17. Celle loi prépare loutau moins la limitation locale du culte ; et par là même, l’érection du Tabernacle de l’.AIliance, l’unité de lieu pour le culte légitimement rendu à Dieu, était instituée en germe. Ex., xx, 24 n’exclut pas la pluralité des autels, mais défend de clioisir arbitrairement le lieu du sacrilice ; on ne doit sacrilier que dans les lieux choisis par Dieu : in umni loco doit s’enlendre de tout lieu marqué par le souvenir du nom divin. Cf. L. Gautier, Introd., I, 97 n. a : « Il serait exagéré de dire que le Livre de l’Alliance allouait aux Israélites la l’acuité illimitée dedresser des autels : ceuxci devaient s’élever dans les lieux désignés par quelque manifestation divine (apparition, délivrance, victoire, etc.). » L’histoire témoigne qu’il en fut ainsi. Gédéon éleva un autel à Ophra, là oii l’ange du Seigneur lui était apparu (lud., vi, Ti-24) ; les parents de Samson offrirent un holocauste là où s’était montré l’ange du Seigneur (ib., xiii, lô-aS) ; tout le peuple sacrifia à Bocliim ai)rès l’apparition de l’ange du Seigneur (ib., 11, 5), et enfin à Bethel, où le Seigneur s’était plusieurs fois manifesté aux patriarches (ib., XX, 26-38 ; xxi, 2-4). Tous ces lieux étaient consacrés par des théophanies, et tous les sacrifices qu’on y offrait étaient extraordinaires, alors que les sacrifices ordinaires s’offraient à Silo, où se trouvaient le Tabernacle et l’Arche d’Alliance. Depuis le temps d’Héli (I Iteg., iv, Il sqq.), l’Arche d’Alliance, enlevée par les Philistins, et le Tabernacle étaient séparés : l’arche étaient conservée à Karjiatlijearim, puis dans la ville de Jérusalem : le Tabernacle, au temps de David, était àNobe (I/ ?eg., xxi) ; au temps de Salomon, il paraît avoir été à Gabaon (III Ueg., viii, 4)- Comme, pour cette raison, le lieu du cultedemeuraitindclerminé, Samuel sacrifia en divers lieux (Maspha, Rama, Galgol, Bethlehem ) ; David fitde même (àBcthlehem, I Peg., xx, 29)et Salomon (à Gabaon, III Peg., iii, 3 sqq.). Cette coutume, introduite par nécessité, se maintint même après la construction duTenijile par Salomon. Après la séparation des royaumes. Jéroboam ayant interdit au peuple de monter à Jérusalem pour sacrifier, les proi)hèles qui accomplissaient leur ministère dans le royaume du nord ne pouvaient déclarer illicites les sacrifices offerts en l’honneur de Dieu sur les montagnes ot les collines : sinon le peuple se fût livré tout entier à l’idolâtrie envahissante. Donc, du fait qu’Elie seplaignilde la destruction des autels deDieu (III Peg., xix, 10) etrétablit lui-même l’autel de lalivé abattu sur le mont Carmel (ib., xviii, 30), il ne suit nullement que la loi de l’unité de sanctuaire n’existait pas encore à cette époque. Peut-être Amos, par ces mots : « Dominus de Sion rugiet et de Jérusalem da bit vocem siiam » i, a, insinue-t-ilque Jérusalem est le seul lieu légitime du culte divin. — Sur toute la question, voir P. Vetteb, Die Zeugnisse, etc. I. Amos Theol. Q..S’., 525 sqq. (1899) ; et aussi W. Et ; GKLKEMPER, I/eiligtum und Opferstdlten in den Gesetzen des J’enlateuch, Paderborn, 1909, 1907

PENTATËUQUE ET HEXATEUQUE

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lequel entend la loi de Ex., xx, 2^-16, des sacrifices offerts sur des autels privés.

Driviîr accorde que le sanctuaire auquel était attac liée une présence spéciale de Dieu eut toujours la prééminence sur tous les autres lieux de sacrifice (Peuteronomy, ^4, Edinburgh.iSgô ; cf. L. Gao-TiBR, 69 : a Un sanctuaire principal, rendu plus important parlaprésence de l’arclie ».)Selon Vam dbn BiKsisN, Dithlin jRevie.i’, LXII, ^^(iSyS), il est possible que Moïse lui-même, dans les derniers entretiens avant sa mort, ait recommandé l’unité de sanctuaire.

Une objection pourrait naître du fait que, au vi" siècle av. J.-C, les Juifs établis dans l’ile d’Eléphanline en Haute Egypte avaient leur temple propre. L’an 15 de Darius II (^08-5 av. J.-C), Jédonias elles prêtres de ce lieu écrivirent à Bagohi, préfet de laprovince de Judée, pour se plaindre que le temple du Dieu lalivé, épargné même par Cambj’se (en 5s5), eût été détruit, l’an 14 du roi Darius II, à l’instigation des prêtres de dieu Chnub [Gettre lettre, exhumée en 1906 avec deux autres documents araméens, a été éditée par Ed. Sachao, Drei arumàisclie Papyrus aus Elephantine, Berlin, 1907 ; voir le texte ciiez V. Stærk, Aramâische Urkunden ziir Geschichlo. des Judeiitums im vi ii, v Jahrliunderte vor Chr, {Kléine Texte, éd. LlBTZMAN^’, 3 »), 3-8, Bonn, 1908 ; ou chez Laghanob, /.es nouveaux paprus d’Eléphanline, Hev. Bibl., A. S., Y, 3a5 sqq. (1908) ; et chez I. Halbvy, Iriser, arainéenne d’Elephantine, liev. sémitique, XVI, 93 sqq. (tgoS)]. Ces Juifs ne connaissaient donc pus la loi deutéronomique de l’unité de sanctuaire, ou bien la négligeaient. (ScHii-RBR, Theul. Lit. y.lg, 1907, 4, et F. Staubklin, Elephantine u. Leontopolis ; Z. S. /’. A. T. VVissenschaft, XXVIII, 108-182 (1908), pensent que la loi deutéronomique n’était pas parvenue à cette lointaine colonie juive, ce qu’on croira difficilement, car on y possédait l’iiistoire du sage Ahikar (dont parlera le îivredeTobie) etle texte de l’inscription de DariusI.) Van HooNACKBR explique la chose ainsi : la loi du Deutéronome, qui n’admet qu’un sanctuaire, n’est faite que pour la terre de Chanaan, et donc, de soi, ne défend pas l’érection de temples hors de la Terre sainte ; cependant l’usage était de ne pas sacrifier hors de la Terre sainte, à cause de l’impureté du lieu. (Z)ie rechtliche Stellung des jiidischen Tempels in Elephantine, gegenuher den Einrichtungen des A. T. ; Théologie u. Glaube, I, i, 38-447 (’909) ; du même auteur : Une Communauté judéoaraméenne à Elephantine, London, 1916, et N. Pbtbrs, Die jadische Gemeinde von Elephantine, Syene und ihr Tempel ini V Jahrhundert vor Chr., Freiburg, 1908. Dans le même sens, W. Stabrk, Die Anfùnge der jùdischen Diaspora in Aegypten, i sqq., Berlin, 1908.) H. Popb raisonne ainsi : si ces Juifs ignoraient le Deuluonorae, il n’a pu è^re écrit avant l’exil ; si au contraire cette loi existait déjà, elle n’était pas observée avec tant de rigueur, car Jédonias et ses compagnons prient les prêtres même de Jérusalem de collaborer à la rééditicalion du temple détruit. The temple ofJahu in Syene and Pentateucincal Criticism. The Eccl. Revie » ; ’XLVn, 291-293 (1913). — Cf. en outre I. Dobller, Theol. Q. S., LXXXIX, 502 sqq. (1907) ; Th. NoBLDBKE, iVei/e yï/i//sc/i< ; Papyri^ Z. S.f. Assyriologie, XXi, 195-205(1908), conclut qu’au temps où cette lettre l’ut écrite, les diverses sources du Peutateuque n’avaient pas encore conflué en un livre unique ; au contraire, S. Daichbs, Zu den Elephantine Papyri, ib., XXII, 197-199 (1908), allirme que les Juifs de la Haute-Egypte connaissaient lePentateuque ; et parce que cette lettre désigne diverses sortes de sacrifices, minchah et lebonah (encens), par leurs noms hébreux, il estime que les auteurs de

la lettre citent le Pentatcuque, à savoir lev., ii, 1 ; VI, 8 ; i, 3 ; VI, 2. C’est aussi l’avis de Feldmann. Théologie u. Glanhe, I, 288 (1909) et de A. H. Savce, Expiisitur, 8 S., VI, 421 (1911) : " La loi lévitique étaitconnue et obéie au temple juif d’Eléphantine. n Cependant Pope, l. c., 299, note que la lettre prouve seulement que ces Juifs pratiquaient les diverses sortes de sacrifices, non qu’ils avaient entre les mains une loi sacrificielle écrite.

4. Divers arguments en faveur de la pluralité des sources. — Que dire, en général, « de la théorie delà distinction des sources » ? On a parfaitement le droit de la tenir, si on la restreint à la Genèse. Car il n’est pas improbable que l’auteur de ce livre eut à sa disposition, outre les traditions orales, des sources écrites, par exemple l’histoire de la création (Gen., I, i-ii, 4). dont la haute antiquité ressort de la langue et de tout le caractèrede la narration ; l’histoire du déluge (vi, 9 sqq.) ; la bénédiction de Jacob (xLix, 3-27), ce qui ressort surtout des vv. 6-7, où Jacob exclut de la bénédiction la tribu de Lévi, d’où sont issus Moïse,.aron et les prêtres de l’A. T. ; les vies des patriarches, qui nous ramènent aux temps antérieurs à Moïse, car, soit pour le culte divin, soit I>our la vie familiale, elles n’ont jamais égard aux prescriptions mosaïques : si ces histoires avaient été composées postérieurement, l’auteur aurait conformé à la Loi de Moïse la vie des patriarches du peuple choisi. On observe plut6t dans lescoutunies de la vie patriarcale unecertaine aflinité avec le code A’Hamtnurahi, roi de Babylone, contemporain d’Abraham.

C’est une question fort discutée, de savoir si la Loi de Moïse dépend de ce code légal, avec lequel elle présente une incontestable alfinité. On ne peut démontrer une dépendance directe ; une dépendance indirecte paraît admissible, car les statuts d’Hammurabi, qui lui aussi a puisé à des sources plus anciennes (cf. A. T. Glay, a Sunic-rian prototype of the liantmurabi Code, Orient. Lit. Ztg, XVII, i-3 [19141). jouissaient d’une large dilTusion, grâce à l’inlluence exercée par Babylone durant de longs siècles sur la Palestine et le proche Orient. Cependant la supériorité de la loi mosaïque est incontestable, car en général elle établit des peines plus légères, réprouve non seulement les actes extérieurs, mais encore les mauvais désirs, considère la vie humaine tout entière dans sa relation avec Dieu. Voir Johns, Th<oldest code uf taws m the norld, London, igoS ; St. a. Cooic, The laivs of Moses and the code 0/ Ilanimurabi, London, ijoS. Laohangb, Le code de Hammoarabi. Hev. Sii/., XII, 27-52 (igoS) ; Fr. Mari. U codice de Hammurabie la Bibbiu, Roma, igoS ; S. V. Orelli, Das Gesetz Hanimurabis ii, die Tliora, Leipzig. igoS ; Iv. Jehemias,.Vos es u. Hammurabi-, Leipzig, igoS ; H. Grimmb, Das Gesetz Chammurabiu. Moses, Koln, iyo3, trad. ital. par Mozzicarblu, l’i codice di Hammurabie Mosé, Roma, 191 1 ; I.’-RoTBSTBi. N, Mose u. Hammurabi (Bibl. Zeit u. Streilfragen, l, 9), Grosslichterfelde, 191 i ; C. F.LBasiANN-Hadpt, Israël ; seine Entwicklung im Rahmen der ff’eltgeschichte, 293 sqq., Tiibingen, igii ; Lagranoh, L’homicide d’après le code de Hainmourabiet d’après laBilde, Rev. 5(i/.,.V..S., XlII, 440-471 (1916) ; P. GruvBiLHiEK, La monogamie et le concubinat dans le code de Hammoarabi, ib., XIV, 270-286, etc. (1917)

Mais l’état de la question change si l’on étend la distinction des sources à tout le Pentateuque. Assurément cette théorie ne peutètre rejetée apriori comme contraire à l’inspiration divine et à la dignité de l’Ecriture sainte. Car la notion d’inspiration n’inclut pas la révélation de vérités nouvelles, seulement elle implique une assistance spéciale de l’EspritSainl, qui meut, illumine et dirige l’écrivain 1909

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sacré dans son travail ; risn n’empêche que i’Lagiographe use de documeiits préexistants et les insère, en tout ou en partie, dans son livre. Donc le Penlateu « jue a pu être composé de divers documents écrits qu’un auteur inspiré postérieur à Moïse aurait réunis. Et si l’on maintient que la très ijrande partie de ces documents a été écrite par Moïse lui-même, l’origine mosaïque du Pentaleuque, au sens large, est sauve.

J. BnucKBi<, S. J., L’Eglise et la critique biblique, 14> sqq., Paris, 1907, admet que plusieurs documents d’origine mosaïque, qui peut-être existaient séparés avant l’exil de Bab.vïone, ou avant le temps d’Eadras, auraient été alors réunis en un seul (>ivrage, non sans diverses retouches et additions. H. M. WiKNKR, Contributions lo a nen tlieory of tite compositiun of the l’entaleuch, liibliotheca sacra, LXXV, 80-10.? ; 287-266 (19 18), pense que le Pentateuque fut à l’origine une bibliothèque « de divers livres écrits sur des peaux, des feidlles, des tablettes », lesquels auraient soufrert, au cours de leurs tiinsmission, dommage et désordre. L’archétype représentait une édition de ces restes. IN0- : exemplaires représentent des recensiojis de cet archétype.

L’erreur des auteurs modernes non catholiques coQsiste surtout en ce qu’ils abaissent outre mesure l'âge des sources, nient en tout ou en partie la vérité dirs faits racontés dans le Pentateuque, admettent une lente évolution de la religion d’Israël, depuis le pi lythcisme ou même l’animisme et le tote’misme jusqu’au monothéisme pur (Wkllhausen, Stade, DiiQM, Maiiti, Buude…). Comme ces erreurs ne tien1Il nt par aucun lien nécessaire à la théorie de la distinction des sources, même des auteurs catholiques y ont souscrit. Ainsi J.M. Lagkangk, O.P., /.es sources du Pentaleuque, Itev. Bibl., Vil, io 32 (1898) ; F. db IliiGEL, I, a méthode historique, etc. (Cf. Biiiggs et V. HÙGBL, Tha Papal Coinntission and the Pentateuch ; London, 1906) ; H. Lucas, S. J. (Cf. I. Desphès, Opinions catholiques sur l’origine du Pentateuque ; lîe>. ou Clergé français, XVII, 526-627 et surtout 550-556 (li^g) ; Gigot, Spécial Introduction lo the study 0/ the O. T., I, 85 sq., New-York, 1901 ; V. Zaplbtal.O.P., JJer Schùpfungsbericlit der Genesis, 1 sqq., Freiburg (Suisse), 1902 ; A. ScuULZ, iJoppelherichte im Pentateuch ; Bibl. Studien, XUI, 1, Freiburg, 1908 ; dansun seus très modéré, P. Vbtteb, Theol. Q. S. LXXXV, 620 sqq. (igoS), cf. Gùttsbiîrgkh, P.Vetter’s Stellung zur Pentaleuchhrit’i !  ; , Bibl. Z.S., V, 1 13-ia5 (1907).

Néanmoins cette théorie de la distinction des sources paraît jusqu’ici dépourvue de preuve solide ; aussi réprouvons-nous énergiquement l’assurance et la facilité avec laquelle ses défenseurs dissèquent le livre de la Loi et en assignent à telle ou telle source les membres épars. Les arguments tirés soit do Vusage différent des noms divins, soit de la diversité de langue et de style, ne produisent pas une raie certitude.

I. On ne peut nier que l’usage des noms de Dieu varie notablement dans le Pentateuque, surtout dans la Genèse, où d’ailleurs on admet la pluralité des documents ; parfois durant une série de chapitres, le nom d' Elohtm repai&il seul ; durant une autre série, lo nom de lahc. De là, les critiques anciens ont conclu à la diversité des sources, les critiques récents urgent moins la diversité des noms divins, mais pourtantlui demandent une conCrmation. Or, l’usage divers des noms divins peut souvent s’expliquer par d’autres raisons, sans qu’il soit besoin de recourir à la pluralité des sources : la signilication des divers noms divins sullit à cela. Toutes les fois qu’il s’agit de la création et du gouvernement du monde, l’auleur sacré emploie presque exclusivement Elohim,

de même toutes les fois qu’il fait parler un personnage étranger au peuple choisi. Le nom El.Schaddai (Dieu tout-puissant), G « n., xvii, l-15 ; xxxv, g-12 ; xLix, 26, se rencontre dan » la vie des patriarches quand Dieu fait des miracles. Le nom saint lalné — nom de Dieu qui, ayant conclu avec le peuple choisi une alliance solennelle, a rempli (idèlcment ses promesses faites aux patriarches — cf. J. P. van KastbitBis, S. J., Jahié et El."^chaddai ; I.a science catholique, VIII, 296-815 (1908-4), — est employé presque toujours quand les iils d’Israël parlent de Dieu, quand il est question de VAlliance ou des Lois. Le nom Elohim se rencontre principalement dans la Genèse et dans la première partie de l’Exode qusqu'à xxiv, II), remplies presque entièrement par le récit de faits historiques ; le nom liihvc se rencontre dans la seconde partie de l’Exode (à partir de xxiv, 12), dans le Lévitique (exclusivement), dans les Nombres (378Iahvé, 10 Elohim), parties consacrées à provoquer ou à expliquer des lois. Il faut considérer en outre l’usage du [>arler commun : il y a des phrases stéréotypées oii revient toujours le même nom de Dieu ; ainsi un prophète, est appelé homme d’Elohîm {Deut., XXXI, 1) ; on dit : la verge d'Ëlohim (Ejc., IV, 20 ; vil, 9) ; le doigt d’Elohim (£'a., xxxi, 18) ; voir Elohim (Gen., xxxii, 30) ; le mont Siiiai, où Dieu s’est manifesté, est toujours (sauf jVhw., x, 33) appelé mont d’Elohlra.£j., iii, i ; iv, 27 ; xviii, 5 ; xxvii, 13. Cf. P. Vktter, Die lilterarliritische Bedeutung der A. 7'. lichen Gollesnamen ; 'Iheol. Q. S, LXXX’V, 12 47 ; 202-235 ; 520-547 (1908) ; cf. i'/î/. i ?..S'., IV, 63sqq. (1906) ; G.HoBBRG, Jifose.-i « n</ der Pentatiuch, i<^ sqq.

D’autre part, il semble qu’au coui-s des temps l’incurie des scribes ou d’autres raisons aient accompli un changement ; aussi arrive-t-il que nous trouvions lahvc là où l’on attendrait Elohim, et vice versa.

I. Dause. Te.vtkritiscke Bedenken gegen den Ausgangspunlit der heutigen l’entateuchiritik. A ; chif. f. lieligionswi.-isenschuft, VI, 305-31 9(1904), révoque en doute l’authenticité des noms divins dons le texte massorétique ; cf., du même auteur, Textkritische Malerialien zur Hexateuchfrage. I. Die Goltesnamen der Genesis, Giessen, 1912 ; avec les jugements de E. Selun, A’eue Kirchl. Z. S., XXIV, 119-198 (1918) et surtout del. SEiNNnn, The divine names in Genesis, Expositor, 8 S. V, 284-313 ; 404-420 ; 494-514 (1918) ; VI, 18-45 ; 97-116 ; 266-288 (1918), qui défend la tradition massorétique relative aux noms divins. Eh outre, cf. I. Skinnkr, The name of God in Genesis ; Expositor) Times, XX, 288 sqq. (1908-g) et H. M. "VV^iENEK, ib., 473-5. I. HoNTUEiM, S. I., Die Gottesnamen in der Genesis, Z. S. f Kalh. Theol., XXXIV, 626-640, (1910). s’efforce de prouver que les noms de Dieu sont employés dans Gen. selon une certaine loi numérique : laluc et Elohtm paraissent chacun 160 fois, l’histoire d’Abraham et de Jacob présente 108 fois les noms de Dieu ; cette idée n’a pas rencontré d’approbation. N.I. Sculoeul, Expositorr Times, X, 563 (1908-9) prétend que lahvé ne ligurait pas dans le texte original de Gen., i, i-Ex., iii, 12. HoBERG, Genesis'-, xxvi sqq., pense que le nom de lalivé a été postérieurement substitué à ElohiiB dans les passages où il est question de Dieu comme auteur de l’ordre surnaturel. D’autres auteurs, comme V. P. Barns, Larévélation du nom divin létragrammaton, Bev. Bibl., U, 32g-350 (1898), i>eusentque ce nom était inconnu des Israélites avant le temps de Moïse, ce que nient avec raison Cii. Robkht, I.a révélation du nom divin Jéliovah, ib. III, 151-161, (1894) ; Corluv, S/)icilegiam, dugm.biLl., I, io4. sqq. Gandavi, 1884 ; Hetzenaubr, 'Theolugia Biblica, l, 378 ; VAN Kastehen, 1. c. et d’autres. Voir encore E. Navillk, Les deux noms de Dieu dans la Genèse. 1916

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1916

XXIV, 17- 19), l’oracle de Moïse sur le prophète à venir (Deut-, XVIII, 16.19) ; en outre, plusieurs personnages, comme Adam (Uom., v, 1^), MelcIiiseJech (Ueb., vii, I sqq.), Isaac, el des institutions dont traite le Pentateuque, par exemple l’agneoii pascal (Jo., xix, 36 ; I Cor., V, -j), sont des types du Messie à venir. Aussi ne doit-on pas s’étonner que le Christ, discutant avec les Juifs incrédules, en apielle à l’autorité du Pentateuque, en disartt (/o., v, 39. 1^6) : Scrulaminc Scriptiiras, f/aia vos patatis in ipais l’iiam aeternam habere, et itiæ suiit qitæ iestiii, o>nuni peiliihent de me… Si enim crederetis HJoysi, credeietis forsitan (entendre : ulique) et rnilii : Je me enim ille scripsit. Quand le Christ, transliguré sur la montagne, manifesta sa gloire, Moïse et Blie apparurent, la Loi et f les Prophètes, pour lui rendre témoignage. Aussi l’Eglise con » erve-t-elle avec une extrême sollicitude l’admirable livre de la Loi et le défend-elle contre les attaques dos incrédules, qui s’eirorcent de résoudre en mythes et en fables, en pieuses fraudes et lictions, presque tout le contenu du Pentateuque. Le plus récent document de cette sollicitude est la Décision sur l’authenticité musaïi/iie du Pentateuque publiée par lu Commission Hildiqne Pontificale en 1906 et approuvée par le Souverain Pontife le 27 juillet de la même année. Acta Sanctue Sedis, XXXIX, 377 sq. (1906) ; cf.L. FoNCK, S. I., Documenta ad Pontiftciam Cnmmissionem de re biblica spectantia, 25 sq. Ronia, 1916.

I. Utrum argumeiitu a ci’iticis con^-sta a-l imjiti^naii -Jaiu autlieiitiaui uiu^aicain sacrortiia Uhronnu, qui Pentuleiiclii iioutiriâ desi^aaiitur, tanti sint pnn ipri^i, tttj>oslhabitis quamplui-ibus te^itimoniis ulriusque T’^slainenli collective auaij>lis, perj-etua consenâioiie j-opjli iuJuici, Ecclesiue quoqtie cunsLaiiti tiaditioiie iiecmxi indiriis inlerois quæ ex ipso textti eruuntui’, iiis Iribti.iîit aûjrmandi Uos libros non Moysen hubei’o aiictoreni, sed ex fontibu » maximu ex parle aetate mofieica posleriui-ibiis fuisse coiifectcs ? tigsp. Ne^’ative,

II. Utriiiii ruosaM’a autheutia PeiilateiicUi talem iiecessai-io postulet reJ.iclioiieai totius otveris, ut prur>u^ teneodum sit Moyseti omnia vl dia^ula manu sua scripsis^e vel aiimiaiiuensibus dictasse ; an etiani eorum liypotlieais perruitti possit qni existimant eutu opus ipsuiu a se sub diviiiæ inspirationis afiîytu conceptutn alteri v^l pinribas scribenduoi comiuisisse, ilatatueu ut sensa sua fîdeliLer redderent. niitil contra suam voluntalem soi-iberen !.nihil otaitleient ; ac tandem opus hac i-atioite confectum ab eodem Moyse principe inspiratoqne aiictore pi-obatuin, ipsiusiuet nomîne vuljaretur ? Hesp. Négative » d priiïiam parteiM, affirmative ad secnndnni

lU. l’iruia ab-qrie pruftiudicio mosaîcæauthentiæ Pentateucbi concedi possit Maysen a’I -uiini confici-Midum ^ opus fontes adhibuisse, script.^ videlicet documenta vel

orales traditiimes, ex quibus, spcundnni peculiarem seoj )um sibi pi-oposituiu el sub divinæ inspirationis afflatu. nonnulla bauserit « aque ad verbura ve] qiioad senteutiani, contracta vel atnplificata, ipsi operi inseruerit ? Resp. A flirniative.

IV. Ulr-.im, salva subslantiaîiter mosaica autbentia et inte^ritate Pentateucbi, admitli possit. tam long^o vaoculoruui decursu nounullas ai modifi’at’ones obventsse, uti : additantenta post MoTsi morteni vel al) aucl'>re in^pirato appo’ita, vel j^lossas et explicatione. ; le^tui interieclas : vocabula quiiedam et foi’mase sermo te anliquaUi in sermonein recentioreiu translatas ; tnendosas demum lectionés vitio atn rnanuen^^ium aH^cribendas, de quibus fas sit ad norinas artis critîcao disquirere et iudicare ? fieap. Ailîrinaiive, sîiIvo Ëccleffiæ îudicio.

(Traduction ci-dessus, col. -ji^--)’i-).)

II. — Lb livrb dk Josub

Le livre de Josué renferme l’histoire de l’occupation et de la distribution de la terre de Chanaan, dont Dieu avait prorais la possession aux patriarches. Dans ce double travail d’occupation et de distribu tion, Josué a le rôle principal ; aussi le livre popte-t-il à bon droit le nom de livre de Josué.

Josue, hebr. lelio.tchua ben Nûn ; pour Nùn, les Septante lisant NAYH, d’oii la version latine : /eius filius A’itve. Selon E. Nestlé, Zeitschr. des Pul. Vereins. XX VIII, /( 1 (igoS), elEr-jositorf Times, XX, 233 (1908-9), NAYH est une faute des copistes pour N.YN.

D’après le sujet, le livre se divise bien en deux parties :

I. Occupation de la terre de Chanaan, i-xii. — Josué est affermi par Dieu (i). Exploration de la ville de Jéricho (11). Passage du Jourdain (iii-iv). Circoncision à Galgala (v, 1-12). Prise de Jéricho(v, 13vi). Prise de Hai, lapidation de Aclian (vii vtii, 2g). Bénédiction et malédiction sur les monts Garizim et Hébal(viii, 30-35). Ruse des Gabaonites (ix). Combat de Galiaon (x). Combat contre Jabin de Hazor près des eaux de Mérom (xi). Soumissionde tonte la terre ; liste des 31 rois vaincus (xn).

II. Distribution de la terre occupée, xiii-xxii. — La distribution, commencée à Oalgala, xrvxvn, s’achève à Silo, xviii-xxir. En manière d’épilogue, les dernières paroles de Josué à Sichem ; sa mort, xxiii-xxiv.

Le but du livre est de montrer Dieu lidèle, soit dans l’accoinplissement de ses promesses (cf. Gen., XV, 18 : Semini luo dubo terram hanc…, el/os., i, a-g ; XXI. 43 : A’e unum qnident verbum, quod iltis præstituruin se esse l’romiserat, irritant fuit, sed rébus expleta sunt omnia) ; soit dans l’exécution de ses menaces, xxiii, )5-16 : Adducet super vos quidquid miiloruin cnmminatiis est, eo quod præterieritis pactum Domini Dei vestri, quod pepigil vobiscuin.

Origine du livre de Josué. — Le livre même ne désigne pas expressément l’auteur. On lit bien, xxiv, a6 : Scripsit ijuoque (fosiie) omnia verba hæc in volumine l.egis Domini. Ceci vise les préceptes et jugements présentés au peuple par Josué à Sichem (26) après la rénovation <le l’Alliance ; el le livre en question est le livre de la Loi de Moïse. Le titre non plus ne fournit pas une donnée certaine, oar le livre porte le nom de Josué, non pour avoir été écrit par lui, mais parce qu’il raconte ses exploits.

i. Selon la tradition juive, consignée dans le traité lalmudique Baba batra 14 b, « Josué écrivit son livre et les douze derniers versets delà Loi » (Dent., xxxiv,.5-12). Josué serait donc l’auteur de son livre. Celte opinion paraît favorisée par Eccli., xlvi, i, qui appelle Josué siiccessor Moysi in prophetis, gr. Siâ.50xoi M&>u(7£w ; iv 7r/33ï/rr£(’at5 ^ in propkttiis, ce qui s’entend ordinairement de la rédaction des livres inspirés (Toutefois le texte hébreu porte : « serviteur de Moïse dans l’ofllce de prophète » ; « f. N. Pktbrs, Liber Jesu filii Sirach sive Ecclesiasticus hebraice, ia3, Friburgi, igoS). Suivent la tradition juive : Lactance, Div. Inst., IV, xvii ; saint IsinORE na SÉviLLB, De eccl. off., I, xii ; Rhaban Maob, De universo, V, 11 ; parmi les modernes, Lamy, [ntrodactio, II, 56 sq(|. ; Kaulun, Einleitung’II, 30 sq. éd. 5 (G. Hobrrg), 33 sq. ; Cornely-Hagen, Compendium, 228 sq., VtGoimoDx, jVn"Hp/ Biblique*^, II, 5 sqq., Zschokiui, Ifistoria sacra A. 7".*, 168 sq., 1910 ; et d’antres, qui néanmoins reconnaissent dans le livre certaines additions ou insertions postérieures ; ainsi, la mort de Josué (xxiv, ly sqq.), selon Hstzknauer, Theologia Biblica, I, 135, serait une addition d’Eléazar et de son ûls Phinéès (cf. Baba batra 15). que Sbisknbergbr, Einfiihrung^, 318, tient pour l’auteur du livre.

a Thiîodorbt (In losue quæst. il) soutient que le livre fut composé par un auteur postérieur, à l’aide de documents contemporains de Josué. L’auteur serait Samuel, selon Tostat (f 1445, // ! /vsue i, q. 13) ; 1917

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

10 18

Etdras selon Masius, lusue imperatvrts Hisluria, præfalio, a Nombre il’interprèles modernes tiennent pour l’opinion de Ttiéodoret. Ainsi Rkusch, Lehrbucii der Eiitieitung in dus A. T. ' 36 S(]., Freiburg, « S^o ; 1. M. Sciiolz, Kinleiluiig^ II, 2/|5-a65, Koln, ly^â ; Uanko, llisluria revelaliums di.inue V. T., aoo sq., 1862. En l’absence de toute tradition historique cerlaine, les raisons internes permettent de conoluic que le livre, sous sa forme actuelle, ne peut êlri' attribué à Josué ; car il raconte des laits (xv, iS-ig : Caleb donne sa lille à Otlioniel, qui a IVappé Cariath Sepber ; xix, 17 : les hommes de Dan prennent la ville de Lais) arrivés après la mort de Josué, comme il ressort dr ItnI., i, io-15 ; xviii, 21). los., XIII, 3y parle des bourgs de Jair, qui sont en Basan ; or Jair était l’un des Juges (lud., x, 3 ty. C.f. Claik, Le Inre de Josué, 5, Paris, 1883 ; Fillion, I.u Sainte Bible, II, g, Paris, 188g). — Hummelaukr, Coiiim. in lih. lusue, g3, Paris, igo3, conclut d’un examen attentif que le livre a été écritaprès la mort de Josué et avant le temps de David ; qu’il a subi des altérations ultérieures. Exenqiled’altération : xi, ai, parle des monts de Juda et d’israël ; cette locution suppose la division du rojaume (Meignan, De Moïse à David, 335, Paris, 181)6, i)réfere le temps de Salomon). Selon /os., x v, 63, les Jébuscens habitent encore Jérusalem ; or, selon Il Heg., v, 6-10, David prit la ville et la citadelle des Jébuséens la 7 » année de son rc^ne. Selon los., xi, 8 et xix, a8, Sidon est la ville principale des Phéniciens, d’où elle porte le nom de grande ; or, au temps de David, Tyr était au premier rang. Selon lus., xvi, 10, les Ghananéens habitent enc’ire Gezer ; or ils en furent expulsés au temps de Salomon par le Pharaon d’Egypte (1Il lle^., ix, 16). ^1Il Heg., XVI, 34, on lit : « In diebus eius (Acbab) aedilicavit Hiel de Belhel Jéricho : in Abiram priinitivo suo l’undavit eam et in Segub novissiuu) suo posuil portas eius iuxta verbum Domini, quod locutus fni’rat in manu losue lilii Nun » ; — cf. fus., vi, 26. D’où il suit qu’au moins au temps du roi Acliab (ix' siècle), l’histoire de Josué existait.

L’auteur, quel qu’il soit, a usé de documents contemporains de Josué. Car

a) VI, 23 (lieh. Lxx, >ir » -.), Rahab et la maison de son père habitent encore au milieu des lils <risracl ; IV, g : les douze pierres dressées par Josué dans le lit du Jourdain y sont encore. (Lamy, Introdiictio, II,.58, note 1res justement : Il n’est pas vraisemblable que les pierres dressées ]>ar Josué dans te lit du Jourdain aient résisté si l()ngteMi[)s à l’effort des eaux. Donc cette locution « usque in præsentem diem » montre que l’auteur avait à sa disposition des documents contemporains de Josué ; mais elle ne prouve pas solidement que le livre ait été écrit avant le règne de David et de Salomon, car un auteHr plus récent a pu transcrire lidèlement le document sans y rien changer, comme lit l’auteur de far., écrivant après l’exil, II, v, g : a Fuit arca ibi [in teinplo| utqiie in præsentem diem », alors l’Arche n’existait plus.)

/') Dans le livre de Josué, les villes de Chanaan sontappelées de leurs anciens noms, qui furent changés lors de l’occupation et tombèrent en désuétude. Ainsi XV, g(Baala) ; ^t) (Cariath Senna) ; 54(Garitilh Arbe).

t) Dans le récit, les moindres circonstances sont notées exactement et vivement, comme pouvait seul le faire un témoin immédiat. Ainsi vii, viii (prise <le liai)

Autorité du livre de Josué. — Le livre de Josué, comme histoire, est digne de foi, car il est tiré de documents contemporains de Josué. Les Juifs ont toujours tenu pour vrais les événements consignés

dans ce livre. Ainsi II Heg., xxi, i (famine au temps de David, |)arce que Saiil mil à mort les Gabaoniles) suppose <iue Josué a traité avec les Gabaoniles (lus., I.X, la). 1Il lieg., S.VI, 34 se réfère à la malédiction de Jéricho (lus., vi, 26). Mieli., vi, 5 à les, , iv, ig sq. (camp do Galgala) ; Ps., cxrii, 3, au passage du Jourdain (lus., iii, lii-i ;).

Les documents profanes apportent souvent leur conlirmation aux données du livre de Josué. Voir les tablettes cunéiformes : archives des rois Amcnophis 111 (1427-13y2) [selon Unonad, Orient. Lit. Zlg., l, ) i sqq.(igo8), 1413-1377]et Amenophis lV(13y2-1376) [Unonad, 1 377- i 36 i [découvertes durant 1 hiver 1887/8 près de Tell el.imai nu en Egypte, d’où il ressort que la terre de Chanaan était alors divisée en beaucoup de petites principautés : c’est bien l'élat que suppose le livre de Josué (Edd. G. Brzold et E. A. W. Buoge, The Tell el Amurna Tahlels in the Itritish Muséum, London, 18g2 ; H. Winckleb, Die Tontafelti von Tell el Armana (Keilinscliri/tl. liiblio ; /ie/', V), Berlin, igo6 ; 1. A. Knudtzon, i>/e£'/ Amarna Tafeln ( Vor-lerusintische ISihliiitliek, 11), Leijizig, igo7-igi/i). Dans les letlres écrites par ces princes chananéens au Pharaon, il est souvent question d’une nation envahissante el troublante, celle des Chnbiri : nom philologiquement équivalent à llirini (Hébreux). Toutefois la question de l’identité de ces Chabiri avec les tribus d’Israël. occu|iant la terre de Chanaan sous la conduite de Josué, demeure pendante.

Hépoiulenl utïirmntiveœe[tt ; H. /immkkn, Zeiischr, des D.Pal.Vereins. XIII, t : s7 ( 1 8111) : E. Meïkk, G/ojj « n eu den Toniafeln von Tell et Amarna, 62 S(jq.. Lieiizi^-, 1897 ; VoCEL, iJtr lu : id von Tell el.iniarna u. die Uibcl, ISsqq., Biaunschvveitf, INW’i ; Il Winck 1.KI1,.illurienlatische FurscliuTif^en, 3. 11., I, ao siiq., Leipzig, lOu’J ; Die Keilinschrifien u. das A. 7'.-*, 19fi 8qf|, , Leipzig, lyo.'i, K, Miketta, Der Pharaodes.iuszii/-ea (Bibl. Studien, IH, 'îi, l(14 sqq., l’reibur., l'.)()3 ; C. t'. Li' : ii.viawN’Mal)pt, /*ra, ?7, 'itj ; (J’aulres donnent cette opinion pour ti-ès probable on du nioina sérieusement probable. uui-siE. Nacl, Dienac ! idavidi : , cUe k’vni^.tgfscluchte Uruels, Wion Leipzig : , ' » 7 sqq., lyuô ; (j. Bi’itol.D, Die babyloniscli-assyr, h’eiUnscliiffen u. ilire lîedeiitunii fur das.4. T., 20, Tiibingen -Leipzig, 1904 ; 1. NlKrL, Das A. T. im Lichte der altori^rUat. Torschung. III. 'J, Bibl Zeil/r., ]n, 3-i,.Viiiinter, l'.MO. U’aulres nient que le nom 'le Ciiabrri désigne les Helu-eux ; ainsi A. H..Savce, Aeademy, 128, 1891 ; W. M..Muellir, Aucn u. Kuropn nacli aUd^ypti^cheti Denkniàlern,.J96, ISy.** ; Kr UoMMttL, lJieaUiirælitîc/ien Ueberlieferunsen.., 2.'j0sqq. (Les Cliiihiri précufseurH (iew lHr » élile.s) ; J. M. Lacrange, t.esKhahiri ; Rev. fJibl., H, 127. 132 |18'.ni) ; P. Dhorme, ib., N, S', VI. 67 sqq. (190 ; i) ; Il Weinhiihi. 11, Die Ein, vanderunff der Hebrder u. hrætiien iaKanaan, Z. S. f. d. Moriienl. Genellscliaft, LXVl, 36S sqq. (L’ii). Selon P. SciiiiL, Revue d’Aasyriulogle, XII, 114 (Ifll.')). le nom Chabiri se trouve ^éjà sur des tiiblettes ounéitorinea du temps de /fàK-.S/n (Larsw, vers 2200 av. J.-G.) pour désigner une nutinn élutn’tiqiie ou casbitique ; cf. Rev. Bibl., N. S., XV, 286 sqq. (1918).

Le catalogue des villes jirises jiar Thuimès III (i.501-1447 ; MiiviiTTA : 151j-1461) qu’on lit sur les murs du temple d’Ammon à Karuak, présente les mêmes anciens noms des villes chananéennes, qu’on lit dans le livrede Josué. On peut encore en appeler au témoignage de Piiocot’E, De bellu vundulicu. II, xx, d’aptes lequel, à Tigisi en Maurélanie, existait de son temps un inonuiiiont ])(irtanl écrit en lettres hébraïques : « Nous soiiiincs les fugitifs devant la face du brigand Josué lils de Nun. » Cf. Masi’euo Ilisl. une, ag4, Paris, 1876 ; Bûoi.nuk », De coloniarum ijuaruiidam //hueniciariiin primurdiis cuiii Ilebræorum erndu coninnctis : Sitzungsherichte der K. Ahadcmie der Wisscnsclia/fen in U’ien, Philosophischhislorische Klasse, CXXV, x, 30. 38 (18gi). Sur 1J19

PENTATEUQUE ET HEXATEUQUE

1920

l’historicité du livre de Josué, Vigoubodx, La Bible et les découvertes modernes^, III, 3-16, Paris, 1896. KiTTEL, Geschkhte der Ilebrner, I, 2^7 sqq., Gotha, 1888.

Contre la vérité historique, on ne doit pas ol)jecler les miracles étonnants rapportés dans le livre de Josué. La nécessité ou du moins la souveraine convenance de ces prodiges apparaît pour peu que l’on considère combien un peuple de pasteurs incultes, tel que les Israélites, était incapable de vaincre, par ses propres forces, les Ghananéens, instruits et cultivés. Plusieurs auteurs expliquent le miracle du soleil par une prolongation miraculeuse de la réfraclion des rayons solaires.

Cf. ScHBNz, Einleitiing, )& ; Pklt, Histoire de l’A. T., I, 379 n. 2 ; Hbtzenaueh, Theologia Biblica, I, 143 sq. L’hagiographe expose certainement un miracle..Mais comme les auteurs sacrés, dans la description des phénomènes physiques, se conforment non à la nature intime des choses visibles, mais aux apparences extérieures(LKON XIII, Encycl. Protidentissinius Z)eus), cemiracle ne doit pas s’entendre d’un arrêt réel du soleil (ou plutôt de la terre) au milieu de sa course. Longues considérations chez lIuMMBLAUBit, Comm. in los, , 23^-248 : il croit à une grêle violente accompagnée d épaisses ténèbres qui cachaient tout : en apparence, le soleil s'était couché. Devant la chute des ténèbres, Josué s'écrie :

« Soleil, arrête-toi sur Gabaon ! » La grêle prodigieuse passe et le soleil reparaît. Donc, ce jour-là, 

le soleil s'étaitlevé deux fois, et d’un jour avait fait comme deux jours (Eccli., xlvi, 5). Cf. Bruckku, Eludes, 5 févr. 1904. Cette explication n’agréera pas à tout le monde ; Cf. Lamy, L’arrêt du soleil par Josué ; Le Prêtre, 7 juin 1906 ; Lesêtub, Les récits de l histoire sainte ; Josué et le soleil, Bei-. prat. (/'.-(/joL, II, 351-6 (1907), dit que Dieu, ménager des moyens, satisUt par une giôle au désir de Josué. Cf. I.e surnaturel dans la Bible, ib., (1910), 892 sq. 1. BounuBR, L’arrêt du soleil par Josué, liev. du Clergé fr., XII, 44 sqq. (1897) : Dieu, par une grêle violente, détruit autant d’ennemis que les Israélites ennuraienl pudélruireendeux jours ; cf.ib., XXXlX, 575-594 (1904)et XLII, 95-97 (1906). Selon A. VéronNET, ib., XLI, 583-603 (igoS), ce texte poétique, relatif au miracle du soleil, emprunté au a livre des Justes », aurait été inséré postérieurement au livre de Josué. F.X. ICuQLER, S. I., /4s(ro ; (o » ( ! sc/ie u.meteorologische Finsternisse, Z. S. d. Deutsch. Moigen. Gesellschaft, LVI, 60 sqq. (1902), attribue les ténèbres à l’elfet de la grêle. Voir aussi Van Mirhlo, S.I., Das Wunder Josues, Z.S.f. Katti. Theol., XXXVII, 895-911 (191 3).

On estime tout à fait contraire à la bonté divine l’ordre donné d’exterminer les Chananéens, xi, 20 :

« Domiui enim sententia fuerat, ut indurarentur

corda corum et pugnarent contra Israël et caderent el non mererentur uUam clementiam ac périrent sicut præceperat Dominus Moysi. » Mais d’une

part, les Chananéens, adonnés à des vices infâmes et à une honteuse idolâtrie, avaient mérité ce châtiment d’une destruction rigoureuse ; d’autre part, le salut des Israélites, trop enclins à l’idolâtrie, exigeait l’extermination de ce peuple, dont l’exemple eût été pour eux une tentation continuelle ; cf. S. Augustin, C. Faust. Manicli., XXI1, lxxii-lxxix. — LKsiiTRE, L’extermination des CItananéens, li. P. A., IV, 472-476 (1907). Enfln, il faut avoir devant les yeux les mœurs barbares de ce temps. Dès lors, l’objection soulevée contre l’inspiration de ce livre, à cause des pages indignes de Dieu, tombe.

Au temps de Jésus ûls de Sirach, le livre de Josué était compté parmi les Ecritures canoniques ; cf. Eccli., XLVI, I S(jq. Il est encore cité Ileb., xi, 30 :

« Fide mûri lericho corruerunt circuitu dierum septein » ; xiii, 5 : « Ipse enim dixit : Non te deserara

neque derelinquam » (i, 5). — Donc ' autorité divine du livre de Josué est incontestable.

Théorie de l’Hexateuque. — Des critiques récents (EwALD, Knobbl, Schrader Blbek, Rkuss, KuBNEN, Wblliiausen, Holzingkr, Driver, Cornill, Steuiîrnagbl, etc.) assurent que le livre de Josué fut lirimiLivement conjoint aux cinq livres de la Loi, de manière à constituer un ouvrage en six livres (//(?ar « teur/ue) ; cette unité ressortirait du fait que le livre de Josué est tiré des mêmes documents i|ue le Pentaleuque : pour la partie historique, la source élohiste et iahviste ; pour la partie géographique, le code sacerdotal (surtout) ; le deutéronomistej' aurait mis la dernière main. Cette opinion paraît entièrement arbitraire ; car a) Elle ne s’appuie sur aucun argument historique : le Penlateuque a toujour.-, été divisé en cinq livres, le livre de Josué était rangé dans une autre classe de livres sacrés, parmi les premiers prophètes ; — b) Quant à la disposition, le livre de Josué ne dépend pas du Pentateuque ; ainsi fos., XIII, 8 et « X, 8 raconte la distribution de la terre au delà du Jourdain et la désignation des villes de refuge, dont il a déjà été question dans le Pentateuque, Mj m., XXXII, 33 ; Deut., , li. Si le Pentateuque et le livre de Josué constituaient un même ouvrage, cette répétition serait superflue ; — c) Ajouter le caractère différent de la langue, surtout la ililférence dans l’orthographe des noms propres, l’absence des formes archaïques qu’on relève dans le Pentateuque ; ^ d) On a montré plus haut que la distinction des sources dans le Penlateuque ne peul être prouvée solidement ; la même obseration vaut pour le livre de Josué.

On trouvera dans notre Introductio specialis in libroi V. T., pp. 66-68 et 76-77, l’indication des principaux commentaires modernes, catholiques et non catholiques, sur le Pentateuque et le Livre de Josué.

Hildebrand Hoepix, O.S.B.