Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Libère (le Pape)

Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 2 – de « Fin justifie les moyens » à « Loi divine »p. 927-932).

LIBÈRE (LE PAPE). — I. I.a carrière de Libère. — IL Documents accusateurs. — III. Discussion. — Bibliographie.

Le pape Libère (22 mai 352-24 septembre 366) gouverna l’Eglise au temps où l’hérésie arienne sévissait avec l’appui du pouvoir impérial. Son altitude devant l’empereur Constance a donné lieu d’incriminer non seulement son caractère, mais la pureté de sa foi. Souvent rééditée par les historiens protestants à la suite des Centuriateurs de Magdebourg, exploitée par les gallicans et les jansénistes, cette accusation doit être regardée en face. Est-il vrai que Libère abandonna la foi nicéenne et accepta la communion des ariens ?

I. La carrière de Libère. — En succédant au pape Jules, Libère trouva l’Eglise profondément troublée par la controverse arienne. La convocation d’un concile œcuménique semblait nécessaire pour faire l’unité ; dès la deuxième année de son pontificat, Libère envoyait à la cour de Constance, à Arles, deux évêques de Campanie, Vincent de Capoue et un aulre nommé Marcel, pour obtenir l’assentiment de l’empereur. Au lieu de seconder le projet du pape. Constance. le confisqua : il mandates évêques à Arles pour les faire délibérer sous ses yeux, et extorqua la condamnation d’Athanase, le grand champion de la foi nicéenne. Les deux légats pontificaux, Vincent et Marcel, eurent la faiblesse de suivre le mouvement. Mais l’indomptable Lucifer de Cagliari s’offrit à porter devant l’empereur les doléances du pape. Libère lui adjoignit Eusèbe de Verceil et Fortunatien d’Aquilée. Dons une lettre très ferme, adressée à Constance et qui fut présentée par Lucifer (Ep. Obsecro. P. I.., VIII, 1351-1354), il exposait que la personne d’Athanase n’était pas uniquement ni priiicipalemenlen cause ; beaucoup déraisons rendaient désirable la convocation d’un concile œcuménique ; avant tout, l’Eglise devait défendre sa foi, menacée par l’hérésie. Ces remontrances n’eurent aucune prise sur l’obstination de Constance. Au printemps de 355. un nouveau concile se réunit au palais impérial, à Milan ; l’effort d’intimidation redoubla. Pour n’avoir pas plié sovis la menace, Lucifer de Cagliari, Eusèbe de Verceil et Denys de Milan furent exilés. Nous possédons la lettre où le pape félicite ces confesseurs de la foi, compatit à leur épreuve, et sollicite pour lui-même le secours de leurs prières (Ep. Qunmvis sub imagine pucis, P. L., VIII, 13.’)6-1358). Effectivement, l’iieuredouloureuse allait sonner pour Libère..Vprès avoir tenu tête à l’eunuque impérial Eusèbe, il se vit arrêté de nuit et amené devant l’empereur. Là encore, il tint bon. (Voir le récit de 1843

LIBÈRE (LE PAPE)

1844

Théodorbt, //. E., II, xiii, reproduit P. L., VIII, 1359-136C.) On lui donna trois jours pour rétléchir. Alors il fut déporté à Bérée en Tlirace, et, par les soins de l’empereur, l’arcliidiacre Félix l’ut préposé à l’Eglise de Rome. L’exil de Libère dura environ trois ans. Vers le milieu de 358, il était rendu à son siège ; il acheva sa carrière en bon pasteur.

La question qui se pose est celle-ci : de quel prix Libère avait-il jiayé son retour à Rome, après l’exil à Bérée ? Car Constance n'était pas homme à céder spontanément.

II. Documents accusateurs. — Ces documents se répartissent en deux groupes : i) dépositions des contemporains, auxquelles on peutjoindre quelques témoignages postérieurs ; 2) aveux de Libère luimême.

i) Les contemporains. — a) Saint Athanase, qui, on l’a vii, fut en cause dès le début des démêlés de Libère a ec le pouvoir impérial. On lit dans V.ipologia contra Aruinos, lxxxix, P. G. XXV, 409 : « Au nombre des évêques qui m’appuyèrent de leurs paroles et souiTrirent l’exil, est Libère, évoque de Rome : il est vrai qu’il ne supporta pas jusqu’au bout les rigueurs de l’exil, mais il était resté deux ans éloigné, connaissant la trame ourdie contre moi. n Dans ï'Histovia Arianorum ad ni’innckos, XLl, P. G., XXV, '^Iji : li Libère, exilé, fléchit après deux ans (//.stk 5t£T^ Xpdj’yj oi/.yy.-i), et devant la menace de mort, il signa. Mais cela même montre la violence dont on usa contre lui et la haine qu’il portait à l’hérésie, et les sentiments qu’il monlrait envers Athanase, quand il était libre. » — Il faut observer qu' Athanase écrivait VApologia contra Arianos en 350 ; Vl/istoria Arianorum en 35^ : la défaillance de Libère s'étant produite au cours des années 359-3'ï8, on a le choix entre deux hypothèses : ou bien Athanase aura revu son travail à une date postérieure, ou bien une main étrangère l’aura interpole.

b) Saint IIilairk, après avoir reproché àl’empereur Constance ses attentats contre les Eglises d'.lexandrie, de Trêves, de Milan, passe à la persécution exercée contre l’Eglise de Rome, Contra Conslantiunt ('mpera/orem, XI, f.i, X, 589 : Vertisti deinde usqiiead Uomam belhim tuum, eripuisti illinp episcopum : et o te miseriim, qui nescio iitriim maiore impielate relegat’eris quam remiseris. On voit généralement dans ces paroles une double allusion à la violence physique subie par Lilière lors de son exil, et à la violence morale subie par le même pontife avant son retour. Et l’on trouve une confirmation de cette vue dans un autre passage du même livre où, énuraérant les grands évêques exilés pour leur foi, Paulin de Trêves, Eusèbe de Verceil, Lucifer de Cagliari, Denys de Milan, l’auteur ne nomme pas Libère. /I>id., 11, 5^8 D. — Hilaire écrivait au printemps de 360.

c) Saint JiiRÔMH, dans sa Chronique^ écrite vers 380, P. /,., XXVII, 684-Û85, mentionne l’exil de Libère pour la foi ; il ajoute que les clercs romains jurèrent de ne pas recevoir, lui vivant, un autre évêque, mais que, des inlluences ariennes ayant procuré l'élévation de Félix, plusievirs trahirent leur serment. Toutefois, l’annéesuivante, Libère, vaincu par les rigueurs de l’exil, ayant souscrit à l’hérésie et étant rentré dans Rome qui lui lit un accueil triomphal, ceux qui s'étaient attachés à la fortune de Félix partagèrent sa disgrâce. — Dans le De tnris illastrilins, tcTil vers 392, saint Jérôme a des paroles sévcrespour Kortunatiend'.Vquilée, coupable d’avoir ébranlé la constance de Libère à son dopait pour l’exil, et de l’avoir fait plus tard souscrire à l’hérésie. De viris, xcvii, P. I., XXIII, 697 : hi hoc liabetur deteslabilis quod J.iberium, Homanæ urbis episco pum, pro fide ad exsilium pergentem, primus sollicitavit ac fregit, et ad subscriptionem liæreseos cornpulit. — Saint Jérôme, qui étudiait à Rome en 358, a pu voir de ses yeux la rentrée triomphale de Libère.

d) Un document de l’année 388, le Libellas precum ad imperatores Valentinianam^ l’heodosium et Arcadium, présenté par les prêtres Faustin et Marcellin, partisans de l’antipape Ursicin et adversaires du pape Damase, débute par un récit assez conforme à celui de saint Jérôme en sa Chronique. Voir/*. L., Xlll, 81. Lhsicin appartenait au groupe resté Udèle à Lil)ère ; Damase s'était compromis avec l’antipape Félix. Lesauteurs rappellentl’exil de Libère, Eusèbe, Lucifer et Hilaire pour la foi ; dénoncent l’ambition et les intrigues du diacre Damase qui, après avoir juré fidélité au pape légitime, s’est rallié à l’intrus ; les instances faites près de Constance, lors de sa visite à Rome en 35^, par le peuple, et la réponse de Constance : » Libère vous reviendra meilleur qu’il n’est parti », paroles qui semblaient escompter une faiblesse ; les complaisances coupables dont Libère a payé son retour ; la disgrâce et la mort de Félix ; enlin la mort de Libère.

e) PniLosTORGE, écrivant après ^23, mentionne sur la même ligne la défection de Libère et celle d’Hnsius de Cordoue : le premier signa une déclaration contre l'î/Mî^iiî ; et contre.lhanase ; le second céda pareillement aux suggestions d’un synode arien. Pour récompense, tous deux furent rendus à leurs sièges. /'. G., LXV, Ô17-518. — Nous entendons chez Philostorge la tradition arienne.

/) Ces récils subirent au cours des âges diverses transformations et travestissements. On peut citer, pour le VI"-' siècle :

La première version du Liber Pontificaîis (vers 530), éd. DucHESNE.t. I, p. 207-208. Félix est le héros de ce récit fantaisiste. Mis à la tête de l’Eglise romaine par Libère parlant pour l’exil, Félix se signale par son énergie contre l’arianisrae. A la tête d’un concile de 4*^ évêques, il condamne les hérétiques Ursace et Valens ; pour se venger, Ursace et A’alens intriguent près de Constance et obtiennent le rappel de Libère. Eft’ectivement, Libère rentre de l’exil, et fait cause commune avec les ariens, sans toutefois admettre la réitération du baptême, selon la discipline de la secte Une persécution éclate ; Félix est au nombre des victimes.

Les Gesta Eusebiipreshyteri, un peupostérieursàla première rédaction du Liber Pontificaîis, montrent Libère et Constance accusés conjointement d’hérésie par le prêtre romain Eusèbe ; Libère prenant possession de l’Eglise de Rome et chassant le pape légitime Félix ; Damase, à la tête d’un concile de a8 évêques et de 25 prêtres, condamnant la mémoire de son prédécesseur Libère. — Acta Sanctorum, Aug., t. ill, p. 166 sq(|.

Cette littérature, en partie légendaire, devait influer sur les martyrologes du moyen âge. Dans la galerie des bustes pontificaux érigée à Saint-Pierre de Rome sous Nicolas III (1277-1280), Libère, seul entre les papes du quatrième siècle, est dépourvu d’auréole. Son nom manque au martyrologe romain.

2) Les lettres de Libère. — Sous le nom de Libère, 13 lettres nous sont parvenues, dont 9 conservées ])armi les fragments de l’Opiis historiciim de saint Hilaire (P. L., X). De ces 9 lettres, 4 ap|)artiennent au temps de son exil ; elles lui font peu d’honneur. >Iais sont-elles aulhentiiities'.' En voici l’analyse :

Lettre Studens jiaci (= : liilaire, frcgni. iv, i, P. h.,

X. G78C-681 A). Adressée aux évê(pies d’Orient, qui

' avaient écrit au pape Jules, prédécesseur de Libère, 1845

LIBÈRE (LE PAPE)

1846

conlre Athanase. Libère déclare avoir cité Athanase à coiniiaraitre à Rome, et, sur sonreCus, l’avoirexclu de la eouimuiiiou romaine.

Lettre l’ro dei/lcu timoré {^= fragiii. vi, 5-C, /-*. /.., X, 689-691). Aux évéques d’Orient. Libère réitère la déclaration relative à l’excommunication d’Athanase, et approuve les griefs des évêiques d’Orient contre le patriarche d’Alexandrie. Déjà l’empereur Constance a été avisé de cette condamnalion par l’entremise de b’ortutiatien d’.Vquilée. Libère, d’accord avec Démophilc, évcque de Bérée, d’accord avec les Orientaux, professe la foi catho-Iii |ue formulée à Sirmium. Il prie ses correspondants de travailler à abréger son exil.

Lettre Quia acio (^= fragm. vi, 8-9, P. /.., X, 698-Cg’i). Aux évoques Ursæius, A’alens et C.erniinius. Libère assure avoircondaniné Athanase avant même de transmettre à la cour impériale la lettre qu’il a reçue des évéques orientaux ; de ce fait, tout Icpresbytérat romain peut témoigner. II a chargé Fortunatien d’A(iuiIéed’intercéderprésde l’empereur pour la paix de l’Eglise romaine, si profondément troublée. Il adresse la même requête aux trois évéques ses correspondants, les assurant de sa communion, ainsi tjue les évéques Epictète et Auxence.

Lettre JVun rfoceo (^fragm. vi, 10-11, /^. /-., X, 6g5). A Vincent, évêque de Capoue. Vincent est ce légat pontiliealqui, envoyéà la cour de Constance en 353, a trahi la contianoe du pa|)e et fait cause commune avec les ennemis d’Athanase. Libère no fait aucune allusion à ce passé ; seulement il met Vincent au courant de ses épreuves, l’avertit qu’il a rompu avec .Mhanase et fait sa paix avec les Orientaux, enfin le (ircsse d’intervenir, avec les autres évéques de (lamjiauie, près de l’empereur, pour obtenir son rappel. L’Upits historicum de saint Hilaire, parmi les fragments duquel se sont conservées ces quatre lettres, a dû être composé à Constantinople en 35g ou 360. Les lettres de Libère s’y trouvaient encadrées et interpolées de réflexions très sévères. Ainsi, dans la lettre l’ro dcifico timoré : Hæc est perfidia ariana, hoc ego not<n’i, non apostata… Anatliema tibi a me diclum, Liberi, et sociis tiiis… Iteriim tibi anathema et tertio^ prævaricator Liberi.

III. Discussion. — Deux points surtout sont à examiner : i) Que penser des quatre lettres de l’exil ?

— 2) Ouelle foi professa Libère, au moment de son rappel ?

i) Les lettres de l’exil. — Ces lettres, sûrement peu honorables et peu dignes, ont été souvent rejetées comme apocryphes. Un même coup, la mémoire de Libère est soulagée d’un grand poids. Et cette solution est d’autant moins récusable a priori, que le dossier du pape Libère, tel que nous le possédons, renferme plus d’une pièce sûrement apocryphe. Par exemple, de prétendues lettres échangées entre Libère et thanase, P. L., VIII, iSgbC-i^oo. Un autre rescrit de Libère à Athanase et à l’épiscopat d’Egypte, ainsi qu’une lettre à tout l’épiscopat, sont imputables au Pseudoisidore. Ep. Otim et ab initia, P. f.., VIII, 1406-1408 ; cf. Décrétâtes pseudoisidorianoe, éd. Hinschius, p. 476-478 ; £p. ^’illil est, P. /.., VIII, 1 399-1 403, éd. Hinschius, p. 494-498. Contre l’authcnlicilé des quatre lettres de l’exil, on allègue diverses invraisemblances de fond et de forme :

a) (Juant au fond, l’attitude humiliée prise par Libère paraît inconciliable avec ce qu’on sait d’ailleurs de sa fermeté devant Constance. Surtout la lettre Studeiis paci, où Libère assure avoir mandé Athanase à Ilome et, sur son refus de comiiaraitre, l’avoir excommunié, paraît en contradiction avec le langage qu’il tint devant Constance, soit par la lettre

Obsecru, soit lors de l’entrevue qui précéda immédiatement son exil.

b) Quant à la forme, on insiste sur la platitude et l’incorrection de ces lettres.

Jléponse- — a) Les raisons de fond méritent considération sérieuse. Mais il faut distinguer les temps. Car le pape que Constance exila en 355, n’était pas tout à fait le même qu’il rendit aux Humains en 358, brisé par trois ans d’exil. Qu’Athanase ait été sacrilié, c’est un fait qu’on ne peut révoquer en doute, puisqu’il se trouve consigné dans les écrits d’Athanase lui-même, dans ceux d’Hilaire, et conlirmé par une tradition persistante. Donc les allusions faites à cet abandon ne sont pas une raison sullisante de rejeter les lettres de l’exil. L’hypothèse d’un faux, faisant pénétrer ces pièces dans le recueil d’Hilaire, et soutenu par un travail d’interpolation, o]iéré parallèlement sur les écrits d’Athanase, a tout l’air d’un expédient désespéré, soit qu’on rende responsable de ces faits les ariens (S.vio, Batikfol), ou les lucifériens (Saltet), soit qu’on fasse intervenir Fortunatien d’Aquilée (Cu.a.pman). La contradiction entre le langage de la lettre Stadens paci et l’attitude par ailleurs connue de Libère, comporte d’autres explications. Mgr DucHESNE suppose un artitice de rédaction, destiné à masquer, aux yeux des correspondants de Libère, l’évolution qui, durant quatre années environ (de 353 à 367), avait fait de lui un ferme soutien d’Athanase. Le R. P. Fkueu ne croit pas à une telle intention, mais il prend acte des déclarations de Libère, attestant un certain flottement dans ses dispositions à l’égard d’Athanase, au début de son pontificat. II ne paraît pas incroyable que, durant la première année de son pontificat. Libère subit alternativement des influences contraires : d’abord l’influence des évéques orientaux, par qui le pape Jules avait été saisi d une accusation en règle contre Athanase ; puis l’influence de l’épiscopat égyptien, qui gagna décidément Libère à la cause du patriarche alexandrin. Qu’un revirement se soit produit dans l’esprit du pape exilé, et que Fortunatien d’Aquilée y ait contribué pour une grande part, c’est ce qui résulte du témoignage indépendant de saint Jérôme : on ne doit pas s’étonner de voir cette donnée confirmée i>ar les lettres de l’exil. On ne comprend que trop que Libère ait alors cherché à s’ai)puyer soit sur les évéques de cour, L’rsacius de Singidunum, Valens de Mu^sa et Germiniu^ de.Sirmium, soit sur son ancien légat, Vincent de Capoue, dont il ne pouvait plus accuser la faiblesse, après avoir faibli à son tour. Ces considérations contrebalancent efficacement les raisons de fond opposées à l’authenticité des lettres de l’exil.

b) Les raisons de forme n’ont ici aucune force. Outre que nous ignorons quelle part des secrétaires ont pu prendre à la rédaction des lettres incontestées de Libère, les lettres de l’exil ne renferment pas d’incohérences ni d’incorrections, qnisullisent à les condamner sans appel. D’autre part, des rapprochements minutieux entre ces quatre lettres ont établi leur étroite parenté ; il faut donc les traiter comme un bloc homogène, les rejeter on les accepter en bloc. Cette conclusion de la critique interne doit paraître d’autant moins suspecte que l’on a pu précisément y appuyer des argumentations tout A fait divergentes : tandis que M. l’abbé Saltet s’en autorise jiour rejeter tout le bloc des lettres de l’exil (/.es lettres du pape f.ibère </e.'>'."w, dans linlletin de littérature ecclésiastique. 1907. p 27Q-289), le R. P. Feofr s’en autorise pour retenir tout le bloc (Sludirn zii llilarius’on Poitiers. I,.Anhang- 2, p. 153-183. Vienne, 191 o). L’opinion autrefois adoptée par Dom Cors-TAKT, (pii proposait de mettre à part la lettre 1847

LIBERE (LE PAPE)

1848

Studens paci, comme seule inauthentique, ne trouvera plus guère de défenseurs. Mais les critiques restent partagés.

Parmi les tenants plus ou moins résolus de l’authenticité, nommons : Baromls, Tillkmont, Gummrrus,

SCHIKTANZ, DUCHRSNE, WiLMART (I f)o8), FedER, BaR DB^HE^vER, Zbiller.

Parmi les adversaires : Stiltinck, Hefelb, Saltet, Sa VIO, Chai’Man, Batiffol.

Devant un tel état de cause, et quelles que soient les autorités qui inclinent à rejeter les lettres de l’exil, on ne peut tenir cette conclusion pour acquise et écarter simplement ces textes. Nous devons accepter la discussion dans l’hypothèse de leur authenticité.

a) La profession de foi signée par l.iliére. — On a entendu plus haut les auteurs qui accusent Libère d’avoir souscrit à l’hérésie arienne. Avant de produire les témoins à décharge, il convient de faire observer que l’accusation, prise en elle-même, doit paraître fort surprenante, étant donné non seulement le passé de Libère, tout de fidélité à la foi de Nicée, mais le reste de son pontificat, consacré à la défense de la même foi.

Ajoutons que, si elle a été rééditée par l’arien Philostorge. cette accusation n’a pas trouvé crédit chez les historiens catholiques du v* siècle. Socrate dit que Félix, le successeur donné à Libère sur le siège de Rome, était une créature des ariens, et présente le retour de Libère comme le triomphe de l’orthodoxie sur la faction d’Ursacius, qu’appujait l’empereur. //. E.. II, XXXVII, P. G., LXVII, 320 C-321 B. Théodoret rend hommage à la foi de Félix, qui était sans reproche, mais incrimine sa conduite, empreinte de faiblesse devant l’hérésie, et s’étend sur l’afTection très vive que les dames de Rome avaient vouée à leur légitime pasteur, seul capable de les défendre contre les loups. //. £’., II. xiv, l’.G., LXXXII, lo^oB-io^iA. Beaucoup plus importante est la narration de Sozomèxr, qui paraît bien documenté sur la crise de Sirmium. // E., IV, xv, P. G., LXVII, lUgC-i 153A ; cf. IV, xi. xii. xxvii ; VI, x. xi.

II raconte qu’après son retour de Rome, oi’i le peuple avait redemandé à grands cris son évêque (SS’j), Constance lit venir Libère de Bérée à Sirmium. Il y avait là un nombreux clergé, entre autres des représentants de l’épiscopat oriental. De nouveau, on pressa Libère de renoncer à ri, « oJ7w ; , et comme tout le monde, à commencer par Constance, désirait un accommodement, on porta la controverse sur un terrain qui n’était pas celui de Nicée. En 35 1. un concile s’était tenu à Sirmium, qui avait anathématisé l’hérésie de Photin, renouvelée de Paul deSamosate ; il avait promulgué une profession de foi suivie de 27 anatlièmes. C’est la première formule de Sirmium (Voir HiLAiRB, De synodis, xxxviii, P. L., X, .509B-512B ; Athanase, De synodis^ xxvii, P. G., XXVI. 735A-7/, oC ; Socbatk, //. E., II, xxx, P. G., LXVII, 280B-285 A). Si elle atteint en fait Viuo-M71 ;  ; , ce n’est pas l’iyoîvTisçnicécn, mais l’i/.’^î^-K ;  : sabellien, déjà réprouvé par d’autres conciles. La formule présentée en 358 à l’acceptation de Libère reproduisait en substance cette première formule de Sirmium. ou encore la formule équivalente promulguée tout récemment par un concile d’Ancyre et appuyée de douze analhèmes. On y joignit le symbole de foi promulgué à Antioche en 3^4 1 par le concile fn encacniis, formule qui ne contenait pas Viao’/J’ur. : , mais n’avait rien de positiveuient répréhensible. (^e pouvait être tro[) peu contre l’hérésie, mais ce n’était jias hérétique. Libère crut pouvoir signer ; encore y mit-il une condition : c’est que l’on accepterait de lui une formule condamnant ceux qui n’admettent pas que le Fils est par nature et en tout semblable

au Père (xxr’oîj71yjxv.i r-x-y. -nsâza S, iw15 ;). L’ensemble de ces trois documents — condamnation de Photin, symbole in encænus, affirmation du ^otTi ttkvtk îu^is ;

— représente ce que l’on appelle quelquefois la troisième formule de Sirmium (358). C’est sur quoiporta la signature de Libère.

Cette signature pouvait paraître, à cette date, d’autant plus excusable qu’au cours de l’année précédente une grave scission s’était produite dans l’épiscopat d’Orient, tranchant les positions des ariens irréductibles, et des semiariens que l’on pouvait espérer rallier à l’orthodoxie pléniére. Durant l’été, sous les yeux de Constance, une formule avait été élaborée qui rejetait positivement, comme étrangers à l’Ecriture et inintelligibles, les mots c, , niy., ôuîîjto- : , i ; ji’A^, j7to :. C’est la deuxième formule deSirmium(327).

— (Voir H1LAIUE, De synodis. xi, P. E., X, 487A48’iB ; Atuanasb. De synodis, xxviii, P. G, XXVI,

; 39D-744A ; Socrate, //. E., II, xxx, P. G., LXVII, 

285A-289B.) Elle recueillit les signatures des ariens radicaux, Eudoxe d’Antioche, Valens et Ursacius ; on réussit même à extorquer celle du vénérable Hosius de Cordoue, qui ne devait pas persévérer longtemps dans son erreur. Ce fut le point de ralliement du parti aétien. Ceux qui refusèrent leur adhésion se trouvèrent par là-raème désignés comme les tenants de l’orthodoxie. De ce nombre étaient Basile d’Ancyre, Eustathe deSébaste.EIeusius de Cyzique, ceux-là mêmes qui, à Sirmium, insistaient près de Libère pour obtenir son suffrage.

On comprend que Libère ait cru pouvoir le donner sans prévariquer. On comprend aussi que ses ennemis s’en soient prévalus contre lui et aient perfidement répandu le bruit que Libère, ajirès Hosius, venait de prêter les mains à l’arianisme. D’autant qu’il ne put éviter de se trouver en très mauvaise compagnie. Parmi ceux que Sozomène nous montre faisant alors cause commune avec lui, figuraient, outre tous les Orientaux alors présents à Sirmium, les trois courtisans Ursacius, Germinius et Valens, qui n’en étaient plus à compter leurs palinodies. (Cependant il y a un abîme entre la deuxième formule de Sirmium, symbole arien, et la première — ou la troisième — souscrite par Libère.

De loin, ces différences pouvaient échapper au regard d’Athanase — si injustement sacrifié, — ou au regard d’Hilaire, encore exilé pour sa foi. Mais l’on ne sera pas porté à juger trop sévèrement l’adhésion donnée par Libère au compromis de Sirmium, si l’on considère que, dans le même temps, les deux grands champions de la foi nicéenne, Athanase et Hilaire, tendaient la main à l’épiscopat oriental et s’efforçaient de mettre fin aux divisions, en donnant, des formules semiariennes, une interprétation compatible avec la foi de Nicée.

C’est ce f|ue lit Athanase en écrivant, De synodis, xLi, P. G., XXVI, 760. : « Des hommes qui admettent tout le reste des décrets de Nicée, mais hésitent sur le seul mol consubstantiel. ne doivent pas être tenus pour ennemis : nous-mêmes ne les combattons pas comme des ariens ou des ennemis des Pères, mais nous traitons avec eux comme avec des frères, qui ont la même pensée que nous et ne discutent que sur les mots. En elTet, reconnaissant que le Fils est de la substance du Père et non d’une autre réalité, qu’il n’est pas créature ni œuvre, mais authentique et naturelle progéniture, éternellement présent au Père comme Vçrl)e et Sagesse, ils ne sont pas loin d’admettre même le mot consubstantiel. »

C’est ce ([ue fit Hilaire en donnant de la première formule de Sirmium (celle même souscrite par Libère) un commentaire bienveillant. De synodis, xxxix-Lxiii, P. L., X, 512-5a3. Au lieu que la 1849

LIBÈRE (LE PAPE)

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deuxième formule de Sirmium le trouve intraitable, ibiiL, X, ^86 : « Ce qu’on a tenté, ce qu’on a cUercUc dans le blasphème récemment écrit à Sirmium, c’est, en allirinanl i|ue le Père est unique et seul Dieu, Je nier la divinité du Fils ; c’est, en décidant de faire le silence sur Vhumoousios et l’Iiomoiuusios, de décider qu’on déclarera le Fils ou bien fait de rien, comme une créature, ou bien fait d’une autre essence consé((uente à la création, et non pas Dieu Fils, né de Dieu le l’ère. »

Cependant Libère n’a pas échappé aux anathèmes d’ililaire — il est vrai — si l’on doit tenir pour l’œuvre authentique de Libère la lettre l’ro deifico tiniare, et pour l’œuvre authentique d’ililaire les réflexions intercalées dans cette lettre. Admettons qu’il en est ainsi. Il ne s’ensuit pas que l’on puisse reconnaître la seconde formule de Sirmium coM.me l’expression de la foi exposée à Libère par Démophile de Bérée. Outre que la seconde formule de Sirmium n’existait peut-être pas encore à la date de celle lettre, elle ne répond nullement au signalement donné par Ililaire, Oj). Iiist., fragra. vi, 7, P. L., X, 6(j2 : Pcrfidiain aiiiein apud Sirmium descriptam, t/iiam dicit Liberius a Demopliilo sibi expositam, hi surit qui conscripserani ; Aarcissus, Theodorus, ISasilius, Eudoxius, Demophilus, Ceciopius, Silvunus, Vrsacius, Valens, Evaiirius, Ifyrenius^ Exsuperantius, Tercntianus, liassus, Gaudentius, Macedonius, Marthus, Acticus,

Iulius, Surinus, Simplicius et I uni or umnes liuere tici. La plupart de ces noms sont latins ; parmi les quelques noms grecs, nous relevons celui de Basile (l’Ancyre, justement le chef du parti modéré qui, tn 357, rompit avec l’arianisme pour ne pas signer la seconde formule de Sirmium. D’ailleurs, quand Ililaire rencontre la seconde formule de Sirmium, il la flétrit directement comme un biasplièine, au lieu de s en prendre à la personne des auteurs. Voir P. I, , X, 487. El l’association de cette formule soit à la formule du concile in encæniis, soit avec la formule imposée par Libère et qui contenait l’aflirmation du xar’oùaiv-v xat xarà —oi-jvo’. o/jtots^, , eût été un pur non-sens.

Il n’y a donc pas d’apparence que Libère ait signé, en 358, la formule hérétique de Sirmium. En 35g, il ne participa point aux conciles de Himini ; mais, au cours des années suivantes, il s’employait avec zèle à relever les évêques qui venaient de tomber dans l’embuscade arienne. C’est ce dont témoigne une lettre aux évêques catholiques d’Italie, écrite en 363, P. /.., VIll. 1372-1373 : les pasteurs qui ont faibli au conciliable de Riraini et se montrent prêts à admettre la foi de Nicée, seront réintégrés. Il existe encore une leltre d’un synode romain tenu en 36(j, répondant à un groupe nombreux d’évêques orientaux, plus ou moins incertains de leurs voies. Ces évêques A-enaient de recourir à Rome, et leurs représentants, Eu^lathe de Sébasle, Silvain de Tarse el Théophile de Ca-îlabales, avaient souscrit la foi de Nicée (Socuatb, //. / ;., IV. XII, P. G., LXVII, 48., B-., 8g. ; P. L., VHI, 1378111381.. — Il faut sûrement lire o.uiî^-riw — latin consubstnniialem — sehm le texte de Socrale, col. 488 C, non ô/xîouJti » comme porle /’. t., VIII, 137) A). Le pipe, uni au synode romain, exprime, dans la réponse, sa joie de voir l’unité rétablie, et présc’nte l’iuno^Jriî ; comme le mot de ralliement de la vraie foi. (Socratk, //. E.. IV, xii, /’. G., LXVII, r.SoB-^gGA ; P /.., 1382B-1386.)

Cocnme nous avons mentionné li-clessus les documents accusateurs contre le pape Libère, il est équitable de produire aussi les témoignages honorables pour sa mémoire.

Saint.mbhoisk, écrivant en 377 à sa sœur Marcellina, qui avait reçu des mains de Libère le voile des

vierges, l’invite à repasser les avis de ce saint pontife : (’ea^aememoriæ Liberii præcepta rei’ohere ; ul, quo vir sanctior, eo sermo accédât graiior. De Virginibus, m, 1, 1, P. L., XVI, 21g C. — L’exhortation de Libère donnant le voile à MurccUina s’est conservée. Ibid., 111, i-iii, 31gC-22.’, A ; cf.P./., VlIl, 13/, 51 3ôo.

A la même date, saint Basilu de Césarée, au nom de l’épiscopat oriental, écrit aux évéïiues d’Occident pour réclamer leur appui, contre l’ariiinisme qui ne désarme pas. Il dénonce en particulier les agissements de ce même Euslathe de Sébasle qui autrefois, envoyé d’Orient à Rome avec une mission oflicielle, consentit à tout ce qui lui fut demandé, afln d èlre rétabli sur son siège épiseopal, el maintenant recommence à troubler l’Orient en condamnant l’i/j.^joj^i ! , ;. Basile se plaint de la fourberie d’Euslathe, mais ne manifeste pas la moindre déUanceàl égard des conditions qui lui furent faites par le bienheureux évêque Libère ; « Tt^OcTa^ïj aùrw "nv-pà toj fj.v.xy.otOirv.TOj iTiiT^o-n’^v AiQifvcu. Ep., ccLxiii, 3, p. G., XXXII, gSo A.

Saint SiRicK pape, deuxième successeur de Libère, écrivant en 385 à Himerius de Tarragone, se réfère, sur la conduite à tenir avec les ariens, aux décrets de ce vénérable prédécesseur : Missa ad provincias a venerandæ memuriæ prædecessore meo Libéria generalia décréta. Ep., , 1, 2, P. L., Ul, i 133.

Saint Anastasb pape (3gg-401), écrivant à Venerius de Milan au sujet de l’origénisme, fait allusion à Libère, comme à l’un des héros de la foi de Nicée : [>ro qua exiUum libenter tuleruiit qui sancti tune cpiscopi sunt probati, hoc est Diony sius inde Dei servus, divina instruclione compositus ; vel eius sancti exempta, sanctæ rccordationis Ecclesiæ romanae Lilierius episcopus, Eusehius quoque a Vercellis, Ililarius de Galliis, ut de jilerisque taceam, quorum potuerit in arliitrio rcsidere irnci potius adfigi quam Deunt Clirisliim.. htaspliemarcnl. — PnuA, Analecta novissimu, t. I, p. ^04-5 ; cf. Hevue d^lii^t.el de litt. relig., 18gg, p. 5 sqq.

L’extrême popularité dont Libère jouissait à Rome est attestée par de nombreux témoignages, depuis le païen AmiMien Marcellin. XV, vii, 10 : Eius amore flagrabat, jusqu’à Sozomène, qui explique cette popularité, notamment par l’énergie avec laquelle Libère sut tenir têle à Constance, //, E., IV, XV, P, G., LXVII, l l52B-ll53 : O’a yà.p tk v’/iv. /.yji’j Kv.i cf/v.Oiv rov AtQéptoy y.v.’t àvû^it’w ; îjTlïp roO So’/ij.v.t : ^ àvreiTTc’vTa T^ ^v.71’/ù, c/KTTv. 5 Tôjv’P 01 fjv. iùiv ô^yîç. Nombrc d’épîtaphes affectant de nommer Liberius papa, Liberius episcopus, peuvent èlre, en même temps que des monuments de cette popularité, des protestations contre l’intrus Félix. Dp. Rossi, liulletlino di archeol. crist., 1871, p. log ; iS76, p. 17 ; lioma Siit/erraneii, t. II, p. log. Au vi" siècle. Libère esl. pour (^assio-DOHK, sanclissimus episcopus. Ilistoria Iripurtita, V, xviii, P. L., LXIX, ygg B. Nombre d’Eglises l’ont inscrit à leur marlyrolotiC : telle Anlioche, dès le vi’siècle, voir Actu sanciorum, septembr., t. VI, p. 572. Pour Thkopiiame lk Confksseur (viii* siècle). Libère est à-jr, p rv. Travra ^v.u/j’/.zTi^ /.v.i ôpOcBo^’^i.

Cet enseinlile de témoignages permet de reconnaître Libère, avec une réelle probabilité, dans le pape célébré par une épitaphe en 5^ hexamètres que de Rossi a publiée en 1883 d’après un manuscrit de Corbie. Nous en détacherons quelques vers (25, 26, 30, 31, 37-42) :

Electiis fidpi plcnus snmniusqtit^ sacerdos. Qui nivea monte iinrnaculatus Pnpa scderes

In synodo, cnnctis superalis victor iniquis Sacrilcgis, Nicæna fides electa trînnipliat. 1851

LIBERTÉ, LIBRE ARBITRE

1852

Discerptus, tractus profugatus que sacerdos Insuper ut facieni quodam nigrore velai’et Nobili tal ?a manu portantes aemuia cæli Ut facieni Donnini foedare[nt] luce corusco. En tibi discrimen vehemens non suQicit unum : Insiiper exilio decedis martyr ad astra.

(Sur l’application à Libère, voir de Rossi, Inscriptiunes christianæ Urbis Roinae, t. II, p. 83 sqq. ; DucHESNE, Liber Poiitipcalis, t. 1, p. 209-210. — Daprès FrxK. KirchengeschUhtliche Abhandlungen itnd Iniersuclitingen, t. I, p. 891-420, il s’agirait du pape Martin I", 049-653).

S’il vise réellement Libère, l’clnj^e est probablement excessif. Cependant, quel autre pape a plus combattu que lui pour la foi de Nicée ?

Conclusions. — i" En regard de la tradition qui accuse Libère, il existe une tradition parallèle qui l’exalte sans restriction ; tradition presque aussi ancienne, plus reposée, d’ailleurs très autorisée.

2° S’il a commis une faute, comme on peut le croire, il semble c|ue ce fut une faute de conduite : il sacrifia, dans une heure critique, le grand Alhanase, qui sûrement méritait mieux.

3° L accusation de trahison envers la foi de Nicée doit être abandonnée : elle perd son principal fondement si l’on écarte les lettres de l’exil ; même si on les accepte, on doit nier que Libère ait signé la seconde formule de Sirmium. Dès lors, rien ne montre qu’il ait donné des gages à l’hérésie.

Bibliographie. — L Textes. — On trouvera une bonne partie des textes relatifs à Libère, reproduits in extenso. P. f.., ’VIII, p. 1331-1418.’V’oir aussi Constant, Epistolæ Pontificiim Romanorum, t. I, Paris, 1721 ; Jaffé, Regesta Ponti/Iciini Romanorum, t. r-, Leipzig, 1880. — Choix discret, au(iuel il ne manque rien d’essentiel, dans Kirch, Enchiridion fontiani historiæ ecclesiasticæ antiquité, Fribourg-en-Brisgau, 1910.

II. Trcuuiux. — Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen f.iteratur, t. III, p. 585-588, Fribourgen-Brisgau, 1912. — Batiifol, La paix constantinicienne et le catholicisme, p. 465-481 ; 488-494 ; 515621, Paris, 1914- — Chapman, The contestcd letlers of pope Liberius, Revue bénédictine, t. WVII,

1910. — Duchesne, Libère et Fortunatien, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. XX’V^III, p. 81-78, igo8. — Feder,.^Indien zu Ifilarius von Poitiers, I, Anhang 2, p. 153-183, "Vienne, 1910. — Saltet, Les lettres du pape Libère de 35^, dans Bulletin de litt. eccl., 1907, p. 27g- : >89 ; cf. La formation de la légende des papes /.ibère et Félix, ibid., 1905, p. 222-236. — Savio, La questione del papa Libéria, Rome, 1907 ;.uovi studi sulla questione del papa Libéria, Home, 190g ; l’unti controversi nella questione del papa Libéria, Rome,

191 1. — Schiklanz, Die Ililarius Fragmente, Breslau, igo5. — Wilraart, La question du pape /.ibère. Revue bénédictine, t. XX’V, p. 360-367, 1908. — Zeiller, L.a question du pape Libère, /iuUetin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétienne,.. III, p. 1-32, 1913.

A. d’Alès.