Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Conspiration des poudres

Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 1 – de « Agnosticisme » à « Fin du monde »p. 353).

CONSPIRATION DES POUDRES. - Chaque année, en Angleterre, le 5 novembre est encore célébré par des réjouissances destinées à rappeler le terribledanger auquel échappèrent, à cette date, en 1605, le roi -Jacques lef, sa famille, et les membres des deux chambres duParlement. La Conspiration des poudres, ounpo^vder plot, ayant longtemijs servi de thème à des déclamations contre l’Eglise catholique en général et les Jésuites en particulier, il convient de préciser, dans un bref récit des faits, les responsabilités. Si l’on s’en rapportée l’enquête officielle des magistrats anglais, dont cependant l’autorité semble fort suspecte, des catholiques furent gravement coupables ; mais « dire que le complot a été organisé par l’ensemble des catholiques, ou approuvé par eux, c’est répéter une calomnie m (S. R. Gardini : r).

A la mort de la reine Elisabeth d’Angleterre (i ! mars 1604), les « papistes » cruellement persécutés pendant son long règne, espérèrent de meilleurs jours. L héritier de la couronne, Jacques YI d’Ecosse, lils de Marie Stuart, avait donné de bonnes assurances à de nombreux seigneurs catholiques pour gagner leur appui ; il avait écrit dans le même sens au Pape Clément YIII ; les premiers jours de son règne furent marqués par le retrait de quelques-unes des mesures les plus odieuses d’Elisabeth. Les espéi-ances conçues furent vite anéanties. Le roi conservait les pires conseillers d’Elisabeth, et une fois assuré du trône d’Angleterre, il condamna de nouveau à l’exil les prêtres catholiques, à l’amende les laïcs qui refusaient d’assister au service anglican (février et mars 160/5). Le désespoir poussa quelques gentilshommes des premières familles catholiques à se débarrasser par un tyrannicide du prince qui les avait trompés. Robert Catesby, Thomas Wintcr, Thomas Percy, John Wright, Gui Favvkes, se réunirent en mai 1604 à Londres ; ils tirent serment d’unir leurs efforts pour mettre à mort le roi, et de se garder mutuellement le secret ; ils allèrent ensuite entendre la messe et communier de la main du P. John Gérard, jésuite, qui ne savait rien des engagements qu’ils venaient de prendre. Le P. Carnet, provincial des jésuites anglais, sans être da^antage au courant, connaissait cependant l'état d’ii-ritation des laïcs fidèles à Rome, et les projets que certains d’entre eux commençaient à former d’attenter à la vie du roi ; il demanda et oljtint du Pape Clément YIII une interdiction formelle aux catholiques de prendre part à aucune conspiration contre Jacques ; confiant que cette défense suffirait à prévenir tout complot, il s’alistint de faire part à la police royale de ses soujjçous. LeSjuin 1605, Catesby, feignant de quitter l’Angleterre pour prendre du service dans les troupes espagnoles des Pays-Bas, demanda à Garnet s’il était permis en temps de guerre à un chef de détruire un fort ennemi, dans lequel seraient renfermés, avec la garnison, des femmes, des enfants, et d’autres non belligérants ; il se servit de la réponse afiirmalive de Garnet pour calmer les scrupules de ses complices ; il fut résolu qu’on transporterait plusieurs barils de poudre dans une cave située sous la salle oii devait se faire, le 5 novembre 1605, l’ouverture du Parlement par le roi ; on y mettrait le feu pendant la séance royale. Le 22 ou le 28 juillet iGo5, le confesseur de Catesby, le P. Grcenway, jésuite, mis par lui au courant, vint, avec sa iiermission, révéler à Garnet sous le secret sacramentel, ce qui se prépa

rait ; Garnet lui ordonna de faire tous ses efforts pour détourner les conjurés de leur dessein ; rien ne piit les fléchir. Le 26 octobre, lord catholique, Monteagle, reçut un billet anonyme l’exhortant à ne pas accompagner le roi au Parlement pour la séance du 5 novembre, un terrible événement se préparant pour ce jour. Le billet fut immédiatement porté au ministre Salisbury ; peut-être celui-ci était-il déjà au courant de tout par sa police, et laissait-il les conspirateurs se compromettre à fond pour perdre à jamais les catholiques dans l’esprit du roi ; quelques-uns allèrent jusqu'à accuser le ministre d’avoir fait exciter par des agents provocateurs Catesby et les siens à leur attentat. Toujours est-il que le 3 novembre le roi Jacques fut averti que sa a ie était en danger ; le 4, Gui Fawkes, un des conjurés, fut saisi dans la ca^e située au-dessous de la salle du Parlement ; on découvrit dans cette cave les barils de poudre ; les aveux de Fawkes compromirent ses complices ; plusieurs furent emprisonnés et exécutés ; d’autres, qui avaient pu s’enfuir de Londres, furent tués par les soldats envoyés à leur poursuite. Le 28 janvier 1606, Garnet, que les aveux de plusieurs conjiu-és avaient compromis, fut arrêté dans la maison d’un catholique où il se tenait caché ; son procès commença aussitôt ; le roi Jacques, derrière un rideau, Aoulut suivre plusieurs des interrogatoires. Garnet protesta toujours qu’il n’avait connu que sous le secret sacramentel les desseins des conjurés, et qu’il avait fait tous ses efforts pour les en détourner ; il demanda cependant pardon au roi de ne pas avoir révélé à la police les premiers soupçons généraux qu’il avait eus des dispositions de certains catholiques, avant la confession de Catesby. Le 3 mars 1606, l’infortuné provincialfut supplicié à Tyburn, aACC le P. Oldcorne, qui avait été fait prisonnier en même temps que lui ; Oldcorne n’avait eu cependant aucunepart dansla conspiration. Gérard et GreeuAAay avaient pu gagner le continent. Le roi Jaccjues et ses agents répandirent par toute l’Europe des récits mensongers de la Conspiration ; et ces récits furent acceptés, non seulement par les protestants, mais par les catholiques régaliens ou gallicans hostiles aux Jésuites.

BiRLiooRAPiiiE. — Le récit traditionnel de la Conspiration se trouve dans S. R. Gardiner, History of England from the accession of James I, t. I, p. 284 sq., Londres 1895, et dans l’article du P. F. Prampain, /.a Corispii-ation des poudres (Beiue des Questions historiques, octobre 1886). Le R. P. Gérard a relcAé les j)rincipales inA’raisemblances de ce récit. The Gunpowder plot, and the Gunpowder plotters. Londres 1897 ; cf. les articles du P. J. Forbes, Un procès à rei’iser, Etudes, t. LXXYI (1898), p. 164 sq. 821 sq., et A. Brou, Les Jésuites de la légende, t. I, p. 229 sq., 254 sqq., Paris, igo6.

J. DK i.A Skraikre.


CONSTANTIN (LA CONVERSION DE). —

La conversion de Constantin est un des évènements les plus considérables de l’histoire du Christianisme. Au temps qui précède, l’Eglise est persécutée furieusement ; au temps qui suit, elle goûte une paix définitive. Placée dès l’abord sur le pied d'égalité avec les cultes païens officiels, bientôt elle est l’objet de toutes les faveurs du prince. L’empereur, maître du monde, est devenu un fidèle, ttittî ; fix^ùsJç, comme signeront bientôt les successeurs de Constantin. C’est donc un renversement complet, et l’histoire n’a pas conservé mémoire d’une réAolution plus profonde.

Le fait lui-même du changement de religion du prince ne peut-être mis en question. On ne discute