Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Opportune (rue Sainte-)


Opportune (rue Sainte-).

Commence à la place Sainte-Opportune, nos 3 et 8 ; finit à la rue de la Ferronnerie. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 6. Sa longueur est de 45 m. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.

Une ordonnance royale du 30 mai 1836, porte :

« Article 1er. Le projet d’ouverture d’une rue à Paris, pour communiquer de la rue de la Ferronnerie à la rue des Fourreurs, dans l’axe de la fontaine des Innocents, est approuvé. Les alignements de cette rue, dont la largeur est fixée à 12 m., sont arrêtés suivant le tracé des lignes rouges sur le plan ci-annexé. L’exécution du d. projet est déclarée d’utilité publique, etc… — Art. 3e. Le préfet de la Seine, agissant au nom de la ville de Paris, est autorisé à acquérir, soit de gré à gré, soit par voie d’expropriation pour cause d’utilité publique, les immeubles ou portions d’immeubles dont l’occupation sera nécessaire pour effectuer le percement de la rue nouvelle. » — Cette rue fut immédiatement exécutée et reçut le nom de rue Sainte-Opportune, parce qu’elle passe devant l’emplacement de l’ancienne église, dont nous parlerons ci-après. La maison no  2 est seule soumise à retranchement. — Égout. — Conduite d’eau dans une partie. — Éclairage au gaz (compe Anglaise).

L’église royale et paroissiale Sainte-Opportune avait sa principale entrée dans la rue de l’Aiguillerie, à l’endroit où se trouve aujourd’hui la propriété portant le no  2, sur la rue Sainte-Opportune. L’origine de cette église a fait naître de grands débats parmi les historiens de Paris. Nous ne rapporterons pas ici toutes ces discussions. Ce qui paraît certain, c’est que la chapelle Sainte-Opportune, comme celles Saint-Leufroy et Saint-Magloire, fut fondée ou reconstruite lorsque la tranquillité se rétablit après le départ des Normands. Hildebrant, évêque de Séez, pour préserver de la fureur de ces barbares la châsse qui renfermait le corps de sainte Opportune, fille du comte d’Hième, et morte abbesse d’Almenêche, se réfugia avec son clergé à Moussi-le-Neuf, puis à Paris dans la Cité. Il laissa une partie des reliques de sainte Opportune à l’évêque de Paris, qui les déposa dans une chapelle du faubourg septentrional de la ville. Cet oratoire, d’abord appelé Notre-Dame-des-Bois, parce qu’il était situé à l’entrée d’une forêt, prit alors le nom de Sainte-Opportune. Dotée par nos rois, cette chapelle fut reconstruite dans des proportions plus étendues, devint paroissiale à la fin du XIIe siècle, et reçut un chapitre ou collège de Chanoines. Vers l’an 1154, le chœur fut rebâti ; quelque temps après on en prescrivit la démolition. L’église Sainte-Opportune, telle qu’on la voyait encore en 1790, ne datait que du XIIIe siècle. La tour était remarquable par les ornements qui la décoraient. On y avait sculpté des fleurs de lis, des festons, des cornes d’abondance, des trophées, qui indiquaient qu’elle avait été construite par la munificence des rois. En 1311, Guillaume d’Aurillac, évêque de Paris, établit à Sainte-Opportune deux marguilliers laïques, auxquels il donna l’administration de la fabrique. Cette église possédait plusieurs reliques qui attiraient un grand concours de fidèles. On y admirait un candélabre à dix branches, d’un fort beau travail : c’était un présent de l’empereur Charles-Quint, qui visita l’église Sainte-Opportune pendant son séjour à Paris. Cette église, supprimée en 1790, devint propriété nationale, et fut vendue le 24 novembre 1792. Démolie quelque temps après, on a construit sur son emplacement la maison no  8, place Sainte-Opportune, celle no  2, rue Sainte-Opportune, et les bâtiments qui bordent le côté droit de la rue Courtalon.