Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Mazagran (rue de)


Mazagran (rue de).

Commence au boulevart Bonne-Nouvelle, no  18 ; finit à la rue de l’Échiquier, nos 7 et 11. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 129 m. — 3e arrondissement, quartier du Faubourg-Poissonnière.

Une ordonnance royale du 31 décembre 1840 porte ce qui suit : — « Article 1er. L’impasse Saint-Laurent à Paris est supprimée. — Art. 2. Est autorisée l’ouverture d’une rue de douze mètres de largeur, destinée à établir une communication entre le boulevart Bonne-Nouvelle et la rue de l’Échiquier, etc. — Art. 3. L’exécution des mesures autorisées par les art. 1 et 2 ci-dessus est déclarée d’utilité publique. — Art. 4. Est approuvé le traité sous signatures privées, passé le 11 mai 1840 entre le préfet de la Seine et le sieur Léonard-François Dufaud, d’après lequel ce dernier a pris l’engagement, moyennant une somme de soixante mille francs et la cession gratuite de tous les droits que la ville aurait sur le sol de l’impasse Saint-Laurent, d’effectuer, à ses risques et périls, l’établissement de la rue dont l’ouverture est présentement autorisée, et de supprimer le puisard qui existe dans la d. impasse, ainsi que le tout est d’ailleurs stipulé dans une délibération du conseil municipal de Paris, en date du 20 mars 1840, et conformément aux clauses et conditions qui s’y trouvent énoncées. — Art. 5. Le dit sieur Dufaud est, en conséquence, substitué, aux termes de l’art. 63 de la loi du 7 juillet 1833, aux lieu et place de la ville de Paris, à tous ses droits pour poursuivre, s’il y a lieu, à ses risques et périls, l’expropriation des maisons et terrains dont l’emplacement serait nécessaire pour parvenir à l’ouverture de la rue nouvelle et à la suppression de l’impasse Saint-Laurent. » — La délibération du conseil municipal en date du 20 mars 1840, porte que ce percement prendra le nom de rue de Mazagran. Les constructions riveraines sont alignées. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).

L’impasse Saint-Laurent, supprimée en 1841, avait été formée, en 1697, sur des terrains appartenant aux Filles-Dieu.

« Ordre de l’armée. — Paris le 12 mars 1840. Les acclamations publiques ont déjà fait connaître la glorieuse défense de la garnison de Mazagran. 123 braves de la 10e compagnie du 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique, à peine couverts par une faible muraille en pierres sèches, ébréchée par le canon, ont repoussé pendant quatre jours les assauts de plusieurs milliers d’arabes. Le roi s’est empressé de décerner des récompenses aux militaires qui lui ont été signalés comme s’étant plus particulièrement fait remarquer au milieu de cette poignée de soldats intrépides, et pour ajouter encore au prix de ces récompenses, sa majesté a voulu qu’elles fussent mises à l’ordre du jour de l’armée, ainsi que les noms des soldats qui ont été cités dans le rapport de leur chef. Dans les congés qui leur seront accordés lors de leur sortie du service militaire, il sera fait mention expresse qu’ils étaient au nombre des 123 défenseurs de Mazagran. Le capitaine Lelièvre, commandant cette garnison, a été promu chef-de-bataillon ; le lieutenant Magnien, capitaine ; Durand, sous-lieutenant ; Villemot, sergent-major, et Giroud, sergent, ont été nommés chevaliers de l’ordre royal de la légion-d’honneur. Sont cités dans le rapport du lieutenant-général Gueheneuc : Taine, fourrier ; Muster, caporal ; Leborgne, Courtes, Edet, Gagfer, Vomillon, Renaud, Hermel, Marcot, Varent et Flarnon, tous de la 10e compagnie du 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique. La 10e compagnie est autorisée à conserver dans ses rangs le drapeau criblé de balles qui flottait sur le réduit de Mazagran pendant les journées des 3, 4, 5 et 6 février 1840, et à chaque anniversaire de cette dernière journée, le présent ordre du jour sera lu devant le front du bataillon. Ce brillant fait d’armes continue la série des belles actions qui, de tout temps, ont honoré l’armée française, et lui ont mérité le respect de l’étranger, et la reconnaissance de la patrie. Le pair de France, ministre secrétaire d’état de la guerre, signé Cubières. »