Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Marguerite (église Sainte-)


Marguerite (église Sainte-).

Située dans la rue Saint-Bernard, entre les nos 28 et 30. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Le curé de Saint-Paul, Antoine Faget, fit bâtir sur ce territoire une chapelle vers l’année 1625 ; elle fut dédiée à sainte Marguerite. L’intention du fondateur était qu’elle servît à la sépulture de tous les membres de sa famille. Les habitants de ce quartier, fort éloignés de l’église Saint-Paul, leur paroisse, désirant célébrer l’office divin dans cette chapelle, demandèrent en conséquence à l’archevêque de Paris, qu’elle fût érigée en succursale. Des marguilliers de Saint-Paul formèrent opposition à cette demande. Un arrêt du 26 juillet 1629 ordonna d’abord qu’elle resterait simple chapelle. Un autre arrêt du 6 août 1631 annula le premier ; il portait que cette chapelle serait érigée en succursale. Ce ne fut pourtant qu’en 1634, que toutes les difficultés furent aplanies ; on construisit une église à côté de la chapelle bâtie par Antoine Faget. En 1712, la succursale fut entièrement séparée de Saint-Paul, et forma une cure particulière. L’accroissement de la population de ce quartier devint bientôt si considérable, que le nombre des habitants s’éleva au milieu du XVIIIe siècle, à plus de quarante mille. Le territoire s’étendait d’un côté, depuis la porte Saint-Antoine jusqu’au-delà du couvent de Picpus ; et de l’autre, depuis le petit Bercy jusqu’aux moulins de Ménilmontant. On fut donc obligé de faire à cette église des agrandissements successifs ; les plus importants eurent lieu en 1713 et 1765 ; ces augmentations furent si considérables qu’à cette dernière époque la chapelle primitive ne formait plus que la dixième partie de l’église. On prit également, en 1765, une portion du cimetière contigu, et l’architecte Louis y construisit une chapelle, curieuse par son style qu’on pourrait appeler sépulcral ; éclairée par une seule ouverture pratiquée à la voûte, elle est remplie d’inscriptions. Les murs extérieurs sont décorés de peintures à fresque exécutées par Brunetti. Sur un médaillon ménagé entre les arcades qui forment l’entrée, on a sculpté le portrait de Vaucanson, célèbre mécanicien mort en 1782. Le 11 mai 1792, le vicaire de Sainte-Marguerite présenta sa femme et son beau-père à la barre de l’assemblée législative. Un tonnerre d’applaudissements accueillit alors ce premier exemple d’un prêtre catholique qui repoussait le célibat. — L’église Sainte-Marguerite qui porta en 1793 le nom de Temple de la Liberté et de l’Égalité, est aujourd’hui la paroisse du 8e arrondissement.