Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments/Ménages (hospice des)


Ménages (hospice des).

Situé dans la rue de la Chaise, no  28. — 10e arrondissement, quartier Saint-Thomas-d’Aquin.

Cet emplacement fut occupé, dès le XIe siècle, par l’hôpital connu sous le nom de la Maladrerie Saint-Germain. Il était affecté aux lépreux. En 1544, le parlement nomma quatre commissaires pour inspecter les hôpitaux. Ces membres ayant déclaré que cette maladrerie n’avait plus de revenus, la cour ordonna que les bâtiments seraient détruits. En 1557, l’Hôtel-de-Ville racheta les matériaux et l’emplacement, et y fit bâtir la maison que nous voyons aujourd’hui. Elle fut d’abord destinée à renfermer les mendiants incorrigibles, les indigents vieux et infirmes, les femmes sujettes au mal caduc, les teigneux et les fous. Cette dernière destination donna naissance à un proverbe encore en usage : quand on parle d’un extravagant, d’un fou, on dit : « C’est un échappé des Petites-Maisons. » — Jean Luillier de Boulencourt, président de la chambre des comptes, contribua par ses libéralités à soutenir ce pieux et charitable établissement. Non seulement il lui affecta des rentes, lui donna des meubles, mais encore il fit élever à ses frais plusieurs bâtiments. La forme de leur construction les fit nommer les Petites-Maisons. La chapelle fut rebâtie en 1615. — Une ordonnance du 10 octobre 1801, décida que cet hospice serait désormais affecté aux ménages. L’année suivante, les malades et les fous furent transférés dans d’autres maisons. Pour être admis aujourd’hui dans l’Hospice des Ménages, l’un des époux doit avoir au moins 60 ans et l’autre 70. Les veufs et les veuves y sont reçus à l’âge de 60 ans. On leur donne, outre une certaine quantité de pain et de viande crue, trois francs en argent tous les dix jours, deux stères de bois et quatre de charbon tous les ans. L’habillement est à leurs frais. Par un arrêté du 11 avril 1804, cet établissement doit contenir 160 grandes chambres pour des ménages ; 100 petites chambres pour les veufs et les veuves, et 250 lits dans les chambres des dortoirs. — En vertu d’une ordonnance royale du mois de mars 1817, la chapelle, qui avait servi d’orangerie pendant la révolution, fut rendue à sa véritable destination. — En 1842, la mortalité dans cet hospice a été de 1 sur 6/86. La dépense s’est élevée à 264,457 fr. 56 c.